Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes

Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes dans Caramba la basse ! 37803_416250001469_682081469_5226105_2534288_n

Dimanche 25 juillet, Richard Bona s’est produit au parc floral de Vincennes, lieu où semble-t-il il revient tous les ans ou presque, en été. Ceci explique peut-être l’impression de décontraction et d’aisance qu’il dégagera tout au long de sa prestation.

Il est plus de 16h30 quand Richard Bona arrive sur la grande scène du parc floral. Le public qui l’attend est fébrile. Autour de moi des personnes de tous âges et phénotypes sont dans une attente à la fois fiévreuse et souriante. La musique de Richard Bona a suffisamment d’amplitude pour toucher des personnes de toute origine culturelle ou sociale.
Ses albums sont des promesses et justifient que la foule soit nombreuse pour communier au son de sa bass et à la beauté de sa voix.

Mais pour moi il y a une autre promesse que j’espère qu’il tiendra. Je l’ai vu en concert au New Morning et si son talent y a été incontestable, sa bass majestueuse et sa voix quelquefois angélique, Richard Bona n’avait pas tenu les promesses de son sourire.

Quoi les promesses d’un sourire ? Je vous entends d’ici vous interroger sur la lucidité de celle qui écrit cette chronique. Repliez vous suspicions je suis aussi normale que n’importe quel humain vivant dans la folie de notre siècle (hihi !).
Avez-vous déjà regardé le sourire de cet homme ? Il est chaleureux, enfantin , communicatif, malicieux, bref il est magnifique. Il semble vous parler d’un homme chaleureux. Sur scène son sourire semble vous dire qu’il est avec vous et que vous êtes en phase, cheminant ensemble au gré des notes de musique. Imaginez les attentes générées par les promesses d’un sourire ! Oui j’ai un rapport totalement subjectif à la musique et je l’envisage comme un tout dans lequel le musicien ne saurait être antithétique de sa musique dans mon esprit. L’auteur de Souleymane me rencontrerait-il ?

Si le concert au New Morning avait été acoustiquement formidable, il m’y avait manqué la communion, la complicité, le dialogue, de fait ce qui pour moi est essentiel. J’avais lu des promesses dans son sourire et j’attendais de lui davantage que de la virtuosité. Quand on l’écoute cette dernière est une évidence.
Il est possible que ce soir là ait été un soir au cours duquel il n’était pas totalement avec nous. Sa maestria était là, sa bass résonnait avec majesté, sa voix offrait ces surprenantes envolée qui sont sa signature, mais lui je n’avais pas eu l’impression de l’avoir rencontré. J’ai quitté le concert avec un sentiment d’inachevé. Il manquait le moment magique au cours duquel soudain, l’on est ensemble, comme si les âmes se rencontraient sur une note, un rythme, un accord.

Quand j’assiste à un concert, j’aime l’idée d’y aller pour un échange, un dialogue avec l’artiste qui se produit. J’aime l’idée que la fragilité du direct enfantera des moments qui feront que les individualités sur scène et dans l’auditoire se fondront dans un nous qui rendra chaque note de musique plus vivante, plus enveloppante et le concert plus jouissif. Quand le jeu de scène m’apparaît comme un monologue, il n’ajoute pas grand-chose au plaisir procuré par l’écoute d’un CD.

Cette après-midi de juillet, Richard Bona sera en phase avec son public, mieux encore il nous donnera l’impression à chacun de nous peut-être d’être dans un dialogue personnel avec lui. Cela ne s’explique pas, ça appartient à la grâce de la musique, de l’art. Quand un artiste réussit cela c’est beau, c’est inoubliable, ça s’inscrit en nous.

Revenons à Richard Bona à Vincennes. Il succède à Sandra Nkake que malheureusement je n’aurais pu qu’entendre sur la fin sans la voir. Immense est ma frustration. Pour l’avoir déjà vue sur scène, je sais avoir manqué quelque chose. Sandra Nkake, a une voix exceptionnelle ajoute une présence scénique impressionnante. Elle occupe l’espace par sa voix, par sa gestuelle, par son humour. Elle est brillante, pertinente et pleine d’esprit. Ne pouvoir l’entendre que de loin frise la torture. A l’avenir je saurais que pour assister à un concert à 15heures en ce lieu, il faut y être au plus tard à 14h, … la veille !

Sur la scène, ses musiciens le précèdent. C’est un groupe cosmopolite à l’image de la musique de Bona qui absorbe des influences de divers continents. Richard Bona les présentera plus tard avec humour en nous invitant dans leur car aux heures de la coupe du monde football. Moment hilarant s’il en fut.
Le batteur vient de Cuba. Cet homme a quelquefois durant le concert donné l’impression d’avoir de multiples bras alors qu’il se déchainait sur scène. Le pianiste vient de Hollande (origine Surinam), le percussionniste du Brésil, le trompettiste des USA et le guitariste de Guadeloupe.
Alors qu’ils s’installent, la fièvre monte dans le public. Carré VIP ou pas, la musique est reine et nous sommes de volontaires sujets le temps d’une après-midi.

 

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Le bassiste arrive sur scène vêtu d’un confortable ensemble blanc et des baskets aux couleurs du Cameroun, comme pour rappeler que l’on emporte toujours ce pays en soi où que l’on aille. Dès son entrée en scène, il est chez lui. Souriant, confiant il entame le premier morceau. Il n y a pas de phase qui sert à apprivoiser le public. Celui qui est là, est déjà conquis. Je suis préparée à profiter de l’instant quand bien même l’échange que j’espère n’aurait pas totalement lieu.
Je n’ai pas la prétention de raconter le concert de manière exhaustive mais juste des moments qui m’ont touchée, marquée, impressionnée.

Est-ce parce qu’il nous a présenté sa maman dans le public que son « Mbemb’a mama » (les larmes de ma mère) me touche particulièrement malgré l’humour avec lequel il présente la chanson ? Voir cette petite dame le visage radieux qui sourit au public en le saluant est émouvant. Le rapport à la figure maternelle trouve en chacun diverses résonances ce soir là à Vincennes la chanson et le visage illuminé de cette maman rencontrent les miennes. Écouter la chanson et l’entendre coule de source.

Quand il entame « Shiva Mantra » composé ô surprise en Inde (^_^), le bassiste amorce un étrange mouvement de la main droite comme si elles étaient habitées par la figure de Shiva. Le mouvement de ses mains appelle une attente de virtuosité qui sera largement tenue et soutenue par des musiciens inspirés, notamment le trompettiste et le percussionniste grâce auxquels l’ailleurs s’installe au milieu de nous. L’Inde est là avec ses représentations forgées entre autres par Bollywood.

La densité de l’intro de « O sen sen » me fait regretter d’être dans le carré VIP juste derrière l’ambassadeur du Cameroun et son épouse. Le syndrome de la contorsion contrariée me reprend. Il est des musiques qui appellent naturellement des réponses corporelles inappropriées au milieu des VIP. Ils restent assis les bougres. Obligée de faire comme eux. Au premier rang un enfant de sept ans peut-être n’est pas tenu par de telles contraintes. Il danse avec frénésie et sans le savoir me venge.
Richard Bona profitera de cette chanson pour inviter des choristes exceptionnels : nous !
Les hommes et les femmes rivaliseront de virtuosité pour affirmer leur présence et épater le musicien. L’homme sur scène dévoilera un humour étrange comme il demandera aux femmes de plus de quarante ans de chanter. Mais quelle idée ! Puis suivront les femmes de plus de cinquante, etc. Heureusement que j’ai vingt ans pour la durée des temps. Pfttt !!! Si vous aviez vu l’air malicieux du monsieur ! Mais quel coquin. Le public hilare était conquis. Si vous croisez monsieur Bona, dites lui qu’au-delà de vingt ans, une femme n’a plus d’âge voyons.

Sur « Jombwe », l’homme livrera un solo de bass de toute beauté et tout en subtilité. Ce moment l’inclinera à clore les yeux comme pour un dialogue avec la musique dans lequel il s’isolerait. Un beau moment. Puis vient le moment au cours duquel il défie de sa bass chacun des musiciens ces derniers ne se laissant pas intimider. Chaque musicien a l’occasion de dévoiler sa virtuosité.

Comment raconter le moment magnifique au cours duquel à l’aide d’une espèce de pédalier qui enregistre sa voix il se fait homme orchestre ? La voix de cet homme est un instrument dont il joue en virtuose.

A la fin du concert il conditionne sa prestation par le fait que tout le monde danse. Mais comment a-t-il su que ce n’était plus possible de rester assise ? Quand je dis que nous étions en phase, dans un dialogue, CQFD (hihi). Est-il besoin de vous dire que les bras, les jambes, la tête, le corps entier ne se sont pas fait prier pour se trémousser ? Autour de moi les VIP devaient être dans le même état d’urgence. Un moment superbe. Trop court forcément.

A la fin du concert, après une fausse sortie, il entame « Eyala », un bijou mélodique et harmonique. La voix du chanteur s’ouvre, s’amplifie, s’élargit, c’est un moment magnifique. Les notes semblent s’attarder dans sa voix comme pour retenir l’instant, ralentir le temps, maintenir encore un peu la magie d’une après midi ensoleillée parée par une musique merveilleuse.

 

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Richard Bona et ses musiciens nous ont offert un joli moment de complicité, de beauté, de musique, de détente, de vie. Un de ces moments au cours desquels le temps, pris dans l’écrin précieux qu’est la musique, semble suspendre son vol. Quand des musiciens vous offrent cela leur mission est accomplie. J’espère qu’en retour nous le public leur aurons offert un beau moment accomplissant en retour notre mission.

Richard Bona m’a touchée parce qu’il aura été avec son public, en phase avec lui, heureux de ce que l’auditoire lui offrait le recevant avec délectation mais sans arrogance. Il a tenu les promesses annoncées par son magnifique sourire.
Ce soir là à Vincennes j’ai sans surprise rencontré le virtuose attendu mais, j’ai de surcroît l’impression que l’homme annoncé par la fenêtre de son sourire s’est laissé dévoiler, rencontrer, au moins en partie. Cet homme c’est un peu de Richard Bona dans sa vérité. L’homme que j’ai vu sur scène avait l’élégance, l’ouverture, la malice et la simplicité promises dans son sourire. C’est le Richard Bona que j’attendais. Merci monsieur d’être venu. 

39275_415225291469_682081469_5198009_3733876_n dans Le Cameroun chante

 

 

 



INOUBLIABLE SOIREE A L’OLYMPIA AVEC SMV (Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten)

concertsmvetc0051.jpgIl est à peu près vingt-trois heures et debout en communion avec une salle extatique nous n’avons pas assez de mains pour offrir à ceux à qui nous devons ce moment merveilleux des acclamations à la hauteur de l’offrande de leur talent, de leurs grâces, de leur génie. On se voudrait Shiva pour que la multiplicité de nos membres puisse leur faire en offrande un de ces bruits qui marquerait leurs cœurs et leurs mémoires. Comme une envie de multiplications des mains en réponse à ces mains qui nous ont offert des performances telles que l’on demeurait interdit à l’idée que chacun des bassistes n’avait que deux mains et cinq doigts à chacune. J’ai vérifié rassurez-vous. 

Sur la scène leurs visages souriants, les gestes de gratitude vis-à-vis d’un public qui aura été en phase avec eux dès leur entrée sur scène, voire avant, sont des cerises sur les gâteaux de nos enchantements. Nous avons été en communion avec eux, et eux avec nous, nous étions « comme un ». A côté de ceux que nous sommes venus voir un batteur et un pianiste  qui nous ont émerveillés par leur talent, existant dans le sillage de ces maîtres, de ces rois de la Bass. Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten, bassistes incroyables dont le trio a le temps d’une soirée, redessiné mon rapport à la Bass, à la musique, et aux concerts. Il y aura résolument un avant et un après 3 juillet 2009. 

Ces trois bassistes sont individuellement des virtuoses de leur instrument chacun réinventant sons et rythmes pour le bonheur de leurs aficionados. Chacun d’eux, quand il prend en main une guitare Bass, semble la révéler, nous révéler qu’il y a en cet instrument que nous croyions connaître d’infinies ressources que seul un maître, un véritable alchimiste du son parfait peut aller chercher. Chacun me déplacerait sans hésiter pour le voir et l’entendre en concert persuadée que je suis qu’il m’offrirait des moments incroyables. Imaginez les trois, sur la même scène, au même moment existant et coexistant sans être prédateurs les uns des autres chacun semblant heureux de voir briller l’autre, de se laisser éblouir par le génie de l’autre qui éclate le temps de solo démentiel. Faut-il qu’ils soient chacun suffisamment assuré de son talent pour laisser le « je » se fondre dans un « nous » qui au final semble rendre chacun plus grand ? SMV est un tout, est un groupe, c’est la fusion et la synergie de trois talents pour le bonheur de leur public et visiblement pour le leur aussi. J’en redemande !

Ah ce  trois juillet 2009 ne me quittera pas de si tôt.

Il est à peu près vingt heures quand j’arrive à l’Olympia. Un bon quart d’heure après le moment prévu. Je n’aime pas faire attendre une personne avec qui j’ai rendez-vous. Comme souvent quand je me dirige vers la matérialisation des mes anticipations musicales extatiques, il y a une légère contrariété, un petit rien qui vient gripper la parfaite machine. Une fois de plus, une fois encore, c’est un léger couac dans la machine RATP qui met du stress dans mon parcours vers l’Olympia. Qu’à cela ne tienne l’état d’urgence augmente la réceptivité je me prépare mentalement pour être dans le concert avant d’être dans la salle. La contrariété ne me volera pas un moment que j’attends, et dont je rêve. C’est mon rendez-vous.

En entrant dans la salle, la première partie est commencée. Il s’agit d’un duo claviers percussion de grande qualité pose une ambiance résolument jazzy et affirme à qui entre que la qualité sera le minimum requis pour la soirée. Les musiciens que nous attendons peuvent oser la qualité absolue en première partie. Ils n’ont rien à craindre. Ils vont nous montrer après l’entracte que si la Bass a des rois ils s’appellent Stanley, Marcus et Victor ! J’ai eu le plaisir de voir le percussionniste Edmundo Correiro sur scène il y a quelques temps avec Patrick Bebey et une fois encore il est magnifique et jovial. La maîtrise qu’il a de sa partie et l’enthousiasme qu’il manifeste en jouant sont un bonheur qui se communique sans effort. Je regrette de n’avoir pas saisi le nom de celui avec qui il a formé le temps d’un beau prélude à la magie attendue, un duo  des plus harmonieux.

Après vingt minutes d’entracte c’est l’heure. Notre heure. Ils arrivent enfin et ils sont magnifiques comme sait l’être le talent. Dès les premiers accords, je sais, nous savons que nous sommes dans un lieu de rencontre privilégiée.  Les sons qui nous arrivent de la scène nous affirment d’emblée que le rendez-vous ne sera pas manqué. Nous pouvons nous poser sur les notes et nous laisser porter la musique.

Je suis à la fois émue et enthousiaste. Emue  parce que se rencontrent dans ce moment sublime des rêves que je n’ai pas envisagé de faire quand dans les années 80, encore au Cameroun, j’ai découvert la Bass de Stanley d’abord, puis celle de Marcus. Et bizarrement les années 2000 qui m’ont conduite vers la grâce de Victor ne m’ont pas poussée à m’imaginer dans une salle de concert avec lui sur scène.

 

Et ils sont là tous les trois, la basse impériale, ils sont à nous, ils sont à moi et nous sommes à eux le temps d’une parenthèse enchantée, le temps d’un concert.

 

Enthousiaste parce que je sais que les rêves que je n’ai pas osé faire et la réalité viennent de se rencontrer pour un moment mémorable. Si j’ai aimé la Bass, en dehors des premiers pas au son et à la magie unique de la Bass Camerounaise, c’est par Stanley Clarke, Marcus Miller, et Louis Johnson notamment que cet instrument s’est imposé à moi comme un langage auquel répondent mes intériorités et mes sens. C’était avant que mes amours musicales s’élargissent vers le saxophone, le piano, puis la guitare.

 

Ils sont là rois parmi les rois de la Basse et je suis dans la salle. C’est un rêve éveillé.

 

Stanley, Marcus & Victor nous invitent pour partager une étape de leur « Thunder Tour ». Sur scène ils sont accompagnés de Derico Watson à la batterie et de Federico Gonzalez Pena aux claviers. Le concert montrera que le titre donné à leur tournée n’est pas usurpé. De mon point de vue on est au-delà du tonnerre. Ces hommes invitent dans leurs instruments tous les phénomènes naturels existant de la foudre au tonnerre en passant par la légèreté de la brise. L’on passe d’une émotion, d’une sensation à l’autre sans rupture et pas un moment dans le concert n’est de trop. Tout est à sa place, les musiques s’enchaînent dans une éblouissante cohérence sonore, les solos de l’un ou de l’autre ne rompent pas la magie du trio. Ils sont avec nous et ils sont ensemble. Ca se voit.

Mon compte–rendu de la soirée est fait d’impressions subjectives forcément, de ces moments dont je peux parler, de ceux qui m’ont éblouie, enchantée, émue, et enthousiasmée.

victorwooten.jpgJe me souviens du premier solo, c’est celui de Victor Wooten qui arrive très vite dans le programme du concert et qui nous aura laissés à bout de souffle. Ce solo est introduit par Stanley Clarke.  Victor Wooten commence tout en douceur avec la bonhomie trompeuse qui lui est caractéristique et, de ruptures en accélérations il nous embarque dans la folie de son jeu. Ses mains semblent posséder une vie en propre. Sa musique m’inviterait à fermer les yeux tant elle est envoutante et en même temps je n’en reviens pas qu’il soit seul à jouer. Je garde les yeux ouverts pour m’assurer que mes oreilles ne me trompent pas. Il est seul avec sa Bass dompteur intelligent qui alterne douceur et force. C’est incroyable ! Je n’ai pas les mots d’un spécialiste pour dire ce qu’il faisait mais mon cœur, mes sens, et mon âme sont au diapason passant d’un éblouissement à l’autre. Le solo de Wooten appellera dans la salle de nombreux applaudissements lors de ces moments durant lesquels, à bout de souffle nous pensions le solo terminé. Mais le virtuose repartait de plus belle, faisant monter d’un cran l’expression de sa maestria. A la fin du solo sans nous concerter, nous étions debout, comme évidence. Comme s’il eut été impossible de lui dire merci en restant assis. Quelle soirée !

 

marcusmiller.jpgQuand vient le solo de Marcus Miller il est présenté par Victor Wooten qui l’appelle the « crazy bass player » (le bassiste fou) si mes souvenirs sont exacts. L’homme commence à jouer et tout de suite, nous reconnaissons les accords de « Shake your Body down to the ground» la salle répond, se joignant à un hommage à l’absent qui n’a pas besoin de mots.  Marcus, seul avec sa Bass, sans esbroufe, nous en impose. J’ai l’impression de redécouvrir un morceau que je connais depuis 1979 !  Pendant que Marcus Miller nous enflamme dans ce premier hommage à Michael Jackson ses comparses se préparent à accompagner la suite de son solo.  Stanley Clarke  jouera d’un instrument que je crois être contrebasse et que Marcus Miller appellera plus tard Bass acoustique. Victor Wooten reprend sa Bass et Marcus Miller reprend un saxophone (il en a joué un peu lors du morceau initial).  Miller égrène quelques notes et nous reconnaissons « Human nature ». Frissons. L’hommage à Michael Jackson rencontre la virtuosité des trois musiciens. C’est magnifique. Le son, les lumières, l’ambiance, la dégaine des musiciens, j’ai l’impression de faire un voyage dans le temps. Le trio SMV semble soudain être le lit d’un fleuve vivant dont les affluents racontent l’histoire du jazz. C’est beau. C’est émouvant. Marcus Miller est non seulement un bassiste inénarrable, mais c’est un musicien total. J’ai du mal à croire qu’il a appris cet instrument en autodidacte. Je suis conquise. Après avoir reposé le saxophone, Marcus reprend sa Bass pour un moment comme lui seul en offre. Il termine son solo tout au bord de la scène comme pour se donner encore plus. Nous répondons à la performance du soliste. Nous sommes debout enthousiastes, et émerveillés. Il faut dire que le musicien nous conquiert par le fait qu’il nous parle en français tout au long du concert et c’est lui qui interagit le plus avec nous, forcément nous ne sommes pas séparés par la barrière de la langue.

 

stanleyclarke.jpgQuand vient le solo de monsieur Stanley Clarke, il est présenté par Marcus Miller. L’homme est assis, comme un contrebassiste. Ce qu’il nous prépare est un déchainement de sons que bien des bassistes aguerris ne sauraient produire debout. Son bras droit est pris d’une surprenante frénésie osant des gestes d’une amplitude ahurissante. Nous sommes interdits devant les prodiges qu’il fait avec son instrument. Il nous invite dans une ballade appelée « Milano » porte d’entrée de l’expression de son génie. A quel moment quitte t-il Milan pour engager un voyage extra terrestre ? Nous sommes au-delà du réel. Quand vers la fin de sa prestation en solo, le musicien est debout et semble défier son instrument pour qu’il réponde de manière parfaite à ses sollicitations, l’aphonie me guette. Il est des bienséances qui en réponse à de tels éblouissements seraient malséantes. Je découvre Stanley Clarke sur scène et il me prend l’envie de revisiter son répertoire, de rencontrer d’autres moments durant lesquels il explore les sons et les rythmes révélant les subtilités d’un instrument que je découvre. Quelle soirée !  Comme pour ses deux comparses il nous entraine dans des montagnes russes émotionnelles et à chaque atterrissage nous sommes encore chamboulés que ça repart. Après un tel voyage on ne saurait revenir pareil !

Marcus Miller et Victor Wooten qui à l’écart regardent le maître, se laissent aller à des applaudissements en réponse à la démonstration maîtrisée qui nous est faite.

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Je me souviens aussi de moment durant lesquels l’un des musiciens semble défier l’autre avec pour résultat un crescendo d’expression de leur génie. Lors d’un duel entre Marcus et Victor leurs instruments semblent prononcer des mots. Ils se regardent, se répondent, se défient, s’épatent, se sourient. C’est magique.

 

Il me revient aussi ce moment durant lequel, de debout qu’ils étaient, ils ont fini presque accroupis dans une sorte de chorégraphie tandis que leurs Bass s’embrasaient et nous enfiévraient. Mais quelle soirée !

 

 J’ai aussi aimé cette soirée pour la fraternité et le respect qui semblent unir les trois hommes. Le final est évidemment une apothéose. Les musiciens s’en vont sous nos ovations. J’ai mal aux mains à force d’applaudir, mal à la voix à force de crier. Que n’ai-je d’autres mains pour applaudir plus fort ?  Les applaudissements, cris et sifflements enthousiastes ne décroissent pas, comme dans un désir de les faire revenir encore un peu, sinon pour que notre réponse à leur don les accompagne longtemps.

Au bout de quelques minutes, les maîtres reviennent pour un morceau nous disent-ils. Le bonheur avec ce trio c’est qu’un morceau chez eux c’est un moment extensible. Marcus prend sa basse et c’est lui qui introduit le final. Nous reconnaissons « Beat it » de Michael Jackson. Les cris dans la salle prennent des accents hystériques. Les rois de la Bass laissent passer le roi de la pop. La classe ! Ils nous rappellent par leur hommage l’impact de ce dernier sur la musique contemporaine. Ce nouveau final est « post apothéotique ». Nous sommes dans une dimension inexplorée entre folie et extase, dans un endroit indescriptible, dans un endroit qui semble nous dire que la musique est en soi un langage. Ben Harper définit la musique comme « le dernier vrai langage de l’âme ». A l’écoute de musiciens de cette classe, on est porté à le croire. Ils sont de ceux que l’on ne se lasserait pas d’entendre parler.

 

J’ai eu le privilège de voir Stanley Clarke, Marcus Miller, Victor Wooten à l’Olympia. Les superlatifs se bousculent dans mon esprit pour essayer de traduire ce moment. Ils révèlent leur pauvreté sémantique tant le moment aura été inénarrable. Il y aura définitivement un avant et un après 3 juillet 2009 dans mon histoire avec la Bass, avec les concerts, avec la musique. Je ne peux dire à ces messieurs que « RESPECTS » & « MERCI ».

© Malaïka

 



Showcase du chanteur Douleur à Paris : impressions subjectives.

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Dimanche  11 janvier 2009, le ciel est triste et il fait froid. Sur les trottoirs parisiens une pellicule de glace aussi fine que sournoise a fait chuter plus d’un parisien. J’ai pour le verglas d’irrépressibles détestations. Je dois avouer qu’il y a des territoires géographiques de mon anatomie qui se souviennent de quelques atterrissages à l’inélégance avérée et à l’indiscutable comique. Est-il besoin de vous dire que de vous dire qu’un dimanche soir, il me fallait une excellente raison pour me sortir de mon nid douillet et risquer de revivre les cascades qui défilaient sur l’écran noir de ma mémoire.

Dimanche soir, j’avais rendez-vous avec une musique, un artiste, un univers que j’aime. Rendez vous avec une personne qui est à mes yeux plus qu’un chanteur, mais un artiste qui sous nos yeux construit une œuvre. Un artiste qui depuis 25 ans par ses mots, son univers, ses explorations sonores et son exceptionnel phrasé étonne, envoute, déconcerte, ravit. Douleur n’est pas de ceux qui laissent indifférent en cela aussi il est artiste. Il n’a jamais cédé à la tentation de la facilité et pour cela aussi il a mon respect. C’est un artiste qui depuis 18 ans invite mes sens et mon âme à des danses, des ballades, et à d’exceptionnels périples quand soudain se lève en lui le griot. La mélomane en moi avait rendez-vous avec Alexandre Douala alias Douleur. Douleur que je n’avais jamais vu sur scène. J’anticipais, au vu de la richesse du répertoire de cet artiste une soirée qui devrait inviter en moi ces réchauffements uniques que m’offre la musique que j’aime. Douleur est de ces artistes dont la richesse sémantique, poétique et musicale me touchent, m’émeuvent et m’éblouissent. La voix de cet homme a le pouvoir de convoquer en moi la mémoire de mon peuple telle qu’apprivoisée par mon histoire. Par des expressions propres à la langue qui est mienne, par les proverbes et autres maximes qu’il livre comme autant de passerelles pour la transmission de la mémoire. Sa voix éveille en moi des sentiments d’appartenances parce qu’une note, un cri , une onomatopée réveille des sentiments d’appartenance comme si la note devenait ma maison le temps d’un instant.
J’ai connu l’existence de Douleur en 1983 ou 1984. Je l’ai rencontré en 1990 dans un temps durant lequel les aspérités de la vie m’avaient enfermée dans une écoute autistique de sa musique. Musique comme paravent et comme objet transitionnel d’émotions paroxystiques. La rencontre avec Douleur s’est faite au moyen de l’album Beneground, un chef d’œuvre de mon point de vue. Cette découverte de Beneground m’a invitée à explorer l’univers artistique de cet homme. Je n’ai pas été déçue du voyage.
Voici qu’après des années de silence, Douleur se produit à Paris, dans ma ville. Que peut me faire le verglas ? Comment pourrais-je être indifférente à un homme qui n’hésite pas à clamer à celle qui est son amour les fragilités qui émergent en lui dès qu’elle s’éloigne. Un homme qui n’hésite pas à dire qu’il pleure. A l’écoute d’Elissa, l’on peut entendre Douleur dans une de ses prosodies dont il a le secret, laisse apparaître au cœur d’une mélopée le visage d’un homme qui n’a pas honte de s’avouer capable de pleurer. Je fonds ! C’est une obligation de me mettre en mode coeur de fille. Clin doeilPleurer sans pleurnicher toute la nuance est dans le subtil équilibre que Douleur, trapéziste de l’émotion juste trouve. Il est comme ça Douleur posant sa voix ses mots, ses cris,  ses narrations comme sur un fil émotionnel ténu qui chez un autre serait ridicule ou affecté. Mais chez Douleur rien n’est ridicule ou emprunté tout sonne vrai parce que c’est sa vérité d’artiste, sa vérité d’homme médiatisée par sa sensibilité artistique. Sa musique est comme un de ces voyages oniriques qui nous font voir s’ouvrir une porte après l’autre vers un ailleurs qui nous invite, nous aspire, nous inspire. Bien des années après, je me surprend à voir s’entrebâiller au travers d’une note de musique quelque porte ou fenêtre que je n’avais pas encore franchie. Que de subtilités sémantique, que d’allégories dans la musique de ce chanteur !

Le Showcase parisien.
Il est dix neuf heures environ et sur la scène du centre Barbara Fleury dans le 18ème arrondissement de Paris, Abdelaziz MOUNDE N.(producteur et maître d’œuvre de l’organisation de la célébration des 25 années de carrière de Douleur) pose le cadre du Showcase le mettent en perspective par rapport à la suite. Derrière lui l’orchestre de Douleur baptisé « WES WE CAN » en écho à un impossible devenu possible au pays de l’oncle Sam.

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Ce « wes we can » est aussi une affirmation du désir du chanteur de faire évoluer sa musique vers un univers plus acoustique. Un Yes we can qui affirme le glissement de l’usage du play back vers l’expression sans filet de son art vocal. La soirée nous démontrera que « Yes they can ». L’orchestre est composé de :
- Etienne MBOM : Guitare basse
- Denis TCHANGOUM : Batterie
- KAYOU : Saxophone, trompette, flûte
- Joelle ESSO : Choeur
- KOUL : Percussions
- Alain TCHINDA : guitare acoustique
A la fin de l’intervention de A. Mounde, sans bruit avec la discrétion qui est sienne, l’artiste arrive sur scène. Sa discrétion est antithétique de l’enthousiasme suscité chez ceux qui comme moi sont venu quérir quelque enchantement, quelque éblouissement, quelque voyage enchanté de l’âme avec Douleur pour commandant de bord.
L’homme est artiste jusqu’au bout du look. Un look d’une négligence étudiée. Des dreadlocks à l’imprimé de la chemise en passant par la veste et le chapeau. Les lunettes de soleil au cœur de la nuit posent le décor Douleur le mystère n’aura pas été changé par 25 ans de carrière. Le chanteur nous salue et entre dans le vif du sujet, dans ce qui est son domaine de prédilection, sa mission. La voix est là, forte, assurée, maîtrisée. Il nous entraîne dans un voyage dans lequel il revisite de manière acoustique des chansons de son répertoire devenue des classiques, des compagnes pour plusieurs, des amies que nous sommes venues retrouver pour partager un moment. Sa réappropriation des morceaux en dévoilent d’autres aspects qui semblent séduire l’auditoire. Est-ce dû à la capacité d’envoûtement de la voix de Douleur ? J’en fais le pari.

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Le chanteur n’a pas de mal à faire participer la salle qui en redemande. Souvent pris dans des intériorités qui lui sont propres le chanteur semble être dans un de ces entre deux, comme entre ciel et terre, entre ici et ailleurs, comme s’il était un passeur d’ailleurs. La musique de Douleur a une dimension qui frôle le mystique.  L’homme est dans l’économie gestuelle même si quelquefois il a  soudain des attitudes quasi christiques nourrissant la dimension mystique du personnage et de son œuvre. Les mains levées, les bras en croix qui invitent bien des symboliques. Il s’adresse au public sans une inutile logorrhée. Economie de mots, intensité vocale et émotionnelle. Parfois quand le tempo de la musique s’accélère il entame une danse dont il arrête le mouvement. Les danses de Douleur sont à peine esquissées comme des promesses non tenues, comme un vol arrêté tandis que sa voix semble aussi puissante que ces flots que l’on ne peut endiguer. Le tour de chant se termine vite, trop vite à mon goût mais comme certains le savent j’ai pris une option encore à la naissance. La tour de chant continuera pour ceux qui rejoindront le chanteur le 31 janvier à l’espace Cardin. J’ai entendu mon petit doigt me chuchoter que j’y serais.
Si je devais faire un reproche à l’artiste (un reproche mais quel toupet ! Mais pour qui me prends-je ? ! ? hihi)  c’est d’avoir réorchestré toutes les chansons au point que je suis restée sur ma faim parce que mes amies les chansons avaient trop changé. Oh elles étaient superbes mais si différentes de mes souvenirs. J’ai aimé leur nouvel habillage mais un « konkele » en version originale juste pour faire danser mes souvenirs eût été une magnifique cerise sur l’éblouissant gâteau cuisiné par Douleur. J’aimerais bien qu’il y ait un mix des anciennes chansons et de la nouvelle orientation de Douleur pour qu’il nous prenne de là où nous sommes pour nous emmener vers cette évolution musicale qui est la sienne. En fait égoïstement en plus de Douleur artiste magnifique que j’ai vu, écouté et apprécié ce dimanche 11 janvier, j’aurais aimé retrouvé mon Douleur, celui qui depuis 18 ans m’appartient un peu, faisant partie de mon cheminement musical et humain.

 

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A la fin du concert nous avons eu droit à un cocktail fort sympathique et j’y ai fait des rencontres des plus intéressantes mais chut ! Douleur a quitté la scène et dans les coulisses Alexandre Douala se révèle un homme agréable et accessible. Vous me connaissez l’humilité et l’aménité chez un artiste de talent et voilà qu’il attrappe ma fidélité. S’il s’épate lui même à outrance je passe mon tour.Clin doeil Douleur a augmenté mon crédit fidélité à son égard par ses savoir être. J’ai passé une belle soirée et si j’en crois les réactions du public et les impressions entendues ça et là je ne suis pas la seule. Merci l’artiste !

Et pour la petite histoire la seule chute que j’ai faite cette nuit là a été celle dans la bras de Morphée. Voir Douleur sur scène et vaincre le verglas mais quelle soirée. pourquoi sens-je monter en moi des vélléités de me prendre pour une Superwoman ? Mégalomanie ? Oh la la 2009 s’annonce sous de bien troublants auspices. C’est grave docteur ?!? (hihi).

Merci de m’avoir lue et bonne semaine à tous !



Une musique dans la nuit belles prémices de l’album à venir de Fred Doumbe

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J’aime le cœur de la nuit pour mille et une raisons. Certaines d’entre elles sont dicibles d’autres plus personnelles. Mais quand la nuit fait descendre sur la scène de nos vies un rideau opaque obligeant nos yeux à faire des efforts pour discerner les choses et libérant parfois des insécurités dans les grandes villes elle apporte aussi des quiétudes et des silences qui permettent des détentes qu’offre rarement le jour. Le silence complice éveille une conscience de soi et des choses que ne permettent pas nos frénétiques journées. J’aime la nuit aussi parce que je la trouve créative pour moi. C’est la nuit que les mots viennent à moi sans entrave et m’offrent des voyages qui souvent me surprennent. J’aime écouter de la musique au cœur de la nuit parce qu’alors je peux l’entendre. Est-il possible que je sois chouette ? Pas la peine de monter sur vos grands chevaux en m’accusant de défaillance de modestie. La chouette dont il est question c’est la femelle du hibou. Ca y est on a retrouvé son calme ? Revenons à quelques uns de mes bonheurs nés au cœur de la nuit. Figurez vous que la nuit dernière j’ai reçu un bien joli cadeau. J’ai eu le privilège d’écouter en avant première un des morceaux du prochain album de Fred Doumbe, chanteur, compositeur et bassiste d’origine camerounaise. Comment ? Par quel circuit ? Ferais-je partie de ces pirates qui pillent les œuvres des artistes avant leur sortie et la diffusent en douce ? Que nenni mes amis. Si vous rêvez d’en entendre une note par mon entremise, autant essayer de puiser de l’eau avec une passoire ou avec une fourchette. Ca ira plus vite (hi hi).

Revenons à la chanson. Il n’est pas aisé de mettre des mots sur des émotions de l’instant et de fait j’ai conscience des limites de l’exercice. J’assume totalement la subjectivité de mes impressions sur la musique d’autant que mon rapport à la musique passe forcément par des sentiers intimes et personnels. J’aime quand une musique vient à moi, me prend par les sens, par l’émotion et me propose un dialogue, un voyage, et propose des danses à mon âme. Parce que la chanson que j’ai écoutée au cœur de la nuit a ouvert des portes de l’intime elle a retenu mon attention. Je la trouve magnifique pour bien des raisons. La musique a des arrangements d’une subtilité comme je les aime. C’est sans difficulté qu’elle a passé le test des paupières. Le test des paupières kezako ? Laissez-moi vous expliquer. Vous arrive-t-il quelquefois d’écouter de la musique et d’éprouver le besoin de vous soustraire à votre environnement pour être en osmose, en communion avec une musique ? Connaissez-vous cet appel de la musique qui vous invite à fermer les yeux et à entrer dans un de ces lieux dans lesquels la musique et l’auditeur cheminent ensemble tout en entretenant un dialogue ? Avez-vous déjà eu l’impression que la musique vient à votre rencontre et semble ouvrir en vous fenêtre après fenêtre simplement parce qu’elle a trouvé votre «  sésame ouvre-toi  » ? Combien j’aime ces moments, ces balbutiements de la relation à une musique, à une chanson que l’on découvre. Combien j’aime les anticipations que nous offrent les premières notes de musique ! Un peu anthropomorphique ce rapport à la musique ? Probablement. Mais de vous à moi, ne jugeons nous pas des choses au travers du prisme de nos socles de références conscients ou non ?

J’ai aimé la chanson de Fred Doumbe d’abord pour des raisons d’abord strictement musicales. En effet, la musique, les harmonies, les arrangements sont d’une belle subtilité. Aucun son en effet ne m’apparaît rédhibitoire par le fait de céder à la facile tentation du «  attend que je t’épate.  » Les sons s’emboîtent comme une évidence pour livrer une douce mélodie sans pour autant céder aux irritantes facilités qui vous obligent à rouvrir les yeux parce qu’un non sens est venu altérer la beauté de l’instant. Et puis le sens qui forcément rencontre mes chemins intérieurs puisque le chant parle d’une relation avec Celui qui est mon essentiel. Il raconte le voyage en prière de celui qui, devant la conscience de l’état du monde et celle de sa finitude en appelle à la transcendance pour trouver du secours pour lui et pour ses congénères. C’est un chant entre abandon et supplique. «  Sunga nin wase  » (Sauve cette terre) est une prière, une supplication, une complainte à laquelle les cuivres viennent apporter une profondeur et cette douce mélancolie propre à la valse que dansent l’espoir et  nos désespérances. En cela le chant est dans la filiation du blues et du gospel. Drôle sensation que celle d’avoir l’impression d’entendre clairement le langage d’un instrument qui semble entrer en prière, parler, et dire nos complaintes. Magnifique morceau que j’écoute en boucle. Encore et encore. C’est grave docteur ? Clin doeil

J’aime aussi la manière dont vocalement le chant commence tranquillement, à l’image d’une prière chuchotée dans la quiétude du matin. Puis, il monte comme montent ces cris intérieurs propres à cet échange là. Echange unique et antagonique qui voit lutter le désespoir et les entêtements de l’espérance. A force de l’écouter, en moins de 24 heures je le connais presque par cœur. Ah ! vivement l’album !

J’avais déjà été à la rencontre des musiques de Fred notamment sur My Space et les mélodies m’avaient accrochée. Encore un talent né du côté de ma terre qui me touchait. J’aime découvrir les talents qui font briller la richesse artistique du Cameroun. Plus le temps passe, plus ces musiques là, ces sons qui, même enrichis de l’ailleurs laissent passer comme un battement du cœur de ma terre qui me touche et m’habite. Il faut croire que l’ailleurs et la distance ramènent à soi. J’ai écouté apprécié les musiques de Fred Doumbe au fil de mes découvertes. Des musiques qui vous interpellent d’abord par leur qualité et, par la finesse des arrangements. Dans la musique de Fred Doumbe, l’influence du jazz est évidente, de même que celles de la musique funk, et cette double influence va à la rencontre des sons venus de sa terre natale. Je vous laisse découvrir sur My Space les arrangements de Mot’a Ikon qui pose dès l’entrée une ambiance jazzy. Mais alors que vous écoutez la chanson il y a un changement de rythme qui invite des guitares résolument Makossa. Le sons se suivent, s’unissent et se répondent sans rupture. En même temps il passe du duala, au français et à l’anglais avec aisance, comme si chaque langue était dans la continuité de l’autre. Une musique et des mots à la confluence de cultures diverses qui enrichissent sa musique.

1305897212_l.jpg picture by maddyspaceSur no sleep la basse résonne comme j’aime. Venez et écoutez et vous découvrirez qu’il y a des insomnies bienfaisantesCool. Ceux qui aiment le jazz fusion ne devraient pas être dépaysés en empruntant les sentiers ouverts par cette belle musique. Les influences de musiciens tels que Earl Klugh ou George Benson sont audibles. « Mais il arrive quand l’album ? ! ? »Triste Vous entend-je par l’imaginaire soupirer à l’écoute de ce morceau. Comme je vous comprends ! C’est le genre de musique qui vous transporte un lieu de détente dans la quiétude du soir, blotti dans un fauteuil, un verre à la main, ou mieux encore, au risque d’offusquer les âmes sensibles dans un bon bain pris les yeux clos, la musique à fond dans un casque, coupé du monde, seul avec la musique, seul avec cette beauté là. Se contenter de l’écoute via son PC ce n’est pas la même chose vous ne trouvez pas ? Vivement l’album !

Les quatre morceaux offerts à l’écoute sur My Space promettent des variétés dans la thématique des chansons tout en tournant autour de la relation à l’autre. Le musicien nous entraîne en musique dans l’exclusivité d’une relation amoureuse qui fait face à des vents contraires. We na mba (tu es avec moi) est à la fois une déclaration chantée et une prise de position contre les pollueurs de paix pour ceux qui s’aiment. Tout ceci sur une musique comme j’aime, tout en finesse et avec une intervention de la basse vers le milieu du chant du genre …hummmmmmm ! ! ! On n’est pas dans la démonstration, mais la basse est là pour le bonheur de mes écoutilles.

Puis la ballade en musique emmène à la rencontre d’une de ces personnes pernicieuses et rongées par l’envie. Vous savez celles qui vous polluent la vie et apportent la division dans les familles (mot’a Ikon). Avec Kongossa, (terme générique du Cameroun qui désigne les ragots médisances et autres calomnies réunies dans la même malveillance) l’on peut entendre une mise en garde et une mise en lumière des dégâts causés par ces langues infectées par le fiel et nourries à la méchanceté. Les langues de ceux qui trouvent leur jouissance dans la chute et dans le malheur de leur prochain. Il faut croire que les tours et détours du cœur humain laissent apparaître bien des gémellités qui défient les barrières culturelles et qui rendent les histoires singulières contées par un chanteur universelles. « Ils sont parmi nous » comme dirait David Vincent.Sourire

Ces prémices me laissent anticiper un bel album, soigné et abouti. J’ai parié avec moi qu’il le serait et je compte bien gagner mon pari (hi hi). Il me tarde de découvrir les autres chansons et de découvrir les arrangement ultimes de celles que j’ai entendues. Mon petit doigt m’a secrètement soufflé le nombre de chansons de l’album à venir mais je ne vous le dirai pas pour vous laisser le bonheur de la découverte au temps convenable.1000311732_l.jpg picture by maddyspace Si tout va bien, et il y a intérêt (soi dit en passant) il devrait être disponible en décembre.

En décembre ? Wow !!!! Mais qui a prétendu que que le père Noël n’existait pas ? (lol).

Je vous laisse découvrir sa musique :   

http://www.myspace.com/freddoumbe

Photos piquées sur My Space (oh la voleuse !!!!).Rire



J’ai vu s’ouvrir un de ces entre-deux magiques qui suspendent le temps et élargissent l’espace : impressions subjectives sur le show case d’Etienne Mbappe au Comedy Club (troisième partie)

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Il y a aussi eu la concrétisation de mon rendez-vous avec la chanson que j’attends sur scène depuis le printemps : Bonendale. A chacun ses addictions. L’attente en valait la peine. Caramba y carambistouille mes pieds ne touchaient plus terre. Etre obligée de rester assise à ce moment là relève de la torture. Il a introduit ma chanson vitamine par un «  mini mini mini mini ya mini mini » qui a eu la vertu d’ouvrir un boulevard dans les mémoires de ceux qui ont eu ce chant comme compagnon de leurs jeux d’enfants du côté de ma terre natale. Ce chant qu’il nous fait reprendre en chœur est une belle escale avant d’arriver à Bonendale. Ce chant qui arrive comme une suite à nos jeux d’enfants raconte l’enfance du chanteur. Ingénieux n’est-ce pas ?  Et en plus la chanson était pour moi et pour moi toute seule. Tous les autres spectateurs n’étaient que des figurants de mon enchantement de l’instant. Comme vous pouvez le constater, l’option centre du monde prise à la naissance ne s’est pas arrangée. CoolVous vous imaginez vivre un tel moment coincé sur une banquette ? Je mérite une médaille pour y avoir survécu. Vivre Bonendale assise sur une banquette est aussi incongru que d’essayer de boire de l’eau en se servant d’une fourchette !

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Le groupe Su la take qui accompagne Etienne Mbappe est constitué de Cate Petit, ravissante chanteuse aux visage expressif et aux contorsions corporelles qui font d’elle par adoption une fille du Cameroun. Cédric guitariste virtuose dont nom m’échappe de même que celui de Nicolas le batteur qui de temps en temps se mue en Shiva pour jouer comme s’il lui poussait de partout des bras invisibles. Il nous a offert un solo surprenant de maîtrise. Bravo à lui. Et il y a le violoniste dont je n’ai saisi ni le nom ni le prénom, mais dont je sais qu’il a des yeux magnifiques. Heu… J’ai aussi remarqué la beauté du son de son violon. Il en joue avec grâce. Par petites touches, il apporte du brillant à la musique de l’ensemble. Souvent Etienne à l’écoute du son de son violon lui jette un regard qui en dit long sur la beauté qui se dégage de l’instrument. Le groupe Su la Take est un bien beau groupe et une évidente complicité unit le chanteur et son groupe. Des regards et sourires approbateurs, de discrets hochements de tête, des moment de duo comme avec le guitariste (magique) la complicité avec Cate et le mariage subtil de leurs voix sur l’émouvant «  o mwititi  »

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Oh la voix de la chanteuse sur ce chant, l’émotion dans son regard dans ce chant qui parle de la solitude et des douleurs de l’abandon. Sur ce chant Etienne Mbappe se fait choriste et laisse briller la voix de Cate Petit qui par moments offre de superbes graves. Joli moment.

Je ne saurai raconter ce concert de manière chronologique parce que les lois naturelles étaient pour moi en pause et je ne peux que livrer les impressions durant ce concert, les émotions offertes par les chants. J’ai aimé qu’il reprenne un classique d’Eboa Lottin auquel la proclamation sur son «  bolo bwa Sawa  » à la fin du concert est un bel écho. Résonance qui nous dit que le témoin est passé entre deux artistes, entre deux génération.

J’ai dans la mémoire des moments comme l’intro formidable sur le chant «  Ee to kem  », ou la prestation de Cate Petit sur l’incontournable «  San san boy  ». Et il y a eu «  Alane  » madeleine de Proust pérenne qui sans cesse dépose comme du cristal au bords de mes cils. Alane, chant dans lequel le «  je  » du chanteur n’est pas étouffant. C’est un «  je  » inclusif et invitant qui permet une catharsis à celui qui le chante à son tour, pour peu qu’il connaisse les solitudes et les déconstructions propre aux déracinés. J’ai aimé la prière pour l’Afrique dans son chant Mukambilan. Un chant qui me touche comme une évidence. Décidément la soirée aura été d’une grande richesse. Malgré de petits soucis de sono et le fait de devoir apprendre la danse en position assise, j’ai passé une soirée magnifique. J’ai bien essayé de réclamer dix chansons de plus à la fin mais je n’ai pas été écoutée. Pfttt ! Quand j’ai vu monter sur scène un monsieur qui marquait par sa présence la fin imminente du concert, je me suis rendu compte qu’il était pratiquement une heure et demi du matin. Etienne Mbappe et Su la take m’avaient ouvert une brèche, cet entre deux qui fait que l’espace et le temps se dissolvent pour laisser place à la grâce d’un instant unique et par conséquent irremplaçable.«  La musique pour moi a toujours été, et demeurera le plus sûr endroit pour me réfugier, et plus encore lorsqu’elle est habillée de mots conteurs d’histoire. Et vous ?  » demande Etienne Mbappe sur la jaquette de son premier album.

Nous aussi Etienne. Et en nombre croissant. Nous aussi nous aimons nous réfugier dans la musique quand elle s’habille de mots conteurs d’histoire. Merci de n’avoir pas dérogé à cette ligne directrice d’un album sur l’autre et de l’avoir plutôt enrichie. Et cette musique et les mots qui l’habillent font que les auditeurs, pour peu qu’ils se donnent la peine d’entendre ont envie de rester. Ils restent parce ce qu’ils savent que les mots d’Etienne sont ceux de leurs âmes et sa basse est aussi le rythme de leurs cœurs, l’expression de ce qu’ils ressentent et ne savent pas dire. La musique d’Etienne s’habille complaintes sur l’état des lieux de la planète, de l’Afrique. Elle porte ses affirmations, ses proclamations sur la terre mère, notre Afrique qui donnent envie de lever le poing comme en leur temps les combattants pour les droits civiques. Ca m’est arrivé hier lors du concert, comme une évidence et comme une suprise. Etienne Mbappe est un artiste passeur de sens. Il est un artiste en ce qu’il a quelque chose à dire et l’art est au service de ce qu’il porte en lui. C’est parce les mots d’Etienne Mbappe ne sont pas des logorrhées insensées, mais des mots qui mis bout à bout sont conteurs d’histoire. Les mots et la musique d’Etienne nous parlent parce qu’ils parlent de nous depuis nos espaces de refuge micro identitaires à des espaces plus larges de l’expression de nos êtres. Des mots qui ont un sens et qui se posent sur de la musique

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La soirée a été riche en belles surprises parmi lesquelles la rencontre avec Noël Ekwabi bassiste d’origine camerounaise que j’avais entendu se déchaîner au printemps sur un concert de Jay Lou Ava. Lui aussi a une basse pyromane. Le Cameroun a donné à la musique des bassistes d’une classe folle. J’ai apprécié la simplicité et l’enthousiasme avec lequel il répondait à la musique d’Etienne Mbappe. J’aime croiser l’humilité dans les gens que je rencontre.

Il faisait un peu froid sur le trottoir en attendant d’entrer dans le Comedy Club mais ce qui devait suivre valait bien quelques grelottements sur un trottoir parisien. Je savais qu’à l’intérieur je n’allais pas tarder à me réchauffer. Je savais qu’il y avait du feu dans la basse de monsieur Etienne Mbappe. En sortant du Comedy Club, faisait-il froid sur le trottoir parisien ? Je l’ignore, j’emportais avec moi des réchauffements intérieurs comme je les aime et des étoiles dans les yeux. Si vous croisez de surprenants brillants dans mes yeux, je ne suis pas «  stone  » si ce n’est de musique, si ce n’est de la magie d’une soirée de toute beauté. Si vous croisez de surprenants brillants dans mes yeux, ne me réveillez pas.

EtienneMbappeetmoiauComedyClub-1.jpg image by maddyspace

Pour conclure, figurez vous que j’ai pu assister à cette soirée pour avoir eu l’immense privilège d’être invitée par l’artiste soi même ! «  Les jaloux vont …  » Assia.

 



J’ai vu s’ouvrir un de ces entre-deux magique qui suspendent le temps et élargissent l’espace : impressions subjectives sur le show case d’Etienne Mbappe au Comedy Club (deuxième partie)

 

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L’art est vivant, il est vie, il est invitation. Celui qui vient à son contact et qui le désire peut y entrer. Il peut se laisser toucher, si l’expression artistique qui s’offre à lui trouve en lui quelque écho. Cet entre deux dans lequel nous invitent les véritables artistes est un lieu unique, un lieu qui défie les lois naturelles. Quand on est face à un artiste qui a quelque chose à dire, qui n’est pas dans une égotique mise en scène des surinflations du soi, alors on a l’impression que le temps et l’espace se font complices pour laisser affleurer un entre deux, un entre ciel et terre, lieu dans lequel les lois naturelles cèdent la place à la grâce de l’instant. Le temps semble suspendre son vol, l’on oublie que l’on porte une montre à son poignet. Happé, pris en otage par un artiste au talent éblouissant, il ne nous vient pas l’idée de regarder notre montre. On est ailleurs, oui on est dans l’un de ces entre deux auquel seuls les vrais artistes nous ouvrent l’accès.

Ce jeudi 23 octobre, j’ai eu l’immense privilège d’assister à un showcase au Comedy Club situé Boulevard Bonne nouvelle. Un concert d’Etienne Mbappe. Oui vous m’avez bien entendue. «  Encore lui ! ! ! mais elle nous saoule «  diront les âmes chagrines. «  Allez dire. C’est même quoi ? !  » répondrais-je si je me laissais aller à la cession de mes émotions à l’autorité de mes gènes de Deïdo (Ebele o boso en passant). Cependant mes éruptions volcaniques quasi génétiques sont domptées la plupart du temps par les couches de maîtrise de soi culturellement intégrées. Je me contente de me saisir d’un truisme pour vous rappeler que «   quand on aime on ne compte pas ». Par ailleurs, la tiédeur connais pas camarades ! Hi hi.

C’est en toute subobjectivité que je vous affirme que voir ce monsieur en concert est d’autant plus impressionnant qu’il semble en progression constante d’un concert à l’autre. Etienne Mbappe, retenez ce nom et si dans le couloir de quelque FNAC ou autre distributeur de musique vous croisiez son CD saisissez-le et laissez vous happer dans un entre deux d’où l’on ne saurait sortir indemne pour peu que l’on prenne le temps d’écouter et d’entendre. D’entendre battre le cœur de l’artiste au rythme de sa basse impériale, d’ouïr son âme s’entrebâiller au fil des sujets qu’il égrène en chanson. Si en revanche vous êtes en quête d’un dispensateur de musique ou de sons encadrant quelque vide sémantique, vous vous êtes trompés de lieu, la sortie c’est la deuxième porte à gauche (rires). Ici il y a du sens, de la consistance, et du son. En revanche si vous voulez entendre quelqu’un qui laisse passer son âme par la voix et par sa musique alors prenez un siège, vous êtes chez vous dans la musique d’Etienne Mbappe, laissez vous porter et inéluctablement la rencontre se fera. Foi de moi ! Etienne Mbappe est un artiste du genre «  caramba puissance manyaka  ».

Comme les meilleurs des vins, l’homme se pique du droit de se bonifier à chaque prestation. Entre juillet à la Villette et le showcase de jeudi dernier il a fait d’incroyables progrès dans sa manière de chanter, de poser sa voix. J’avoue en être impressionnée. Sa voix est incroyablement plus assurée. Il semble avoir travaillé suffisamment la technique pour s’en affranchir. Accéder à cette liberté qui fait que le chant résonne d’autant plus vrai. La voix d’Etienne peut ainsi passer de la mélopée à l’affirmation, monter descendre en toute assurance. C’est ainsi que les expressions de son âme d’artiste conscient du monde qui l’entoure jaillissent et arrivent jusqu’à nous avec force. Aye (yen etom) et mukambilan en sont une belle expression. C’est par le premier qu’il a débuté le concert. Sur yen etom la voix et la basse sont en osmose, disant la même chose parce qu’elles résonnent l’une et l’autre avec autorité. C’est un chant intéressant parce qu’il fait l’état des lieux des dettes que nous avons reçues en héritage du fait des gestions allant de la corruption, de la gabegie et autres prévarications. «  cette dette quand bien même nous voudrions la payer que ne nous le pourrions pas  ». Le «  aye  » est une onomatopée qui en un son dit le désespoir, l’impuissance, la solitude et la douleur des héritiers de la dette qui peuplent les pays qui sont aux racines de nos existence. C’est une onomatopée qui dit la douleur consternée face au sentiment d’impuissance. Etienne parle des «  laissés pour compte que nous sommes et qui entendons parler de l’immense dette qui fait ployer nos épaules  ». Endettés par naissance au cœur des ripailles de ceux qui ont pillé nos richesses. Un intérêt de cette chanson est qu’elle est sur rythme aux sonorités funky dans lesquels la basse peut s’exprimer sans entraves et en même temps l’africanité d’Etienne Mbappe le place dans la filiation des griots qui par leur chant portent les douleurs d’un peuple, d’une terre, d’un héritage. Ce double ancrage, ce métissage sont une des forces de cet artiste. Entre juillet et octobre la différence dans la façon de chanter est impressionnante. Pendant ce temps, sous la table mes pieds déclarent leur indépendance en réponse à ce qui se joue sur scène. Comment ne pas anticiper avec délices les autres rendez-vous sur scène et ce troisième album que j’attends déjà ? Comme vous le savez si vous m’avez déjà lue, j’ai pris entre autres l’option «  encore  » à la naissance. Je suis dans le cas d’espèce et en conscience ngolo wake (jamais rassasiée). Et vous savez quoi ? Je l’assume sans états d’âme. Quand il entame Miso ma munami ( les yeux de mon fils) un chant qui parle de la nécessité de la transmission de l’héritage culturel à sa descendance, un chant qui nous fait voir naître par anticipation des milliers d’étoiles dans les yeux de nos enfants. Vous comprenez pourquoi cette musique me touche au cœur ?

Dans la salle, une grande partie de l’auditoire avait du prendre une douche glacée avant de venir. Bon courage le groupe pour réchauffer cette banquise. La basse du boss va mettre tout le monde d’accord. En un chant ou deux il va mettre tout le monde d’accord par l’autorité avec laquelle son instrument résonne. Même ceux qui ont bu de l’eau glacée ne peuvent nier éblouis que sur scène il y a de la basse. Et le sang se réchauffe peu à peu dans l’auditoire. J’ai dans la mémoire un moment de solo incroyable. O le solo en comme en état de transe alors qu’il rend visiblement hommage à un grand absent. C’est un moment fort, comme si l’homme par le biais de sa basse dont le son et le rythme montent crescendo comme si par son instrument il voulait transpercer la frontière qui sépare les morts des vivants et laisser passer son message à l’absent. Les paroles sont émouvantes même si le rythme peut en masquer l’intensité. Le chanteur était seul en scène. Le groupe s’était éclipsé pour le laisser dans un double face à face. Face à face avec le public, sans filet et face à face avec celui à qui il rendait hommage par delà les frontières de la mort. Face à face avec cette frontière pour la vaincre et laisser le message de son cœur arriver jusqu’à cet autre. Moment chair de poule pour moi. Moment qui synthétise des émotions disparates liées à l’absence et au désir de garder vivant un moyen d’être avec cet autre qui est dans un inaccessible ailleurs. Un moment intense face auquel mes mots trouvent leur seuil d’incompétence. Je m’incline simplement et dis merci à celui qui nous a permis d’assister à ce moment. C’est un moment inénarrable, il est à vivre, et à voir.

(suivre)



J’ai vu s’ouvrir un de ces entre-deux magiques qui suspendent le temps et élargissent l’espace : impressions subjectives sur le show case d’Etienne Mbappe au Comedy Club (première partie)

«  Si seulement nous savions par où venait la lumière, il serait facile d’en pénétrer les faisceaux. La musique pour moi a toujours été, et demeurera le plus sûr endroit pour me réfugier, et plus encore lorsqu’elle est habillée de mots conteurs d’histoire. Et vous ?  »

Etienne MBAPPE

thG_8057.jpg picture by maddyspaceConnaissez vous le syndrome persistant de démangeaison de la voûte plantaire ? Et avez vous déjà expérimenté celui de la contorsion contrariée ? Ces deux syndromes gagnaient du terrain à certaines tables du Comedy Club jeudi dernier. Ne les ayant absolument pas anticipés, je n’avais pas pris le soin de m’en prémunir par quelque vaccin. Ce syndrome ne se manifeste que quand la musique est bonne, quand le groupe assure, et quand la disposition des lieux ne vous permet pas de vous laisser aller à la danse en toute liberté, en réponse à la musique.

Quand une attaque de démangeaisons de la voûte plantaire se fait jour, la réponse la plus minime est de battre les pieds en cadence. Si l’on ne réprime pas les effets de ce syndrome et s’ils s’additionnent à ceux de la contorsion contrariée, des tables et chaises pourraient se retrouver en grand danger et des vols planés de meubles pourraient venir mettre en danger l’auditoire. Un seule solution, quand on est déterminé à garder quelque façade civilisée au milieu de ses congénères : réprimer instincts organiques et différer les contorsions et autres «  bal à terre  » vers son home sweet home ou vers des lieux de concerts plus propices à nos déchaînements contrariés. Entendez vous le soupir qui monte du tréfonds contrarié de la narratrice ? Souffrez que je glisse un message personnel à monsieur Etienne M. et à son groupe : «  bissez !  », oui monsieur, mais de grâce dans des lieux où l’on peut répondre à votre musique par la danse.

Je n’aurai pas l’outrecuidance de suggérer quelque lieu de concert à monsieur M. et à son staff mais juste leur demander de penser un instant à ceux dont la musique d’Etienne Mbappe cadence les cœurs et les mémoires sensorielle et émotionnelle. Les émotions rassasiées au cœur de sens affamés ça laisse comme le goût d’inachevé. Inachèvement dans la réponse que l’on aurait aimé donner à une musique qui nous est un cadeau magnifique. Il est connu cependant que le Ngolo wake est par définition jamais rassasié.

Vous êtes vous déjà arrêté devant une œuvre d’art et vous êtes senti comme aspiré à l’intérieur de cette œuvre comme si un autre monde s’ouvrait devant vous ? Avez-vous déjà eu au contact de l’œuvre d’un artiste l’impression que le monde tel que vous le connaissez révélait soudain des nuances et autres aspérités qui vous auraient échappé ? Le regard de l’artiste sur le monde en redessine les contours accentuant un point ou un autre pour nous en révéler la force, la beauté, la grâce, voire la violence ou la nocivité. Un artiste vous prend par l’âme et vous emmène dans des promenades sur des boulevards de beauté, des chemins de grâce, des allées de magnificence, des sommets de révolte ou des vallées de douleur. Son regard est le vôtre, ses sens sont vôtres. Oui les artistes nous entraînent dans un univers de beauté, comme si soudain grâce à l’œil, grâce à l’oreille, grâce au regard d’un artiste, vos yeux se dessillaient pour voir l’invisible, entendre l’inaudible, voir et entendre le monde autrement ? Parfois, une photo, un tableau, un mélodie, un son, et voici qu’un entre deux s’ouvre. L’on se retrouve, comme dans un monde parallèle, pas fondamentalement différent mais avec qui laisse affleurer des modifications sommaires, à peine perceptibles mais qui participent de la dilatation de l’âme. En matière de peinture, je suis aussi inculte qu’un désert pierreux face à une semence. Je ne peux rien expliquer, je ressens, je reçois ou pas. Il est des tableaux que l’on regarde et que l’on ne quitte pas en étant le même. Les visions d’horreur mises en scène par Picasso dans Guernica marquent durablement la mémoire et l’on n’en sort à priori pas indemne. Ce tableau nous défait des fantasmes de guerres héroïques et de chevaliers valeureux qui ont habité les épopées historiques qui nous ont été racontées. Le tableau laisse apparaître toute la monstruosité de la guerre comme si les hommes étaient habités par des créatures monstrueuses.

L’artiste est celui qui a la capacité de vous prendre par le regard ou par l’ouïe et accéder par le biais des sens à votre âme. Il vous touche, vous émeut, éveille votre conscience, bref il vous touche. Pour moi Etienne Mbappe est un artiste. Un artiste engagé qui livre ses impressions sur le monde qui l’entoure sans se faire pour autant donneur de leçons, ce qui est une belle respiration après certaines dérives artisco-politiques depuis le temps de l’émission 7/7 de Anne Sinclair que les moins de vingt ans ne doivent pas connaître. Mais je m’égare.

Parce qu’il ne prétend pas me donner un «  prêt à penser socio politique  » je peux entendre et saisir les cris de l’artiste qui rencontrent les miens et qui au fond sont simplement les miens.

Vous êtes-vous déjà laissé entraîner avec un artiste pour guide, dans un autre monde, dans un entre deux dans la contemplation duquel vous vous retrouvez plongés au point d’être comme abstrait du monde qui vous entoure ? Ce jeudi 23 octobre au Comedy Club à Paris, j’ai vécu des moments de cette envergure, j’ai croisé ces interstices dans le temps et dans l’espace qui vous mettent dans un état entre légèreté et profondeur. Légèreté née de la jouissance de l’instant et profondeur de ce sens qui habille la musique d’Etienne Mbappe. Ce qui en soi ne m’est pas une surprise puisque le chanteur et bassiste est aussi un artiste.

(à suivre)



Le sourire de JayLou Ava: Impressions subjectives sur le concert à la bellevilloise

 Il ya quelques mois j’ai eu le privilège d’assister à une soirée de toute beauté. JayLou Ava musicien de grande classe était en concert à paris. En première partie se produisait Blick Bassy dont je vous ai déjà parlé. Les deux chanteurs nous ont offert des momens enchanteurs. Ce concert a été l’occasion d’une « rencontre ». Une rencontre avec un musicien de grande classe qui allie humilité et talent. Après le concert l’impression d’avoir vécu une parenthèse enchantée vous accompagne. Hier, 23 septembre c’était l’anniversaire du musicien alors comment trouver un plus beau prétexte pour exhumer une chronique déjà ancienne et mettre en lumière sur mon blog un artiste qui de mon point de vue vaut largement la découverte.

J’ai eu par ailleurs lors de ce concert le privilège de rencontrer l’un des visiteurs réguliers du blog et je n’ai pas été déçue. La suite a prouvé que des amitiés nées dans le monde virtuel peuvent offrir de belles choses. Il se reconnaîtra.Cool  

Amitiés

l_88b98b4fddcadff246383ebf34fdce-1.jpg picture by maddyspaceLe quartier de Belleville, le mardi deux avril il est environ vingt et une heures trente et impossible de se garer. Pourquoi s’entêter à tourner en rond dans le quartier alors qu’il est évident que se garer relève de la gageure. Je ne conduis pas. Je peux m’autoriser quelque contrariété sans mettre en danger qui que ce soit. Mais solidarité avec le conducteur oblige, je dois réfréner les agacements qui menacent de se convertir énervement.  Dans mon imaginaire j’entends les musiques de Jay Lou Ava et de Blick Bassy. J’imagine l’ambiance du concert que je manque à quelques encablures de la Bellevilloise salle de concert devenant objet de mes convoitises obsessionnelles. Est-il possible que je manque le concert de ces deux messieurs que je suis venue découvrir sur scène ? Il y a Jay Lou Ava dont je connaissais l’existence mais qui ne m’avait pas encore arrêtée sur le chemin de mes pérégrinations musicales jusqu’au jour où, au détour d’un hasard j’ai entendu sa guitare sublimer un « My way » entendu dans des versions multiples. La virtuosité, les harmonies, la redécouverte de cette mélodie m’ont donné envie d’aller à la rencontre de son univers. Puis son « Mot’a benama » a mis ma mémoire en mode nostalgie me rappelant les odeurs, les parfums d’enfance du côté d’une terre qui parle des langages qui rencontrent l’intime de mon être. J’avais ensuite été bouleversée par son « God bless Africa ». J’ai découvert la musique de Blick Bassy au travers d’un bouche à oreille favorable. La visite de son « My Space » m’a impressionnée. Jeunesse, sensibilité et maturité se rencontraient dans une voix et des mélodies qui me rencontraient. Maria, Donalina, et Sofie, prénoms de femmes racontant des histoires différentes, mais la sensibilité et la beauté sont en filigrane dans chacune des chansons.
Les savoir en concert à deux pas d’une voiture ne trouvant pas place pour se garer au cœur de Paris avait un côté drolatique, voire ubuesque. La ville de Paris est de moins en moins accueillante pour les voitures et il se trouve que ce n’est pas demain la veille du jour où je me mettrai au vélib !
En attendant nous avons tourné pratiquement une heure avant de nous garer sur un couloir de bus. Incivisme quand tu nous tiens ! Oui mais Blick et Jay Lou sont à deux pas. La crème de ce que le Cameroun offre de mélodieux, d’harmonieux, d’inspiré, de beau est à deux pas et l’on se laisserait arrêter par des considérations telles que les couloirs de bus ? Que nenni !  Nous arrivons enfin à la Bellevilloise et ô miracle le concert commence à peine. L’ouvreuse s’excuserait presque du retard. Retard béni ! Je vais pouvoir faire en grande partie le voyage en musique pour lequel depuis des semaines je me prépare…
 

Jay Lou Ava arrive sur scène avec discrétion. Il est habillé d’un sourire qu’il nous offrira et partagera avec ses musiciens plusieurs fois dans la soirée.  Avez-vous remarqué que le sourire d’un être raconte ses restrictions ou ses dilatations intérieures ? Jay Lou Ava a un sourire qui parle à la fois de réserve et de porte ouverte vers l’autre. Il a le sourire de l’assurance et du doute créatif, cette contradiction fondamentale qui est intrinsèque à l’être artiste. Le sourire de Jay Lou Ava se fera à la fois bienveillant et sobre. A d’autre moments il se fait mélancolique pour être remplacé par un sourire des plus rayonnants. Le sourire de Jay Lou Ava, clé d’entrée et fil conducteur de mes perceptions sensorielles durant le concert. Si ce sourire parle de la vérité de ce musicien de grande classe que dit-il de lui ? Le son de sa guitare et les mélodies dont il est le talentueux compositeur indiquent les portes dont le sourire est la clé.
Le son de sa guitare appelle les conversations à s’arrêter, le concert commence. Habillé de marron et d’un pantalon aux rayures fines, l’homme s’impose sans bruit comme le patron. Il joue sans cabotiner, il est à sa place et l’espace est sien sans qu’il ait besoin de gestes amples. Impressionnant. L’homme et sa guitare semblent faire corps. Les sons de la guitare sont sa voix, son message. Ses yeux se ferment quelquefois brièvement. Où va t-il ? L’homme semble ne pas être avec nous. Où le conduisent les notes qu’il égrène à la guitare ? Mystère de l’artiste, mystère de l’homme. Il nous invite à monter dans cette sphère dans laquelle le mélodieux et le beau sont l’atmosphère naturelle. Le pianiste a l’air ravi d’être là. Noël Ekwabi le bassiste aussi, dégageant une assurance qui se confirmera par la maîtrise de son instrument et de l’aisance avec laquelle il interagira avec le public. C’est lui qui nous demandera une ovation pour le patron. La groupie déchaînée à ma droite, éblouie par le bassiste demandera dans un cri enthousiaste s’il est marié. Après le « bonbon Blick », le dessert Ekwabi. Elle est déchaînée ma voisine de droite. Il faut dire que le bassiste aura été incroyable. Revenons au début de la prestation de Jay Lou Ava.

Jay Lou Ava est accompagné en outre de Fafa Ruffino choriste sublime dans une tenue que lui envierait sans doute Erykah Badu. Il y a derrière le pianiste un percussionniste incroyable dont le nom m’échappe. C’est un percussionniste de race blanche qui joue comme s’il portait en lui les tam-tam de l’Afrique. J’ai retenu son prénom : Laurent, mais son nom m’a échappé.
L’orchestre de Jay Lou est une démonstration que la musique est métisse dans son essence et dans ses expressions. Son Progressive Afro Jazz est une musique qui mêle avec maestria les sonorités africaines au jazz. Regarder son percussionniste jouer des percussions fait bouger bien des frontières de nos absurdes présupposés et autres préjugés. Il y a dans le dos de Jay Lou un batteur discret mais efficace. Ces six personnes sont sur le point de nous offrir des moments magnifiques. Entre « Zen it », « My way », le sublime « Ebotan », et le magnifique « Mbolo » réclamé à corps et à cri par mon voisin de gauche nous avons fait un voyage des plus extraordinaires. Merci à eux.

L’artiste n’a cessé de mettre en lumière ses musiciens, les enveloppant de son sourire bienveillant et invitant son public par des gestes explicites à accueillir ceux qu’il laisse briller. Cette générosité cadre avec la lumière de son sourire. Il n’a pas besoin  de se lancer dans quelque solo superflu pour nous prouver qu’il est talentueux. Les notes les plus simples qui vont de sa guitare jusqu’à nous tutoient le sublime. Pas de compétition avec ses musiciens. Pas besoin d’affirmer qu’il est la vedette du groupe, sa place centrale, sa classe, son talent et la lumière qui émanent de lui n’appellent pas la moindre hésitation sur sa place.
Jay Lou est un milieu distributeur qui fait des passes décisives à son équipe et laisse les autres marquer des buts pour le bien du collectif. Il a la classe d’un Magic Johnson offrant à ses coéquipiers des passes « caviar » à rendre aphone George Eddy. Jay Lou Ava est le pilier de ce groupe et n’éprouve pas le besoin d’étouffer les autres pour se sentir exister. La fierté dans le regard et le sourire de Jay Lou lors du solo du percussionniste laissent découvrir un musicien généreux et qui ne doute pas de son talent. Faut-il être généreux et sûr de son talent pour laisser exister son orchestre de cette manière ? Une belle complicité semble les six personnes sur scène. Ils communiquent par des regards et par des sourires et Jay Lou semble être le socle de cette harmonie. Le musicien communique avec la salle soit par des mots, soit par le langage non verbal, mais surtout par sa musique. Les arrangements des morceaux sont absolument éblouissants. Dès la première note « Ebotan » vous prend en captivité et ne vous laisse pas d’autre choix que de se laisser emporter. Enfin je parle pour moi.
Un moment magnifique a été celui durant lequel la chanteuse et le bassiste ont psalmodié  Africa sur une musique qui vous pénètre jusqu’au plus profond de l’âme. Au travers des variations de sa musique, au travers des notes de musique tirées de la guitare de Jay Lou Ava, l’Afrique s’ouvrait à mes sens éblouis. Derrière mes yeux fermés mon Afrique venait à ma rencontre.
Ce n’était pas une Afrique anémiée, chétive, vassale des nations par essence, mais c’était une Afrique majestueuse, créative, maternelle, invitante. Aucun besoin de multiplier les mots, la locution « Africa » était suffisante pour que les portes intérieures, le merveilleux de l’Afrique en soi s’ouvrent pour un voyage incroyable. A la fin de ce moment je n’avais pas envie d’applaudir, mais plutôt de dire intérieurement merci. Quelque chose d’unique s’était passé. Mon Afrique intérieure existait pour d’autres.  En découvrant dans la nuit son album j’ai lu une de ses déclarations « L’Afrique ne saurait se résumer à des guerres, des maladies, des famines. Je rêve d’une Afrique nouvelle et authentique, une Afrique à son image réelle : grande et belle. Je rêve d’une Afrique débarrassée de ses complexes, une Afrique sur laquelle on cessera de poser des regards en termes de préjugés négatifs. Je rêve d’une Afrique qui ne pleurniche pas, mais qui rayonne, car l’Afrique c’est aussi des milliers d’hommes et de femmes qui travaillent sans relâche pour  la prospérité du continent. »  Avez vous quelquefois fermé les yeux pour écouter la musique de Jay Lou Ava elle raconte des choses sublimes. Cette Afrique dont il parle je l’ai entendue chantée par sa guitare, peut être parce qu’elle rencontre mon Afrique intérieure, celle de mon cœur.
Les aléas du direct sont nombreux. Jay Lou Ava semble en avoir fait l’expérience. Il semble avoir eu un problème de retour entre autres et pendant un moment il n’a pas pu jouer. C’est alors que son bassiste est entré en action instaurant un moment ludique en nous jouant le thème du film de Sergio Leone « Le bon la brute et le truand » d’Ennio Morriconne, prélude à un moment de folie absolue.  Le solo de basse de Noël Ekwabi est d’une virilité brute. L’homme et l’instrument font corps et semblent se livrer à un corps à corps l’instrument et l’homme se défiant au gré des sons de folie qui se laissent porter vers nous. Noël Ekwabi, ça c’est un bassiste !
Le regard bienveillant de Jay Lou a accompagné ce moment de folie, l’homme se mettant en retrait pour laisser briller le soliste. Il est comme ça Jay Lou Ava. Il a la marque des grands. La noblesse de l’artiste de qualité qui se fait mentor pour amener les autres vers la lumière sans craindre de voir la sienne pâlir.
J’ai aimé l’entendre reprendre le standard par lequel je suis entrée dans son univers.
Miles Davis a dit en son temps que « La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence. » Je trouve que Jay Lou Ava encadre avec splendeur et maestria la beauté du silence. Il nous fait grâce des sons ou des mots superflus. Jay Lou Ava va à l’essentiel du son, de l’émotion et nous livre des mélodies superbes et dépouillées.

Si j’étais journaliste, je  vous dirais que Jay Lou Ava est né au Cameroun d’une famille de musiciens. Si j’étais journaliste je vous dirais que son père a écrit l’hymne de la réunification du Cameroun. Si j’étais journaliste je vous dirais que Jay Lou Ava a été influencé par Wes Montgomery. 774993126_l.jpg image by maddyspaceSi j’étais journaliste je vous dirais qu’il est né un 23 septembre, comme l’immense John Coltrane que j’écoute en ce moment  en boucle et Ray Charles. Excusez du peu. Si j’étais journaliste, je vous dirais que ses frères étaient musiciens. Si j’étais journaliste, je vous dirais que sa sœur Avline a elle aussi reçu le talent en héritage.
Je ne suis pas journaliste et tout ce que je peux dire c’est que l’homme, le musicien, l’artiste m’a touchée au cœur par son talent, sa générosité et sa classe. Jay Lou Ava a la marque des grands hommes.

http://www.myspace.com/jaylouava


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Une belle soirée en compagnie d’une orfèvre de l’instant : impressions subjectives sur le concert de Joelle Esso au Theranga partie 2

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© photos : Jean-Pierre Esso. www.okabol.com

J’ai dans la mémoire des moments durant lesquels elle nous a fait rire en insistant sur la prononciation du titre «  Etintin  ». Je crains qu’en lisant ceci vous ne prononciez naturellement le mot de la manière qu’il faut éviter. Deux options s’offrent à vous pour découvrir la bonne prononciation vous procurer l’album et écouter la piste trois ou aller la découvrir en concert si elle passe par chez vous.

Je me souviens aussi du moment où elle nous a invités à nous faire choristes. La salle étant métisse, la chanteuse aura eu des choristes phonétiques. En faisant le tour des tables pour enseigner le mot que nous devions chanter avec elle. Si mes souvenirs ne me font pas défaut c’était sur la chanson To wuma (nulle part). Alors pendant qu’elle chantait sa proclamation de foi, nous pouvions scander en écho avec elle «  to wuma  ». Cette participation de la salle donnait une densité à la chanson qui me ramenait vers des souvenirs de moments vécus sur des terres lointaines. Moments d’osmose avec un conteur qui racontait avec brio nos racines communes. J’aime ces moments durant lesquels un artiste se fait artisan, orfèvre de l’instant. Joëlle est une orfèvre de l’instant en ce qu’elle sait saisir la matière brute d’un instant ordinaire et d’un public hétérogène pour en faire un joyau. J’aime ces moments dépouillés de tout artifice pendant lesquels il ne reste à l’artiste que son âme et sa voix pour vous retenir. Joëlle Esso a une voix d’alto magnifique. Une technique vocale maîtrisée sans pour autant verser dans l’asepsie. Sa voix, comme un lasso envoûtant vous saisit et ne vous lâche plus. Voix magnifique tant dans les graves que dans les aigus.

La beauté de sa voix alors qu’elle chante «  Mumi  » (mon homme) est tout simplement saisissante. Mieux que sur l’album de mon point de vue. Peut être parce qu’elle se livre sans filet. Belle déclaration d’amour que cette chanson. Par ton regard tu fais entrer des rayons de soleil dans mon cœur. J’aime sa voix quand elle mêle dans la même phrase le Duala et le français. A mumi woho oa, tu es dans ma vie. Ahhhhhhhh les graves qui se glissent dans le «  tu es dans ma vie !  » et cette onomatopée qui fait le lien entre le français et le duala je me régale. Monsieur «  mumi  » était dans la salle. Est-ce sa présence qui donnait à la voix de la chanteuse une telle densité ? That is the question. Clin doeil

La soirée était familiale. Il y avait dans la salle l’époux et la fille de la chanteuse qui de temps en temps manifestait sa présence. Il y avait aussi le frère, photographe attitré de la chanteuse accompagné de son fils. La chanteuse mentionnera les deux enfants au cours de son tour de chant. Comme en introduction à Nyambe, elle nous dira que son neveu réclame une chanson en français. Nyambe est la seule chanson de l’album qui ait des séquences en français. C’est une chanson absolument bouleversante qui raconte l’exil d’une femme en terre de déraison d’une manière tout simplement magnifique. Là encore la chanteuse explore des graves somptueux. La chanson est un morceau de poésie en ce qu’il met en musique de mots l’indicible qu’est l’histoire d’une vie happée dans la folie. En Duala elle scande une maxime qui invite à ne pas se moquer de ceux qui sont sous le coup d’une forme de malédiction parce qu’elle se transmet. Rencontre entre les valeurs chantées en terre natale et les mots d’une jeune femme ancrée dans le présent. La chanson m’a touchée parce qu’elle met en lumière avec pudeur et intelligence le regard que l’on porte sur la maladie mentale. Souvenirs du rapport à la folie du temps de mes premières années en terre natale. Souvenirs d’un homme précipité en déraison à un moment crucial de sa vie et qui passait ses après midi assis devant la porte de la maison familiale. C’était à une maison de celle de mes parents. Nyambe o si yoye mo e ma tombea Nyambe. J’aime la belle sensibilité de Joëlle. Elle ne s’érige pas en donneuse de leçons, elle livre son cœur en chansons. Elle ne nous force pas, elle nous invite dans son univers. Y entre qui veut.

101_6590.jpg image by maddyspaceJoëlle est de ces artistes dont la musique, les textes et la voix m’invitent à fermer les yeux. Je ne me force pas, mes yeux se ferment naturellement pour ne rien perdre de ce qu’elle livre. J’ai été touchée par l’hommage magnifique au père qui s’est absenté du côté de l’éternité. Malgré le poids de l’absence elle sublime la douleur et nous offre un «  danse  » de toute beauté et d’espérance. C’est aussi la force de la foi , celle qui est assurée qu’il y a une autre rive pour recueillir les disparus. «  tu as choisi de traverser le fleuve  » chante t-elle. «  des anges ont poussé ta pirogue. Tu nous as précédés, sans avertir de ton départ, nous n’allons plus nous voir. Danse ! Tu danses avec les anges.  » C’est une chanson rythmée et profonde sur laquelle celui qu’elle chante danserait sans problème si l’on en croit le témoignage qu’elle livre de lui en quelques mots. Magnifique chanson qui rencontre ceux qui ont vu partir quelques pirogues emportant ascendants, descendants ou des personnes dans la fratrie. Fermer les yeux et voir les siens qui dansent avec les anges. Moment inoubliable magnifié par le visage de la chanteuse. Elle avait le visage illuminé par un immense sourire et les yeux fermés, comme en communion avec le père absent, en communion avec sa joie de vivre. Emotion. Moment qui donne comme une envie de dire à chacun de ceux qui m’ont précédée de l’autre côté : danse ! Merci à l’artiste pour cette partition d’espérance dans laquelle je crois n’être pas la seule à trouver des espaces pour faire danser les miens.

Comment vous raconter des impressions forcément intraduisibles en mots ? Comment mettre des mots sur des moments de grâce ? Comment raconter une orfèvre de l’instant ? Comment dire la simplicité et le professionnalisme de Joëlle ?

Elle réussit l’exploit de chanter en faisant toutes les voix pour ne pas vider les chansons de leurs substance. Et ceci sans micro. Chapeau bas madame. Le temps de laisser la chanteuse reposer sa voix, Kristo interprète une de ses chansons et voici que Joëlle interrompant son éphémère repos se fait choriste et percussionniste. Générosité d’artiste.

Vers la fin du tour de chant, Joëlle nous a donné un avant goût de l’album à venir en interprétant un chant sur les racines africaines de Pouchkine poète, dramaturge et écrivain russe. Avant de chanter, elle nous révèle que contrairement à ce qui se disait l’ancêtre de Pouchkine ne venait pas d’Ethiopie, mais du Nord du Cameroun (pour en savoir plus une visite sur le site http://www.gnammankou.com/). La chanson est magnifique. Elle parle des cris de la mère à qui l’on a arraché son fils pour l’entraîner vers une terre lointaine. La voix de Joëlle y est tout simplement sublime. Au Duala, elle allie la langue de la région de laquelle est parti l’ancêtre de Pouchkine. Vivement l’album pour réécouter cette merveille. Le second album promet parce qu’elle le présente comme ouvert sur le monde après Mungo qui était plus près d’elle.

Le tour de chant s’est terminé, trop tôt à mon goût (je n’avais qu’à être à l’heure me direz-vous). Que voulez vous ? Je suis boulimique de bonne musique, de beaux moments, d’authenticité. Joëlle Esso après son tour de chant fait le tour des tables pour faire la distribution de son CD. Elle échange avec son public d’un soir un mot, une sourire, un rire, en toute simplicité. A ceux qui le souhaitent elle dédicace le CD sans manifester le moindre signe d’impatience ou de fatigue. Sa petite fille qui veut retrouver sa maman pour elle toute seule l’accapare, veut s’emparer du stylo, vient profiter d’un instant câlin. Maman et artiste, artiste et mère tout simplement.

Le concert terminé, je vais pouvoir voyager par le goût. Ah ! chaque grain de riz est un poème. Mais qui me donne la recette du riz façon Sénégal ? Entre le plat de riz agrémenté de légumes et de poisson et la boisson au gingembre mes papilles gustatives n’ont pas fait le voyage pour rien. Est-il besoin de dire que mes oreilles et mon âme ont été enchantés par cette soirée ?

En repartant chez moi, j’emporte le souvenir d’un moment magnifique avec une femme et une artiste de grand talent. Sa modestie et sa simplicité sont l’écrin d’un talent et d’une intelligence remarquables. C’est le sourire au cœur que j’ai rejoint Morphée cette nuit là. Et pour la petite histoire, mes cheveux ont réfréné leur rébellion le temps d’une soirée. Il faut croire que la musique adoucit les moeurs et les humeurs de tignasses récalcitrantes. Pour la petite histoire j’ai eu une dédicace des plus touchantes. Merci à Joëlle pour avoir pris le temps de trouver des mots rien que pour moi. Me revoilà au centre du monde. Vous voulez la preuve par l’image ? (rires). 101_6690.jpg image by maddyspace



Une belle soirée en compagnie d’une orfèvre de l’instant : impressions subjectives sur le concert de Joelle Esso au Theranga partie 1

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© photos : Jean-Pierre Esso. www.okabol.com 

Samedi 19 septembre 2008, j’arrive au Theranga dans le 17ème arrondissement de Paris. Le Theranga est situé dans une petite rue animée à deux pas de la salle une petite boutique dans laquelle dans laquelle j’ai fait une escale pour explorer les CD et DVD de musique africaine. J’ai enfin pu trouver «  Nzinzi  » de King Quester Emeneya qui fait danser mes souvenirs. Mais ceci est une autre histoire. Quelle idée de faire une escale dans une boutique quand on se sait déjà en retard ? Ce retard ne relève pas d’une quelconque coquetterie. Je ne me prends pas pour une Marylin Monroe au retard atavique et légendaire. Il se trouve que j’attendais simplement des personnes qui avaient du mal à trouver une place pour se garer après avoir goûté les délices d’un périphérique parisien bondé. A notre arrivée devant le Theranga, il est bien 20h45. Pas la peine de vous offusquer de mon retard, s’il est bien une personne qui en avait conscience c’est bien moi. Si vous saviez les contrariétés qui ont précédé mon arrivée sur le seuil du restaurant ! Laissez moi faire un retour en arrière avant de continuer.

Quelques heures plutôt j’ai quitté le bureau pour rejoindre mon home sweet home me changer, masquer les outrages du temps, me redonner figure humaine, et ma rafraîchir avant de repartir vers le 17ème arrondissement de Paris. Travail au bureau pas de tout repos les amis. Mais comme je suis prévoyante, j’avais prévenu ma hiérarchie que je décollerais à dix-sept heures tapantes. Mes collègues et ma boss ont dû sourire de l’intérieur connaissant cette arlésienne. Ils connaissent les impromptus de fin de journée, les compte rendus informels qui s’éternisent. Mais cette fois, foi de moi, qu’il pleuve ou qu’il vente à dix sept heures et trois minutes je serai sur le trottoir en direction du métro. Pas question de me laisser avoir par un besoin urgent et tardif de faire le point avec mon équipe ou par quelque émail de dernière minute appelant bien entendu une réponse pour hier. Je n’ai pas foulé le trottoir avant dix huit heures et quelques minutes.

Se retenir de maudire les passants et autres voyageurs du métro francilien qui semblent s’être donnés le mot pour fonctionner au ralenti. Un coup d’œil à ma montre il est presque l’heure à laquelle je suis sensée partir de chez moi. Il faut que je me fasse une raison, je vais être en retard au dîner concert. J’espère que la chanteuse le sera aussi me dis-je en tout égocentrisme. Pensez-vous que centrée sur moi et sur mes propres intérêts je me soucierais le moins du monde de ceux qui se sont donné la peine d’être l’heure ? Que nenni. Que voulez-vous à la naissance j’ai pris l’option centre du monde, et il est normal par conséquent normal que mes semblables, satellites inconscients d’un astre qui a quitté son boulot en retard, respectent mes rythmes personnelsCool. C’est bien la moindre des choses non ? (hi hi).

Me voici, slalomant au milieu de la foule tout en veillant à ne pas bousculer mes congénères sans pour autant perdre le rythme soutenu de ceux qui savent que le temps ne suspend son vol que dans nos inaccessibles espérances. Non seulement j’ai besoin de me rafraîchir et de me redonner figure humaine après une longue journée, mais pour tout couronner, je suis depuis quelques semaines victime d’une rébellion capillaire et je ne peux décemment pas me rendre au Theranga avec la tignasse en crise. Je vous passe les détails de la bataille féroce pour discipliner la rebelle. Et me revoilà dans le métro pour me rendre au concert de Joëlle artiste complète qui met son âme à nu en offrant des mots qui sont quelquefois véhicules de maux. L’album Mungo qu’elle présente ce soir est un album au plus près de sa vie, de ses expériences, de ses espérances. Elle y chante son village, ses parents qui ont traversé l’autre rive, son homme, sa foi. Ce sont des expressions nuancées de ses visages de femme qui s’offrent portés par une voix superbe. La voix de Joëlle n’est pas seulement belle mais en plus elle est vivante. Revenons cependant au concert.

Arrivée devant le Theranga, l’impression est singulière. Le lieu est plutôt est plutôt exigu et en longueur plutôt qu’en largeur. Sur les murs des tableaux couleur sable et pourpre donnent au lieu une impression d’ailleurs. La porte est ouverte et la voix de Joëlle Esso nous accueille alors qu’elle chante «  Dikala  » le chant qui vous accueille sur son My Space. L’impression est singulière, annonçant la chaleur et l’intimité qui seront au principe de cette belle soirée. La maîtresse des lieux le temps d’un soir a laissé la porte ouverte et sa voix vous invite à entrer dans la salle, à entrer dans son univers. Ce chant est à la fois prière et allégorie sur l’échelle de Jacob. Une échelle entre cieux et terre. Au centre de la pièce se tient Joëlle belle comme l’Afrique, qui livre cette invocation les bras ouverts «  lomea mba dikala a Sango kana o ndot’a Yakob  » (Envoie moi une échelle Père comme à Jacob dans son rêve). Elle est dans sa tenue vestimentaire à l’image de son univers musical : cosmopolite. Sa tenue vestimentaire tout comme sa musique relient l’Afrique à l’occident sans artifice. Joëlle est cosmopolite dans ses expressions, dans ses centres d’intérêt, dans l’africanité dans laquelle elle est ancrée et dans l’universalité qu’elle a su accueillir. C’est ainsi que sa musique invite naturellement de subtiles percussions et des syncopes propres au phrasé de sa terre tout en laissant entrer des sonorités d’ailleurs pour l’enrichir. La cohérence semble être le maître mot de cette femme artiste, de cette artiste femme. Joëlle au cœur de la multiplicité de ses expressions artistiques et de ses centres d’intérêts demeure cohérente. Cohérente quand elle parle de racines, de l’Afrique, du monde dans lequel elle vit, de l’histoire des hommes. Cohérente quand elle se sert de son art pour livrer un regard différent sur ce qui souvent est un tissu de poncifs. Elle travaille en ce moment sur une bande dessinée qui livre son regard sur l’enfance à l’école en Afrique, un regard loin des poncifs habituels et misérabilistes sur l’enfant d’Afrique. Elle est artiste et son art est le véhicule de ses émotions, de ses convictions et de ses évidences intimes.

101_6502.jpg image by maddyspaceUn petit haut couleur beige, un pantalon noir sublimés par sa coiffe, Joëlle chante sans micro, simplement accompagnée à la guitare par le malicieux Kristo Numpuby chanteur et musicien. Une évidente complicité les unit. Complicité née de nombreuses années de collaboration. Le tour de chant est acoustique. Derrière la chanteuse de percussions qui attendent le moment de livrer leurs sons. Une guitare, une voix, et les bras de la chanteuse ouverts vers l’autre, comme pour l’accueillir. La musique de Joëlle est à l’image de ses bras ouverts, elle vous accueille et vous enlace dans une douce étreinte entre soie et velours. Le reste de la soirée ne démentira pas cette chaleureuse impression première. Joëlle égrènera son tour de chant en échangeant avec son public, l’invitant à la complicité. Elle a la manière pour nous inviter à nous faire choristes l’espace d’un instant, ou percussionnistes en nous défiant de battre des mains sur un rythme qu’elle nous enseigne. L’absence de micro efface de fait la distance que cet instrument pourrait mettre entre un artiste et son public. Nous sommes comme sous un arbre à palabres et nous nous laissons raconter en chansons des histoires. Par petites touches la chanteuse impose son univers fait de douceur et de force. Je n’ai pas eu besoin de m’échauffer pour les rejoindre, son public et elle dans le voyage qu’ils faisaient ensemble. A peine assise, j’ai juste fermé les yeux pour me couper des bruits extérieur que je me suis retrouvée dans son univers. L’univers de Joëlle Esso on y entre et on y trouve sa place comme une évidence. C’est un univers qui distille des moments de bonheur à ceux qui s’y laissent inviter.

A suivre



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