S’unir pour construire l’Afrique

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Divisés nous sommes faibles, unis nous pourrions être « unstoppables » comme disent les anglo saxons. Mais voilà chacun de nous veut que l’autre vienne s’unir à lui dans ses paradigmes. La découverte d’une parcelle de vérité devient plus importante que celui à qui l’on essaie de la dire voire de l’imposer.

Et si nous cessions les querelles de clocher pour construire ?

L’Afrique gémit, attend, voit ses filles et fils campés dans des « moi je pense que » insensés tandis que passe le temps d’œuvrer pour la génération qui vient.
Et si nous nous accordions sur l’essentiel ? Et si nous avions pour ambition d’offrir à nos enfants une destinée autre que celle que l’on nous a proposée, « raser les murs, baisser les yeux, courber l’échine et ramasser les miettes.

Rejeter un frère parce qu’il ne croit pas comme toi honore t-il l’Afrique ? J’ai un doute. Mépriser une soeur parce qu’elle ne regarde pas le monde depuis ma fenêtre paradigmatique est il rendre service à la terre mère ? Je suis circonspecte.
Vivre le regard rivé sur l’autre pour débusquer en lui le traître à ma cause, à ma conception, à ma vérité me met mal à l’aise.

En entrant dans le jardin des croyances de l’autre on n’est pas mandaté pour arracher ses plants. Encore moins au moyen d’un lâcher de buffles. Je crois en la diversité d’expression de nos engagements pour la terre qui nous est chère et pour ses fils.

Puissent les expressions de mon africanité n’être jamais exclusives de l’autre au prétexte que nous ne serions pas en adéquation quant à la manière de faire ou aux moyens d’agir. Puisse t-elle être toujours accueillante pour écouter, entendre comprendre peut-être même si je n’adhère pas aux points de vue exprimés. Puissent les quelques connaissances glanées ça et là ne jamais me laisser céder à l’arrogance doctrinale, oubliant que ces connaissances ne sont pas innées.

Les paradigmes ne devraient jamais être plus importants que la dignité
de celui à qui l’on s’adresse.

Vive toi, vive moi, vive nous, vive notre Afrique,



Danger ! Educated black woman

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L’éducation ne devrait pas être une option pour l’humain en général et pour la femme en particulier.
Les êtres longtemps brimés et niés brisent les chaines et les entraves par chaque pas qu’ils font pour s’éduquer, s’élever par la pensée penser et comprendre le système de l’oppresseur pour en briser le pouvoir sur soi.

La femme noire, longtemps victime d’une double négation : niée en tant qu’humain parce que noire et niée en tant qu’adulte responsable parce que femme. Confinée à la tâche d’utérus sur jambes et femme d’intérieur, elle n’a pas fini de faire tomber des chaines mentales.

Elle ne saurait trouver confortable de demeurer dans l’ignorance et la passivité. Tant de choses sont mises en place notamment dans les pays dits ou développés pour qu’elle n’accède pas à l’éducation. Des raisons économiques certes mais des raisons aussi liées à un monde profondément machiste.

Une femme noire éduquée est un danger pour le pérennité des systèmes d’oppression parce que par essence elle est celle qui transmet le sens et une vision du monde à la génération d’après. Imaginez là dire à ses enfants qu’ils peuvent tout et ne devraient accepter aucune chaine de servitude. Par ce qu’elle est elle change le regard de ses garçons sur la femme.

La femme noire éduquée est plus qu’une bombe atomique elle porte par son verbe, par son regard, par son action une incroyable puissance pour défaire les systèmes.

Tremblez l’armée des femmes se lève et ce ne sont pas des mauviettes.
Elles sont résolues comme le sont des mères quand leurs enfants sont en jeu



Meilleurs voeux pour 2011

BONNE ET HEUREUSE ANNEE A TOUS

Que cette année nouvelle vous ouvre à de grands bonheurs, à des joies immenses et à la réalisation de nombreux rêves.

Soyez très heureux.

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Congo pourquoi me hantes-tu ?

Effroi, pleurs, agonie, affliction, hurlements, impuissance, colère, révolte. Et ce mot qui comme une litanie habite mon esprit. Cette locution qui se loge dans mes peines : Congo.Congo, pourquoi me hantes-tu ?

Congo, pourquoi m’habites tu ?

Congo, Congo, Congo

C’est l’aphasie qui crie ton nom, c’est ma douleur qui ce soir l’écrit.

 

Je veux hurler, mais mon cri est silence. Quels mots pour dire l’indicible ? Comment hurler sans paraître impudique alors que là bas des vies sont brisées, meurtries, dépouillées, ôtées ? Je suis au chaud dans un pays à priori démocratique. Protégée sauf cas exceptionnel de la folie et de la bestialité des hommes. Depuis mon appartement parisien comment pourrais-je hurler une douleur qui n’est qu’un écho du réel ? Une résonnance de l’épouvantable tragédie qui « se joue » au Congo. ?

 

Des images dans la nuit, moins de trois minutes, des visagesde femmes, des mots de victimes de crimes innommables. Elles racontent lequotidien de tant de femmes, et de fillettes livrées à la bestialité la plusinique. Les femmes et les fillettes comme terrain d’expression de leurs prises depouvoir. Des femmes victimes de viols à la chaîne. L’information n’est pasnouvelle mais ce soir elle m’arrive comme un poignard qui se fiche dans moncœur, comme pour me rappeler qu’il n’est pas possible, aussi vrai que l’on esthumain de rester à l’extérieur de ce déni de l’humanité qui se joue tout prèsde nous. L’agonie ressentie me semble impudique par rapport à la tragédiequotidienne vécue par nos frères là-bas. Mais voilà j’ai mal et les larmes quijaillissent de mes paupières sont aussi incontrôlables que saisissantes. Cesoir je suis congolaise, enfantée dans cette douleur cathodique qui me prendaux tripes. Pourquoi ce que je sais me parle davantage ce soir ?

La souffrance qui m’étreint me glace. Egoïstement j’auraisvoulu n’être pas passée sur la page de ce FB friend, j’aurais voulu n’avoir pasvu, l’avoir pas entendu, n’avoir pas discerné derrière la dignitéd’insupportables dévastations. J’aurais voulu n’avoir pas mal. Ma seulecatharsis c’est l’écriture, essayer de mettre des mots sur cette lave qui meconsume. Le Congo semble se tatouer en moi. C’est étrange, c’est évident.  Rendez-vous inattendu avec la responsabilité. Je n’ai que mes mots mais je les ai.

Ceux qui établissent les priorités sur le calendrier destragédies répondant aux codes de leurs publicisations n’ont pas mis le Congo àl’affiche de leurs dénonciations. Et des millions de personnes sont mortes. Si je ne me trompe pas le triste « record » de la Shoah serait« battu » dans un silence assourdissant. Mais on marche sur la tête. Ce sont nos frères, nos semblables que l’on assassine.

 

Je pense à ma petite sœur Fifi qui courageusement ne cessede rappeler de combattre de hurler pour son cher pays nous rappelant qu’il sepasse une chose épouvantable tout près de nous.  Je pense à Floriber Cheyeba, des noms et des images disputent aux pensées la place prioritaire dans mon esprit. Partout où l’on bafoue l’humain, c’est la notion globale d’humanité qui recule. Ces pensées défilent dans ma tête éloignant le sommeil qui avait pris résidence dans mes yeux  et pourtant je n’arrive pas à me révolter.

J’ai incroyablement mal, comme s’il fallait ressentir un peude cette immense douleur pour ne plus jamais oublier, pour ne plus me taire,pour m’informer, pour me lever demain dans une conviction née dans mesentrailles. Pour humblement donner la main d’association à mes frères du Congoet joindre ma voix à la leur pour sortir le Congo de cet insupportable silence,pour briser les murs de l’indifférence, pour un jour reconstruire et ramener l’espoirdans ce pays.

 

Et les mots de Patrice Emery Lumumba résonnent dans mon esprit. « mes enfants que je laisse, etque peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo estbeau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir latâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notresouveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y apas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

A mes enfantsque je laisse et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau. »

Je veux me repasser ces mots d’espoir et de foi écrits au seuil de la mort par un homme que j’admire et respecte, une figure africaine immense qui ne cesse de nous inspirer. Je veux me réfugier dans ses mots pour me rappeler que malgré ce que je vois l’avenir du Congo est beau.

Si le silence assourdissant de ceux qui savent orchestrer l’émotioninternationale m’apparaît ce soir encore plus criminel, je me souviens aussi deces mots : « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et ausud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, macompagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre sonindépendance et sa liberté.

Vive le Congo !Vive l’Afrique ! »



Ce soir je n’ai qu’effroi, larmes et douleur. jJe sais la révolte tapie en moi. Ce soir je sais que le Congo m’est moins exogène qu’avant. Demain je dirai merci pour cette douleur, cette conscience nouvelle, demain je réfléchirai. Ce soir j’ai juste une épée fichée dans le coeur. Je vais juste prier pour ceux qui sont meurtris au Congo, prier pour cett terre blessée, prier pour Fifi et demain peut-être, je me révolterai. Les mots sont confus, comme les émotions, demain peut-être…

 

Nzambe na biso !!!!



ADRESSE DU FILS AINE DU SIÈCLE, LE SAGE AMADOU HAMPATE BA (1901-1991) A LA JEUNESSE AFRICAINE

Combien immense est ma gratitude d’avoir pu lire ce texte aujourd’hui !  Merci au « soldat inconnu » de cette transmission de patrimoine, d’héritage. Il est des paroles délivrées par nos aînés qui sont précieuses.Merci à notre aîné d’avoir laissé cette parole aux accents de testament qui sont non pas un guide pour agir mais pour penser son action, sa place dans l’histoire et dans son environnement. Plus j’avance dans la vie plus je découvre les richesses immenses qu’il y a dans « l’être africain ».

 

Amadou Hampaté Ba en s’adressant à la jeunesse est profondément africain, la parole passe et avec elle des valeurs, des préceptes, des symboles, il est le seul qui parle pourtant il est profondément respectueux d’eux et dans son discours le dialogue est implicite. Il n’impose pas il montre une voie en précisant qu’il n’y a pas de vérité absolue. J’aime cette posture, j’aime son intelligence. J’ai l’impression d’être aux pieds de mon père ou de mon grand père et de l’écouter sachant que dans sa parole, je trouverai quelque chose qui m’aidera à tracer mieux ma route.

 

J’aime que cet texte n’appelle pas au rejet de l’autre mais à la rencontre avec soi, à l’exaltation et à la maîtrise de nos langues maternelles qui sont le meilleur vehicule de nos cultures et à la parfaite connaissance de la langue importée pour être relié aux autres. J’aime l’équilibre de sa pensée qui nous rappelle de ne pas tenter d’être l’autre mais de l’accueillir en demeurant soi sachant que la richesse naît de la rencontre respectueuse de l’autre.

 

Il est passé un homme, il est passé un africain, il est passé un père.

Respects.

   

 

 

 

Mes chers cadets,

Celui qui vous parle est l`un des premiers nés du vingtième siècle. Il a donc vécu bien longtemps et, comme vous l`imaginez, vu et entendu beaucoup de choses de par le vaste monde. Il ne prétend pas pour autant être un maître en quoi que ce soit. Avant tout, il s`est voulu un éternel chercheur, un éternel élève, et aujourd`hui encore sa soif d`apprendre est aussi vive qu`aux premiers jours.

Il a commencé par chercher en lui-même, se donnant beaucoup de peine pour se découvrir et se bien connaître en son prochain et l`aimer en conséquence. Il souhaiterait que chacun de vous en fasse autant.

Après cette quête difficile, il entreprit de nombreux voyage à travers le monde : Afrique, Proche-Orient, Europe, Amérique. En élève sans complexe ni préjugés, il sollicita l`enseignement de tous les maîtres et tous les sages qu`il lui fut donné de rencontrer. Il se mit docilement leur à écoute. Il enregistra fidèlement leurs dires et analysa objectivement leur leçon, afin de bien comprendre les différents aspects de leur comportement. Bref, il s`efforça toujours de comprendre les hommes, car le grand problème de la vie, c`est la MUTUELLE COMPREHENSION.

Certes, qu`il s`agisse des individus, des nations, des races ou des cultures, nous sommes tous différents les uns les autres ; Mais nous avons tous quelque chose de semblable aussi, et c`est cela qu`il faut chercher pour pouvoir se reconnaître en l`autre et dialoguer avec lui. Alors, nos différences, au lieu de nous séparer, deviendront complémentaires et sources d`enrichissement mutuel. De même que la beauté d`un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N`ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s`enrichirait-on soi-même ?

A notre époque si grosse de menaces de toutes sortes, les hommes doivent mettre l`accent non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu`ils ont de commun, dans le respect de l`identité de chacun. La rencontre et l`écoute de l`autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l`épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue. Un vieux maître d`Afrique disait : il y a  » ma  » vérité et  » ta  » vérité, qui ne se rencontreront jamais.  » LA  » Vérité se trouve au milieu. Pour s`en approcher, chacun doit se dégager un peu de  » sa  » vérité pour faire un pas vers l`autre…

Jeunes gens, derniers-nés du vingtième siècle, vous vivez à une époque à la fois effrayante par les menaces qu`elle fait peser sur l`humanité et passionnante par les possibilités qu`elle ouvre dans le domaine des connaissances et de la communication entre les hommes. La génération du vingt et unième siècle va connaître une fantastique rencontre de races et d`idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers.

Dans ce monde moderne, personne ne peut plus se réfugier dans sa tour d`ivoire. Tous les Etats, qu`ils soient forts ou faibles, riches ou pauvres, sont désormais interdépendants, ne serait-ce que sur le plan économique ou face aux dangers d`une guerre internationale. Qu`ils le veuillent ou non, les hommes sont embarqués sur un même radeau : qu`un ouragan se lève, et tout le monde sera menacé à la fois. Ne vaut-il pas mieux avant qu`il ne soit trop tard ?

L`interdépendance même des Etats impose une complémentarité indispensable des hommes et des cultures. De nos jours, l`humanité est comme une grande usine où l`on travaille à la chaîne : Chaque pièce, petite ou grande, a un rôle défini à jouer qui peut conditionner la bonne marche de toute l`usine.

Actuellement, en règle générale, les blocs d`intérêt s`affrontent et se déchirent. Il vous appartiendra peut-être, ô jeunes gens, de faire émerger peu à peu un nouvel état d`esprits, d`avantage orienté vers la complémentarité et la solidarité, tant individuelle qu`internationale. Ce sera la condition de la paix, sans laquelle, il ne saurait y avoir de développement.

Je me tourne maintenant vers vous, jeunes africains noirs. Peut-être certains d`entre vous se demandent-ils si nos pères avaient une culture, puisqu`ils n`ont pas laissé de livre ? Ceux qui furent pendant si longtemps nos maîtres à vivre et à penser n`ont-ils pas presque réussi à nous faire croire qu`un peuple sans écriture est un peuple sans culture ? Mais, il est vrai que le premier soin de tout colonisateur quel qu`il soit (à toutes les époques et d`où qu`il vienne) a toujours été de défricher vigoureusement le terrain et d`en arracher les cultures locales afin de pouvoir y semer à l`aise ses propres valeurs.

Heureusement, grâce à l`action de chercheurs tant africains qu`européens, les opinions ont évolué en ce domaine et l`on reconnaître aujourd`hui que les cultures orales sont des sources authentiques de connaissances et de civilisation. La parole n`est-elle pas, de toute façon, mère de l`écrit, et ce dernier n`est-il pas autre chose qu`une sorte de photographie du savoir et de la pensée humaine ?

Les peuples de race noire n`étant pas des peuples d`écriture ont développé l`art de la parole d`une manière toute spéciale. Pour n`être pas écrite, leur littérature n`en est pas moins belle. Combien de poèmes, d`épopées, de récits historiques et chevaleresques, de contes didactiques, de mythes et de légendes au verbe admirable se sont ainsi transmis à travers les siècles, fidèlement portés par la mémoire prodigieuse des hommes de l`oralité, passionnément épris de beau langage et presque tous poèmes !

De toute cette richesse littérature en perpétuelle création, seule une petite partie a commencé d`être traduite et exploitée. Un vaste travail de récolte reste encore à faire auprès de ceux qui sont les derniers dépositaires de cet héritage ancestral hélas en passe de disparaître. Quelle tâche exaltante pour ceux d`entre vous qui voudront s`y consacrer !

Mais la culture, ce n`est pas seulement la littérature orale ou écrite, c`est aussi et surtout un art de vivre, une façon particulière de se comporter vis-à-vis de soi-même, de ses semblables et de tout le milieu naturel ambiant. C`est une façon particulière de comprendre la place et le rôle de l`homme au sein de la création.

La civilisation traditionnelle (je parle surtout de l`Afrique de la savane au Sud du Sahara, que je connais plus particulièrement) était avant tout une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. En aucun cas un homme, quel qu`il soit, n`était isolé. Jamais on n`aurait laissé une femme, un enfant, un malade ou un vieillard vivre en marge de la société, comme une pièce détachés. On lui trouvait toujours une place au sein de la grande famille africaine, où même l`étranger de passage trouvait gîte et nourriture. L`esprit communautaire et le sens du partage présidaient à tous les rapports humains. Le plat de riz, si modeste fût-il, était ouvert à tous.

L`homme s`identifiait à sa parole, qui était sacrée. Le plus souvent, les conflits se réglaient pacifiquement grâce à la  » palabre  » :  » Se réunir pour discuter « , dit l`adage,  » c`est mettre tout le monde à l`aise et éviter la discorde « . Les vieux, arbitres respectés, veillaient au maintien de la paix dans le village.  » Paix « ,  » La paix seulement ! « , Sont les formules-clé de toutes les salutations et des religions traditionnelles était l`acquisition, par chaque individu, d`une totale maîtrise de soi et d`une paix extérieure. C`est dans la paix et dans la paix seulement que l`homme peut construire et développer la société, alors que la guerre ruine en quelques jours ce que l`on a mis des siècles à bâtir.

L`homme était également considéré comme responsable de l`équilibre du monde naturel environnant. Il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n`était pas sa propriété, mais au dépôt sacré confié par le créateur et dont il n`était que le gérant. Voilà une notion qui prend aujourd`hui toute sa signification si l`on songe à la légèreté avec laquelle les hommes de notre temps épuisent les richesses de la planète et détruisent ses équilibres naturels.

Certes, comme toute société humaine, la société africaine avait aussi ses tares, ses excès et ses faiblesses. C`est à vous jeunes gens et jeunes filles, adultes de demain, qu`il appartiendra de laisser disparaître d`elles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives. La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. Le bon jardinier n`est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles. Couper le tronc serait se suicider, renoncer à sa personnalité propre pour endosser artificiellement celle des autres, sans y parvenir jamais tout à fait. Là encore, souvenons-nous de l`adage :  » il flottera peut-être, mais jamais il ne deviendra caïman ! « .

Soyez, jeunes gens, ce bon jardinier qui sait que, pour croître en hauteur et étendre ces branches dans les directions de l’espace, un arbre a besoin de profondes et puissantes racines. Ainsi enracinés en vous-mêmes vous pouvez sans crainte et sans dommage ouvrir vers l`extérieur, à la fois pour donner et pour recevoir.

Pour ce vaste travail, deux outils vous sont indispensables : tout d`abord, l`approfondissement et la préservation de vos langues maternelles, véhicules irremplaçables de nos cultures spécifiques ; ensuite, la parfaite connaissance de la langue héritée de la colonisation (pour nous la langue française), tout aussi irremplaçable, non seulement pour permettre aux différentes ethnies africaines de communiquer entre elles et de se mieux connaître, mais aussi pour nous ouvrir sur l`extérieur et nous permettre de dialoguer avec les cultures du monde entier.

Jeunes gens d`Afrique et du monde, le destin a voulu qu`en cette fin de vingtième siècle, à l`aube d`une ère nouvelle, vous soyez comme un pont jeté entre deux mondes : celui du passé, où de vieilles civilisations n`aspirent qu`à vous léguer leurs trésors avant de disparaître, et celui de l`avenir, plein d`incertitudes et de difficultés, certes, mais riche aussi d`aventures nouvelles et d`expériences passionnantes. Il vous appartient de relever le défi et de faire en sorte qu`il y ait, non rupture mutilante, mais continuation sereine et fécondation d`une époque par l`autre.

Dans les tourbillons qui vous emporteront, souvenez-vous de nos vieilles valeurs de communauté, de solidarité et de partage. Et si vous avez la chance d`avoir un plat de riz, ne le mangez pas tout seul !

Si les conflits vous menacent, souvenez-vous des vertus du dialogue et de la palabre !

Et lorsque vous voulez vous employez, au lieu de consacrer toutes vos énergies à des travaux stériles et improductifs, pensez à revenir vers notre Mère la terre, notre seule vraie richesse, et donnez-lui tous vos soins afin que l`on puisse en tirer de quoi nourrir tous les hommes. Bref, soyez au service de la vie, sous tous ses aspects !

Certains d`entre vous diront peut-être :  » c`est trop nous demander ! Une telle tâche nous dépasse ! « . Permettez au vieil homme que je suis de vous confier un secret : de même qu`il n`y a pas de  » petit incendie (tout dépend de la nature du combustible rencontré), il n`y a pas de petit effort. Tout effort compte, et l`on ne sait jamais, au départ de quelle action apparemment modeste sortira l`événement qui changera la face des choses. N`oubliez pas que le roi des arbres de la savane, le puissant et majestueux baobab, sort d`une graine qui, au départ, n`est pas plus grosse qu`un tout petit grain de café…

Amadou Hampaté BA 1985

 

(Nous remercions Dian Diallo de Jamaa Tabital pour l’envoi de ce texte)

 

+ d’articles sur: http://defiafricain.centerblog.net/



En écoutant Francis Bebey…

Avez-vous déjà eu durant des jours une mélodie dans la tête ? Vous savez un de ces airs qui vous accompagnent comme le ferait un lecteur de musique portable ?  Ces derniers temps à des moments inattendus, cette phrase « o bia nja o ma kwalisane no, o bia nja o bale no esoka » tirée d’une chanson de Francis Bebey ne me quittait pas. 

Il était bien onze heures hier du soir quand la mélodie est venue discrètement frapper aux portes de mon cœur. Comment aurais-je pu refuser l’hospitalité à une telle visiteuse ? Francis Bebey, musicien, poète, musicologue, génial défricheur de son et passeur de sens ironique et tendre, Francis Bebey venait me voir, précédé par quelques notes de musique. Les morts ne sont pas morts, les artistes encore moins. Ils laissent en partant davantage qu’un héritage ils laissent leur voix, leur émotion, les accents de leur âme.

 

Répondant à l’inclination de mon cœur j’ai écouté « O bia » chanson remplie d’enseignements sur la prudence. O bia, que je traduirais du Duala par « sois, prudent » ou « fais attention ». Dans cette chanson au cours de laquelle Francis Bebey égrenne de nombreux conseils de prudence « fais attention aux personnes avec lesquelles tu marches, aux maisons dans lesquelles tu entres, fais attention à ceux à qui tu parles et confie des secrets. » « Ne prête à personne l’intime de ta pensée la plus précieuse, ne prête à personne ta parole ».

 

En filigrane, l’ombre de son frère assassiné Bebey Eyidi.

 

Comme à mon habitude quand une chanson me rencontre je ne sais pas ne pas la réécouter un nombre incalculable de fois. J’ai été saisie par le beauté de la mélodie, par le guitariste qu’était Francis Bebey et que j’apprends à écouter. Il n’est pas besoin de multiplier des effets prétendument épatants pour éblouir.

 

Il était plus de minuit et je n’arrivais plus à quitter mister Francis. Ecoutant ensuite « Idiba », j’ai passé un moment merveilleux. La chanson semblait receler des tiroirs que je n’avais pas ouverts avant et ouvrir pour ma pensée d’intéressantes fenêtres. La musique est dialogue.

« Le jour s’est levé et le soleil est là, ne cache plus ton visage, ne le fronce pas, mais regarde autour de toi. Quand tu marches dans la rue, fais le comme un homme et non comme si tu étais sans substance. Viens et allons voir la lumière, n’oublie jamais que tu as reçu bénédiction sur bénédiction. Qui d’autre a jamais été béni comme toi ? »

 

Ouverture de fenêtres intérieures comme si Francis me parlait, parlait de moi. Comme s’il me rappelait à mes essentiels, à mon essentiel.

 

Ouvertures de fenêtres plus grandes comme s’il parlait aussi à l’Afrique telle que je la vis, la vois, la rêve en lui disant  « Viens allons vers la lumière de peur de manquer la bénédiction ».

 

Francis Bebey, la classe, la musicalité, la finesse. Il a toujours été là dans la toile de fond de ma vie musicale. Il était dans la discothèque de mes parents. Je l’ai écouté enfant je l’entends adulte et suis heureuse qu’il ait existé, heureuse qu’il ait chanté dans une langue que je comprends. Je l’aime.

 

Hier je m’apprêtais à me coucher quand sa musique et moi sommes entrés en conversation. Il est difficile d’exprimer au cœur de mes soudaines indigences sémantiques, le bonheur, l’émotion, les découvertes et les pistes de réflexions suscitées par les notes de musique, la voix, et les paroles de cet homme parti trop vite.

 

En me souvenant en cet instant de ce moment, je me rends compte du privilège que j’ai d’être africaine, d’être Camerounaise, d’avoir accès à ceci. Je mesure aussi que parce que la mondialisation est par trop arrogante les occidentaux se privent de bien des trésors culturels.

 

Si seulement le monde était davantage ouvert pour une mondialisation intelligente ! Oh non pas celle qui permet aux riches de s’enrichir d’avantage en pillant les autres et en privatisant pour leurs intérêts les sols d’Afrique ou d’ailleurs. Pas celle qui ne sert qu’à imposer un modèle culturel dominant et annihiler les variétés culturelles qui sont le sel de l’être ensemble. Pas celle qui imposerait le hamburger aux beignets et haricots mais celle sui laisserait cohabiter les deux. Une mondialisation qui serait circulation des biens culturels en recevant dans le respect de ce que l’autre apporterait.

 

Francis Bebey a beaucoup apporté. Il a vécu, travaillé et élevé ses enfants en France. La France a-t-elle écouté ou entendu ce qu’il avait à dire ? Il était bien plus qu’un saltimbanque exotique, c’était un homme brillant, cultivé, curieux des sons et cultures du monde qui a su inviter le monde dans ses mélodies. Il nous laisse heureusement un héritage que nous pouvons découvrir.

 

Francis Bebey savait l’importance de transmettre aux enfants leur langue maternelle. Une anecdote savoureuse que m’a racontée hier une amie précieuse  qui par ailleurs est chanteuse m’a confortée dans le fait qu’il est décidément passé un homme immense.

 

Parce que l’humain est plus grand que son passage sur terre et les limites de sa peau, il parle encore. Permettons lui par sa musique de parler aux générations d’après.

 

Pour le découvrir un peu plus : http://www.bebey.com/francis_bebey/francis_bebey_accueil.htm

http://etudesafricaines.revues.org/index1511.html

 

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Danse dans une larme

Dans mes mélancoliesLe son d’une musique

Sous mon regard un bal

Apparaît du néant

 

De mes yeux éperdus

Je me nourris de lui

Les seuls sens désormais

Par lesquels je l’atteins

 

Il est là sans y être

Se mouvant en silence

Je le regarde de loin

Il m’est inaccessible

 

Je ne peux le toucher

L’étreindre le sentir

Retenu loin de moi

Et pourtant il m’habite

 

Pourquoi me réveiller

Quand je sais que les rêves

Sont l’unique théâtre

De ses chorégraphies ?

 

Il danse dans une larme

Valse au rythme d’une douleur

Je l’aimais il n’est plus

Depuis les jours sont nus

 

 

In memoriam



Ifrikya mon amour

Je l’ai tatouée au cœur

Ifrikya mon amour

Elle habite mes entrailles

La fière terre de mes pères

 

Etrange contradiction

Et pourtant évidence

Elle m’a donné la vie

Et je la porte en moi

 

Elle est en gestation

Au cœur de mes entrailles

Et c’est elle en même temps

Qui un jour m’engendra

 

Je porte en moi sa trace

Qui tout comme un contrat

Me rappelle l’alliance

Des nos deux destinées

 

L’Afrique est dans mon souffle

Je suis dans son battement

Peu importe la distance

Je l’ai tatouée au cœur

 

Je ne sais à quel moment

J’ai été marquée ainsi

Faisant brûler d’ardentes

Passions pour cette terre

 

On la prétend maudite

Je la sais magnifique

Je sais son avenir

Beau si ses fils se lèvent

 

J’aimerais avoir les bras

Assez longs pour l’étreindre,

L’enlacer la guérir

Mais je n’ai que des mots

 

Ifrikya est ma quête

Et ma mélancolie

Ifrikya est mon nom

Mon projet d’avenir

 

Toi la terre de mes pères

Un jour j’en suis certaine

Nos cœurs à l’unisson

Battront dans un même lieu



Impressions subjectives sur une soirée autour de la sortie de « Blues pour Elise » de Léonora Miano

19 heures hier soir. Pour changer, je me suis attardée au boulot. Je suis de ceux qui ont besoin de calme pour travailler et dans un environnement dans lequel l’open space est de rigueur, il est facile que la somme de nos voix, respirations ou murmures nous offre un tableau acoustique proche de celui d’une ruche. Alors quand le gros des collègues est parti, il est plus aisé de retrouver le chemin de son cerveau et quitter le mode automatique sur lequel nous met la routine. 

Hier soir, regardant ma montre, je constate qu’il est 19 heures, l’heure à laquelle je suis sensée me trouver 165 Avenue du Maine pour un cocktail donné en l’honneur de la parution de « Blues pour Elise » de Léonora MIANO. Etre en retard ça me connaît. A la naissance j’ai pris presque deux mois de retard mais là, pas le moindre obstétricien pour m’arracher des entrailles du sein professionnel et me déposer dans les bras accueillants d’un lieu un peu bohème, un lieu comme je les aime, la petite salle dans laquelle je dois me rendre.

 

Dans ma précipitation à rejoindre mon chauffeur d’un soir et de toujours (hihi) je me suis délestée bien involontairement de ma bague. Ce n’est qu’en descendant de la voiture dans le quatorzième arrondissement de Paris que je m’en rendrais compte. Mais ceci est une autre aventure à la fin heureuse pour mon plus grand bonheur.

 

Arrivés sur le lieu du cocktail, nous avons une heure trente de retard et dans la salle du fond du Café Rubis, Léonora, quelques artistes que je reconnais, d’autres que je découvrirai et des personnes comme nous, avides de beau.

Miam… il y a des acras de morue. Point de régime face à ce délice gustatif créole. Demain est un autre jour. J’ai dû recevoir l’amour de la morue en perfusion au sortir du sein maternel.  Et les crevettes ma sawanité ouvre ses entrailles, par charité « crustacée » elles doivent accueillir ces créatures aquatiques. Fille de l’eau je suis, fille de l’eau je demeure.

 

Il est un écho en moi qui s’entend dans chaque cascade, dans l’écoulement du moindre filet d’eau, dans le jaillissement des tourbillons, je viens du peuple de l’eau, les Sawa. Comme je vous ai convaincus que ma consommation de crevettes sur un lit de guacamole ne relevait pas de la moindre gourmandise mais d’une affirmation identitaire, je peux continuer mon récit. (^_^)

 

Le maître de cérémonie est le facétieux et brillant Capitaine Alexandre un artiste complet qui entre autres choses est poète et slammeur.  Il a la rime sensible, poétique, fraternelle, tolérante et universelle. Je vous encourage à lire son texte ROM un bijou de fraternité, une claque en douceur et en force aux xénophobies de tout poil. Nous sommes tous ROM.

Il aura animé, que dis-je mis en scène la soirée avec humour, et brio. J’ai aimé même si j’ai été victime de ses facéties. Hum…je me vengerai mun’a Sawa.

 

Dans l’assemblée, l’artiste aux talents multiples Emile Abossolo M’bo, acteur ardent,  fils du Cameroun, fils de la terre. Enraciné chez nous et pourtant ouvert à cet ailleurs qui enrichit grandement. En toute simplicité il mettra son talent au service d’un auditoire conquis par l’intelligence et le l’humour de son propos. Quelques échanges avec lui en fin de soirée me confirmeront mes intuitions de lui en le croisant dans un film ou dans un autre. Il est décidément temps comme il le soulignait que ce que le cinéma africain a à offrir soir davantage exploré. Il est temps que l’Afrique écrive, scénarise, prenne la main sur son expression artistique. Un talent comme le sien mérite d’être habillé de mots à la hauteur de son charisme. Il mérite d’être regardé par des metteurs en scène épris de son talent et de son charisme. Il a chanté, j’ai aimé. En aparté il nous a fait l’amitié d’échanges à bâtons rompus autour de l’extraordinaire richesse du Cameroun. Nous avons ri. Son talent, sa simplicité et son intelligence m’ont conquise. Merci monsieur.

 

Un autre slammeur, Clarence, au phrasé tout en retenue m’a émerveillée. Il a la voix grave, le verbe doux et profond. Il nous entraîne dans le cheminement d’une personne contrainte de travailler par nécessité et pourtant c’est un musicien dans l’âme. Nous somme nombreux à boire à la source de ses mots, nous sommes Gare de Lyon avec lui, le moment est superbe. Merci l’artiste. Et merci à lui qui m’a encouragé à m’essayer au slam. C’est précieux les gens qui prennent le temps de vous encourager en vous ouvrant leur parcours.

 

George Yemy auteur peu connu en France et pourtant brillant (en passant si nos auteurs sont peu connus c’est aussi parce que nous ne prenons pas le temps d’aller à leur rencontre, de les défendre. Je n’ai rien contre Marc Levy encore que mais tant qu’à lire, je choisis mon camp) a lu un passage du livre de Léonora, il a aussi chanté. Quand est arrivé le moment de ses envolées vocales, il m’a eue par surprise, moi qui n’étais pas entrée dans le chant au début. L’émotion, langage par essence de la musique et du chant avait fait son oeuvre et attrapé au vol la distraite que j’étais. Merci monsieur.

 

J’ai aimé slammer sur la lune avec le capitaine Alexandre qui nous a rappelé que l’on est tous « fils de » prunelle des yeux d’une mère. Il est à découvrir ce monsieur tant il est inventif et profond. O Cameroun terre de talents.

 

Et puis il y a ce moment de grâce absolue avec la chanteuse Gasandji (me remémorer ce moment ramène à mes paupières les larmes émues d’hier). C’est une frêle jeune femme qui nous a prises en otage de sa grâce avec pour seules armes son âme qui passait par la voix et sa guitare. Quelques onomatopées à peine, et elle n’était plus sur terre mais elle laissait par sa voix un couloir aérien pour qui voulait voler avec elle. Que dit-elle ? Est-ce du lingala comme je le crois, elle est transportée et émue, je le suis par ricochet.

La musique est un langage en soi, nous communiquons. Elle est magnifique. Un éblouissant percussionniste l’accompagne Francis Lassus. Il se sert d’un carton converti en Djembe improvisé et il en tire des sons surprenant, la frontière entre le talent et le don se manifeste à nos yeux. Il a le don, la grâce et en plus il est heureux de donner, de se donner à cet auditoire, à nous. Nous le recevons avec bonheur. Ah quelle soirée !

 

Léonora, piégée par le facétieux Capitaine Alexandre nous chante « Sankofa » avec sa belle voix grave, sa voix de chanteuse de Jazz. Sa voix dont les sonorités éclairent sur l’amplitude de ses intériorités. Elle nous embauche comme choristes, nous massacrons le refrain, mais la soirée est à la grâce, elle ne semble pas nous en vouloir.

 

Il y a eu mille autres moments.

Comme je le suggérais plus haut, j’ai été piégée et ai dû lire un extrait du livre « Blues pour Elise. ». Le moment était fragile. J’ai pour les mots de Léonora de l’admiration et pour elle un immense amour. Je ne voulais pas que ma lecture desserve la splendeur de son verbe si précis, acéré, parfait. Je tremblais en lisant. J’ai par mon accent fait une offense aux anglais, aux anglophones, aux anglophiles, fait honte à mes professeurs d’anglais, trahi le bilinguisme de ma nation mais j’ai lu un texte choisi par Léonora. Un texte beau, comme son auteur. Je crois n’avoir pas trahi l’essence et l’ émotion de son texte.

 

Nous avons passé quelques heures comme hors du temps dans un monde qui rappelle qu’il existe des afro descendants caribéens ou originaires d’Afrique, qui vivent ici, aiment ici, sont dans la vie comme les européens sans verser dans le pathos habituel) si souvent mis en scène par les médias. Nous sommes là nous travaillons, rions, aimons, nous déchirons, espérons, échouons, nous réalisons comme n’importe quel humain vivant en France.

 

C’est l’histoire de quatre femmes anormales parce que normales que met en scène la plume merveilleuse de Léonora Miano dans son dernier roman. C’est mon histoire, c’est notre histoire, femmes noires de France.

Devinez qui m’accompagnait ce matin sur le chemin du travail ?  « Blues pour Elise ».

 

Merci à Léonora et aux artistes pour cette belle soirée. Merci à vous d’exister et de nous offrir des moments suspendus entre ciel et terre qui dilatent l’intérieur.

 

J’en veux encore !



Ce chemin…

Je t’aime pour aujourd’huiPour demain pour toujours

Promesses des jours heureux

Serments d’éternité

 

Les musiques de nos jours

Étaient harmonieuses

Leurs notes me reviennent

Comme s’avance la nuit

 

Une larme silencieuse

Derrière des portes closes

Racontent l’agonie

Témoin de ton absence

 

La doit vie continuer

Après la tragédie

Elle vaut la peine dit-on

Mais sans toi elle est terne

 

Le soleil brille toujours

Mais il ne réchauffe pas

Le cœur pétrifié

Par la glace de la peine

 

 

Au milieu des amis

Au cœur de sa famille

On a beau se forcer

On n’est plus vraiment là

 

On voit remuer des lèvres

Mais les mots nous sont clos

On se meut dans la vie

Comme dans un état second

 

En m’amputant de toi

On m’a ravi à moi

On m’a coupé les ailes

Les bras le cœur les jambes

 

Privé de la passion

La communion d’esprit

Que j’avais rencontrées

En toi mon âme sœur

 

Ton visage et ton rire

Ta voix et ton parfum

Ta démarche singulière

Ne s’estompent pas

 

Amis amants et frères

Nous n’étions plus deux

J’étais toi tu étais moi

Nous étions l’infini

 

Folie d’un jour de fête

Un crissement de pneus

Mon amour n’est plus

Mon cœur s’en est allé

 

Dans le monde en mouvement

Je ne trouve plus mon rythme

Hormis dans le regard

Et le sourire d’un ange

 

Les musiques de la vie

Que j’entends dans son rire

Arrivent comme une promesse

Qui me garde dans la vie

 

Mais la promesse tarde

A se faire réalité

La douleur m’est amie

Le silence m’est abri

 

Prisonnier de l’absence

Des bonheurs du passé

Je devine aisément

Que tu me voudrais ailleurs

 

Je t’aime pour aujourd’hui

Pour demain pour toujours

La mémoire de l’amour

M’aidera à avancer

 

Les portes de prison

Fermées par le chagrin

Peu à peu s’ouvriront

Pour me laisser sortir

 

Laisser place à la vie

Et à l’envie d’aimer

Est un cheminement

Un appel de l’espoir

 

Grâce au rire de mon ange

Et en mémoire du tien

J’emprunterai ce chemin

Et réapprendrai l’amour

 

 

* Dédicace à toi qui sais que ces mots sont pour toi.



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