Refuser d’être enseveli sous les blessures et briser les chaînes des mots vecteurs de maux

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Un mot, un son anodin, quelques syllabes que l’on aligne avec légèreté, peuvent pour celui qui les entend avoir de terribles conséquences.

Quelquefois on les prononce pour blesser, rire ou faire rire, sans mesure les ondes de choc dans la vie de celui qui en est, l’involontaire cible.

Combien de fois, sous le prétexte que l’on est énervé, excédé ou agacé, en tant que parents ou adultes nous nous laissons aller à infliger à de jeunes enfants des mots qui les enferment comme des sarcophages ? Tout y passe : l’enfant est tour à tour un fardeau, une déception, un raté, un abruti, un incapable, un bon à rien et que sais-je encore ! Quelques adultes se laissent aller à offrir un autre cercueil à ces êtres en construction, leur prophétisant une incapacité à plaire, une incompétence à exprimer par leur physique la moindre grâce. Une inaptitude à être aimé.  Et l’on s’étonne du nombre d’infirmes  émotionnels tapis sous les adultes que nous sommes.

Derrière l’excès apparent de confiance ou le doute maladif se logent quelquefois tant de fêlures !

Prenons-nous seulement le temps de nous poser et questionner notre rapport à l’autre et notre rapport à nous-mêmes ? De quelle manière parlons-nous des autres ? Soulignons-nous davantage les défauts des personnes que leurs qualités quand nous en parlons ? Sommes-nous embêtés quand l’on entend dire du bien des autres comme si cela nous diminuait ? Si oui nous avons intérêt à faire un travail sur nous-mêmes au regard de l’estime de soi.

Les mots, les regards, les silences, l’absence de regards tandis que l’on se construit, peuvent orienter le cours de nos existences de manière radicale. Qu’avons-nous fait des mots vecteurs de maux qui ont ébranlé nos parcours de vie ?

Quand je fais le voyage dans l’enfant que j’étais, malgré l’amour et la protection offerte par mes parents et au cœur d’une fratrie équilibrée et aimante, j’entends des mots qui enferment et qui brident des dons, qui sèment le doute dans mes capacités à être et ou à faire. Un enfant ne vit pas que dans sa cellule familiale nucléaire.

Prenons-nous le temps de dire à nos enfants combien ils sont précieux et combien ils sont beaux, intelligents, brillants, magnifiques et dignes d’être aimés juste pour ce qu’ils sont ? Prenons-nous le temps de les armer par l’amour contre la violence et le rejet ?  L’amour de soi et l’acceptation de ce que l’on est une fondation essentielle pour se construire. Édifier la confiance en soi chez l’enfant peut lui permettre  de traverser l’adolescence sans y laisser trop de plumes.

L’escale en adolescence ramène à ma mémoire les sons de quelques bris intérieurs. Se bâtir dans le doute sous les sarcasmes de ses pairs n’est pas une sinécure.

Malgré les fantasmes qui nous structurent et les proclamations de nos orgueils blessés dans le rapport à l’autre, nous avons besoin du regard des tiers et de la relation à autrui. Ceux qui clament d’ailleurs le plus fort leur absence de besoin de l’autre sont peut-être secrètement en train de gémir de solitude.

J’ai croisé dans mon existence quelques fossoyeurs. Vous savez, ceux qui vous enferment dans des définitions ou dans des limites inhérentes à leurs prétentions égocentriques à définir le monde. Quand ces personnes appartiennent au cercle de ceux qui comptent pour vous à une saison de votre existence, ils peuvent vous meurtrir profondément.

Fort heureusement, malgré des propensions féminines à se projeter dans des passions exclusives et qui consument, l’on n’est pas obligé de reproduire à l’infini la tragédie de Marguerite Gautier.

Les rejets les plus blessants ne nous obligent pas à rester dans les tombeaux de ces afflictions. Après la douleur vient le dépassement et l’on en sort grandi, voire heureux. Il y a une vie à vivre et elle vaut la peine !

Alors je dis merci à tous ceux qui pour me blesser, me détruire ou pour m’avilir se sont servi des mots comme des obus.

Merci à ceux qui auraient pu me détruire mais qui ont participé à me construire telle que je suis. Les douleurs passagères ont produit un poids éternel de gloire et de surprenantes joies. Elles m’ont enrichie, élargie, affermie. Elles m’ont appris à faire des choix entre le désespoir et la joie, l’amertume et le pardon, l’enfermement ou le dépassement, la mort ou la vie, entre leurs mots et moi. Je me suis choisie.

Après les tempêtes, c’est avec délectation que l’on profite des océans apaisés et des nouvelles perspectives de voyage.

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Je remercie ceux qui ont pris le parti de porter atteinte à ma réputation propageant des propos infâmants, distillant ça et là le soupçon et des accusations mensongères. Merci à eux de m’avoir appris à me centrer sur l’essentiel : être en paix avec moi-même et avec Celui qui est l’Essence de mon être. Merci à eux de m’avoir fait réaliser que l’essentiel est que je sache qui je suis et où réside la vérité de mon être.

Quand les définitions de soi ne sont plus prisonnières de la parole de l’autre, on a fait un pas primordial vers la liberté.

Merci de m’avoir appris ou rappelé que l’énergie qui m’habite peut être investie à des choses plus constructives que le fait de combattre les moulins à vents de la mesquinerie humaine. Peu m’importe que la vérité soit ou non rétablie aux yeux de ceux qui les auront écoutés, je sais qui je suis et ça me va. Et qu’est-ce que j’aime celle que je suis ! Le chemin aura été long et quelquefois tortueux pour en arriver là, mais aujourd’hui cette vérité est  scellée sur un fondement inaltérable.

Merci à ceux qui m’ont pris pour un vilain petit canard qui avait la prétention de nager au milieu des cygnes majestueux qu’ils étaient.  Qui sait si sans ce rejet, ce mépris, cette disgrâce proclamée j’aurais pris la peine de regarder l’autre au-delà des apparences ? Grâce à eux j’aurais appris à chercher dans ceux que je croise la beauté véritable, la grâce cachée et les richesses intérieures. Je leur dois probablement en partie d’avoir travaillé à développer des qualités humaines que j’aurais peut être négligées par ailleurs. Ils se proposaient comme des croque-morts venus embaumer ma de confiance en moi, et voici qu’involontairement, ils sont devenus des pédagogues magnifiques, m’obligeant à creuser en moi pour me trouver, à creuser dans l’autre pour le voir  et le recevoir en dépit de ses failles. Les rires moqueurs d’antan se convertissent en une symphonie dans mes souvenirs, parce que cette musique participe de la bande originale de mon existence.

En passant je remercie des involontaires tuteurs de m’avoir épargné le désagrément de m’acoquiner avec les êtres superficiels et pour le moins fats qu’ils étaient. Ben oui ne faut-il pas manquer de profondeur pour passer à côté d’un être humain sous prétexte qu’il ne ressemble pas à ses propres projections de la beauté physique ? Et de vous à moi, plus le temps avance plus je trouve la femme que je croise dans mon miroir magnifique. A mon avis cela tient à cet éclat qui vient de ce que l’on aime le compagnon de voyage que l’on est pour soi. Je me trouve belle. Pourquoi mentir ? Heu… ne soyez pas désobligeants en disant que ma vue baisse avec l’âge. Pftttt ! Cool

Merci aux les amitiés trahies, aux amours avortées aux espoirs déçus, aux illusions relationnelles, après les blessures je me suis chaque fois relevée plus riche. Riche d’avoir vécu ces choses et déployée intérieurement pour aimer davantage et pour donner encore et toujours, mais avec discernement. On ne se trompe jamais en aimant, on vit parfois les désagréments d’une escale imprévue de l’amour dans un lieu inapproprié et qui se révèle trop longue.  Mais un jour l’amour que l’on donne arrive enfin à  la bonne destination et l’on réalise que toutes les douloureuses escales traçaient le chemin jusqu’à cette plénitude amoureuse, amicale, filiale.

Non, on ne se trompe jamais en aimant. Aimer c’est le sens et l’essence de l’être. L’on se trompe davantage et l’on ne se grandit pas en se croyant autorisé à se moquer de, et à piétiner les sentiments d’un tiers sous prétexte que l’on n’éprouve pas la même chose pour lui.

Il peut être long le chemin qui ramène de certaines expériences douloureuses jusqu’à l’essentiel, une rencontre plus profonde et une relation apaisée avec soi.  Quelles que soient les épreuves d’hier et d’aujourd’hui,  ne nous laissons pas ensevelir dans un lieu ou nos espoirs sont en escale forcée. Brisons les chaînes de l’amertume. Le voyage reprendra et nous arriverons à bon port. En tout cas, moi j’avance…Clin doeil

Meilleurs voeux pour 2011

BONNE ET HEUREUSE ANNEE A TOUS

Que cette année nouvelle vous ouvre à de grands bonheurs, à des joies immenses et à la réalisation de nombreux rêves.

Soyez très heureux.

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La sauvagerie de l’impérialisme états-unien par Noam CHOMSKY (à lire absolument !)

Dans un contexte dans lequel le rouleau compresseur de la pensée unique s’amplifie avec des relais de plus en plus subtils voire sournois, il est utile et salutaire de sortir la tête de l’asphyxie. C’est important de s’abstraire de l’organisation de l’atrophie de la pensée. Ce texte long certes tiré d’une intervention de Noam Chomsky lors d’une conférence est nécessaire et utile, non pour acquiescer sans réfléchir, mais pour recevoir de la matière pour  se fonder une opinion, un regard sur le monde. Questionner sans cesse les affirmations et prises de positions d’un monde occidental à l’impérialisme arrogant est une nécessité. Dans un contexte dans lequel l’actualité nous rappelle cette arrogance, cette conférence sur l’impérialisme américain peut ouvrir les yeux et la pensée. Je vous encourage à prendre le temps de lire ce texte et à le faire lire. Les chaines tombent et tomberont encore. Bonne lecture ! 

Chomsky : la sauvagerie de l’impérialisme états-unien

Conférence de Juin 2010

Article paru sur le site : http://www.legrandsoir.info/Chomsky-la-sauvagerie-de-l-imperialisme-etats-unien.html

1. L’empire des États-Unis, le Moyen-Orient et le monde

Il est tentant de reprendre depuis le début. Le début c’était il y a bien longtemps, mais il est utile de revoir certains points d’histoire qui pourront être comparés à la politique actuelle des États-Unis au Moyen-Orient. Les États-Unis sont un pays très particulier par bien des aspects. Ils sont probablement le seul pays au monde qui soit né empire. C’était un empire enfant – comme George Washington l’a appelé –, et les Pères fondateurs étaient très ambitieux. Le plus libéral d’entre eux, Thomas Jefferson, pensait que l’empire enfant devait s’étendre davantage et devenir le « nid » à partir duquel le continent entier serait colonisé. Cela signifiait se débarrasser des « rouges », les Indiens, lesquels ont effectivement été déplacés ou exterminés. Les Noirs devaient être renvoyés en Afrique dès qu’on n’aurait plus besoin d’eux et les Latins seraient éliminés par une race supérieure.

La conquête du territoire national

Les États-Unis ont été un pays très raciste pendant toute leur histoire, et pas seulement à l’encontre des Noirs. Les idées de Jefferson étaient assez communes, les autres étaient globalement d’accord avec lui. C’est une société de colons. Le colonialisme de peuplement c’est ce qu’il y a de pire comme impérialisme, le genre le plus sauvage parce qu’il requiert l’élimination de la population indigène. Ce n’est pas sans relation, je crois, avec le soutien automatique des États-Unis à Israël, qui est aussi une société coloniale. La politique d’Israël d’une certaine façon fait écho à l’histoire états-unienne, en est une réplique. Et, il y a plus, les premiers colons aux États-Unis étaient des fondamentalistes religieux qui se considéraient être des enfants d’Israël répondant au commandement divin de peupler la terre et de massacrer les Amalécites, etc. C’est tout près d’ici, les premiers colons, au Massachusetts.

Tout cela était fait avec les meilleures intentions. Ainsi, par exemple, le Massachusetts (le Mayflower et toute cette histoire) à reçu sa Charte de la part du roi d’Angleterre en 1629. La Charte chargeait les colons de sauver les populations locales des affres du paganisme. D’ailleurs si vous regardez le sceau de la Bay Colony du Massachusetts vous voyez un Indien qui tient une flèche pointée vers le bas en signe de paix. Et devant se bouche il est écrit « Come over and help us » [« Venez et aidez-nous »]. C’est l’un des premiers exemples de ce qu’on appelle aujourd’hui l’interventionnisme humanitaire. Et ce n’est qu’un exemple, il y a bien d’autres cas au cours de l’histoire, et cela dure jusqu’à nos jours. Les Indiens demandaient aux colons de venir et de les aider et les colons suivaient gentiment le commandement leur demandant de venir et de les aider. En fait nous les aidions en les exterminant.

Après coup on a trouvé ça bizarre. Dans les années 1820, un membre de la Cour suprême a écrit à ce propos. Il dit qu’il est assez étrange que, malgré toute notre bienveillance et notre amour pour les Indiens, ils dépérissent et disparaissent comme les « feuilles d’automne ». Comment était-ce possible ? Il a fini par en conclure que la volonté divine est « au-delà de la compréhension humaine ». C’est simplement la volonté de Dieu. Nous ne pouvons pas espérer comprendre. Cette conception – appelée le providentialisme – selon laquelle nous suivons toujours la volonté de Dieu existe encore aujourd’hui. Quoi que nous fassions nous suivons la volonté de Dieu. C’est un pays extrêmement religieux, unique en son genre en matière de religiosité. Une grande partie de la population – je ne me souviens plus du chiffre, mais il est assez élevé – croit littéralement ce qui est écrit dans la Bible. Le soutien total à Israël est l’une des conséquences de tout cela, parce que Dieu a promis la terre promise à Israël. Donc nous devons les soutenir.

Les mêmes personnes – une part importante des plus importants défenseurs d’Israël – sont des antisémites, parmi les plus extrémistes du monde. À côté d’eux Hitler semble assez modéré. Leur perspective est l’élimination des Juifs après Armageddon. Il y a tout un tas d’histoires à ce propos, lesquelles sont crues, littéralement, jusqu’à un très haut niveau – probablement des gens comme Reagan, George W. Bush, et d’autres. Cela n’est pas sans lien avec l’histoire colonialiste du sionisme chrétien – il précède le sionisme juif, et il est beaucoup plus puissant. C’est l’une des raisons qui expliquent le soutien automatique et inconditionnel à Israël.

La conquête du territoire national est une histoire assez laide. Certaines des personnes les plus honnêtes l’ont reconnu, comme John Quincy Adams, qui était l’un des grands stratèges de l’expansionnisme – le théoricien de la Destinée manifeste, etc. À la fin de sa vie, longtemps après ses propres crimes, il se lamentait sur le sort de ceux qu’il appelait « la malheureuse race des indigènes américains, que nous exterminons sans pitié et avec une perfide cruauté ». Il a dit que ce serait l’un des péchés pour lesquels le Seigneur allait nous punir. Nous attendons encore.

Ses idées sont jusqu’à nos jours tenues en haute considération. Il y a un livre de référence, universitaire, écrit par John Lewis Gaddis, un grand historien états-unien, qui concerne les racines de la doctrine Bush. Gaddis, avec raison, présente la doctrine Bush comme héritière de la grande stratégie de John Quincy Adams. Il dit que c’est un concept qui existe tout au long de l’histoire des États-Unis. Il en fait l’éloge, il considère que c’est la conception correcte – nous devons assurer notre sécurité, l’expansion est le moyen de la sécurité, et vous ne pouvez pas vraiment assurer votre sécurité sans tout contrôler. Donc nous devons nous déployer, non seulement dans l’hémisphère, mais partout dans le monde. C’est la doctrine Bush.

Au moment de la Deuxième Guerre mondiale, sans entrer dans les détails… Bien que les États-Unis aient été depuis longtemps et de loin le pays le plus riche du monde, ils jouaient un rôle secondaire sur la scène mondiale. L’acteur principal c’était la Grande-Bretagne – et y compris la France avait une plus grande présence dans le monde. La Deuxième Guerre mondiale a changé tout cela. Les stratèges états-uniens durant la Deuxième Guerre mondiale, les planificateurs de Roosevelt, ont dès le début de la guerre très bien compris qu’au bout du compte les États-Unis allaient se retrouver dans une position de supériorité absolue.

Alors que la guerre se déroulait – les Russes terrassaient les Allemands, ils ont à ce moment presque gagné la guerre en Europe – on avait compris que les États-Unis seraient dans une position de domination encore plus nette. Et ils ont donc élaboré des plans pour la configuration du monde de l’après-guerre. Les États-Unis auraient le contrôle total d’une zone qui comprendrait l’hémisphère occidental, l’Extrême-Orient, l’ex-Empire britannique, la plus grande partie possible de l’Eurasie, incluant donc l’Europe occidentale et son importante infrastructure commerciale et industrielle. C’est le minimum. Le maximum c’est le monde entier ; et bien entendu c’est ce dont nous avons besoin pour notre sécurité. Dans cette zone les États-Unis auraient le contrôle incontesté et empêcheraient tous les pays d’aller vers davantage de souveraineté.

Les États-Unis se trouvent à la fin de la guerre dans une position de domination et de sécurité sans équivalent dans l’histoire. Ils ont la moitié de la richesse mondiale, ils contrôlent tout l’hémisphère occidental et les deux rives des deux océans. Ce n’était pas un contrôle total. Les Russes étaient là et il y avait encore quelques parties hors de contrôle, mais l’expansion avait été remarquable. Juste au centre se trouvait le Moyen-Orient.

Adolf A. Berle, une personnalité libérale, qui fut très longtemps le conseiller du président Roosevelt, mettait l’accent sur le fait que contrôler le pétrole du Moyen-Orient signifierait dans une bonne mesure, contrôler le monde. Cette doctrine reste inchangée, elle est encore en vigueur actuellement et c’est l’un des facteurs essentiels pour décider des orientations politiques.

Après la Deuxième Guerre mondiale

Durant la Guerre froide les décisions politiques étaient invariablement justifiées par la menace russe. C’était dans une bonne mesure une menace fictive. Les Russes géraient leur propre petit empire avec un prétexte similaire, la menace états-unienne. Ce rideau de fumée n’existe plus depuis la chute de l’Union soviétique. Pour ceux qui veulent comprendre la politique étrangère de États-Unis, un point qui de toute évidence devrait être observé c’est ce qui est arrivé après la disparition de l’Union soviétique. C’est naturellement le point qu’il faut observer, et il s’ensuit presque automatiquement que personne ne l’observe. On en parle à peine dans la littérature universitaire alors qu’il est évident que c’est ce que vous devez regarder pour comprendre la Guerre froide. En fait si vous regardez vous obtenez des réponses tout à fait claires. Le président à l’époque était George Bush I. Immédiatement après la chute du mur de Berlin, il y a eu une nouvelle stratégie de sécurité nationale, un budget de la défense, etc. C’est très intéressant. Le message principal est le suivant : rien ne va changer sauf les prétextes. Donc nous avons encore besoin, disaient-ils, d’une force militaire gigantesque, non pas pour nous défendre des hordes russes parce que ça n’existe plus, mais à cause de ce qu’ils ont appelé la « sophistication technologique » de certains pouvoirs dans le Tiers monde. Maintenant si vous êtes une personne bien éduquée, bien formée, qui vient de Harvard, etc., vous n’êtes pas supposé rire quand vous entendez ça. Et personne n’a ri. En fait je pense que personne n’en a rendu compte. Donc, disaient-ils, nous devons nous protéger de la sophistication technologique des puissances du Tiers monde et nous devons maintenir ce qu’ils ont appelé la « base industrielle de la défense » – un euphémisme pour parler de l’industrie high-tech (les ordinateurs, Internet, etc.), qui dépend principalement du secteur étatique, sous le prétexte de la défense.

Concernant le Moyen-Orient… Ils disaient que nous devions maintenir nos forces d’intervention, la plupart d’entre elles au Moyen-Orient. Puis vient une phase intéressante. Nous devons faire barrage pour contenir l’ennemi. Nous devons maintenir les forces d’intervention au Moyen-Orient pour défendre nos intérêts, la région qui « ne pouvait pas être offerte en cadeau au Kremlin ». En d’autres termes, désolés les gars, nous vous avons menti pendant 50 ans, mais maintenant que le prétexte n’existe plus, nous vous dirons la vérité. Le problème au Moyen-Orient est ce qu’on appelle le nationalisme radical. « Radical » signifie simplement indépendant. C’est un terme qui signifie « ne suit pas les ordres ». Le nationalisme radical peut être de différentes sortes. L’Iran en est un bon exemple.

 

La menace du nationalisme radical

En 1953 la menace iranienne c’était un nationalisme laïque. Après 1978 c’est le nationalisme religieux. En 1953 on a renversé le régime parlementaire et on a installé un dictateur beaucoup plus à notre goût. Ce n’était pas un secret. Le New York Times, par exemple, dans un éditorial, se réjouissait du renversement du gouvernement iranien, estimant qu’il s’agissait d’une bonne « leçon de choses » pour les petits pays qui devenant fous, emportés par le nationalisme radical, rejettent toute autorité et veulent contrôler eux-mêmes leurs ressources. Ce sera une leçon de choses pour eux : n’essayez pas ce genre de bêtises, et certainement pas dans cette région dont nous avons besoin pour contrôler le monde. C’était en 1953.

Depuis le renversement du tyran imposé par les États-Unis en 1979 l’Iran a continuellement été attaqué par les États-Unis. Au début Carter a essayé de répondre au renversement du shah en organisant un coup d’État. Ça n’a pas marché. Les Israéliens – l’ambassadeur… il y avait des relations très proches entre Israël et l’Iran sous le shah, bien que théoriquement il n’y eût pas de relations formelles – ont fait savoir que si nous pouvions trouver des officiers disposés à tuer 10 000 personnes dans les rues, nous pourrions rétablir le régime du shah. Zbigniew Brzezinski, le conseiller de Carter à la sécurité nationale, avait à peu près les mêmes idées. Mais ça n’a pas vraiment marché. Les États-Unis ont alors immédiatement soutenu Saddam Hussein, pour qu’il envahisse l’Iran. Et ce n’est pas une mince affaire. Des centaines de milliers d’Iraniens ont été massacrés. Les gens qui sont à la tête de l’Iran actuellement sont des vétérans de cette guerre et ils ont une claire conscience du fait que l’ensemble du monde est contre eux – les Russes, les États-Uniens, tout le monde soutenait Saddam Hussein, tout le monde voulait renverser le nouvel État islamique.

Ce n’est pas peu de choses. Le soutien des États-Unis à Saddam Hussein est allé très loin. Les crimes de Saddam – comme le génocide d’Anfal, massacre de Kurdes – étaient niés. Le gouvernement Reagan les démentait et les attribuait à l’Iran. À l’Irak on a même donné un privilège rare. C’est le seul pays, avec Israël, qui a pu attaquer un navire états-unien et s’en sortir impunément. Dans le cas d’Israël c’était le USS Liberty en 1967. Dans le cas de l’Irak c’était le USS Stark en 1987 – un navire qui appartenait à la flotte états-unienne protégeant les convois irakiens des attaques iraniennes pendant la guerre. Ils ont attaqué le navire avec des missiles français, ils ont tué plusieurs dizaines de marins – et ils n’ont reçu qu’une petite tape sur la main, rien de plus.

Le soutien des États-Unis était tel que c’est quasiment eux qui ont remporté la guerre pour l’Irak. Une fois la guerre finie, le soutien des États-Unis à l’Irak a continué. En 1989 George Bush I a invité des ingénieurs nucléaires irakiens aux États-Unis, pour qu’ils reçoivent des formations de pointe dans le domaine des armes nucléaires. C’est l’une de ces petites choses qu’on cache parce que quelques mois plus tard Saddam est devenu un mauvais garçon. Il a désobéi aux ordres. Juste après cela il y a eu de terribles sanctions, etc.

La menace iranienne

Pour en revenir à notre époque, dans la littérature sur la politique étrangère et dans les commentaires généraux ce que vous lisez généralement c’est que le problème le plus important pour les États-Unis était et reste la menace iranienne. Qu’est-ce que c’est que cette menace iranienne au juste ? Nous disposons d’une source qui fait autorité sur ce point. C’était il y a quelques mois : un compte rendu au Congrès des États-Unis émanant du département de la défense et des services d’intelligence. Tous les ans ils font un compte rendu au Congrès sur la situation mondiale en matière de sécurité. Le dernier compte rendu, celui d’avril dernier, comporte une partie qui concerne l’Iran, bien sûr, la plus grande menace. Il est important de lire ce compte rendu. Ce qu’ils disent c’est que, quoi qu’il en soit de la menace iranienne, ce n’est pas une menace militaire. Ils disent que les dépenses militaires iraniennes sont plutôt basses, y compris si on les compare aux pays de cette région ; et si on les compare à celles des États-Unis, elles sont insignifiantes – probablement moins de 2% de nos dépenses militaires. Par ailleurs ils disent que la doctrine militaire iranienne est basée sur le principe de la défense du territoire national, elle est conçue pour contenir une invasion pendant un temps suffisant pour rendre possible le passage à l’action diplomatique. Voilà la doctrine militaire des Iraniens. Ils disent qu’il est possible que l’Iran pense aux armes nucléaires. Ils ne vont pas plus loin que cela, mais ils disent que si les Iraniens développaient des armes nucléaires ce serait dans le cadre de leur stratégie défensive, afin de prévenir une attaque, ce qui est une éventualité assez réaliste. Le plus grand pouvoir militaire de l’histoire – c’est-à-dire nous –, qui leur a toujours été extrêmement hostile, occupe deux pays frontaliers de l’Iran et menace ouvertement d’attaquer ce pays. Israël, État client des États-Unis, lance les mêmes menaces. Voilà pour le côté militaire de la menace iranienne telle qu’identifiée dans le Military Balance.

Ils disent par ailleurs que l’Iran est une menace majeure parce que ce pays tente d’étendre son influence dans les pays voisins. On appelle cela déstabilisation. Ils œuvrent à la déstabilisation dans les pays voisins en tentant d’augmenter leur influence et cela est un problème pour les États-Unis, parce que les États-Unis tentent d’apporter la stabilité. Lorsque les États-Unis envahissent un pays c’est pour apporter la stabilité – un terme technique dans la littérature des relations internationales qui signifie obéissance aux ordres des États-Unis. Donc lorsque nous envahissons l’Irak ou l’Afghanistan, c’est pour créer de la stabilité. Si les Iraniens essaient d’accroître leur influence, juste chez leurs voisins, c’est déstabilisant. Cette doctrine, comme tant d’autres, est élaborée dans les universités. Un commentateur libéral et ex-éditeur de Foreign Affairs, James Chase, a même pu dire sans crainte du ridicule que les États-Unis devaient déstabiliser le Chili d’Allende pour apporter la stabilité – c’est-à-dire la soumission aux États-Unis.

Qu’est-ce que le terrorisme ?

La deuxième menace iranienne c’est le soutien au terrorisme. Qu’est-ce que le terrorisme ? On nous donne deux exemples du soutien de l’Iran au terrorisme : son soutien au Hezbollah libanais et son soutien au Hamas palestinien. Quoi que vous pensiez du Hezbollah et du Hamas – vous pensez peut-être que c’est ce qu’il y a de pire au monde –, qu’est-ce qui fait qu’on les considère terroristes ? Bon, le « terrorisme » du Hezbollah est fêté tous les ans au Liban le 25 mai, fête nationale libanaise qui célèbre l’expulsion des envahisseurs israéliens du Liban en 2000. La résistance du Hezbollah et sa guerre de guérilla avaient fini par obliger Israël à se retirer du Sud-Liban, mettant fin à une occupation de 22 ans, avec son lot de terreur, de violence, de torture – occupation maintenue en violation des ordres du Conseil de sécurité de l’ONU.

Donc Israël a finalement quitté le Liban et c’est le jour de la Libération au Liban. Voilà globalement ce qui est considéré comme le terrorisme du Hezbollah. C’est comme ça qu’il est décrit. En fait, en Israël c’est même décrit comme une agression. Vous pouvez lire la presse israélienne ces jours-ci et des politiciens de premier plan disent que c’était une erreur de se retirer du Sud-Liban parce que cela permet à l’Iran de poursuivre son « agression » contre Israël, agression qui a commencé en 2000 avec le soutien à la résistance contre l’occupation israélienne. C’est considéré comme une agression contre Israël. Ils ont les mêmes principes que les États-Unis, nous disons la même chose. Voilà pour le Hezbollah. Il y a d’autres actes que vous pourriez critiquer, mais voilà ce qu’est le terrorisme du Hezbollah.

Un autre crime commis par le Hezbollah c’est que la coalition dont il est l’élément principal a largement emporté les dernières élections parlementaires ; mais en raison du principe communautariste qui prévaut pour l’assignation des sièges ils n’ont pas reçu la majorité des sièges. Thomas Friedman [du New York Times] a donc versé des larmes de joie, comme il l’a lui-même expliqué, lors de ces merveilleuses élections libres au Liban, le président Obama ayant battu le président iranien Ahmadinejad. D’autres se sont joints à cette célébration. Autant que je sache personne n’a rendu compte des véritables résultats électoraux.

Et le Hamas ?

Hamas est devenu une menace sérieuse – une organisation terroriste importante – en janvier 2006 lorsque les Palestiniens ont commis un crime vraiment grave. C’était au moment des premières élections libres jamais tenues dans le monde arabe et les Palestiniens ont voté comme il ne fallait pas. C’est inacceptable pour les États-Unis. Immédiatement, sans la moindre hésitation, les États-Unis et Israël ont fait savoir qu’ils prenaient la décision de punir les Palestiniens pour ce crime. Juste après vous avez pu lire dans le New York Times deux articles qui se côtoyaient – l’un des deux parlant de notre amour pour la démocratie, ce genre de choses, et l’autre parlant de nos projets de punition contre les Palestiniens parce qu’ils avaient mal voté aux élections de janvier. Aucune contradiction.

Les Palestiniens avaient dû subir bien des punitions avant les élections, mais elles ont été accentuées après – Israël est allé jusqu’à couper l’alimentation en eau à la bande de Gaza, si aride. Au mois de juin Israël avait déjà lancé 7 700 roquettes sur Gaza. Tout cela s’appelle défense contre le terrorisme. Puis les États-Unis, et Israël, avec la coopération de l’Autorité palestinienne, ont essayé d’organiser un coup pour renverser le gouvernement élu. Ils ont échoué et le Hamas a pris le contrôle de Gaza. Après cela le Hamas est devenu l’une des principales forces terroristes au monde. Vous pouvez leur faire beaucoup de critiques – leur façon de traiter leur propre population par exemple – mais le terrorisme du Hamas est assez difficile à prouver. Les accusations actuelles concernent les roquettes lancées de Gaza sur les villes israéliennes frontalières. C’est la justification qui a été donnée pour l’opération « plomb durci » (l’invasion israélo-états-unienne de décembre 2008) et aussi pour l’attaque israélienne contre la Flotille de la paix en juin 2010, dans les eaux internationales. Neuf personnes avaient alors été tuées.

Il n’y a que dans un pays très endoctriné que vous pouvez entendre ces choses ridicules et ne pas rire. Passons sur la comparaison entre les roquettes Qassam et le terrorisme que les États-Unis et Israël pratiquent constamment. L’argument n’a absolument aucune crédibilité pour une raison bien simple : Israël et les États-Unis savent très bien comment arrêter les tirs de roquettes : par des moyens pacifiques. En juin 2008 Israël a accepté un cessez-le-feu avec le Hamas. Israël ne l’a pas vraiment respecté – ils étaient supposés ouvrir les frontières et ils ne l’ont pas fait – mais le Hamas l’a respecté. Vous pouvez vérifier sur les sites officiels israéliens ou écouter leur porte-parole officiel, Mark Regev : ils sont d’accord pour dire que durant le cessez-le-feu le Hamas n’a pas lancé une seule roquette.

Israël a rompu le cessez-le-feu en novembre 2008 en envahissant Gaza et en tuant une demi-douzaine de militants du Hamas. Quelques roquettes ont alors été lancées, puis Israël a lancé une attaque bien plus importante. Il y a eu des morts, tous palestiniens. Hamas a proposé le retour au cessez-le-feu. Le gouvernement israélien a évalué l’offre, puis l’a rejetée, optant pour le recours à la violence. Quelques jours plus tard il y a eu l’attaque israélo-états-unienne contre Gaza.

Aux États-Unis, et en Occident de façon générale, y compris les organisations de défense des droits humains, y compris le rapport Goldstone, on considère comme une évidence le droit d’Israël à se défendre en utilisant la force. Il y a eu des critiques disant que l’attaque était disproportionnée, mais cela est secondaire par rapport au fait qu’Israël n’avait absolument pas le droit d’utiliser la force. Vous n’avez aucune justification pour l’utilisation de la force tant que vous n’avez pas épuisé les recours pacifiques. Dans ce cas les États-Unis et Israël n’avaient non seulement pas épuisé les recours pacifiques, ils avaient rejeté tout recours aux moyens pacifiques, alors que c’était parfaitement possible et ils le savaient bien. Ce principe selon lequel Israël a le droit de lancer des attaques militaires est tout bonnement un fascinant cadeau.

Quoi qu’il en soit, que l’Iran essaie d’étendre son influence et que l’Iran soutienne le Hezbollah et le Hamas c’est, du point de vue des services d’intelligence et du département de la défense, ce qui constitue son soutien au terrorisme.

Noam Chomsky

Source : http://www.zcommunications.org/u-s-…

Traduction : Numancia Martínez Poggi

 

Je voudrais de tout coeur

Je voudrais de tout cœur

Te prêter une larme

Pour t’offrir dans la peine

Un instant de répit

 

Je voudrais de tout cœur

Trouver la clé qui ouvre

Les portes de ta peine

Pour la mettre dehors

 

Je voudrais de tout cœur

Détenir le pouvoir

De soulager les peines,

Pour que la tienne s’efface

 

Juste le temps d’un sourire,

Ou d’un éclat de rires,

Juste le temps d’une visite

De la joie, de l’espoir

 

Je voudrais de tout coeur

Pourvoir pousser pour toi le cri

Que tu retiens

Alors que ton cœur saigne

 

Je voudrais de tout coeur

Trouver les mots qu’il faut

Mais face à l’indicible

Les mots sont indigents

 

Vouloir ne suffit pas

Quand on n’est qu’un humain

On se sent impuissant

A aider ceux qu’on aime

 

Mais j’apporte mon cœur

Mon amour mes prières

Pour que dans le chagrin

Tu trouves la lumière

 

Et de toutes mes forces

Je me mets en prières

Pour que dans la douleur

Tu trouves consolation

 

 

13/12/2010

Ola ou yé Patrick St Eloi? Ripozé an pè

 

Ola ou yé Patrick St Eloi? Ripozé an pè dans Ma musique à moi 61916_433209101469_682081469_5629473_35404_n

Ripozé an pè Patrick. Rispè baw

 Ce 18 septembre la nouvelle est tombée : vous avez quitté la terre des vivants.

Ma tristesse est immense, vous n’aviez pas 52 ans. « Ola ou yé » Patrick ? La nouvelle ne passe pas.

 Bien des rumeurs avaient couru annonçant prématurément votre mort et vous étiez bien là, luttant courageusement contre ce funeste mal.  Oui nous vous savions malade mais espérions secrètement en un miracle. Votre voix n’était elle pas une démonstration de l’existence du miraculeux ? L’entendre voler avec aisance d’une note à l’autre était une source d’émerveillement et un enchantement sensoriel qui nous accompagnait encore bien après que la musique se soit tue.

 

Elle était ainsi votre voix, elle avait la maîtrise de ceux qui n’ont pas paressé et ont pris le soin de la travailler comme un instrumentiste pour la dompter, sans pour autant laisser la technique en masquer la vérité. Elle avait ce plus, cette chaleur, cette vérité qui vous classait parmi les artistes, bien au-dessus de la mêlée des marathoniens de la performance vocale pour elle même.

 

Votre voix Patrick était si belle, si envoutante, que le temps d’une chanson elle nous faisait adopter ces caraibes que vous aimiez. « Baby, love me, take me to West Indies ». Quel bel équipage pour atterir sur votre île. L’émotion dans ce cri était un boulevard pour ranger les miennes entre ma terre et la vôtre. Le rapport que l’on entretient à la musique est si personnel.

 

Vous seriez surpris des dialogues que nous avons entretenus avec votre musique. Je suis certaine que nous sommes nonbreux à pouvoir raconter mille dialogues avec « Eva », « Rev’an mwen », « Kryé » et tant d’autres chansons élevées au rang de joyaux par la grâce de votre voix.

 

Quand vous preniez possession d’une chanson elle semblait s’envelopper de lumière. Égrener les souvenirs tristes ou heureux qu’ont accompagné ce miracle acoustique serait par trop long. Il y a tant d’espoirs, de larmes, de rires, d’amours, de désamours,  de danses, de joies et de mélacolies qui en toile de fond laissent passer votre voix. « A dan rev an mwen »

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Non Patrick je ne vous connaissais mais votre voix était une amie. De ces amies qui par leur présence vous tirent un sourire ou une émotion, de celles avec qui vous partagez des moments de complicité. De celles dont les bras vous enlacent pour reccueillir un instant fragile.   Est-ce pour cela que j’ai la gorge étrangement nouée et les yeux qui picotent ? L’émotion qui me submerge me prend par surprise et me rappelle que votre voix était juste devenue un membre de ma famille émotionnelle.

 

Je suis encore éblouie par votre reprise de « Mi tchè Mwen ». Chanson magnifique que vous aviez me semble t-il écrite. Est-ce pour cela que par votre voix vous sembliez l’éclairer autrement mais avec tant de beauté ? Qui d’autre que vous aurait pu aller chercher le bijou créé avec une bouleversante sensibilité par une Jocelyne Beroard inspirée ? 

Un miracle que la voix de celui qui vient de nous être enlevé.

 

Merci de nous en laisser l’usage bien après vous. Votre départ prématuré à nos yeux viens amplifier la larme silencieuse qui enveloppe désormais les voix de Gilles Floro et Edith Lefel.

 

 

Quel plus beau témoignage que celui de laisser résonner votre voix sublime ? Nous l’écouterons encore longtemps comme le magnifque testament de l’astiste immense que vous étiez. Elle demeure le meilleur témoin et la dépêche la plus efficace pour dire qui nous avons perdu ce 18 septembre 2010.

MERCI à vous d’avoir mis à la disposition du public la grâce de votre talent et la beauté de votre voix.

 

Pensées empathiques et attristées pour la famille qui vous perd ce jour.

 

Ce 18 septembre a pris un manteau de tristesse

 Forcément.

 

Ripozé an pé Patrick

Ola ou yé Patrick ? Mistè la via..

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Hommage à Charlotte Mbango : on l’appelait la diva de la musique camerounaise

charlottembango4.jpgHier matin, le mardi 2 juin à 9h45 s’éteignait en région parisienne une figure importante de la musique camerounaise et africaine. Après Tom Yom’s, Hoigen Ekwalla et Ndoumbe Djengue bassiste et chanteur, voici que Charlotte Mbango vient rejoindre le cortège trop nombreux à notre goût de ceux qui après nous avoir fait danser mettent un noeud dans notre gorge. Elle avait 49 ans et la vie devant elle. Et la nouvelle nous tombe dessus sans préparation : Charlotte Mbango est morte !


La nouvelle de sa mort laisse stupéfaites de nombreuses personnes. Elle porte en elle comme une impression d’obscénité, celle qui nous envahit quand la mort happe une personne de manière prématurée. Une impression d’inachevé vient se marier à notre mémoire d’elle. Impression renforcée par la nouvelle qu’elle préparait un nouvel album quand la maladie…

Le public, son public n’a rien vu venir. Charlotte Mbango morte ?!?
Comment cela serait-il possible alors que nous n’avons même pas par rumeur associé son nom à quelque maladie ?

 

La stupeur qui gagne la ville de Douala à cette triste nouvelle a des échos dans la diaspora Camerounaise dont la mémoire se trémousse sur « Konkai Makossa »

 

Des chansons comme « dikom lam la moto », « duala serenade », « malea » et bien d’autres remontent dans nos mémoires et amplifient la stupéfaction.

Charlotte Mbango
donnait l’image d’une femme énergique et enthousiaste, l’image même de la vie. La nouvelle de sa mort est d’autant plus obscène qu’elle est antithétique avec le sourire, la joie de vivre et le punch que dégageaient la chanteuse.

 

Charlotte Mbango a commencé sa carrière musicale très tôt d’abord en amateur dans le cadre de l’église. Elle disait avoir commencé à chanter dans les églises à 9 ans. Les églises, de nombreux chanteurs sur plusieurs continents en sont la preuve, peuvent être des lieux favorables d’acquisition de technique vocale. La soprano continuera ses classes dans des groupes gospel et en chantant dans les concerts scolaires. Elle fondera une chorale scolaire baptisée « Gospel and Negro Spirituals band »

 

En 1979 elle rejoint la France pour poursuivre ses études. Ses études seront couronnées de succès et Charlotte Mbango obtiendra une maîtrise de Marketing. Mais la musique est son univers, son espace d’expression, alors Charlotte chante.
Son cousin Joe Mboule sera une aide précieuse pour lui mettre le pied à l’étrier : “ Charlotte a commencé avec moi. Elle a ensuite volé de ses propres ailes, de succès en succès. Elle est devenue une voix incontournable de la chanson africaine. Elle a chanté avec les plus grands ”

 

Rapidement, avec des chanteuses comme Sissy Dipoko elle fera partie d’une sorte de « dream team » des chanteuses de makossa. Elle accompagnera de nombreux chanteurs parmi lesquels Manu Dibango, Angélique Kidjo, Toto Guillaume, Ben Decca, Dina Bell, Paul Simon et bien d’autres artistes séduits par son timbre unique et sa technique vocale.

 

En 1987, sous l’impulsion d’Aladji Touré, bassiste et producteur, paraît son premier album fait de reprises qui connaît un franc succès avec notamment « Dikom lam la moto ». Ce premier album la pose et l’impose comme une voix qui comptera dans la musique camerounaise en général et dans le makossa en particulier.

 

En 1991 paraît son inoubliable « konkai makossa » écrit par Guy Lobe. C’est la consécration et un disque d’or remis par Paco Rabanne lui-même vient affirmer le fait que le public ne s’est pas contenté de l’écouter à la radio, il a voulu se procurer en nombre son opus. Charlotte Mbango est désormais dans ce que certains qualifieront d’équipe nationale du makossa.

En 1996 elle sort l’album « Massoma » pour remercier ceux qui se sont tenus à ses côtés dans une période de grandes difficultés dans sa sphère intime et privée.

En 1998 elle revient à ses premières amours avec un album gospel qui raconte ses amours pérennes par des chants qui disent sa foi, sa piété. « De la musique » disait-elle  » pour nourrir nos âmes, le chant par excellence… »

Ses proches disent qu’il y a deux mois encore, elle travaillait à un album de musiques. Elle n’aura pas eu le temps d’aller au bout de son projet. La maladie, puis la mort auront arrêté son vol. Elle ne chantera pas de nouvelles chansons. Elle ne chantera plus que dans nos mémoires et sur les CD et vidéos du passé. Funeste mardi de juin ! Elle n’avait que 49 ans.

 

Charlotte Mbango a succombé à un cancer du foie. Pour nous cette maladie été bien cruelle puisqu’elle lui aura pris la vie.

 

Une chose est sûre la voix de celle qu’on appelait « la diva du Makossa » s’est tue le le mardi 2 janvier 2009 à 09h45mn au CHU du Kremlin Bicêtre.
Il nous reste sa musique, ses vidéo clips qui nous rappeleront son sourire et sa joie de vivre.

Mais dans les coulisses Charlotte Mbango laisse une fille de 21 ans Chris Audrey Mpacko et un petit-fils.
Nous nous associons à l’émotion et à la douleur de ses proches, à celle de sa fille unique et à celle de tous ceux qui, dans l’intimité, perdent une maman, une soeur, une épouse, une fille, une amie, et une grand-mère.

Nos empathies s’élargissent vers ceux pour qui la journée du 2 juin aura à jamais modifié les contours de la vie. Quarante neuf ans et puis s’en va. Dur !

Cette mort brutale d’une autre voix du makossa ramène en mémoire celles de Tom

Yoms et Hoïgen Ekwalla. Encore une soustraction essentielle du paysage musical

camerounais. Décidément…charlottembango6.jpg

R.I.P Charlotte MBANGO.
http://www.dailymotion.com/video/x3fc7x

Retrouver l’âme de notre terre pour bâtir ensemble : une réflexion autour de Tet’ekombo hommage à Rudolph Douala Manga Bell

photo2.jpgJ‘ai écouté ce soir une chanson qui m’a touchée et comme souvent a fait naître en moi des émotions et des réflexions. Les hélices sous mon crâne comme à leur habitude prennent leur indépendance et m’entrainent vers des réflexions non anticipées (oh l’excuse nulle hi hi !). Il n’est pas question ici de m’étendre avec une érudition factice sur la musique, les notes ou les accords mon seuil de compétence technique en matière de musique mange les pissenlits par la racine. Et c’est peu de le dire. C’est une chanson de Charles Ewanje qui me touche parce qu’elle fait oeuvre de salut public. Comment ça oeuvre de salut public ? Me serais-je en douce mise à fumer de la moquette ? Que nenni les amis ! Je ne fume ni moquette ni rideaux.
Pour moi, on fait œuvre de salut public quand on travaille à ne pas se laisser perdre la mémoire. Quand on ramène à la vie des figures du passé que l’histoire officielle enterre opportunément ou non.
Il y a quelques semaines j’ai lu un article qui disait que la majorité des jeunes camerounais en général, et même les Sawa ne savaient pas qui était Rudolph Douala Manga Bell ! Caramba y carambista ! J’en aurais perdu mon dentier si j’en avais eu un. En une génération à peine des figures essentielles de l’histoire du 20ème siècle sont progressivement gommées de la mémoire collective. Pour être remplacées par qui ? Par quoi ? Par quels héros, quelles référents positifs pour se bâtir ? Bien qu’ayant subi la dictature de Zembla, Tarzan etc, nous avions au moins été enseignés sur Douala Manga Bell, sur Martin Paul Samba, sur la résistance au colon allemand même si d’autres étaient opportunément passés sous silence. Et voici que la jeunesse de mon pays n’a pas eu vent de leur rôle dans l’histoire du Cameroun ! Et nombre de ces jeunes vous situeraient peut être Napoléon et Bismarck sans hésiter. Je crie au viol ! Viol de la mémoire rapt de l’identité collective. Quand on mentionne Martin Paul Samba des billes remplacent les yeux de notre fringante jeunesse en se disant « na who that ? »

Rudolph Douala Manga Bell : une figure essentielle de l’histoire de ma terre. Un homme dont l’âme peut des inspirer générations. Un de ces hommes qui a dit non à un pouvoir colonial injuste, insultant et sans vergogne. Rudolph Douala Manga Bell comme Martin Paul Samba martyrs du Cameroun sont des noms que la mémoire collective ne doit pas laisser se perdre pour rappeler que l’âme de notre terre c’est la liberté. « Va debout et jaloux de ta liberté ! »
Mais où va un peuple qui avance sans racines ? Et comment peut on ne pas prendre conscience que la mémoire commune, les figures héroïques communes participent à la construction de l’âme d’une nation ? Hééééééééééé ! Entendez vous le crépitement des bibliothèques qui brûlent ? On va arrêter ! A l’ère d’internet et de la communication, il est possible d’œuvrer au travail de mémoire pour les générations. Attendre passivement le biberon de la connaissance de notre histoire, compter sur les autres pour la transmettre à nos fils est un leurre. En revanche, si les uns et les autres nous faisons fourmis pour aller chercher ça et la un morceau de la mémoire collective pour participer à la construction, la reconstruction, la réappropriation d’un socle commun qui participerait à bâtir cet « être ensemble » qui fait l’âme d’une nation par delà les clivages ethniques et sociaux. Clivages soit dit en passant largement instrumentalisés par ceux qui ont intérêt à l’oubli voire à la négation du rôle des figures historiques de nos nations africaines. Clivages qui font le lit de guerres sanglantes et qui font le tour des médias internationaux liant l’Afrique à la barbarie. Hum… Jusqu’à quand notre histoire sera t-elle prise en otage, truquée ou tronquée pour éviter que se relève l’âme de nos nations ?

J’ai vu récemment sur une page sur Internet des visages de Camerounais qui ont compté dont je ne connaissais pas le contour des traits. Pour l’anecdote je connaissais le nom de Mbappe Leppe légende du football camerounais mais pas son visage et voici que je découvre un visage qui m’émeut et un sourire à me redonner 15 ans et trois mois mais là n’est pas le propos (hihi). Merci à celui qui m’a permis de mettre des visages sur bien des figures immenses du Cameroun il se reconnaitra ( heu bro j’ai piqué la photo sur ta page oh la voleuse !). Aller à la rencontre de son histoire, s’enraciner permet de pousser haut et fort. Certains vont encore m’accuser « d’Etiennadiction » (addiction assumée soit dit en passant) mais je conseille l’écoute de « Miso ma Munami » les yeux de mon fils qui disent l’importance de transmettre le socle historique et culturel à nos enfants et les étoiles qui se lèvent dans leurs yeux sont des semences pour voir pousser haut et fort et oser aller à la rencontre d’eux mêmes.

C’est pour toutes ces raisons que je suis reconnaissante à Charles Ewanje qui a pris sa guitare, ses mots, sa sensibilité pour dire la mémoire d’un homme que nous ne devrions pas nous donner le droit d’oublier. Il fait partie de ce socle commun qui nous rappelle que notre âme s’appelle liberté et nous appelle à être debout à l’intérieur et à résister à ce qui viole ce que nous sommes.
La vidéo sur You Tube raconte de manière sommaire la vie de Rudolph Douala Manga Bell et c’est déjà un début, une semence pour les générations qui ne savent pas qui il était.

Et voici que de mon coeur, du fond de mes entrailles, jaillit une ritournelle , un chant, une mélopée qui met en émoi. Le Cameroun au coeur, celui que je chéris  jaillit de mes entrailles  par des mots qui s’écoulent me ramenant à et l’appelant à moi :

Mon Cameroun ma terre,
Cameroun mon pays,
Cameroun terre de mes pères
Cameroun mon amour
Cameroun de ma joie
Cameroun de mes larmes
Cameroun de mes prières
Cameroun de mon chant
Cameroun mon espérance
Cameroun ma douleur
Cameroun ô sublime
Vibration de mon cœur,
« Va debout et jaloux de ta liberté ! »

Ce Cameroun qui m’est cher la sève de mes racines. Cette terre qui m’est chère et que j’emporte en moi qui souvent me conduit de la joie à la rage, des larmes à l’espérance. Et le rêve qui m’habite c’est qu’un jour ensemble nous bâtissions ce « nous » que mérite notre terre. Que ses filles et ses fils connectés à ce qu’ils sont soient enfin les acteurs de sa destinée.

Merci à Charles Ewanje pour rappeler combien le souffle qui animait cet homme nous manque !

Merci à Douala Manga Bell d’avoir donné sa vie par ce qu’il était libre.

Tet’ekombo di meya oa
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La dernière lettre de Patrice Lumumba

lumumba.jpgA la confluence des cultures, il est des choses qui font que d’Afrique, d’occident ou d’ailleurs, des choses nous sont communes. L’une d’elle est l’importance immense que l’on donne aux derniers mots d’une personne qui meurt. Cette importance est magnifiée, amplifiée par la conscience de sa probable mort prochaine que l’on prête à celui qui est mort. En cela ses mots deviennent testament et une lettre privée devient patrimoine commun à ceux qui sont dans le cours de l’histoire. La dernière lettre connue de Patrice Lumumba à son épouse Pauline vaut la lecture parce que l’homme privé se confond avec le combattant, invite son épouse dans cet absolu pour lequel il va donner sa vie. Cet absolu pour lequel on va lui prendre la vie avec violence, l’assassiner. Patrice Lumumba est de ces hommes dont le passage et la mémoire sont des lueurs sur bien des parcours de vie et, dans mon panthéon personnel il a une de ces places que choix qui attise mes panafricanismes et mes passions d’Afrique.

 

Comme il est utile de puiser aux sources de ces vies des inspirations pour aller de l’avant et construire. Parce que les mots de Patrice Lumumba revêtent à postériori une dimension testamentaire leur force et leur résonance est d’autant plus grande et l’on se surprend à admirer celui qui a érigé en valeur absolue l’indépendance, la dignité et la liberté de son pays au point de les faire primer sur sa vie. Hommage respectueux à la mémoire et à la vie de celui qui demeure pour moi un exemple, un modèle, une inspiration. Il est une Afrique autre que celle véhiculée par des satrapes qui ont dans un intérêt commun avec ceux de leurs complices à donner de notre terre une image de continent désespéré, dépendant par essence et mendiant pour survivre. De la terre d’Afrique une voix a résonné en son temps pour dire :

« Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. »

Merci Patrice Lumumba pour l’exemple.

Bonne lecture à tous, inspirons et laissons-nous inspirer par ces vies et ces voix qui nous rappellent que notre futur ne se dessine pas dans une échine constamment courbée. Des vies qui nous rappellent que les fatalismes de nos désespérances peuvent laisser la place à des têtes levées qui embrassent à nouveau des rêves et des destinées d’Afrique. Il est une autre Afrique à bâtir, à réinventer, à redécouvrir, à rencontrer à réveiller. Une Afrique mise en sommeil par une histoire à assumer et à dépasser. Nkosi Sikeleli Afrika. Que Dieu bénisse l’Afrique

___________________________________

Ma compagne chérie,

 

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

 

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ?

 

Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

 

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

 

A mes enfants que je laisse et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau.

 

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

 

Vive le Congo ! Vive l’Afrique !

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Patrice Lumumba

Le lion est mort hier soir

Nouvelleimage.gif picture by maddyspaceQuand son jour s’est levé
La nuit t’avait happé
Elle savait pas encore
La visite de la mort

Et ses éclats de rires
Contredisaient les larmes
Qui là bas sur sa terre
Inondaient les visages

Son cœur n’avait rien dit
Et son âme rien senti
La vie a continué
Malgré ton échappée

Elle a pris ces bonheurs
Qui lui tendaient les bras
Elle savait tes combats
Mais elle te savait là

Tu ne pouvais partir
Aussi vite après ELLE

Il fallait que tu vives
Rêve de te retenir

Quand elle s’est réveillée
En elle tu étais vivant
La pensée de ta mort
Lui était inaccessible

Un mois et puis dix jours
Tu serais dans ses bras
Elle avait ta promesse
Et elle comptait les jours

Anticipant l’étreinte
Les moments de tendresse
Imaginant vos rires
Volés à l’agonie

Ton cœur était d’accord
Mais ton corps t’a trahi
Ton corps vous a trahis
Son cœur n’est pas d’accord

Demain en se levant
Elle devra affronter
Un autre « n’est plus là »
Au cœur de ses amours

Il paraît que c’est normal
Il paraît que c’est la vie
La seule vie qu’elle entend
Est cri dans ses entrailles

Le lion est mort hier soir
La joie s’endort ce soir
Elle s’use encore un peu
Confrontée à l’adieu

Je t’aimais.

On l’appelait Hoïgen Ekwalla

hekwala.jpg picture by maddyspaceJeudi 23 octobre, j’étais devant une salle de spectacle anticipant avec bonheur les moments que seule la musique, quand elle est bonne, me procure. En attendant que les portes s’ouvrent pour ouvrir une parenthèse enchantée de deux heures je devisais sur le trottoir avec des visages familiers venus au concert. Et voici qu’entre deux locutions, j’entends un  murmure qui résonne comme un explosion : « Hoigen Ekwalla est mort ». Cette nouvelle qui explose m’arrive comme importune, inappropriée, indécente. Indécente comme la mort qui frappe trop tôt. Obscène comme la mort qui vient inscrire une indicible plaie dans le cœur et dans les émotions d’une mère. Incongrue comme la mort qui vient priver d’un père ce fils dont il parlait dans sa chanson Mimi. Inconvenant comme la mort qui vient priver une sœur de son frère cadet. Face au flot qui monte sur ce trottoir parisien, mon refuge c’est le déni. Dénégation pour différer l’assomption de cette nouvelle, pour l’exporter de l’instant que je vis sachant que forcément elle reviendra.

Plus tard, quand la nouvelle trouve un chemin vers ma conscience, les souvenirs remontent et bizarrement ce n’est pas en premier le son de sa voix ou de sa musique, ce sont des images arrêtées issues de ma mémoire de lui. Image d’un sourire lumineux qui semblait vous inviter à lui sourire en retour, image d’une stature imposante et de trémoussements sur fond d’une musique que je n’entends pas. Je le vois bouger, je n’entends pas la musique, comme pour me dire que la voix s’est éteinte, comme pour me rappeler que derrière la figure publique il y avait l’homme et que les plus grandes douleurs sont celles de ceux qui viennent de perdre l’homme privé. Mes empathies s’élargissent vers eux forcément. Je lui découvre au fil des hommages une mère, une sœur aînée, un fils, une nièce et bien que sachant que la liste des blessés de l’intime n’est pas exhaustive ces quatre figures me touchent et m’émeuvent.
Mourir à 49 ans ! Perdre la vie à un âge où la maturité et l’expérience permettent aux hommes et aux artistes de savoir où ils veulent aller et leur donne d’offrir des œuvre plus abouties qu’avant pour peu qu’ils ne cèdent pas à la tentation de la facilité.

Hoïgen Ekwalla, découragé comme nombre de ses confrères par la piraterie qui gangrène le monde musical au Cameroun (selon le chanteur, la piraterie était en elle même une industrie) et peut être aussi par les hérésies des sociétés des droits d’auteurs avait pris le parti de renoncer à s’exprimer par la musique en 2003. Cinq années de silence qui ont dû lui être difficiles. En effet, quand on est artiste et que l’on chante parce que cela participe de ce que l’on est, être privé de la possibilité de s’exprimer doit faire lever parfois de sourdes agonies. Quand on chante parce que l’on a des choses à dire par delà les désirs de reconnaissance et de célébrité qui font pousser sur la scène musicale camerounaise des « chanteurs » au talent discutable, et que des raisons telles que la piraterie vous contraignent au silence, de secrètes douleurs doivent naître en celui qui se tait. Un artiste bâillonné hurle de l’intérieur. Si l’on en croit ses proches parmi lesquels Djene Djento, Hoïgen Ekwalla  s’apprêtait à revenir avec un album en 2009 et voici que la mort, traîtresse, a interrompu le vol d’un autre artiste de chez nous. Fauché dans son élan de vie.
Il y a quelques jours en effet, le Cameroun perdait un de ses bassistes de talent Doumbe Djengue foudroyé par la maladie à quarante cinq ans. Il y a quelques jours j’assistais à l’adieu douloureux de cet homme au sourire invitant. Et qui ne se souvient de la claque prise à la nouvelle de la mort prématurée de Tom Yoms ? Et je ne cite que ceux là. Et voici que Hoïgen Ekwalla est fauché dans la fleur de l’âge, dans cet âge où le potentiel artistique, intellectuel et humain se rencontrent dans une belle maturité et peuvent permettre d’intelligentes évolutions artistiques et offrir de belles œuvres au public. Des points de suspensions disent désormais l’inachèvement d’une vie et d’une carrière artistique ravies en plein vol.
Si nous connaissons un peu l’artiste, si nous regrettons les richesses qu’il ne dévoilera pas, mes pensées vont vers sa mère, sa sœur aînée, sa descendance et tous les siens qui eux, perdent l’homme dans les coulisses.

Je ne prétendrais pas avoir été une inconditionnelle de Hoïgen Ekwalla, mais ses succès ont accompagné mes danses d’adolescente et de jeune adulte. Je me souviens que de le voir danser nous faisaient rire mes amis et moi et nous essayions de reproduire ce mouvement particulier qui allait de la tête aux pieds, la tête et les épaules s’accordant pour une indescriptible cadence. Hoïgen Ekwalla n’était de toute évidence pas un danseur ! L’expression « shuba shuba » est de celles qui fait sourire mes souvenirs parce qu’elle ouvre les boulevards de la mémoire ramenant les rires et les insouciances des temps d’avant. La musique a cette force, celle de s’unir comme une seconde peau à nos souvenirs et il suffit de quelques notes pour ouvrir la mémoire. J’ai aussi le souvenir qu’il est de ceux qui n’avaient pas dénaturé l’essence du makossa par d’insupportables tentatives hybrides pour attraper quelque succès, et qui accouchaient d’hérésies sonores. La pureté du Makossa à laquelle il demeurait fidèle lui avait permis d’avoir un disque d’or avec le fameux « chat botté » preuve qu’il aura eu raison de rester fidèle aux fondements de la musique née dans la guitare de Nelle Eyoum Emmanuel un autre fils de Deïdo.
J’ai découvert ce chanteur dans une époque durant laquelle je n’écoutais plus tellement le makossa à quelques exceptions près. Mais comme nous partagions le fait de venir de Deïdo et solidarité oblige j’étais fière de lui comme avant lui de Ben Decca. Il était par ailleurs de la famille de connaissances d’alors. Double raison de l’adopter n’est-ce pas ? Mais au delà de ça, sa musique était bien agréable et enchantait nos concerts scolaires du temps du Lycée Joss. C’est ainsi qu’il s’est inscrit dans la toile de fond inconsciente des « presque de la famille » comme un cousin lointain dont on n’a pas nécessairement de nouvelles mais que l’on sait présent dont on sait qu’on aura des nouvelles et dont la nouvelle de la mort vous pétrifie parce que vous savez que les rencontres n’auront plus lieu.
Je me souviens que les tentatives d’affirmation féministes de mes jeunes années se heurtaient à « femme il faut supporter » c’est le mariage.
Et puis il y a eu des chansons telles que Mun’a Nyuwé qui appelle des résonances. Hoïgen Ekwalla avait perdu son père à l’âge de cinq ans. Quand on est orphelin on en garde la trace à toujours.
L’homme aura laissé un répertoire musicale dans lesquels plusieurs pourront puiser, et pourquoi pas s’identifier à ces mélancolies qui étaient sous-jacentes à la musique de Hoïgen. D’autres, pris dans la complexité des rapports hommes et femmes pourront se reconnaître dans les mots de Femmes il faut supporter ou bila o diba (le combat dans le mariage) . D’autres viendront simplement se laisser porter par Longue di titi nika (la vie n’est pas comme ça), par Ndome ou par Ebol’a ngosso (le chant comme métier) ou encore par la joie.
Aussi longtemps que les uns et les autres se poseront pour écouter sa musique ou pour danser sur elle, quelque chose de lui traversera les temps et sera un défi à cette mort cruelle.
Pour l’avoir connu par procuration, un peu par sa musique, un peu par sa famille, un peu par des personnes plus près de moi dont il était proche, les mémoires s’accordent pour  laisser de lui une impression d’élégance intérieure et de joie de vivre que soulignent ceux qui l’ont perdu « Il était attentionné et plein d’affection. Il avait un esprit paternel et répandait la joie de vivre»,

Ses collègues musiciens mettent en avant le fait qu’il était travailleur et perfectionniste.
Alors que j’écris ces lignes, même si je ne sais rien des conditions spécifiques qui entourent le décès prématuré de Hoïgen Ekwalla, la pensée d’autres artistes morts parfois dans des conditions inacceptables hante ma mémoire. La pensée d’un jeune chanteur que l’on dit entre la vie et la mort au Cameroun me fait frémir. La pensée de Messi Martin,  Essindi Mindja, JM Kankan et bien d’autres encore assaille ma mémoire.
La pensée de grands anciens qui sont peut être dans des situations précaires hante mes pensées. Je ne voudrais pas les citer pour ne pas heurter les éventuelles superstitions des uns et des autres mais est-il normal que des personnes qui ont fait rayonner la culture et les arts de chez nous parfois par delà les frontières se retrouvent dans un état d’indigence et connaissent des fins pathétiques ? Cela m’interroge en pensant à un jeune chanteur camerounais rescapé d’un accident de la route dont je parlais plus haut et que j’espère voir accéder aux meilleurs des soins. Cela laisse pensif sur l’état des lieux du milieu de la culture et de la politique culturelle du Cameroun. Mais je m’égare…

Ekwalla Mpouli Eugène est mort ce jeudi 23 octobre 2008 à l’hôpital Laquintinie autour de neuf heures du matin au pavillon Samuel Kondo. La nouvelle de sa mort a laissé pétrifiés ceux qui l’ont apprise parce que le souvenir de son sourire rend d’autant plus l’idée de mort indécente. Le souvenir de sa joie de vivre qui semblait rendre allogène tout ce qui ressemblait à la mort n’en rend que plus insupportable cette perte précoce. Le souvenir de la joie qu’il dispensait ne laissait pas présager que prématurément, son nom se lierait à l’indicible tristesse qui désormais s’y attache.
On l’appelait Hoïgen Ekwalla.
Il nous laisse la sensation que l’histoire aurait pu continuer, s’écrire encore, s’écrire autrement, et pourquoi pas de belle manière.
Mes pensées émues et respectueuses vont à sa famille. Trouvera t-elle quelque consolation dans le fait que de nombreuses personnes l’aimaient et l’admiraient ? Je l’espère, même si cette forme de consolation n’est que superficielle voire dérisoire. Mais si les hommages pouvaient participer à mettre des moments de pause dans la peine, alors j’espère qu’ils entendront, liront et verront les nombreux hommages qui viennent de divers continents pour dire ce que celui qui est parti a apporté par sa musique et par ce qu’il dégageait. J’espère que le fait de savoir que même si son passage sur terre aura somme toute été bref, il aura marqué des vies par son sourire, par sa voix, par le son de sa guitare, par sa musique, par sa présence scénique. « Il faut supporter » chantait Hoïgen. Comment ceux qui restent supporteront-ils ce qui vient de leur tomber dessus ?
L’offrande de nos prières, si nous sommes croyants pourraient être utiles et participer à aider la famille éprouvée à supporter l’insupportable, à surmonter l’insurmontable, à vivre sans lui pour le reste de leurs parcours de vie.

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Puisse l’âme de l’homme reposer en paix.
Puisse la musique de l’artiste résonner encore, comme un défi à l’indécence de la prématurité de sa mort.

R.I.P. Hoïgen Ekwalla.

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