Still I rise by Maya Angelou

You may write me down in history
With your bitter, twisted lies,
You may trod me in the very dirt
But still, like dust, I’ll rise.

Does my sassiness upset you?
Why are you beset with gloom?
‘Cause I walk like I’ve got oil wells
Pumping in my living room.

Just like moons and like suns,
With the certainty of tides,
Just like hopes springing high,
Still I’ll rise.

Did you want to see me broken?
Bowed head and lowered eyes?
Shoulders falling down like teardrops.
Weakened by my soulful cries.

Does my haughtiness offend you?
Don’t you take it awful hard
‘Cause I laugh like I’ve got gold mines
Diggin’ in my own back yard.

You may shoot me with your words,
You may cut me with your eyes,
You may kill me with your hatefulness,
But still, like air, I’ll rise.

Does my sexiness upset you?
Does it come as a surprise
That I dance like I’ve got diamonds
At the meeting of my thighs?

Out of the huts of history’s shame
I rise
Up from a past that’s rooted in pain
I rise
I’m a black ocean, leaping and wide,
Welling and swelling I bear in the tide.
Leaving behind nights of terror and fear
I rise
Into a daybreak that’s wondrously clear
I rise
Bringing the gifts that my ancestors gave,
I am the dream and the hope of the slave.
I rise
I rise
I rise.

Maya Angelou



Dites à nos enfants qu’ils ne sont pas condamnés à l’échec. Dites leur que le monde leur appartient personne ne le fera à notre place

Ça y est- ça me reprend ce feu qui me saisit les entrailles. Cette passion qui me submerge et me met en état d’urgence. J’écoute en boucle « banlieusards » de Kery James rappeur sans concession. C’est un homme qui ne libère pas son rap pas dans le sens du poil d’une société qui voudrait qu’on célèbre une égalité qui n’est vraie que dans les texte mais qui est en échec sur le terrain de la pratique.

Ceux qui profitent largement du système chantent les louanges de l’égalité républicaine pour endormir les masses et nous pousser à nous contenter de ce que nous avons. Pourquoi rêver de palais alors qu’on a un terrier ? Oui il y a au moins deux France. Ce qui me met en mouvement c’est de secouer et d’encourager nos enfants pour qu’ils ne se contentent pas des strapontins sur lesquels on leur propose de faire leur voyage de vie. Je veux qu’ils se réveillent déterminés à secouer les jougs qui les retiennent dans des « identités déclassées ».

Merci à Kery James qui fait monter cette passion qui m’anime pour la génération d’après, cette jeunesse que j’ai à cœur. Je voudrais que chacun d’eux écoute ce morceau essentiel. Une jeunesse qui s’abime dans de territoires de désespérance. Une jeunesse qui grandit à l’ombre de l’échec comme si l’exclusion du système scolaire et le chômage et l’exclusion étaient la voie naturelle du banlieusard. Tragique formatage n’est-ce pas ?

La France peut être un rouleau compresseur des espoirs et un extincteur des rêves et des ambitions des descendants d’immigrés et des enfants issus des Caraïbes. Nos enfants évoluent dans un système qui les tuerait socialement dans l’œuf si leurs propres parents ne les rêvaient pas plus grands, ne les rêvaient pas aigles plutôt que poussins. Mais la génération des parents que nous sommes doit se défaire de ce que les extincteurs ont fait en eux. Se lever pour et avec la génération d’après. Ils sont la France.

Ne rêvons pas le système tel qu’il est conçu ne leur fera pas de place. L’égalité républicaine est un rêve qui confine parfois à la fumisterie. Dites leur que leur place est à prendre personne ne la leur donnera. Il faut qu’ils plus motivés, plus courageux que les autres. C’est injuste ? Probablement mais c’est ainsi.
Il faudra qu’ils la prennent en travaillant plus que d’autres, en rêvant plus grand que les autres, en croyant plus fort qu’eux. Il faudra qu’il aient deux, trois fois plus de courage que les autres.
C’est fini le temps de rêver juste d’un CDI au SMIC et de se croire arrivé si on peut avoir plus on va se donner les moyens d’y accéder. Nos enfants vont arrêter de déserter les lieux de scolarisation et de savoir. Ils vont s’instruire et ils sont riches d’un double ancrage qui devrait les mener plus haut que d’autres. LE SAVOIR EST UNE ARME.

Il y a d’autres montagnes à conquérir, il y a des plafonds de verre à faire exploser. Le rêve naît dans le regard des parents. Il grandit dans l’attention des aînés. Oui le système est tel que nous même plions souvent la tête plus qu’à notre tour mais il est temps de relever la tête pour eux, pour nous et par ricochet pour les terres de nos pères.

Pardon de m’immiscer dans ce qui à priori ne me regarde pas mais il y a dans mes entrailles ce cri et cette révolte : il est temps que nous nous levions, que « la deuxième France s’éveille ». Il temps de sortir des rêves étriqués et des réalités subies pour nous emparer des territoires sociaux de ce pays par le courage, le travail, l’ambition.

NOS ENFANTS NE SONT PAS CONDAMNES A L’ECHEC

J’aime que ce chant le dise dans une langue accessibles à vos enfants. Je trouve que c’est un bon coup de pied au derrière et un constat sans concession.
Pardon pardon mais quand ce feu me saisit je suis embrasée et vos enfants, je les aime forcément parce qu’ils sont un peu les miens. Ils iront plus loin que nous. Il le faut.

Amitiés à tous.

BANLIEUSARDS de Kery JAMES (la vidéo)
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Banlieusards de Kery JAMES (Le texte) :

http://www.rap2france.com/paroles-kery-james-banlieusards.php




Know your worth

 

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Not sure of the origin of this but READ…

In a brief conversation, a man asked a woman he was pursuing the question:

 »What kind of man are you looking for? »

She sat quietly for a moment before looking him in the eye and asking,

 »Do you really want to know? »

Reluctantly, he said,  »Yes ».

She began to expound…

 »As a woman in this day and age, I’m in a position to ask a man what he can do for me that I can’t do for myself. I can pay my own bills. I can take care of my household w/o the help of any man..or woman for that matter. So I’m in the position to ask,

 »WHAT CAN YOU BRING TO THE TABLE? »

The man looked at her.
Clearly he thought that she was referring to MONEY.

She quickly corrected his thought and stated.

 » Im not referring to MONEY. I need something more.I need a man who is striving for excellence in every aspect of life. »

He sat back in his chair, folded his arms, and asked her to explain.

She said,

 »Im looking for someone who strives for excellence mentally because I need conversation and mental stimulation. I dont need a simple-minded man.

Im looking for someone who is striving for excellence spiritually because I don’t need to be unequally yoked..believers mixed with unbelievers is a recipe for disaster. And even as a believer; he needs to believe as I do.

I need a man who is striving for excellence financially because I dont need a financial burden.

Im looking for someone who is sensitive enough to understand what I go through as a woman, and strong enough to keep me grounded when I go through changes.

I don’t need a man who is going to purposely bring me grief.

Im looking for someone who I can respect. In order to be submissive, I must respect him and he must respect me. I cannot be submissive to a man who isn’t taking care of his business or who is  »messy » in his personal affairs. I have no problem being submissive..but he has to be worthy. God made woman to be helpmate for man. I can’t help a man if he can’t help himself then he definetely can’t help me.

When she finished her spill, she looked at him. He sat there with a puzzled look on his face. He said,  »You are asking a lot.

She replied,  » I’M WORTH A LOT. »

Send this to every woman you know who’s worth a lot. You never know she may be suffering from low-self esteem and may not know her worth.

And send this to every man who needs to know this and ask him:

 » WHAT CAN YOU BRING TO THE TABLE? »



De toi et l’espérance…

Il y a des endroits
Où j’ai besoin de toi
Et pourtant de ces lieux
Je ne t’appellerai pas

Quand je promène les yeux
Pour sonder ces contrées,
La hideur que je vois
Ne sied pas à qui j’aime

Les murs sont faits maux
Le sol fait de chagrins
A la place des étoiles
La voûte s’habille de larmes

Ne viens pas me chercher
Je ne te veux pas ici
L’espérance est ma loi
Je trouverai la sortie

Mais de l’autre côté
Ne sois pas loin de moi
Prends-moi juste par la main
Ne me laisse pas repartir

Aussi hideuse soit-elle
Cette place laisse des traces
Qui pourraient malgré soi
Pousser à revenir

En sortant de ce lieu
J’aurai juste besoin
De toi et l’espérance
Pour revenir à moi



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J’apprends chaque jour mais je suis en chemin

Espérant au bout du voyage être quelqu’un qui aime



Meilleurs voeux pour 2011

BONNE ET HEUREUSE ANNEE A TOUS

Que cette année nouvelle vous ouvre à de grands bonheurs, à des joies immenses et à la réalisation de nombreux rêves.

Soyez très heureux.

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Congo pourquoi me hantes-tu ?

Effroi, pleurs, agonie, affliction, hurlements, impuissance, colère, révolte. Et ce mot qui comme une litanie habite mon esprit. Cette locution qui se loge dans mes peines : Congo.Congo, pourquoi me hantes-tu ?

Congo, pourquoi m’habites tu ?

Congo, Congo, Congo

C’est l’aphasie qui crie ton nom, c’est ma douleur qui ce soir l’écrit.

 

Je veux hurler, mais mon cri est silence. Quels mots pour dire l’indicible ? Comment hurler sans paraître impudique alors que là bas des vies sont brisées, meurtries, dépouillées, ôtées ? Je suis au chaud dans un pays à priori démocratique. Protégée sauf cas exceptionnel de la folie et de la bestialité des hommes. Depuis mon appartement parisien comment pourrais-je hurler une douleur qui n’est qu’un écho du réel ? Une résonnance de l’épouvantable tragédie qui « se joue » au Congo. ?

 

Des images dans la nuit, moins de trois minutes, des visagesde femmes, des mots de victimes de crimes innommables. Elles racontent lequotidien de tant de femmes, et de fillettes livrées à la bestialité la plusinique. Les femmes et les fillettes comme terrain d’expression de leurs prises depouvoir. Des femmes victimes de viols à la chaîne. L’information n’est pasnouvelle mais ce soir elle m’arrive comme un poignard qui se fiche dans moncœur, comme pour me rappeler qu’il n’est pas possible, aussi vrai que l’on esthumain de rester à l’extérieur de ce déni de l’humanité qui se joue tout prèsde nous. L’agonie ressentie me semble impudique par rapport à la tragédiequotidienne vécue par nos frères là-bas. Mais voilà j’ai mal et les larmes quijaillissent de mes paupières sont aussi incontrôlables que saisissantes. Cesoir je suis congolaise, enfantée dans cette douleur cathodique qui me prendaux tripes. Pourquoi ce que je sais me parle davantage ce soir ?

La souffrance qui m’étreint me glace. Egoïstement j’auraisvoulu n’être pas passée sur la page de ce FB friend, j’aurais voulu n’avoir pasvu, l’avoir pas entendu, n’avoir pas discerné derrière la dignitéd’insupportables dévastations. J’aurais voulu n’avoir pas mal. Ma seulecatharsis c’est l’écriture, essayer de mettre des mots sur cette lave qui meconsume. Le Congo semble se tatouer en moi. C’est étrange, c’est évident.  Rendez-vous inattendu avec la responsabilité. Je n’ai que mes mots mais je les ai.

Ceux qui établissent les priorités sur le calendrier destragédies répondant aux codes de leurs publicisations n’ont pas mis le Congo àl’affiche de leurs dénonciations. Et des millions de personnes sont mortes. Si je ne me trompe pas le triste « record » de la Shoah serait« battu » dans un silence assourdissant. Mais on marche sur la tête. Ce sont nos frères, nos semblables que l’on assassine.

 

Je pense à ma petite sœur Fifi qui courageusement ne cessede rappeler de combattre de hurler pour son cher pays nous rappelant qu’il sepasse une chose épouvantable tout près de nous.  Je pense à Floriber Cheyeba, des noms et des images disputent aux pensées la place prioritaire dans mon esprit. Partout où l’on bafoue l’humain, c’est la notion globale d’humanité qui recule. Ces pensées défilent dans ma tête éloignant le sommeil qui avait pris résidence dans mes yeux  et pourtant je n’arrive pas à me révolter.

J’ai incroyablement mal, comme s’il fallait ressentir un peude cette immense douleur pour ne plus jamais oublier, pour ne plus me taire,pour m’informer, pour me lever demain dans une conviction née dans mesentrailles. Pour humblement donner la main d’association à mes frères du Congoet joindre ma voix à la leur pour sortir le Congo de cet insupportable silence,pour briser les murs de l’indifférence, pour un jour reconstruire et ramener l’espoirdans ce pays.

 

Et les mots de Patrice Emery Lumumba résonnent dans mon esprit. « mes enfants que je laisse, etque peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo estbeau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir latâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notresouveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y apas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

A mes enfantsque je laisse et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau. »

Je veux me repasser ces mots d’espoir et de foi écrits au seuil de la mort par un homme que j’admire et respecte, une figure africaine immense qui ne cesse de nous inspirer. Je veux me réfugier dans ses mots pour me rappeler que malgré ce que je vois l’avenir du Congo est beau.

Si le silence assourdissant de ceux qui savent orchestrer l’émotioninternationale m’apparaît ce soir encore plus criminel, je me souviens aussi deces mots : « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et ausud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, macompagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre sonindépendance et sa liberté.

Vive le Congo !Vive l’Afrique ! »



Ce soir je n’ai qu’effroi, larmes et douleur. jJe sais la révolte tapie en moi. Ce soir je sais que le Congo m’est moins exogène qu’avant. Demain je dirai merci pour cette douleur, cette conscience nouvelle, demain je réfléchirai. Ce soir j’ai juste une épée fichée dans le coeur. Je vais juste prier pour ceux qui sont meurtris au Congo, prier pour cett terre blessée, prier pour Fifi et demain peut-être, je me révolterai. Les mots sont confus, comme les émotions, demain peut-être…

 

Nzambe na biso !!!!



ADRESSE DU FILS AINE DU SIÈCLE, LE SAGE AMADOU HAMPATE BA (1901-1991) A LA JEUNESSE AFRICAINE

Combien immense est ma gratitude d’avoir pu lire ce texte aujourd’hui !  Merci au « soldat inconnu » de cette transmission de patrimoine, d’héritage. Il est des paroles délivrées par nos aînés qui sont précieuses.Merci à notre aîné d’avoir laissé cette parole aux accents de testament qui sont non pas un guide pour agir mais pour penser son action, sa place dans l’histoire et dans son environnement. Plus j’avance dans la vie plus je découvre les richesses immenses qu’il y a dans « l’être africain ».

 

Amadou Hampaté Ba en s’adressant à la jeunesse est profondément africain, la parole passe et avec elle des valeurs, des préceptes, des symboles, il est le seul qui parle pourtant il est profondément respectueux d’eux et dans son discours le dialogue est implicite. Il n’impose pas il montre une voie en précisant qu’il n’y a pas de vérité absolue. J’aime cette posture, j’aime son intelligence. J’ai l’impression d’être aux pieds de mon père ou de mon grand père et de l’écouter sachant que dans sa parole, je trouverai quelque chose qui m’aidera à tracer mieux ma route.

 

J’aime que cet texte n’appelle pas au rejet de l’autre mais à la rencontre avec soi, à l’exaltation et à la maîtrise de nos langues maternelles qui sont le meilleur vehicule de nos cultures et à la parfaite connaissance de la langue importée pour être relié aux autres. J’aime l’équilibre de sa pensée qui nous rappelle de ne pas tenter d’être l’autre mais de l’accueillir en demeurant soi sachant que la richesse naît de la rencontre respectueuse de l’autre.

 

Il est passé un homme, il est passé un africain, il est passé un père.

Respects.

   

 

 

 

Mes chers cadets,

Celui qui vous parle est l`un des premiers nés du vingtième siècle. Il a donc vécu bien longtemps et, comme vous l`imaginez, vu et entendu beaucoup de choses de par le vaste monde. Il ne prétend pas pour autant être un maître en quoi que ce soit. Avant tout, il s`est voulu un éternel chercheur, un éternel élève, et aujourd`hui encore sa soif d`apprendre est aussi vive qu`aux premiers jours.

Il a commencé par chercher en lui-même, se donnant beaucoup de peine pour se découvrir et se bien connaître en son prochain et l`aimer en conséquence. Il souhaiterait que chacun de vous en fasse autant.

Après cette quête difficile, il entreprit de nombreux voyage à travers le monde : Afrique, Proche-Orient, Europe, Amérique. En élève sans complexe ni préjugés, il sollicita l`enseignement de tous les maîtres et tous les sages qu`il lui fut donné de rencontrer. Il se mit docilement leur à écoute. Il enregistra fidèlement leurs dires et analysa objectivement leur leçon, afin de bien comprendre les différents aspects de leur comportement. Bref, il s`efforça toujours de comprendre les hommes, car le grand problème de la vie, c`est la MUTUELLE COMPREHENSION.

Certes, qu`il s`agisse des individus, des nations, des races ou des cultures, nous sommes tous différents les uns les autres ; Mais nous avons tous quelque chose de semblable aussi, et c`est cela qu`il faut chercher pour pouvoir se reconnaître en l`autre et dialoguer avec lui. Alors, nos différences, au lieu de nous séparer, deviendront complémentaires et sources d`enrichissement mutuel. De même que la beauté d`un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N`ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s`enrichirait-on soi-même ?

A notre époque si grosse de menaces de toutes sortes, les hommes doivent mettre l`accent non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu`ils ont de commun, dans le respect de l`identité de chacun. La rencontre et l`écoute de l`autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l`épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue. Un vieux maître d`Afrique disait : il y a  » ma  » vérité et  » ta  » vérité, qui ne se rencontreront jamais.  » LA  » Vérité se trouve au milieu. Pour s`en approcher, chacun doit se dégager un peu de  » sa  » vérité pour faire un pas vers l`autre…

Jeunes gens, derniers-nés du vingtième siècle, vous vivez à une époque à la fois effrayante par les menaces qu`elle fait peser sur l`humanité et passionnante par les possibilités qu`elle ouvre dans le domaine des connaissances et de la communication entre les hommes. La génération du vingt et unième siècle va connaître une fantastique rencontre de races et d`idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers.

Dans ce monde moderne, personne ne peut plus se réfugier dans sa tour d`ivoire. Tous les Etats, qu`ils soient forts ou faibles, riches ou pauvres, sont désormais interdépendants, ne serait-ce que sur le plan économique ou face aux dangers d`une guerre internationale. Qu`ils le veuillent ou non, les hommes sont embarqués sur un même radeau : qu`un ouragan se lève, et tout le monde sera menacé à la fois. Ne vaut-il pas mieux avant qu`il ne soit trop tard ?

L`interdépendance même des Etats impose une complémentarité indispensable des hommes et des cultures. De nos jours, l`humanité est comme une grande usine où l`on travaille à la chaîne : Chaque pièce, petite ou grande, a un rôle défini à jouer qui peut conditionner la bonne marche de toute l`usine.

Actuellement, en règle générale, les blocs d`intérêt s`affrontent et se déchirent. Il vous appartiendra peut-être, ô jeunes gens, de faire émerger peu à peu un nouvel état d`esprits, d`avantage orienté vers la complémentarité et la solidarité, tant individuelle qu`internationale. Ce sera la condition de la paix, sans laquelle, il ne saurait y avoir de développement.

Je me tourne maintenant vers vous, jeunes africains noirs. Peut-être certains d`entre vous se demandent-ils si nos pères avaient une culture, puisqu`ils n`ont pas laissé de livre ? Ceux qui furent pendant si longtemps nos maîtres à vivre et à penser n`ont-ils pas presque réussi à nous faire croire qu`un peuple sans écriture est un peuple sans culture ? Mais, il est vrai que le premier soin de tout colonisateur quel qu`il soit (à toutes les époques et d`où qu`il vienne) a toujours été de défricher vigoureusement le terrain et d`en arracher les cultures locales afin de pouvoir y semer à l`aise ses propres valeurs.

Heureusement, grâce à l`action de chercheurs tant africains qu`européens, les opinions ont évolué en ce domaine et l`on reconnaître aujourd`hui que les cultures orales sont des sources authentiques de connaissances et de civilisation. La parole n`est-elle pas, de toute façon, mère de l`écrit, et ce dernier n`est-il pas autre chose qu`une sorte de photographie du savoir et de la pensée humaine ?

Les peuples de race noire n`étant pas des peuples d`écriture ont développé l`art de la parole d`une manière toute spéciale. Pour n`être pas écrite, leur littérature n`en est pas moins belle. Combien de poèmes, d`épopées, de récits historiques et chevaleresques, de contes didactiques, de mythes et de légendes au verbe admirable se sont ainsi transmis à travers les siècles, fidèlement portés par la mémoire prodigieuse des hommes de l`oralité, passionnément épris de beau langage et presque tous poèmes !

De toute cette richesse littérature en perpétuelle création, seule une petite partie a commencé d`être traduite et exploitée. Un vaste travail de récolte reste encore à faire auprès de ceux qui sont les derniers dépositaires de cet héritage ancestral hélas en passe de disparaître. Quelle tâche exaltante pour ceux d`entre vous qui voudront s`y consacrer !

Mais la culture, ce n`est pas seulement la littérature orale ou écrite, c`est aussi et surtout un art de vivre, une façon particulière de se comporter vis-à-vis de soi-même, de ses semblables et de tout le milieu naturel ambiant. C`est une façon particulière de comprendre la place et le rôle de l`homme au sein de la création.

La civilisation traditionnelle (je parle surtout de l`Afrique de la savane au Sud du Sahara, que je connais plus particulièrement) était avant tout une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. En aucun cas un homme, quel qu`il soit, n`était isolé. Jamais on n`aurait laissé une femme, un enfant, un malade ou un vieillard vivre en marge de la société, comme une pièce détachés. On lui trouvait toujours une place au sein de la grande famille africaine, où même l`étranger de passage trouvait gîte et nourriture. L`esprit communautaire et le sens du partage présidaient à tous les rapports humains. Le plat de riz, si modeste fût-il, était ouvert à tous.

L`homme s`identifiait à sa parole, qui était sacrée. Le plus souvent, les conflits se réglaient pacifiquement grâce à la  » palabre  » :  » Se réunir pour discuter « , dit l`adage,  » c`est mettre tout le monde à l`aise et éviter la discorde « . Les vieux, arbitres respectés, veillaient au maintien de la paix dans le village.  » Paix « ,  » La paix seulement ! « , Sont les formules-clé de toutes les salutations et des religions traditionnelles était l`acquisition, par chaque individu, d`une totale maîtrise de soi et d`une paix extérieure. C`est dans la paix et dans la paix seulement que l`homme peut construire et développer la société, alors que la guerre ruine en quelques jours ce que l`on a mis des siècles à bâtir.

L`homme était également considéré comme responsable de l`équilibre du monde naturel environnant. Il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n`était pas sa propriété, mais au dépôt sacré confié par le créateur et dont il n`était que le gérant. Voilà une notion qui prend aujourd`hui toute sa signification si l`on songe à la légèreté avec laquelle les hommes de notre temps épuisent les richesses de la planète et détruisent ses équilibres naturels.

Certes, comme toute société humaine, la société africaine avait aussi ses tares, ses excès et ses faiblesses. C`est à vous jeunes gens et jeunes filles, adultes de demain, qu`il appartiendra de laisser disparaître d`elles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives. La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. Le bon jardinier n`est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles. Couper le tronc serait se suicider, renoncer à sa personnalité propre pour endosser artificiellement celle des autres, sans y parvenir jamais tout à fait. Là encore, souvenons-nous de l`adage :  » il flottera peut-être, mais jamais il ne deviendra caïman ! « .

Soyez, jeunes gens, ce bon jardinier qui sait que, pour croître en hauteur et étendre ces branches dans les directions de l’espace, un arbre a besoin de profondes et puissantes racines. Ainsi enracinés en vous-mêmes vous pouvez sans crainte et sans dommage ouvrir vers l`extérieur, à la fois pour donner et pour recevoir.

Pour ce vaste travail, deux outils vous sont indispensables : tout d`abord, l`approfondissement et la préservation de vos langues maternelles, véhicules irremplaçables de nos cultures spécifiques ; ensuite, la parfaite connaissance de la langue héritée de la colonisation (pour nous la langue française), tout aussi irremplaçable, non seulement pour permettre aux différentes ethnies africaines de communiquer entre elles et de se mieux connaître, mais aussi pour nous ouvrir sur l`extérieur et nous permettre de dialoguer avec les cultures du monde entier.

Jeunes gens d`Afrique et du monde, le destin a voulu qu`en cette fin de vingtième siècle, à l`aube d`une ère nouvelle, vous soyez comme un pont jeté entre deux mondes : celui du passé, où de vieilles civilisations n`aspirent qu`à vous léguer leurs trésors avant de disparaître, et celui de l`avenir, plein d`incertitudes et de difficultés, certes, mais riche aussi d`aventures nouvelles et d`expériences passionnantes. Il vous appartient de relever le défi et de faire en sorte qu`il y ait, non rupture mutilante, mais continuation sereine et fécondation d`une époque par l`autre.

Dans les tourbillons qui vous emporteront, souvenez-vous de nos vieilles valeurs de communauté, de solidarité et de partage. Et si vous avez la chance d`avoir un plat de riz, ne le mangez pas tout seul !

Si les conflits vous menacent, souvenez-vous des vertus du dialogue et de la palabre !

Et lorsque vous voulez vous employez, au lieu de consacrer toutes vos énergies à des travaux stériles et improductifs, pensez à revenir vers notre Mère la terre, notre seule vraie richesse, et donnez-lui tous vos soins afin que l`on puisse en tirer de quoi nourrir tous les hommes. Bref, soyez au service de la vie, sous tous ses aspects !

Certains d`entre vous diront peut-être :  » c`est trop nous demander ! Une telle tâche nous dépasse ! « . Permettez au vieil homme que je suis de vous confier un secret : de même qu`il n`y a pas de  » petit incendie (tout dépend de la nature du combustible rencontré), il n`y a pas de petit effort. Tout effort compte, et l`on ne sait jamais, au départ de quelle action apparemment modeste sortira l`événement qui changera la face des choses. N`oubliez pas que le roi des arbres de la savane, le puissant et majestueux baobab, sort d`une graine qui, au départ, n`est pas plus grosse qu`un tout petit grain de café…

Amadou Hampaté BA 1985

 

(Nous remercions Dian Diallo de Jamaa Tabital pour l’envoi de ce texte)

 

+ d’articles sur: http://defiafricain.centerblog.net/



En écoutant Francis Bebey…

Avez-vous déjà eu durant des jours une mélodie dans la tête ? Vous savez un de ces airs qui vous accompagnent comme le ferait un lecteur de musique portable ?  Ces derniers temps à des moments inattendus, cette phrase « o bia nja o ma kwalisane no, o bia nja o bale no esoka » tirée d’une chanson de Francis Bebey ne me quittait pas. 

Il était bien onze heures hier du soir quand la mélodie est venue discrètement frapper aux portes de mon cœur. Comment aurais-je pu refuser l’hospitalité à une telle visiteuse ? Francis Bebey, musicien, poète, musicologue, génial défricheur de son et passeur de sens ironique et tendre, Francis Bebey venait me voir, précédé par quelques notes de musique. Les morts ne sont pas morts, les artistes encore moins. Ils laissent en partant davantage qu’un héritage ils laissent leur voix, leur émotion, les accents de leur âme.

 

Répondant à l’inclination de mon cœur j’ai écouté « O bia » chanson remplie d’enseignements sur la prudence. O bia, que je traduirais du Duala par « sois, prudent » ou « fais attention ». Dans cette chanson au cours de laquelle Francis Bebey égrenne de nombreux conseils de prudence « fais attention aux personnes avec lesquelles tu marches, aux maisons dans lesquelles tu entres, fais attention à ceux à qui tu parles et confie des secrets. » « Ne prête à personne l’intime de ta pensée la plus précieuse, ne prête à personne ta parole ».

 

En filigrane, l’ombre de son frère assassiné Bebey Eyidi.

 

Comme à mon habitude quand une chanson me rencontre je ne sais pas ne pas la réécouter un nombre incalculable de fois. J’ai été saisie par le beauté de la mélodie, par le guitariste qu’était Francis Bebey et que j’apprends à écouter. Il n’est pas besoin de multiplier des effets prétendument épatants pour éblouir.

 

Il était plus de minuit et je n’arrivais plus à quitter mister Francis. Ecoutant ensuite « Idiba », j’ai passé un moment merveilleux. La chanson semblait receler des tiroirs que je n’avais pas ouverts avant et ouvrir pour ma pensée d’intéressantes fenêtres. La musique est dialogue.

« Le jour s’est levé et le soleil est là, ne cache plus ton visage, ne le fronce pas, mais regarde autour de toi. Quand tu marches dans la rue, fais le comme un homme et non comme si tu étais sans substance. Viens et allons voir la lumière, n’oublie jamais que tu as reçu bénédiction sur bénédiction. Qui d’autre a jamais été béni comme toi ? »

 

Ouverture de fenêtres intérieures comme si Francis me parlait, parlait de moi. Comme s’il me rappelait à mes essentiels, à mon essentiel.

 

Ouvertures de fenêtres plus grandes comme s’il parlait aussi à l’Afrique telle que je la vis, la vois, la rêve en lui disant  « Viens allons vers la lumière de peur de manquer la bénédiction ».

 

Francis Bebey, la classe, la musicalité, la finesse. Il a toujours été là dans la toile de fond de ma vie musicale. Il était dans la discothèque de mes parents. Je l’ai écouté enfant je l’entends adulte et suis heureuse qu’il ait existé, heureuse qu’il ait chanté dans une langue que je comprends. Je l’aime.

 

Hier je m’apprêtais à me coucher quand sa musique et moi sommes entrés en conversation. Il est difficile d’exprimer au cœur de mes soudaines indigences sémantiques, le bonheur, l’émotion, les découvertes et les pistes de réflexions suscitées par les notes de musique, la voix, et les paroles de cet homme parti trop vite.

 

En me souvenant en cet instant de ce moment, je me rends compte du privilège que j’ai d’être africaine, d’être Camerounaise, d’avoir accès à ceci. Je mesure aussi que parce que la mondialisation est par trop arrogante les occidentaux se privent de bien des trésors culturels.

 

Si seulement le monde était davantage ouvert pour une mondialisation intelligente ! Oh non pas celle qui permet aux riches de s’enrichir d’avantage en pillant les autres et en privatisant pour leurs intérêts les sols d’Afrique ou d’ailleurs. Pas celle qui ne sert qu’à imposer un modèle culturel dominant et annihiler les variétés culturelles qui sont le sel de l’être ensemble. Pas celle qui imposerait le hamburger aux beignets et haricots mais celle sui laisserait cohabiter les deux. Une mondialisation qui serait circulation des biens culturels en recevant dans le respect de ce que l’autre apporterait.

 

Francis Bebey a beaucoup apporté. Il a vécu, travaillé et élevé ses enfants en France. La France a-t-elle écouté ou entendu ce qu’il avait à dire ? Il était bien plus qu’un saltimbanque exotique, c’était un homme brillant, cultivé, curieux des sons et cultures du monde qui a su inviter le monde dans ses mélodies. Il nous laisse heureusement un héritage que nous pouvons découvrir.

 

Francis Bebey savait l’importance de transmettre aux enfants leur langue maternelle. Une anecdote savoureuse que m’a racontée hier une amie précieuse  qui par ailleurs est chanteuse m’a confortée dans le fait qu’il est décidément passé un homme immense.

 

Parce que l’humain est plus grand que son passage sur terre et les limites de sa peau, il parle encore. Permettons lui par sa musique de parler aux générations d’après.

 

Pour le découvrir un peu plus : http://www.bebey.com/francis_bebey/francis_bebey_accueil.htm

http://etudesafricaines.revues.org/index1511.html

 

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Ifrikya mon amour

Je l’ai tatouée au cœur

Ifrikya mon amour

Elle habite mes entrailles

La fière terre de mes pères

 

Etrange contradiction

Et pourtant évidence

Elle m’a donné la vie

Et je la porte en moi

 

Elle est en gestation

Au cœur de mes entrailles

Et c’est elle en même temps

Qui un jour m’engendra

 

Je porte en moi sa trace

Qui tout comme un contrat

Me rappelle l’alliance

Des nos deux destinées

 

L’Afrique est dans mon souffle

Je suis dans son battement

Peu importe la distance

Je l’ai tatouée au cœur

 

Je ne sais à quel moment

J’ai été marquée ainsi

Faisant brûler d’ardentes

Passions pour cette terre

 

On la prétend maudite

Je la sais magnifique

Je sais son avenir

Beau si ses fils se lèvent

 

J’aimerais avoir les bras

Assez longs pour l’étreindre,

L’enlacer la guérir

Mais je n’ai que des mots

 

Ifrikya est ma quête

Et ma mélancolie

Ifrikya est mon nom

Mon projet d’avenir

 

Toi la terre de mes pères

Un jour j’en suis certaine

Nos cœurs à l’unisson

Battront dans un même lieu



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