ADRESSE DU FILS AINE DU SIÈCLE, LE SAGE AMADOU HAMPATE BA (1901-1991) A LA JEUNESSE AFRICAINE

Combien immense est ma gratitude d’avoir pu lire ce texte aujourd’hui !  Merci au « soldat inconnu » de cette transmission de patrimoine, d’héritage. Il est des paroles délivrées par nos aînés qui sont précieuses.Merci à notre aîné d’avoir laissé cette parole aux accents de testament qui sont non pas un guide pour agir mais pour penser son action, sa place dans l’histoire et dans son environnement. Plus j’avance dans la vie plus je découvre les richesses immenses qu’il y a dans « l’être africain ».

 

Amadou Hampaté Ba en s’adressant à la jeunesse est profondément africain, la parole passe et avec elle des valeurs, des préceptes, des symboles, il est le seul qui parle pourtant il est profondément respectueux d’eux et dans son discours le dialogue est implicite. Il n’impose pas il montre une voie en précisant qu’il n’y a pas de vérité absolue. J’aime cette posture, j’aime son intelligence. J’ai l’impression d’être aux pieds de mon père ou de mon grand père et de l’écouter sachant que dans sa parole, je trouverai quelque chose qui m’aidera à tracer mieux ma route.

 

J’aime que cet texte n’appelle pas au rejet de l’autre mais à la rencontre avec soi, à l’exaltation et à la maîtrise de nos langues maternelles qui sont le meilleur vehicule de nos cultures et à la parfaite connaissance de la langue importée pour être relié aux autres. J’aime l’équilibre de sa pensée qui nous rappelle de ne pas tenter d’être l’autre mais de l’accueillir en demeurant soi sachant que la richesse naît de la rencontre respectueuse de l’autre.

 

Il est passé un homme, il est passé un africain, il est passé un père.

Respects.

   

 

 

 

Mes chers cadets,

Celui qui vous parle est l`un des premiers nés du vingtième siècle. Il a donc vécu bien longtemps et, comme vous l`imaginez, vu et entendu beaucoup de choses de par le vaste monde. Il ne prétend pas pour autant être un maître en quoi que ce soit. Avant tout, il s`est voulu un éternel chercheur, un éternel élève, et aujourd`hui encore sa soif d`apprendre est aussi vive qu`aux premiers jours.

Il a commencé par chercher en lui-même, se donnant beaucoup de peine pour se découvrir et se bien connaître en son prochain et l`aimer en conséquence. Il souhaiterait que chacun de vous en fasse autant.

Après cette quête difficile, il entreprit de nombreux voyage à travers le monde : Afrique, Proche-Orient, Europe, Amérique. En élève sans complexe ni préjugés, il sollicita l`enseignement de tous les maîtres et tous les sages qu`il lui fut donné de rencontrer. Il se mit docilement leur à écoute. Il enregistra fidèlement leurs dires et analysa objectivement leur leçon, afin de bien comprendre les différents aspects de leur comportement. Bref, il s`efforça toujours de comprendre les hommes, car le grand problème de la vie, c`est la MUTUELLE COMPREHENSION.

Certes, qu`il s`agisse des individus, des nations, des races ou des cultures, nous sommes tous différents les uns les autres ; Mais nous avons tous quelque chose de semblable aussi, et c`est cela qu`il faut chercher pour pouvoir se reconnaître en l`autre et dialoguer avec lui. Alors, nos différences, au lieu de nous séparer, deviendront complémentaires et sources d`enrichissement mutuel. De même que la beauté d`un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N`ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s`enrichirait-on soi-même ?

A notre époque si grosse de menaces de toutes sortes, les hommes doivent mettre l`accent non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu`ils ont de commun, dans le respect de l`identité de chacun. La rencontre et l`écoute de l`autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l`épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue. Un vieux maître d`Afrique disait : il y a  » ma  » vérité et  » ta  » vérité, qui ne se rencontreront jamais.  » LA  » Vérité se trouve au milieu. Pour s`en approcher, chacun doit se dégager un peu de  » sa  » vérité pour faire un pas vers l`autre…

Jeunes gens, derniers-nés du vingtième siècle, vous vivez à une époque à la fois effrayante par les menaces qu`elle fait peser sur l`humanité et passionnante par les possibilités qu`elle ouvre dans le domaine des connaissances et de la communication entre les hommes. La génération du vingt et unième siècle va connaître une fantastique rencontre de races et d`idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers.

Dans ce monde moderne, personne ne peut plus se réfugier dans sa tour d`ivoire. Tous les Etats, qu`ils soient forts ou faibles, riches ou pauvres, sont désormais interdépendants, ne serait-ce que sur le plan économique ou face aux dangers d`une guerre internationale. Qu`ils le veuillent ou non, les hommes sont embarqués sur un même radeau : qu`un ouragan se lève, et tout le monde sera menacé à la fois. Ne vaut-il pas mieux avant qu`il ne soit trop tard ?

L`interdépendance même des Etats impose une complémentarité indispensable des hommes et des cultures. De nos jours, l`humanité est comme une grande usine où l`on travaille à la chaîne : Chaque pièce, petite ou grande, a un rôle défini à jouer qui peut conditionner la bonne marche de toute l`usine.

Actuellement, en règle générale, les blocs d`intérêt s`affrontent et se déchirent. Il vous appartiendra peut-être, ô jeunes gens, de faire émerger peu à peu un nouvel état d`esprits, d`avantage orienté vers la complémentarité et la solidarité, tant individuelle qu`internationale. Ce sera la condition de la paix, sans laquelle, il ne saurait y avoir de développement.

Je me tourne maintenant vers vous, jeunes africains noirs. Peut-être certains d`entre vous se demandent-ils si nos pères avaient une culture, puisqu`ils n`ont pas laissé de livre ? Ceux qui furent pendant si longtemps nos maîtres à vivre et à penser n`ont-ils pas presque réussi à nous faire croire qu`un peuple sans écriture est un peuple sans culture ? Mais, il est vrai que le premier soin de tout colonisateur quel qu`il soit (à toutes les époques et d`où qu`il vienne) a toujours été de défricher vigoureusement le terrain et d`en arracher les cultures locales afin de pouvoir y semer à l`aise ses propres valeurs.

Heureusement, grâce à l`action de chercheurs tant africains qu`européens, les opinions ont évolué en ce domaine et l`on reconnaître aujourd`hui que les cultures orales sont des sources authentiques de connaissances et de civilisation. La parole n`est-elle pas, de toute façon, mère de l`écrit, et ce dernier n`est-il pas autre chose qu`une sorte de photographie du savoir et de la pensée humaine ?

Les peuples de race noire n`étant pas des peuples d`écriture ont développé l`art de la parole d`une manière toute spéciale. Pour n`être pas écrite, leur littérature n`en est pas moins belle. Combien de poèmes, d`épopées, de récits historiques et chevaleresques, de contes didactiques, de mythes et de légendes au verbe admirable se sont ainsi transmis à travers les siècles, fidèlement portés par la mémoire prodigieuse des hommes de l`oralité, passionnément épris de beau langage et presque tous poèmes !

De toute cette richesse littérature en perpétuelle création, seule une petite partie a commencé d`être traduite et exploitée. Un vaste travail de récolte reste encore à faire auprès de ceux qui sont les derniers dépositaires de cet héritage ancestral hélas en passe de disparaître. Quelle tâche exaltante pour ceux d`entre vous qui voudront s`y consacrer !

Mais la culture, ce n`est pas seulement la littérature orale ou écrite, c`est aussi et surtout un art de vivre, une façon particulière de se comporter vis-à-vis de soi-même, de ses semblables et de tout le milieu naturel ambiant. C`est une façon particulière de comprendre la place et le rôle de l`homme au sein de la création.

La civilisation traditionnelle (je parle surtout de l`Afrique de la savane au Sud du Sahara, que je connais plus particulièrement) était avant tout une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. En aucun cas un homme, quel qu`il soit, n`était isolé. Jamais on n`aurait laissé une femme, un enfant, un malade ou un vieillard vivre en marge de la société, comme une pièce détachés. On lui trouvait toujours une place au sein de la grande famille africaine, où même l`étranger de passage trouvait gîte et nourriture. L`esprit communautaire et le sens du partage présidaient à tous les rapports humains. Le plat de riz, si modeste fût-il, était ouvert à tous.

L`homme s`identifiait à sa parole, qui était sacrée. Le plus souvent, les conflits se réglaient pacifiquement grâce à la  » palabre  » :  » Se réunir pour discuter « , dit l`adage,  » c`est mettre tout le monde à l`aise et éviter la discorde « . Les vieux, arbitres respectés, veillaient au maintien de la paix dans le village.  » Paix « ,  » La paix seulement ! « , Sont les formules-clé de toutes les salutations et des religions traditionnelles était l`acquisition, par chaque individu, d`une totale maîtrise de soi et d`une paix extérieure. C`est dans la paix et dans la paix seulement que l`homme peut construire et développer la société, alors que la guerre ruine en quelques jours ce que l`on a mis des siècles à bâtir.

L`homme était également considéré comme responsable de l`équilibre du monde naturel environnant. Il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n`était pas sa propriété, mais au dépôt sacré confié par le créateur et dont il n`était que le gérant. Voilà une notion qui prend aujourd`hui toute sa signification si l`on songe à la légèreté avec laquelle les hommes de notre temps épuisent les richesses de la planète et détruisent ses équilibres naturels.

Certes, comme toute société humaine, la société africaine avait aussi ses tares, ses excès et ses faiblesses. C`est à vous jeunes gens et jeunes filles, adultes de demain, qu`il appartiendra de laisser disparaître d`elles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives. La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. Le bon jardinier n`est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles. Couper le tronc serait se suicider, renoncer à sa personnalité propre pour endosser artificiellement celle des autres, sans y parvenir jamais tout à fait. Là encore, souvenons-nous de l`adage :  » il flottera peut-être, mais jamais il ne deviendra caïman ! « .

Soyez, jeunes gens, ce bon jardinier qui sait que, pour croître en hauteur et étendre ces branches dans les directions de l’espace, un arbre a besoin de profondes et puissantes racines. Ainsi enracinés en vous-mêmes vous pouvez sans crainte et sans dommage ouvrir vers l`extérieur, à la fois pour donner et pour recevoir.

Pour ce vaste travail, deux outils vous sont indispensables : tout d`abord, l`approfondissement et la préservation de vos langues maternelles, véhicules irremplaçables de nos cultures spécifiques ; ensuite, la parfaite connaissance de la langue héritée de la colonisation (pour nous la langue française), tout aussi irremplaçable, non seulement pour permettre aux différentes ethnies africaines de communiquer entre elles et de se mieux connaître, mais aussi pour nous ouvrir sur l`extérieur et nous permettre de dialoguer avec les cultures du monde entier.

Jeunes gens d`Afrique et du monde, le destin a voulu qu`en cette fin de vingtième siècle, à l`aube d`une ère nouvelle, vous soyez comme un pont jeté entre deux mondes : celui du passé, où de vieilles civilisations n`aspirent qu`à vous léguer leurs trésors avant de disparaître, et celui de l`avenir, plein d`incertitudes et de difficultés, certes, mais riche aussi d`aventures nouvelles et d`expériences passionnantes. Il vous appartient de relever le défi et de faire en sorte qu`il y ait, non rupture mutilante, mais continuation sereine et fécondation d`une époque par l`autre.

Dans les tourbillons qui vous emporteront, souvenez-vous de nos vieilles valeurs de communauté, de solidarité et de partage. Et si vous avez la chance d`avoir un plat de riz, ne le mangez pas tout seul !

Si les conflits vous menacent, souvenez-vous des vertus du dialogue et de la palabre !

Et lorsque vous voulez vous employez, au lieu de consacrer toutes vos énergies à des travaux stériles et improductifs, pensez à revenir vers notre Mère la terre, notre seule vraie richesse, et donnez-lui tous vos soins afin que l`on puisse en tirer de quoi nourrir tous les hommes. Bref, soyez au service de la vie, sous tous ses aspects !

Certains d`entre vous diront peut-être :  » c`est trop nous demander ! Une telle tâche nous dépasse ! « . Permettez au vieil homme que je suis de vous confier un secret : de même qu`il n`y a pas de  » petit incendie (tout dépend de la nature du combustible rencontré), il n`y a pas de petit effort. Tout effort compte, et l`on ne sait jamais, au départ de quelle action apparemment modeste sortira l`événement qui changera la face des choses. N`oubliez pas que le roi des arbres de la savane, le puissant et majestueux baobab, sort d`une graine qui, au départ, n`est pas plus grosse qu`un tout petit grain de café…

Amadou Hampaté BA 1985

 

(Nous remercions Dian Diallo de Jamaa Tabital pour l’envoi de ce texte)

 

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Si vous croisez Toguy, dites lui…: hommage à Toto Guillaume.

Dans nos parcours de vie,  nous faisons des rencontres virtuelles ou réelles mais qui marquent nos mémoires, nos émotions, nos sens. Il y a dans ma mémoire des musiques qui sont le verso de la mémoire de mes racines. Ce sont des rencontres qui ont fondé mon rapport à la musique et qui sont en filigrane dans mes coups de foudres en musique. Ce billet inaugure mes hommages à ceux qui ont marqué ma mémoire au coeur du patrimoine musical de ma mémoire, de mon enfance, des sons de ma terre. Ce seront des hommages sans être des hagiographies, juste des rapports subjectifs à une musique, un artiste ou des anecdotes dans lesquels leur musique a une place. Ce sont des musiques qui font partie du patrimoine musical de mes terres intérieures. Laissez moi vous parler de Toto Guillaume, alias Toguy.

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Dans les années 70/80 au cœur de la profusion musicale ambiante, une nouvelle génération vient enrichir les sons du Makossa (musique née dans le littoral du Cameroun). Des voix, des chansons qui demeurent dans la mémoire collective comme des classiques. Emile Kangue, Nkotti François et bien d’autres signent des mélodies qui deviennent pour beaucoup des classiques. Dans cette nouvelle génération, un visage, une voix,  un talent, du génie, celui de Toto Guillaume, alias Toguy.
Je me souviens d’un album chez mes parents « les black styl’s à Paris ». Ah la pochette ! Tout un poème. Sur cette pochette, au cœur de la nouvelle génération, il était là, au milieu des autres mais offrant déjà les prémices des années d’éblouissements à venir pour ceux qui aiment le makossa et plus largement, la musique. Et pour ne rien gâcher l’homme est beau. Caramba papa enferme moi à la maison (hi hi) ! Le rapport à la musique est forcément subjectif mais le talent et la classe de Toguy sont de ceux qui font converger nos subjectivités vers des affirmations consensuelles. Affirmation consensuelle sur la qualité et l’originalité des mélodies qu’il a apportées au patrimoine musical Camerounais. Je vous encourage à le revisiter ou à aller à sa rencontre. Vous serez surpris de la modernité des sons et de la profondeur du sens. De Françoise à Dibena, de Issokoloko à Mont Koupé l’homme a déposé des joyaux dans ce patrimoine et des sourires dans bien des souvenirs. Il nous a aussi offert de belles émotions en nous invitant quelquefois dans ses intimes mélancolies. Je me souviens du cri bouleversant du fils à une mère exilée en terre de déraison « Na diane nyongi we, na diane nyongi…son binyo bweya mba ndedi ». J’ai encore besoin de ma mère ma mère criait il en substance dans Emene Marie. Ce chant de finira jamais de m’émouvoir. Qu’on le veuille ou non, et quels que soient nos âges la pensée de nos mères a le pouvoir de mettre l’adulte en pause pour inviter l’enfant à émerger. Quand la mère s’absente de cette manière ou pour toujours il y a en nous un enfant, en position fœtale qui crie
« j’ai encore besoin de ma maman s’il vous plaît ayez pitié de moi ».
Je me souviens aussi de Rosa et des surprises-parties de nos sages jeunesses (lol). Caramba qu’il était beau sur la pochette pensaient nos hormones adolescentes. Mes hormones adultes semblent du même avis mais ce n’est pas le propos.
Y a t-il quelqu’un qui comme moi entend dans sa mémoire la complainte chantée dans Angèle ?  « Angèle o Angèle o na bwa ne  eeeee », dès les premières notes nous prenions « air Toguy » portés par sa voix et sa guitare et nous montions. Pas besoin de parachute de sécurité nous savions que l’atterrissage serait maîtrisé par le savoir faire exceptionnel de Toto Guillaume. Alors c’est sans prendre de risque que j’ai souvent pris « Air Toguy ». Ce vol n’était pas du genre « Air peut-être » (private joke pour ceux qui ont connu les fantaisies horaires de Cameroon Airlines). Chez Toguy la qualité du voyage en musique était assurée. Je ne me souviens pas d’une seule déception à l’écoute de Toto Guillaume. Les subtiles percussions qui soutiennent la chanson Angèle demeurent modernes. C’était le temps durant lequel les chansons Makossa avaient toujours une rupture musicale vers le milieu pour nous obliger à changer le rythme de nos danses. Je me souviens que sur les pistes de danse nous attendions ces ruptures qui le temps d’un instant mettaient comme une osmose à nos trémoussements.
Oh le souvenir de « Dibena » ! Nous tournions et virevoltions sur son injonction chantée même si nous ne comprenions pas réellement l’essence du chant. Pour moi ce chant ne se ride pas « keka yombo le na mombwa nga o tondi mba ! » (Essaie de tourner et laisse moi voir que tu m’aimes). Pas moyen d’écouter cette chanson en restant stoïque. La chanson invite mes sourires et des contorsions corporelles.
Ce qui m’émerveille aussi chez celui que l’on appelle Toguy c’est la profondeur de ses paroles et comment il sait mettre en musique les proverbes et des expressions qui font partie du patrimoine Sawa (région cotière du littoral du Cameroun) charriant des images qui appartiennent à un être ensemble dans lequel chacun de nous rencontre un peu de lui. Parfois les images sont de celles qui participent de la dimension mystico-légendaire propre à nos cultures.
Je vous invite à vous plonger dans « Elimbi na ngomo » « Mbella na wuba », « Douala Mbedi na sawedi », « Ndom’a mumi », « o bia te ndolo »,  qui font de mon point de vue partie des classiques pérennes de la musique camerounaise. Il serait utile de les dépoussiérer pour rappeler à la jeune génération que la qualité ne vieillit pas. La musique de Toguy n’est pas de la musique fast food c’est de la musique pour gourmets. C’est une musique qui, si elle devait prendre des rides ne devrait prendre que des rides d’expression, comme celles que le bonheur dépose au coin des yeux et  des lèvres pour avoir souri, pour avoir ri, pour avoir vécu. La musique de Toguy est de celles qui traversent les décennies parce que le sens et le son y font bon ménage. Et même quand il se met au service de la musique d’autres chanteurs son génie et sa classe  éclatent sans entrave. Son boulot sur le Beneground de Douleur tutoient la perfection. Caramba. Mais où êtes vous Toguy ?
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Si vous croisez Toguy  dites-lui qu’il nous manque.
Si vous croisez Toguy  dites-lui que ses harmonies nous manquent.
Si vous croisez Toguy  dites-lui que son inventivité nous manque.
Si vous croisez Toguy dites-lui qu’au delà de tout, c’est lui qui tout entier manque à la musique.
Si vous croisez Toguy  dites-lui que si par hasard l’échange avec nous son public lui manquait, il peut revenir en confiance. Nombreux sont ceux à qui il manque et qui espèrent en son retour.

Si vous croisez Toguy, pensez juste à lui dire MERCI.

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ceci dit entre nous…

14vpf9w.gif picture by maddyspaceChers amiblogs,

Cher visiteurs occasionnels Chers visiteurs plus réguliers,

Le blog a un peu plus de deux ans et, surprise de le voir encore actif,   je me  souviens.

Oui je me souviens des balbutiements du début, du monologue apparemment improductif, je me souviens des moments de  grand découragements d’alors.

Puis vous êtes venus, peu à peu, me donnant des raisons de continuer d’écrire, de livrer mon regard, de partager. Vous êtes venus, chacun apportant son unicité, la particularité de son regard, sa sensibilité, son humour, son intelligence, son amour des mots, sa poésie de la vie fût-elle en prose, son humanité, bref ces parts de lvous que vous acceptiez de mettre dans le pot commun de nos échanges ces parts que vous acceptiez de livrer.

Je suis toujours surprise par la qualité des liens et des échanges qui se font à visage masqué et souvent à coeur ouvert.

Les univers uniques et différents qui sont les vôtres s’agrègent pour, comme des petits ruisseaux qui se rencontrent former un océan d’humanité et j’oserais même dire de fraternité qui se déverse sur cet espace en sourires, en rires, en bienveillance et parfois même en délires.

4029.gif picture by maddyspaceDu côté de Dakar se trouvent deux jeunes femmes pétillantes qui parfois me donnent l’impression d’avoir toujours été là.

Et cette nature insolite qui comme une évidence a jeté un pont entre une âme magnifique et votre hôtesse.

Il y a ces humanistes que j’aime voir s’indigner avec passion sur les aberrations politiques et économiques du monde.

Il y’a cet autre qui, au coeur de  ses  hautes études en sciences sociales nous offre un regard sur le monde qui marie avec bonheur distance, humour et intelligence.

Et il y a mes frères et soeur du tous les points cardinaux du Cameroun qui passent souvent en silence et qui quelquefois laissent des mots qui me touchent. Il y a le Prési mon frère à mouahhhhhhhhh, il y a Léna visage que j’attends, Edouard qui me tient informé des nouvelles du pays, Mboa et sa plume incendiaire et les autres que je cite pas.

Il y a des saveurs et des tendresses qui se glissent ici le temps d’un passage  et dont la fidélité à passer ne s’est jamais démentie.

Et il y a les regards, vos regards d’artistes par lesquels les choses les plus anodines révèlent des beautés qui échapperaient à l’oeil du profane. Il y a cet Autre Regard  rencontré grâce au hasard de la communauté de nom et que ne renierait pas un chat appelé Tao. 

Il y a les photos de mon professeur de botanique préféré, l’une de mes premières et plus fidèles lectrices, grâce à qui les beautés de l’hexagone se révèlent en photo.

Il y a chacun de vous venant encore et encore lire nouvelles, poèmes, chroniques musicales ou sociales, mes coups de coeur, mes coups de sang.

J ‘ai vu passer des âmes sensibles qui depuis pour certaines ont fermé leurs blogs mais que je n’ai pas oubliées.

J’ai eu le plaisir de rencontrer des amateurs de musique, ceux qui ne savent plus en parler sans emphase. Des personnes en qui la musique résonne et défie la raison. Passion quand tu nous tiens. Il y a celle que la passion pour la musique rend  pratiquement »Calibarge » Clin doeil et qui m’a encouragée à écrire alors que jour après jour elle venait à la rencontre de l’histoire de Wellie que je n’ai pas fini de vous livrer. 

Et il y a vous, chacun de vous, unique et incomparable à quiconque qui m’êtes une belle rencontre. Merci.

J’ai croisé parmi vous des magiciens qui déclinent leur amour des mots en poèmes, en prose, en mots qui comme des traits d’épée réveillent de la torpeur.Les mots de femmes et d’hommes qui habillent ou déshabillent les maux pour continuer d’avancer. Merci.

Merci pour le respect et l’amitié qui sans cesse structure vos interventions et vos mots semés ça ou là sur le blog sont précieux.

Merci à vous qui me faites partager vos passions pour la nature, le surf, la peinture, l’art en général. A votre contact j’ai appris, et apprends encore.

Merci pour la qualité du dialogue

Merci à vous qui passez par ici, qui vous arrêtez et prenez la peine de déposer des impressions, des réflexions, des mots d’amitié, des encouragements, des appréciations. Merci à vous qui grâce à vos visites faites vivre ce blog et lui conférez une incroyable richesse.  Merci.

Comme vous avez dû le constater, je ne suis pas régulière sur les blogs ces derniers temps. Je suis très prise et ne peux que rarement passer chez vous et quand je le fais c’est souvent sans un mot. Je ne serai pas disponible avant un bon mois voire plus pour cause de surcroît de travail. Et ensuite ma présence sera encore légère pour d’autres raisons plus personnelles. Alors merci de ne pas vous formaliser de mon absence sur vos espaces et du manque de régularité dans la tenue du blog.  Dès que possible je reviendrai.

J’ai pensé mettre le blog en pause mais la richesse des échanges, ce que nous avons construit au fil du temps fait que vos mots, de vos petits salut en passant, les réactions passionnées et tout ce qui fait vivre ce blog, j’ai pris le pli de les recevoir et j’en suis fort aise. 55893.gif picture by maddyspace

Même si je n’ai pas la possibilité d’entretenir un dialogue de personne à personne j’apprécie les échanges que nous avons ici. J’apprécie que chacun de vous donne son point de vue avec respect de l’autre. J’apprécie les traits d’humour et les moments durant lesquels passent entre les mots nos gemellités en humanité.

Alors n’hésitez pas à semer ça et là vos mots que je lirai aussi souvent que possible. Je reviendrai sûrement vous raconter les deux prochains concerts où je vais si j’ai quelques minutes entre la rédaction d’un document essentiel à ma vie professionnelle.

Le point commun entre les deux concerts c’est la bass. Vous avez un indice plus bas. en attendant de vous retrouver, je vous laisse quelques moments de musique que ous apprécierez j’espère.

Rachelle Ferrel, Tamia, Peabo Bryson, Ronald Isley : « if only I knew » Ils ont fait pleurer Patti labelle.

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Jaylou Ava : Africa in my heart. Ecoutez laguitare de ce virtuose. C’est magnifique.

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 Je vous laisse profiter de ce moment d’anthologie avec trois bassistes incroyables. Ils sont à Paris dans 10 jours. Caramba viiiiiiiiiiiiite !

Marcus Miller , Stanley Clarke et Victor Wooten

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Les mots de Souleymane Diamanka

 « Les mots sont les vêtements de l’émotion
Et même si nos stylos habillent bien nos phrases
Peuvent-ils vraiment sauver nos frères du naufrage… »

 

SOULEYMANE DIAMANKA 

dans

Les Poètes Se Cachent Pour Ecrire

 

9.jpg picture by maddyspaceSouleymane Diamanka, Slammeur et griot, poète urbain et magicien des mots. Amoureux des mots jusqu’à la précision, sans pour autant laisser la quête de la précision ravir l’émotion. Je le découvre peu à peu grâce à Natty (merci madâaaaaaaame) et la beauté et la maturité, la poésie des textes que je découvre me touche. De sa voix grave il aime à se situer dans sa lignée familiale s’ancrant de fait dans son héritage peul de même que dans la culture française. Les peul peuple de bergers d’Afrique occidentale valorisent l’oralité comme mode d’expression et de transmission. Le pont entre le griot et le slammeur est vite franchi. Les mots comme héritage, les mots comme transmetteurs d’être et d’états d’être. Les mots comme des armes pour dire les blessures et aussi pour guérir. de Ses racines peul il les déclame.

« Je m’appelle Souleymane Diamanka dit Duajaabi Jeneba

Fils de Boubacar Diamanka dit Kanta Lombi

Petit-fils de Maakaly Diamanka dit Mamadou Tenen(g)

Arrière-petit-fils de Demba Diamanka dit Len(g)el Nyaama

Et cætera et cætera…

J’ai été bercé par les vocalises silencieuses de mes ancêtres

Et je sais que cette voix jamais elle ne s’éteindra »

(Extrait de : L’hiver Peul)

Comment dire mieux que lui ce qu’il est ?

Je l’ai entendu raconter lors d’une interview le fait que son père tenait à ce qu’à la maison ils parlent uniquement le peul. Ce père dont on entend la voix dans l’hiver peul. Il tenait à ce que ses enfants soient des peul de bordeaux, que le fait d’être de bordeaux ne les coupe pas de leurs racines. Le père qui n’a pas voulu que la barrière de la langue se dresse entre ses enfants et lui. Ce père qui n’a pas voulu qu’une appréhension non maîtrisée de la langue française le déprécie éventuellement aux yeux de ses enfants qui auraient pu à cause de la barrière de la langue ne jamais aller à la rencontre de la noblesse de ce père. Souleymane Diamanka reconnaît dans son entretien que cette décision du père a été salutaire pour le regard de ses enfants sur lui et sur la culture d’origine. Souleymane Diamanka peut ainsi déployer les deux ailes de son double ancrage culturel et offrir des texte et des mots à l’interconnexion de son double ancrage. Du slam certes mais bercé par des musiques et des instruments venus de la terre de ses pères. Ce double ancrage apparaît dans la beauté de l’expression et du texte de « l’hiver peul »

Le « poète peul amoureux » « pose sur ses cordes vocales un tapis de velours » pour dire sa muse amoureuse que dans sa langue il appelle mon amour. « Une muse pose nue dans une métaphore et métamorphose son poète en peintre ». Pour entendre la beauté de cette déclaration je vous laisse découvrir la muse amoureuse dans son album l’hiver Peul.

Retourne sur ta planète est un morceau magnifique qui parle de l’état déplorable d’une planète qui a choisi la guerre, la vengeance. « retourne sur ta planète la terre c’est trop dangereux ». La beauté de la musique et le calme de sa voix contrastent singulièrement à l’état des lieux qu’il fait de la planète. J’aime beaucoup le sens de l’image qui est l’une des forces de ses textes.

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Les poètes se cachent pour écrire est un beau texte pour dire son rapport à l’écriture. Il mèle le français et le peul et dans sa voix les mots passent d’une langue à l’autre sans rupture. La musique envoutante semble accompagner une incantation quand il parle peul. C’est un beau texte qui est et ça se comprend le préféré d’une princesse peul amoureuse éperdue des mots. Dédicace…

L’hiver peul est un texte magnifique. Mon père était berger avant d’être ouvrier. Il était prince avant d’être pauvre.Avant ce bâtiment quelconque dans la clairière des oubliés, il habitait une case immense… »

Je pourrais continuer encore et encore mais je vous laisse aller à la rencontre de Souleymane Diamanka en vous livrant encore quelques uns de ses mots.

Dans le chagrin des anges il dit cette chose magnifique  qui dit son rapport aux mots et à la fonction sociale du poète : « nul n’est poète en son pays et pourtant j’ai vu ceux qui suent et deux qui saignent devenir ceu qui sèment les mots qui soignent ».

Trouver le mot juste pour dire l’impression, résumer en une locution ce que d’autres diraient plus longuement, le mots qui claquent déclamés d’une voix douce et maîtrisée. L’homme prend de la hauteur sur la situation sociale et en livre une lecture humaniste comme s’il parlait avec la voix et la sagesse des ancêtres : « on nous montre la violence des jeunes dans les rues infestées mais je sais que la haine c’est un chagrin qui s’est infecté » (le chagrin des Anges). Il fallait la trouver cette expression vous ne trouvez pas ? Faut-il qu’il ait foi dans la puissance de guérison des maux par les mots pour avoir cette lecture de la situation sociale. Sur son site il y a un poème en construction qui éclaire sur son appréhension de la vertu curative du verbe.

J’aime par ailleurs ses mots dans papillon en papier qui en parlant de ses mots dit ceci  : « même s’il est né de ma plume, si tu l’as aimé et qu’il t’a plu, ce n’est plus mon poème »

Je vous laisse aller à la rencontre des mots de Souleymane Diamanka, des mots qui laissent une place à qui écoute pour y trouver sa place. Ces mots généreusement offerts bien que nés de sa plume ne seront plus les siens, mais ils seront aussi les vôtres parce que vous les aurez reçus, vous vous les seriez appropriés. Ah si vous entendiez son salut au vieux sahara accompagné d’une musique entetante qui semble vous transporter dans une nuit au désert.

J’ai attendu longtemps que le néant s’anime

Que chaque mot trouve sa phrase

Et que chaque phrase trouve sa rime

Le pays des songes est derrière une grande colline

Pour écrire, je me sers de la réalité comme d’un trampoline

(Moment d’Humanité)

De mon point de vue la réalité est un trampoline dont Souleymane Diamanka se sert de fort belle manière. Il vaut la découverte et sa voix est superbe. Que dis-je à tomber par terre. Clin doeil

Ecoutez le dire la muse amoureuse :

http://www.dailymotion.com/video/k17fp4wafnGWq7mrkt

Photos piquées sur le site officiel de l’artiste : http://souleymanediamanka.artistes.universalmusic.fr/

Une belle soirée en compagnie d’une orfèvre de l’instant : impressions subjectives sur le concert de Joelle Esso au Theranga partie 2

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© photos : Jean-Pierre Esso. www.okabol.com

J’ai dans la mémoire des moments durant lesquels elle nous a fait rire en insistant sur la prononciation du titre «  Etintin  ». Je crains qu’en lisant ceci vous ne prononciez naturellement le mot de la manière qu’il faut éviter. Deux options s’offrent à vous pour découvrir la bonne prononciation vous procurer l’album et écouter la piste trois ou aller la découvrir en concert si elle passe par chez vous.

Je me souviens aussi du moment où elle nous a invités à nous faire choristes. La salle étant métisse, la chanteuse aura eu des choristes phonétiques. En faisant le tour des tables pour enseigner le mot que nous devions chanter avec elle. Si mes souvenirs ne me font pas défaut c’était sur la chanson To wuma (nulle part). Alors pendant qu’elle chantait sa proclamation de foi, nous pouvions scander en écho avec elle «  to wuma  ». Cette participation de la salle donnait une densité à la chanson qui me ramenait vers des souvenirs de moments vécus sur des terres lointaines. Moments d’osmose avec un conteur qui racontait avec brio nos racines communes. J’aime ces moments durant lesquels un artiste se fait artisan, orfèvre de l’instant. Joëlle est une orfèvre de l’instant en ce qu’elle sait saisir la matière brute d’un instant ordinaire et d’un public hétérogène pour en faire un joyau. J’aime ces moments dépouillés de tout artifice pendant lesquels il ne reste à l’artiste que son âme et sa voix pour vous retenir. Joëlle Esso a une voix d’alto magnifique. Une technique vocale maîtrisée sans pour autant verser dans l’asepsie. Sa voix, comme un lasso envoûtant vous saisit et ne vous lâche plus. Voix magnifique tant dans les graves que dans les aigus.

La beauté de sa voix alors qu’elle chante «  Mumi  » (mon homme) est tout simplement saisissante. Mieux que sur l’album de mon point de vue. Peut être parce qu’elle se livre sans filet. Belle déclaration d’amour que cette chanson. Par ton regard tu fais entrer des rayons de soleil dans mon cœur. J’aime sa voix quand elle mêle dans la même phrase le Duala et le français. A mumi woho oa, tu es dans ma vie. Ahhhhhhhh les graves qui se glissent dans le «  tu es dans ma vie !  » et cette onomatopée qui fait le lien entre le français et le duala je me régale. Monsieur «  mumi  » était dans la salle. Est-ce sa présence qui donnait à la voix de la chanteuse une telle densité ? That is the question. Clin doeil

La soirée était familiale. Il y avait dans la salle l’époux et la fille de la chanteuse qui de temps en temps manifestait sa présence. Il y avait aussi le frère, photographe attitré de la chanteuse accompagné de son fils. La chanteuse mentionnera les deux enfants au cours de son tour de chant. Comme en introduction à Nyambe, elle nous dira que son neveu réclame une chanson en français. Nyambe est la seule chanson de l’album qui ait des séquences en français. C’est une chanson absolument bouleversante qui raconte l’exil d’une femme en terre de déraison d’une manière tout simplement magnifique. Là encore la chanteuse explore des graves somptueux. La chanson est un morceau de poésie en ce qu’il met en musique de mots l’indicible qu’est l’histoire d’une vie happée dans la folie. En Duala elle scande une maxime qui invite à ne pas se moquer de ceux qui sont sous le coup d’une forme de malédiction parce qu’elle se transmet. Rencontre entre les valeurs chantées en terre natale et les mots d’une jeune femme ancrée dans le présent. La chanson m’a touchée parce qu’elle met en lumière avec pudeur et intelligence le regard que l’on porte sur la maladie mentale. Souvenirs du rapport à la folie du temps de mes premières années en terre natale. Souvenirs d’un homme précipité en déraison à un moment crucial de sa vie et qui passait ses après midi assis devant la porte de la maison familiale. C’était à une maison de celle de mes parents. Nyambe o si yoye mo e ma tombea Nyambe. J’aime la belle sensibilité de Joëlle. Elle ne s’érige pas en donneuse de leçons, elle livre son cœur en chansons. Elle ne nous force pas, elle nous invite dans son univers. Y entre qui veut.

101_6590.jpg image by maddyspaceJoëlle est de ces artistes dont la musique, les textes et la voix m’invitent à fermer les yeux. Je ne me force pas, mes yeux se ferment naturellement pour ne rien perdre de ce qu’elle livre. J’ai été touchée par l’hommage magnifique au père qui s’est absenté du côté de l’éternité. Malgré le poids de l’absence elle sublime la douleur et nous offre un «  danse  » de toute beauté et d’espérance. C’est aussi la force de la foi , celle qui est assurée qu’il y a une autre rive pour recueillir les disparus. «  tu as choisi de traverser le fleuve  » chante t-elle. «  des anges ont poussé ta pirogue. Tu nous as précédés, sans avertir de ton départ, nous n’allons plus nous voir. Danse ! Tu danses avec les anges.  » C’est une chanson rythmée et profonde sur laquelle celui qu’elle chante danserait sans problème si l’on en croit le témoignage qu’elle livre de lui en quelques mots. Magnifique chanson qui rencontre ceux qui ont vu partir quelques pirogues emportant ascendants, descendants ou des personnes dans la fratrie. Fermer les yeux et voir les siens qui dansent avec les anges. Moment inoubliable magnifié par le visage de la chanteuse. Elle avait le visage illuminé par un immense sourire et les yeux fermés, comme en communion avec le père absent, en communion avec sa joie de vivre. Emotion. Moment qui donne comme une envie de dire à chacun de ceux qui m’ont précédée de l’autre côté : danse ! Merci à l’artiste pour cette partition d’espérance dans laquelle je crois n’être pas la seule à trouver des espaces pour faire danser les miens.

Comment vous raconter des impressions forcément intraduisibles en mots ? Comment mettre des mots sur des moments de grâce ? Comment raconter une orfèvre de l’instant ? Comment dire la simplicité et le professionnalisme de Joëlle ?

Elle réussit l’exploit de chanter en faisant toutes les voix pour ne pas vider les chansons de leurs substance. Et ceci sans micro. Chapeau bas madame. Le temps de laisser la chanteuse reposer sa voix, Kristo interprète une de ses chansons et voici que Joëlle interrompant son éphémère repos se fait choriste et percussionniste. Générosité d’artiste.

Vers la fin du tour de chant, Joëlle nous a donné un avant goût de l’album à venir en interprétant un chant sur les racines africaines de Pouchkine poète, dramaturge et écrivain russe. Avant de chanter, elle nous révèle que contrairement à ce qui se disait l’ancêtre de Pouchkine ne venait pas d’Ethiopie, mais du Nord du Cameroun (pour en savoir plus une visite sur le site http://www.gnammankou.com/). La chanson est magnifique. Elle parle des cris de la mère à qui l’on a arraché son fils pour l’entraîner vers une terre lointaine. La voix de Joëlle y est tout simplement sublime. Au Duala, elle allie la langue de la région de laquelle est parti l’ancêtre de Pouchkine. Vivement l’album pour réécouter cette merveille. Le second album promet parce qu’elle le présente comme ouvert sur le monde après Mungo qui était plus près d’elle.

Le tour de chant s’est terminé, trop tôt à mon goût (je n’avais qu’à être à l’heure me direz-vous). Que voulez vous ? Je suis boulimique de bonne musique, de beaux moments, d’authenticité. Joëlle Esso après son tour de chant fait le tour des tables pour faire la distribution de son CD. Elle échange avec son public d’un soir un mot, une sourire, un rire, en toute simplicité. A ceux qui le souhaitent elle dédicace le CD sans manifester le moindre signe d’impatience ou de fatigue. Sa petite fille qui veut retrouver sa maman pour elle toute seule l’accapare, veut s’emparer du stylo, vient profiter d’un instant câlin. Maman et artiste, artiste et mère tout simplement.

Le concert terminé, je vais pouvoir voyager par le goût. Ah ! chaque grain de riz est un poème. Mais qui me donne la recette du riz façon Sénégal ? Entre le plat de riz agrémenté de légumes et de poisson et la boisson au gingembre mes papilles gustatives n’ont pas fait le voyage pour rien. Est-il besoin de dire que mes oreilles et mon âme ont été enchantés par cette soirée ?

En repartant chez moi, j’emporte le souvenir d’un moment magnifique avec une femme et une artiste de grand talent. Sa modestie et sa simplicité sont l’écrin d’un talent et d’une intelligence remarquables. C’est le sourire au cœur que j’ai rejoint Morphée cette nuit là. Et pour la petite histoire, mes cheveux ont réfréné leur rébellion le temps d’une soirée. Il faut croire que la musique adoucit les moeurs et les humeurs de tignasses récalcitrantes. Pour la petite histoire j’ai eu une dédicace des plus touchantes. Merci à Joëlle pour avoir pris le temps de trouver des mots rien que pour moi. Me revoilà au centre du monde. Vous voulez la preuve par l’image ? (rires). 101_6690.jpg image by maddyspace

Le chant de ma terre

L’actualité me donne envie de faire résonner à nouveau le chant de ma terre, le Cameroun, la terre de mes pères, le sol sous lequel reposent les corps de ceux que j’ai aimés et qui son passés. Puisse le chant de ma terre ne pas se muer en chant de détresse et d’agonie. Je fais remonter ce poème que m’a inspiré le pays de mes pères il y a des mois. Cameroun o mulema.

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Il est en moi un chant qui fonde mes racines,

Un chant qui retentit au fond de mes entrailles.

C’est l’essence de ma terre qui vibre dans mon cœur

Qui me dit d’où je viens et me parle de moi.

Le chant qui retentit au centre de mon être

Raconte la mémoire de ceux qui sont passés

Ceux qu’on a déposés au terme de leur voyage

Dans le cœur de ma terre et qui la rendent féconde.

 

Dans le temps où pieds nus j’en sentais le contact

Je ne discernais pas les rythmes de ma terre

Et voici que la vie au loin m’a dirigée

Vers cet autre univers différent de ma terre.

 

Les années ont passé ma vie s’est écoulée

J’ai été enrichie au contact de l’ailleurs

Et là au fond de moi je découvre une musique

Un chant qui dans l’exil me parle de ma terre

Il me dit qui je suis, ce qui est essentiel

Ce moi que je rencontre, parce que ma terre me manque.

Le chant que la distance fait rejaillir de moi

Brise les résistances nées de l’indifférence.

 

Je réentends la voix des feuilles dans vent

Et le chuchotement de l’herbe sous mes pieds

Je me rappelle les sons et le chant du silence

Quiétude de ma terre sous une pluie d’étoiles.

 

Et je découvre un rythme celui d’un cœur qui bat

C’est celui de ma terre qui cadence les tam-tam

La mélodie de l’eau qui glisse sur les pierres

La secrète ritournelle que chantent les forêts.

 

Le chant de ma mémoire c’est ma vie mon histoire

Le chant de mes racines me rappelle qui je suis

Cameroun mon pays berceau de mes ancêtres

Dont le chant m’a appris à marcher fière et libre

C’est le chant de ma terre qui nourrit ma mémoire

Et qui dans mes exils me rappelle qui je suis

Il y a là bas une terre au cœur même de l’Afrique

Qui porte mes racines, la sève de ma mémoire.

 

C’est une terre de musique de rythmes et de couleurs

Dont l’alliage unique me la rend essentielle

Et loin d’elle je découvre son incroyable éclat

La beauté majestueuse du chant de ma mémoire

Je la porte en mon cœur cette terre qui est mienne

La distance me révèle que je suis sienne aussi

A l’unisson mon cœur et ma mémoire s’accordent

Pour chanter le berceau de mon humanité

 

Sites pour découvrir des images du Cameroun :

http://www.souvenirducameroun.com/index.html

http://perso.orange.fr/photos-du-cameroun/JeuCadres.htm

La photo qui illustre le texte a été trouvée sur : http://site.voila.fr/cameroon_pics/vivre/douala_03.html

La lettre d’Ingrid Betancourt : preuve de vie, preuve de douleur…

Je n’ai pas les mots pour dire combien cette lettre m’a prise aux tripes. Au delà de l’information répétée depuis plus de cinq ans et demi il y a là l’âme d’une dame qui se met à nu et qui nous touche. Pourvu que ce soit enfin pour elle, pour sa famille, pour les autres otages le bout du tunnel. Je peux imaginer le soulagement et l’inquiétude de sa famille à la vue de ses images et à la lecture de sa lettre. Pourvu qu’elle trouve encore les ressources pour tenir bon. Pourvu qu’elle résiste, elle et ceux qui comme elle sont privés de liberté au nom d’intérêts politiques complexes. Respects à vous madame Betancourt pour tout ce que vous laissez voir de vous et de votre force même dans la faiblesse. Puissiez-vous tenir bon, résister encore. Des pensées positives pour les uns, des prières pour ceux qui sont comme moi, l’unité de nos voeux pour vous voir libre madame, très vite.

« C’est un moment très dur pour moi. Ils demandent des preuves de vie brusquement et je t’écris mon âme tendue sur ce papier. Je vais mal physiquement. Je ne me suis pas réalimentée, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grande quantité. Je n’ai envie de rien. Je crois que c’est la seule chose de bien, je n’ai envie de rien, car ici, dans cette jungle, l’unique réponse à tout est « non ». Il vaut mieux, donc, n’avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs. Cela fait trois ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, apprendre quelque chose, maintenir vive la curiosité intellectuelle. Je continue à espérer qu’au moins par compassion ils m’en procureront un, mais il vaut mieux ne pas y penser. Chaque chose est un miracle, même t’entendre chaque matin, car la radio que j’ai est très vieille et abîmée.

Je veux te demander, Mamita Linda, que tu dises aux enfants qu’ils m’envoient trois messages hebdomadaires (…). Rien de transcendant, si ce n’est ce qui leur viendra à l’esprit et ce qu’ils auront envie d’écrire (…). Je n’ai besoin de rien de plus, mais j’ai besoin d’être en contact avec eux. C’est l’unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m’importe plus (…).

Comme je te disais, la vie ici n’est pas la vie, c’est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d’une moustiquaire et avec une tente au-dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j’ai une maison. J’ai une tablette où je mets mes affaires, c’est-à-dire mon sac à dos avec mes vêtements et la Bible qui est mon unique luxe. Tout est prêt pour que je parte en courant. Ici rien n’est à soi, rien ne dure, l’incertitude et la précarité sont l’unique constante. A chaque instant, ils peuvent donner l’ordre de tout ranger (pour partir) et chacun doit dormir dans n’importe quel renfoncement, étendu n’importe où, comme n’importe quel animal (…).

Mes mains suent et j’ai l’esprit embrumé, je finis par faire les choses deux fois plus doucement qu’à la normale. Les marches sont un calvaire car mon équipement est très lourd et je ne le supporte pas. Mais tout est stressant, je perds mes affaires ou ils me les prennent, comme le jean que Mélanie m’avait offert pour Noël, que je portais quand ils m’ont pris. L’unique chose que j’ai pu garder est la veste, cela a été une bénédiction, car les nuits sont glaciales, et je n’ai eu rien de plus pour me couvrir.

Avant, je profitais de chaque bain dans le fleuve. Comme je suis la seule femme du groupe, je dois y aller presque totalement vêtue : short, chemise, bottes. Avant j’aimais nager dans le fleuve, mais maintenant je n’ai même plus le souffle pour. Je suis faible, je ressemble à un chat face à l’eau. Moi qui aimais tant l’eau, je ne me reconnais pas. (…) Mais depuis qu’ils ont séparé les groupes, je n’ai pas eu l’intérêt ni l’énergie de faire quoi que ce soit. Je fais un peu d’étirements car le stress me bloque le cou et cela me fait très mal.

Avec les exercices d’étirement, je parviens à détendre un peu mon cou. (…) Je fais en sorte de rester silencieuse, je parle le moins possible pour éviter les problèmes. La présence d’une femme au milieu de tant de prisonniers masculins qui sont dans cette situation depuis huit à dix ans est un problème (…). Lors des inspections, ils nous privent de ce que nous chérissons le plus. Une lettre de toi qui m’était arrivée m’a été prise après la dernière preuve de survie, en 2003. Les dessins d’Anastasia et Stanislas [neveux d'Ingrid], les photos de Mélanie et Lorenzo [ses enfants], le scapulaire de mon papa, un programme de gouvernement en 190 points, ils m’ont tout pris. Chaque jour, il me reste moins de moi-même. Certains détails t’ont été racontés par Pinchao [Jhon Pinchao, sous-officier de police, otage des FARC qui a réussi ) s'échapper le 28 avril dernier]. Tout est dur.

Il est important que je dédie ces lignes à ces êtres qui sont mon oxygène, ma vie. A ceux qui me maintiennent la tête hors de l’eau, qui ne me laissent pas couler dans l’oubli, le néant et le désespoir. Ce sont toi, mes enfants, Astrid et mes petits garçons, Fab [Fabrice Delloye, son ex-mari et le père de ses enfants], Tata Nancy et Juanqui [Juan Carlos, son mari].

Chaque jour, je suis en communication avec Dieu, Jésus et la Vierge (…). Ici, tout a deux visages, la joie vient puis la douleur. La joie est triste. L’amour apaise et ouvre de nouvelles blessures… C’est vivre et mourir à nouveau.

Pendant des années, je n’ai pas pu penser aux enfants, et la douleur de la mort de mon papa accaparait toute ma capacité de résistance. Je pleurais en pensant à eux, je me sentais asphyxiée, sans pouvoir respirer. En moi, je me disais : « Fab est là, il veille à tout, il ne faut pas y penser ni même penser. » Je suis presque devenue folle avec la mort de mon papa. Je n’ai jamais su comment cela s’est passé, qui était là, s’il m’a laissé un message, une lettre, une bénédiction. Mais ce qui a soulagé mon tourment a été de penser qu’il est parti confiant en Dieu et que là-bas je le retrouverai pour le prendre dans mes bras. Je suis certaine de cela. Te sentir a été ma force. Je n’ai pas vu de messages jusqu’à ce qu’il me mette dans le groupe de Lucho, Luis Eladio Pérez [ex-sénateur, otage aussi], le 22 août 2003. Nous avons été de très bons amis, nous avons été séparés en août. Mais durant ce temps il a été mon soutien, mon écuyer, mon frère (…).

J’ai en mémoire l’âge de chacun de mes enfants. A chaque anniversaire, je leur chante le « Happy Birthday ». Je demande à ce qu’ils me laissent faire un gâteau. Mais depuis trois ans, à chaque fois que je le demande, la réponse est non. Ça m’est égal s’ils amènent un biscuit ou une soupe de riz et de haricot, ce qui est habituel, je me figure que c’est un gâteau et je leur célèbre dans mon coeur leur anniversaire.

A ma Melelinga (Mélanie), mon soleil de printemps, ma princesse de la constellation du Cygne, à elle que j’aime tant, je veux te dire que je suis la maman la plus fière de cette terre (…). Et si je devais mourir aujourd’hui, je partirais satisfaite de la vie, en remerciant Dieu pour mes enfants. Je suis heureuse pour ton master à New York. C’est exactement ce que je t’aurais conseillé. Mais attention, il est très important que tu fasses ton DOCTORAT. Dans le monde actuel, même pour respirer, il faut des lettres de soutien (…). Je ne vais pas même me fatiguer à insister auprès de Loli (Lorenzo) et Méla qu’ils n’abandonnent pas avant d’avoir leur doctorat. J’aimerais que Méla me le promette.

(…) Mélanie, je t’ai toujours dit que tu étais la meilleure, bien meilleure que moi, une sorte de meilleure version de ce que j’aurais voulu être. C’est pourquoi, avec l’expérience que j’ai accumulée dans ma vie et dans la perspective que donne le monde vu à distance, je te demande, mon amour, que tu te prépares à arriver au sommet.

A mon Lorenzo, mon Loli Pop, mon ange de lumière, mon roi des eaux bleues, mon chef musicien qui me chante et m’enchante, au maître de mon coeur, je veux dire que depuis qu’il est né jusqu’à aujourd’hui, il a été ma source de joies. Tout ce qui vient de lui est du baume pour mon coeur, tout me réconforte, tout m’apaise, tout me donne plaisir et placidité (…). J’ai enfin pu entendre sa voix, plusieurs fois cette année. J’en ai tremblé d’émotion. C’est mon Loli, la voix de mon enfant, mais il y a déjà un autre homme sur cette voix d’enfant. Un enrouement d’homme-homme, comme celle de mon papa (…). L’autre jour, j’ai découpé une photo dans un journal arrivé par hasard. C’est une publicité pour un parfum de Carolina Herrera, « 212 Sexy men ». On y voit un jeune homme et je me suis dit : mon Lorenzo doit être comme ça. Et je l’ai gardée.

La vie est devant eux, qu’ils cherchent à arriver le plus haut. Etudier est grandir : non seulement par ce qu’on apprend intellectuellement, mais aussi par l’expérience humaine, les proches qui alimentent émotionnellement pour avoir chaque jour un plus grand contrôle sur soi, et spirituellement pour modeler un plus grand caractère au service d’autrui, où l’ego se réduit à sa plus minime expression et où on grandit en humilité et force morale. L’un va avec l’autre. C’est cela vivre (…).

A mon Sébastien [fils du premier mariage de Fabrice Delloye], mon petit prince des voyages astraux et ancestraux. J’ai tant à te dire ! Premièrement, que je ne veux pas partir de ce monde sans qu’il n’ait la connaissance, la certitude et la confirmation que ce ne sont pas deux, mais trois enfants d’âme que j’ai (…). Mais avec lui, je devrais dénouer des années de silence qui me pèsent trop depuis la prise d’otage. J’ai décidé que ma couleur favorite était le bleu de ses yeux (…). Si je venais à ne pas sortir d’ici, je te l’écris pour que tu le gardes dans ton âme, mon Babon adoré, et pour que tu comprennes ce que j’ai compris quand ton frère et ta soeur sont nés : je t’ai toujours aimé comme le fils que tu es et que Dieu m’a donné. Le reste n’est que des formalités.

(…) Je sais que Fab a beaucoup souffert à cause de moi. Mais que sa souffrance soit soulagée en sachant qu’il a été la source de paix pour moi. (…) Dis à Fab que sur lui je m’appuie, sur ses épaules je pleure, qu’il est mon soutien pour continuer à sourire de tristesse, que son amour me rend forte. Parce qu’il fait face aux nécessités de mes enfants, je peux cesser de respirer sans que la vie ne me fasse tant mal. (…)

A mon Astrica [Astrid, sa sœur], tant de choses que je ne sais par où commencer. Tout d’abord, lui dire que « sa feuille de vie » m’a sauvée pendant la première année de prise d’otage, pendant l’année de deuil de mon papa (…). J’ai besoin de parler avec elle de tous ces moments, de la prendre dans mes bras et de pleurer jusqu’à ce que se tarisse le puits de larmes que j’ai dans mon coeur. Dans tout ce que je fais dans la journée, elle est en référence. Je pense toujours : « Ça, je le faisais avec Astrid quand nous étions enfants » ou : « Ça, Astrid le faisait mieux que moi ». (…) Je l’ai entendu plusieurs fois à la radio. Je ressens beaucoup d’admiration pour son expression impeccable, pour la qualité de sa réflexion, pour la domination de ses émotions, pour l’élégance de ses sentiments. Je l’entends et je pense : « Je veux être comme ça » (…). Je m’imagine comment vont Anastasia et Stanis. Combien cela m’a fait mal qu’ils me prennent leurs dessins. Le poème d’Anastasia disait : « Par un tour du sort, par un tour de magie ou par un tour de Dieu, en trois années ou trois jours, tu seras de retour parmi nous. » Le dessin de Stanis était un sauvetage en hélicoptère, moi endormie et lui en sauveur.

Mamita, il y a tant de personnes que je veux remercier de se souvenir de nous, de ne pas nous avoir abandonnés. Pendant longtemps, nous avons été comme les lépreux qui enlaidissaient le bal. Nous, les séquestrés, ne sommes pas un thème « politiquement correct », cela sonne mieux de dire qu’il faut être fort face à la guérilla même s’il faut sacrifier des vies humaines. Face à cela, le silence. Seul le temps peut ouvrir les consciences et élever les esprits. Je pense à la grandeur des Etats-Unis, par exemple. Cette grandeur n’est pas le fruit de la richesse en terres, matières premières, etc., mais plutôt le fruit de la grandeur d’âme des leaders qui ont modelé la Nation. Quand Lincoln a défendu le droit à la vie et à la liberté des esclaves noirs en Amérique, il a aussi affronté beaucoup de Floridas et Praderas (municipalités demandées par les FARC pour la zone démilitarisée). Beaucoup d’intérêts économiques et politiques qui considéraient être supérieurs à la vie et à la liberté d’une poignée de Noirs. Mais Lincoln a gagné, et il reste imprimé sur le collectif de cette nation la priorité de la vie de l’être humain sur quelque autre type d’intérêt.

En Colombie, nous devons encore penser à notre origine, à qui nous sommes et où nous voulons aller. Moi, j’aspire à ce qu’un jour nous ayons la soif de grandeur qui fait surgir les peuples du néant pour atteindre le soleil. Quand nous serons inconditionnels face à la défense de la vie et de la liberté des nôtres, c’est-à-dire quand nous serons moins individualistes et plus solidaires, moins indifférents et plus engagés, moins intolérants et plus compatissants. Alors, ce jour-là, nous serons la grande nation que nous voulons tous être. Cette grandeur est là endormie dans les cœurs. Mais les cœurs se sont endurcis et pèsent tant qu’ils ne nous permettent pas des sentiments élevés.

Mais il y a beaucoup de personnes que je voudrais remercier car elles ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie. Je ne peux pas tous les mentionner (elle cite alors l’ex-président Lopez et « en général tous les ex-présidents libéraux », Hernan Echavarria, les familles des députés du Valle, Mgr Castro et le Père Echeverri).

Mamita, hélas, ils viennent demander les lettres. Je ne vais pas pouvoir écrire tout ce que je veux. A Piedad [Cordoba] et à [Hugo] Chávez (le président vénézuélien, qui avec Piedad Cordoba s’est vu retiré sa mission de médiation par le président colombien Alvaro Uribe], toute, toute mon affection et mon admiration. Nos vies sont là, dans leur coeur, que je sais grand et valeureux. (Elle dédie alors un paragraphe de remerciements à Chavez, Alvaro Leyva [homme politique qui a tenté plusieurs négociations], Lucho Garzon [l'ancien maire de Bogota], et Gustavo Petro [chef de file de la gauche colombienne], puis mentionne des journalistes.

Mon cœur appartient aussi à la France (…). Quand la nuit était la plus obscure, la France a été le phare. Quand il était mal vu de demander notre liberté, la France ne s’est pas tue. Quand ils ont accusé nos familles de faire du mal à la Colombie, la France les a soutenues et consolées.

Je ne pourrais pas croire qu’il est possible de se libérer un jour d’ici, si je ne connaissais pas l’histoire de la France et de son peuple. J’ai demandé à Dieu qu’il me fasse don de la même force que celle avec laquelle la France a su supporter l’adversité, pour me sentir plus digne d’être comptée parmi ses enfants. J’aime la France de toute mon âme, les voix de mon être cherchent à se nourrir des composants de son caractère national, elle qui cherche toujours à se guider par principes et non par intérêts. J’aime la France avec mon cœur, car j’admire la capacité de mobilisation d’un peuple qui, comme disait Camus, sait que vivre, c’est s’engager. (…) Toutes ces années ont été terribles mais je ne crois pas que je pourrais être encore vivante sans l’engagement qu’ils nous ont apporté à nous tous qui ici, vivons comme des morts.

(…) Je sais que ce que nous vivons est plein d’inconnues, mais l’histoire a ses temps propres de maturation et le président Sarkozy est sur le Méridien de l’Histoire. Avec le président Chavez, le président Bush et la solidarité de tout le continent, nous pourrions assister à un miracle.

Durant plusieurs années, j’ai pensé que tant que j’étais vivante, tant que je continuerai à respirer, je dois continuer à héberger l’espoir. Je n’ai plus les mêmes forces, cela m’est très difficile de continuer à croire, mais je voudrais qu’ils ressentent que ce qu’ils ont fait pour nous, fait la différence. Nous nous sommes sentis des êtres humains (…).

Mamita, j’aurais plus de choses à dire. T’expliquer que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de Clara et de son bébé (…). Bon, Mamita, que Dieu nous vienne en aide, nous guide, nous donne la patience et nous recouvre. Pour toujours et à jamais.» … »

Ingrid Betancourt

El Tiempo

Texte trouvé sur le site du journal Courrier International

http://www.courrierinternational.com/article.asp?prec=0,4553&suiv=9109&page=3&obj_id=80331

Site du comité de soutien à Ingrid Betancourt 

http://www.ingridbetancourt-idf.com/base/

La délicatesse dans le regard et au bout des doigts : dédicace à Fleur de Sel

cadremagnifique.jpg picture by maddyspace 

Le blog «  Un Autre Regard  » est né en septembre 2006. Je faisais mes premiers pas dans un univers dont je ne connaissais pas les règles. J’avais envie de partager des choses, mon regard sur les choses, d’échanger. Mais échanger avec qui ? je ne savais pas comment nouer l’échange avec d’autres bloggers et encore moins avec des visiteurs de passage. Comment inciter les personnes à déposer un commentaire pour entamer un dialogue ?

Pendant de nombreux mois ça a été le calme plat et s’il y a eu des visiteurs, ils sont passés sans rien laisser comme trace de leur passage. Je continuais d’écrire sans grand espoir d’être lue. L’écriture ayant une dimension cathartique quelques fois,écrire n’était pas en ce sens une perte de temps. 

Au début du mois de janvier les choses ont commencé à bouger. J’ai eu des visites qui ont commencé à établir un échange. Le blog de Fleur de Sel je l’ai découvert au tout début du mois de janvier en passant chez Marie Christine et c’est ainsi que j’ai découvert un univers magnifique avec des photos qui depuis ne cessent de m’éblouir. Je n’ai pas eu besoin de me forcer pour y retourner.

En effet Fleur de Sel pose un regard magnifique sur le monde et nous le restitue en photos de manière sublime : une plage, un coquillage, un château de sable, le ciel, une fleur rose2.jpeg, etc. se nimbent de poésie devant son objectif et nous livrent des facettes invisibles avant. Le regard de l’artiste, le regard de celle qui a la sensibilité d’approcher la verité des choses telle que perçue par elle.  Elle me donne sans cesse l’impression de redécouvrir des choses que je croyais connaître parce que son regard aura eu la délicatesse de s’attarder sur une pierre, sur une fleur, sur un mouvement de la mer…

Quand je regarde ses photos j’ai l’impression d’entendre chanter la nature. La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. La nature est belle dans le regard de Fleur de Sel. Il y a de nombreuses photos de bord de mer et aussi du ciel. J’aime regarder le ciel au travers de son regard. Il livre des langages surprenants de beauté, de poésie.

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Les nuages et le soleil entament un ballet au rythme d’une berceuse magnifique qui invitent à rêver alors qu’on ne dort pas encore. Quand on regarde ses photos, on a envie de lever les yeux.

En plus de faire de magnifiques photos Fleur de Sel elle peint des tableaux que je trouve magnifique. Je n’ai pas les mots et encore moins la compétence pour parler de peinture, mais je sais quand mes émotions sont touchées. Voyez vous-mêmes la poésie qu’il y a dans les escaliers qu’elle peint. Voyez vous comme moi ce voile de délicatesse ?

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 Dans tout ce que je vois chez elle j’ai le sentiment que le point commun est la délicatesse. La délicatesse d’un regard qui effleure sans agresser les sujets qu’elle restitue en peinture ou en photo. La délicatesse d’un regard qu’elle pose sur les autres et que l’on retrouve dans ses interventions d’un blog à l’autre. Fleur de Sel est une de ces belles rencontres dont on se dit qu’en franchissant le mur du virtuel on pourrait l’avoir pour amie. Elle fait partie de ces personnes dont j’ai appris à attendre la visite comme on attend la visite d’un ami sachant que même en une seule phrase ce qu’elle offrira par ses mots fera du bien. Je ne peux pas prétendre la connaître mais le peu que je perçois d’elle me laisse une impression de douceur et de délicatesse, en accord avec le Petit nid douillet qu’est son blog. Je vous encourage à vous y rendre et vous ne devriez pas en être déçu(e)s : http://fleurdesel.unblog.fr/

Merci à toi Fleur de Sel pour tout ce que tu m’a apporté par tes visites quasi quotidiennes, parsemant ça et là les billets de tes commentaires. Merci pour tes encouragements à la lecture de mes poèmes et de mes nouvelles. Merci d’avoir reçu avec une belle ouverture d’esprit les musiques que je voulais partager. Merci d’avoir voyagé à la rencontre de mon Cameroun natal. Merci pour la beauté et la poésie qui s’offre à mes regards toute le fois que je me pose chez toi. Tu es pour moi, et je l’ai dit bien des fois, une belle rencontre.

Je t’embrasse et t’adresse mes pensées les plus amicales et en t’offrant un moment de musique avec ma Gladys à mouahhhhhhhhhhh ! J’espère que tu apprécieras : Gladys Knight : I don’t want to know

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papillonferique.gif picture by maddyspace

Dédicace à Enroel – Livrer des bouts de soi à en visitant la mythologie

rosespourunepersonnespciale.gif picture by maddyspaceAu mois d’avril, le blog a eu le privilège de recevoir un monsieur nommé Enroël. Il s’est signalé à nous en laissant un commentaire sur un poème mélancolique «  pluie et pleurs  »

Les mots du poème disaient :

« Pluie et pleurs un cœur se meurt

D’avoir aimé et espéré

Elle a eu foi elle s’est trompée

Les mots se hissent et puis s’abîment

Au bord des lèvres au bord de l’âme […]« 

 

Et sans forcer le trait, en une phrase il a livré une sensibilité qui allait se confirmer avec le temps. Avec Arnaguedon (The Cat), il est de ces messieurs qui m’ont fait l’amitié de prendre le temps de lire les nouvelles et les poèmes publiés sur le blog. J’ai pu voir la réceptivité de mes mots par des personnes du sexe opposé. Ils me montraient par leurs réactions que ce que j’écrivais n’était pas hermétiquement réservé aux femmes et aux filles. Ou alors sont-ce simplement des hommes qui laissent la part féminine de leur être saisir des mots jaillissant d’un incurable cœur de fille ? Je n’ai pas la réponse mais je sais que cette réceptivité m’a encouragée. Je me souviens aussi de Saxifrage (qui a fermé son blog et) qui recevait mes nouvelles avec un regard bienveillant. Il y avait Marc (moins présent sur la blogosphère) qui m’offre sans cesse un regard bienveillant et gentil que je sais ne pas mériter. Comment pourrais-je ne pas remercier ceux qui sans le savoir m’ont tant apporté et m’apportent encore ? Merci à vous messieurs, et les dames ne sont pas oubliées. Je suis reconnaissante des progrès dans l’écriture que je vous dois. Merci Enroel pour tes encouragements à publier, tes enthousiasmes précieux pour l’auteur en herbe (voire en pissenlit) que je suis. Je sais te devoir un exemplaire dédicacé de mon premier roman ou recueil publié. Comment ne pas avoir la tête à l’envers ? Grâce à toi Enroel et à quelques autres sur le blog j’ai pu embrasser un rêve que je n’osais plus faire, que j’avais laissé enfoui dans les méandres d’une enfance sous l’équateur. Oser rêver, réapprendre à rêver sa vie autrement. Merci à vous mes amis.

Le blog d’Enroel sur lequel je teste à chaque visite mon seuil d’incompétence (et il est bas si vous saviez à quel point ! ! ! hi hi…) est un blog riche d’anecdotes mythologiques. Il raconte à la manière d’un feuilleton (suspense garanti, frustration pour ceux qui n’ont pas compris que la patience est une vertu. Mais pourquoi vous me regardez tous  comme ça ?) les héros mythologiques Grecs, Egyptiens et Nordiques. Il raconte ses voyages et ses voyages intérieurs. Consciemment et quelquefois non, en portant ses regards sur des héros de ces mythes fondateurs de la civilisation dans laquelle nous évoluons sa sensibilité affleure. On le découvre dans ses sympathies pour certains héros. Sa façon de raconter Freya que j’ai découverte chez lui (un puits d’inculture je suis vous dis-je. Ca frise la correctionnelle mes amis d’autant qu’Enroel peut témoigner de la récidive dans le cas d’espèce. Hum hum mon ADN et moi allons nous mettre au vert quelques temps hi hi ! ! ! !) dévoilent un homme qui porte sur la femme, sur les femme un regard respectueux que l’on avait perçu ça et là sur ce blog et chez Pivoine par exemple. Je ne saurais trop vous encourager à faire un tour chez Enroel pour découvrir la mythologie par son regard et par là même découvrir un peu de que cet homme sensible veut offrir de lui. Ecoutez par quels mots vous serez accueillis sur son blog :

«  En Langue Sacrée de l’Egypte Ancienne, « ir herou nefer » a pour traduction « faire un jour heureux » . Cette expression courante signifie qu’on accomplit un jour à la fois bon, beau et parfaitement réussi.

Je suis heureux de vous accueillir ici. J’espère que vous y passerez un bon moment. N’hésitez surtout pas de me laisser votre avis, vos impressions et vos remarques! Puissent mes lignes, embellir vos journées…  »

Comment résister à une telle invitation n’est-ce pas ? A bientôt chez Enroel en allant sur le lien : http://irherounefer.over-blog.com

Bises à toi ami et merci d’accueillir avec bienveillances mon immense méconnaissance de ce dont tu parles. Et j’en apprends des choses…

Malaïka

Ps : te souviens tu qu’en avril tu as dit : «  moi aussi je veux une dédicace  ». Il en a fallu du temps n’est-ce pas ? Je ne connais malheureusement pas tes goûts musicaux, alors je te fais un clin d’œil au second degré. Je regrette de n’en savoir pas plus. J’espère que tu apprécieras le clin d’oeil et, connaissant ton respect pour l’Egypste que ce clin d’oeil ne t’offusquera pas.

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awesomeweekend.gif picture by maddyspace

Un an déjà (et quelques cacahuetes) que le blog tourne…Merci pour votre fidélité

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hbb12.gif image by maddyspaceConnaissez-vous quelqu’un capable d’être en retard à son propre anniversaire ? Et pas qu’une fois encore ? Quand un même événement se reproduit sans cesse d’une année sur l’autre, il faut je le crois laver de tout soupçon l’infortuné hasard souvent suspect d’être à la racine de bien des situations.Rire On doit une rencontre au « hasard ». On tombe sur un article ou sur une émission de radio « par hasard ». Souffrez que je pèche par anthropomorphisme en entendant d’ici siffler les oreilles du  » hasard « .

La reine de la digression que je suis (on a les royaumes qu’on peut n’est-ce pas ? ) se reprend pour revenir à la question de départ. Nous allons (nous de majesté bien entendu) essayer de brider nos tentatives de digressions. Comme vous pouvez le constater ce n’est pas gagné mes amis ! hi hi.

Alors revenons à la question fondatrice du billet,  » connaissez-vous quelqu’un capable d’être en retard à son propre anniversaire ? Et pas qu’une fois encore ? « 

Si la réponse à la question est  » non « , je me permets de corriger votre assertion interne tout de suite. En effet vous en connaissez au moins une ne serait ce que virtuellement : celle qui a l’honneur et le privilège de vous accueillir dans cet espace. Hé oui ! Moi.Clin doeil

Laissez moi vous raconter…

L’année dernière j’ai eu le privilège (parsemé de quelques ridulesTriste) de croiser un chiffre rond sur mon parcours de vie. Pour ceux qui n’ont pas saisi le sens de ce qi précède ça n’arrive qu’une fois par décennie la rondeur des chiffres. Je n’allais pas laisser passer l’occasion de me faire plaisir : réunir des personnes qui pour moi sont des déclinaisons du visage de l’amour et qui m’ont fait le cadeau d’être dans ma vie.

Trouver en un anniversaire un prétexte pour célébrer l’amour, l’amitié, la vie. Célébrer la vie quand on sait avoir survécu… Célébrer la vie ! Alors j’ai lancé mes invitations et j’ai préparé une fête que je voulais unique. Mes invités, tandis qu’ils se creusaient la tête pour trouver un cadeau à m’offrir ne savaient pas mais chacun avait un cadeau spécial qui l’attendait : j’ai fabriqué un parchemin sur lequel j’ai laissé s’imprimer les mots que chantait mon cœur pour chacun. 42 poèmes pour 42 convives dans des parchemins. Parchemins réalisés en un temps record au prix de quelques nuits écourtée. Quand je pense que personne n’a prévenu le Guinness Book des records ! Oh monde cruel !

Mes invités ont reçu un parchemin enrubanné et je suis heureuse d’avoir pu dire ce que chacun représentait pour moi. Quel plus beau cadeau que celui de donner du bonheur à ceux qu’on aime, à ceux qui touchent votre vie même en l’effleurant le temps d’un instant ? Mes invités m’ont offert par les expressions de leurs visages des joyaux gravés dans les tiroirs de ma mémoire et de mon coeur. Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir a dit Celui qui est mon amour absolu. Je la découvre jour après jour cette joie de donner, de prendre le temps d’offrir un mot, un sourire, une attention, un regard, un épaule, une main tendue à l’autre en espérant par ces petits riens faire sourire son cœur ne serait-ce qu’une minute. Donner à la mesure de ce que l’on peut, mais donner. Quelle joie. mybestansmostbeautiful.gif image by maddyspaceMerci à CELUI…

« Quel rapport avec la choucroute ? » Vous demandez-vous avec raison (bande d’impatients). Défroncez vos sourcils interrogateurs et repliez vos questionnements sur ma santé mentale (pfttt !). Alors après avoir préparé ma belle fête d’anniversaire, après avoir couru en long en large et en travers pour la rendre parfaite. Après avoir sué sang et eau (non Malaïka Rirepas d’exagération juste de l’eau pas une goutte de sang) pour offrir à mes convives un moment mémorable v’la t’il pas que j’arrive en retard, plus en retard qu’un mariée en retard. Et voici que je me prends à pester contre les automobilistes parisiens qui ont l’outrecuidance de prendre leur véhicule à l’heure où en retard j’ai besoin de battre les records de Ayrton Senna en son temps. Enfin ce n’était pas moi qui conduisais. Oui mais Ayrton Senna quand même ! ! ! ! Embouteillage pour récupérer l’immense gâteau d’anniversaire. Embouteillage pour aller me faire belle et cacher les outrages du temps (hi hi). Embouteillage pour revenir toute en splendeur (et en modestie comme vous pouvez le constater) accueillir mes convives. Implosion de honte et morcellements intérieurs façon Tex Avery, j’arrive la dernière. Je suis magnifique bien sûr (et toujours aussi modeste comme vous voyez) mais rouge tomate à l’intérieur. Merci mon Dieu pour ma carnation chocolatée qui masque mes rougissements. J’avais plus de deux heures de retard mes aïeux ! Mais ils étaient là, mes visages de l’amour, de l’amitié, de la vie. Mes amis, mes amours, ma famille de coeur, celle que j’ai choisie et qui m’a choisie.

Ils étaient là, ils m’avaient attendue et pas le moindre reproche juste des flots de tendresse et d’ironie aussi figurez-vous que j’avais insisté à la limite de la lourdeur pour que les gens soient à l’heure en précisant que le programme de la soirée nécessitait une ponctualité suisse. Imaginez ma honte mes amis. J’en ris encore. La soirée a été magnifique. Nous avons dansé en même temps que mes souvenirs sur mes oldies but goodies : Ralph Tresvant (sensitivity), Johnny Gill (wrap my body tight), Dina Bell (Elissa), Lisa Stansfield (all around the world), Edith Lefel (sensation) et bien d’autres bonheurs pour mes écoutilles (certains sont sur le blog si vous voulez les découvrir il n’y a qu’à chercher Langue).

Ce blog a été créé le 21 septembre 2006, et comme de bien entendu la date d’anniversaire est tombée pendant ma pause ! Si ce n’est pas du sens de l’à propos qu’est-ce donc ?

En retard ? De plus de quinze jours tant qu’à faire ? Hé hé, on ne se refait pas. Le retard lors des dates essentielles ça me connaît. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas j’ai mis près de onze mois dans le sein maternel avant de me décider à pousser péniblement mon premier cri, alors deux heures ou quinze jours de retard c’est de la roupie de sansonnetCool.

Voici un an que je suis présente sur la blogosphère via ce blog livrant coups de cœur, coups de sang, coups de blues, éclats de mon âme, bref livrant un peu de ce que je suis. Un an déjà… un an seulement ? Drôle de sentiment que celui-ci. Un an c’est long c’est court. Pendant de nombreux mois il n’y avait pratiquement pas de trafic sur ce blog et j’avais l’impression de faire un monologue sauf quelques dialogues avec Nath-Christiane, Marthe et Sansanboy que je connais dans le monde réel et qui venaient rompre le monologue (merci mes amis). Puis vous êtes venus alors que je ne vous espérais plus. Vous êtes venus peu à peu à peu déposer un peu de votre regard ici pour enrichir le mien. Il y a eu Marie Christine (qui m’a encouragée et mise dans ses liens pour me donner un coup de pouce merci ! ! !) et Jacqueline (qui est arrivée ici grâce à un billet sur Martin Luther King et qui est restée, fidèle dans ses visites et son amitié), il y a eu Fleur de Sel ( aussi délicate et douce dans ses interventions que la beauté des photos, des aquarelles et de l’univers artistique qu’elle offre sur son blog), il y a eu Fabrice (fidèle lecteur plein de tact qui a depuis fermé son blog à mon grand regret). Et vous êtes venus ruisseaux lumineux venant nourrir le fleuve de cet espace. Je vais entre autres billets sur le blog me faire plaisir en vous offrant au fil du temps des mots, des dédicaces, des post pour vous dire merci et rendre hommage à ce que vous apportez à cet univers virtuel mais porteur de réalités inattendues et formidables. Je n’ai à dessein cité que les rencontres du début, celles grâce auxquelles je n’ai pas renoncé à continuer, celles grâce auxquelles j’ai pu vous rencontrer. J’ai commencé à faire des dédicaces, soyez patients, la vôtre arrive. Et le Guiness book des records est prévenu. Qu’on se le dise !

En plus du plaisir de vous faire des petits cadeaux virtuels, je vais aussi remonter des posts qui sont passés inaperçus au début de ce blog ou qui me semblent pertinents en écho à une actualité qui me touche.

Merci encore pour le vie que vous apportez à cet espace. Je ne suis pas sûre d’atteindre le deuxième anniversaire alors je profite de celui ci pour me faire plaisir en faisant à vous aussi je l’espère plaisir.

bdf1re2.jpegJe vous embrasse

mwah.gif image by maddyspace

 

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