Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes

Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes dans Caramba la basse ! 37803_416250001469_682081469_5226105_2534288_n

Dimanche 25 juillet, Richard Bona s’est produit au parc floral de Vincennes, lieu où semble-t-il il revient tous les ans ou presque, en été. Ceci explique peut-être l’impression de décontraction et d’aisance qu’il dégagera tout au long de sa prestation.

Il est plus de 16h30 quand Richard Bona arrive sur la grande scène du parc floral. Le public qui l’attend est fébrile. Autour de moi des personnes de tous âges et phénotypes sont dans une attente à la fois fiévreuse et souriante. La musique de Richard Bona a suffisamment d’amplitude pour toucher des personnes de toute origine culturelle ou sociale.
Ses albums sont des promesses et justifient que la foule soit nombreuse pour communier au son de sa bass et à la beauté de sa voix.

Mais pour moi il y a une autre promesse que j’espère qu’il tiendra. Je l’ai vu en concert au New Morning et si son talent y a été incontestable, sa bass majestueuse et sa voix quelquefois angélique, Richard Bona n’avait pas tenu les promesses de son sourire.

Quoi les promesses d’un sourire ? Je vous entends d’ici vous interroger sur la lucidité de celle qui écrit cette chronique. Repliez vous suspicions je suis aussi normale que n’importe quel humain vivant dans la folie de notre siècle (hihi !).
Avez-vous déjà regardé le sourire de cet homme ? Il est chaleureux, enfantin , communicatif, malicieux, bref il est magnifique. Il semble vous parler d’un homme chaleureux. Sur scène son sourire semble vous dire qu’il est avec vous et que vous êtes en phase, cheminant ensemble au gré des notes de musique. Imaginez les attentes générées par les promesses d’un sourire ! Oui j’ai un rapport totalement subjectif à la musique et je l’envisage comme un tout dans lequel le musicien ne saurait être antithétique de sa musique dans mon esprit. L’auteur de Souleymane me rencontrerait-il ?

Si le concert au New Morning avait été acoustiquement formidable, il m’y avait manqué la communion, la complicité, le dialogue, de fait ce qui pour moi est essentiel. J’avais lu des promesses dans son sourire et j’attendais de lui davantage que de la virtuosité. Quand on l’écoute cette dernière est une évidence.
Il est possible que ce soir là ait été un soir au cours duquel il n’était pas totalement avec nous. Sa maestria était là, sa bass résonnait avec majesté, sa voix offrait ces surprenantes envolée qui sont sa signature, mais lui je n’avais pas eu l’impression de l’avoir rencontré. J’ai quitté le concert avec un sentiment d’inachevé. Il manquait le moment magique au cours duquel soudain, l’on est ensemble, comme si les âmes se rencontraient sur une note, un rythme, un accord.

Quand j’assiste à un concert, j’aime l’idée d’y aller pour un échange, un dialogue avec l’artiste qui se produit. J’aime l’idée que la fragilité du direct enfantera des moments qui feront que les individualités sur scène et dans l’auditoire se fondront dans un nous qui rendra chaque note de musique plus vivante, plus enveloppante et le concert plus jouissif. Quand le jeu de scène m’apparaît comme un monologue, il n’ajoute pas grand-chose au plaisir procuré par l’écoute d’un CD.

Cette après-midi de juillet, Richard Bona sera en phase avec son public, mieux encore il nous donnera l’impression à chacun de nous peut-être d’être dans un dialogue personnel avec lui. Cela ne s’explique pas, ça appartient à la grâce de la musique, de l’art. Quand un artiste réussit cela c’est beau, c’est inoubliable, ça s’inscrit en nous.

Revenons à Richard Bona à Vincennes. Il succède à Sandra Nkake que malheureusement je n’aurais pu qu’entendre sur la fin sans la voir. Immense est ma frustration. Pour l’avoir déjà vue sur scène, je sais avoir manqué quelque chose. Sandra Nkake, a une voix exceptionnelle ajoute une présence scénique impressionnante. Elle occupe l’espace par sa voix, par sa gestuelle, par son humour. Elle est brillante, pertinente et pleine d’esprit. Ne pouvoir l’entendre que de loin frise la torture. A l’avenir je saurais que pour assister à un concert à 15heures en ce lieu, il faut y être au plus tard à 14h, … la veille !

Sur la scène, ses musiciens le précèdent. C’est un groupe cosmopolite à l’image de la musique de Bona qui absorbe des influences de divers continents. Richard Bona les présentera plus tard avec humour en nous invitant dans leur car aux heures de la coupe du monde football. Moment hilarant s’il en fut.
Le batteur vient de Cuba. Cet homme a quelquefois durant le concert donné l’impression d’avoir de multiples bras alors qu’il se déchainait sur scène. Le pianiste vient de Hollande (origine Surinam), le percussionniste du Brésil, le trompettiste des USA et le guitariste de Guadeloupe.
Alors qu’ils s’installent, la fièvre monte dans le public. Carré VIP ou pas, la musique est reine et nous sommes de volontaires sujets le temps d’une après-midi.

 

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Le bassiste arrive sur scène vêtu d’un confortable ensemble blanc et des baskets aux couleurs du Cameroun, comme pour rappeler que l’on emporte toujours ce pays en soi où que l’on aille. Dès son entrée en scène, il est chez lui. Souriant, confiant il entame le premier morceau. Il n y a pas de phase qui sert à apprivoiser le public. Celui qui est là, est déjà conquis. Je suis préparée à profiter de l’instant quand bien même l’échange que j’espère n’aurait pas totalement lieu.
Je n’ai pas la prétention de raconter le concert de manière exhaustive mais juste des moments qui m’ont touchée, marquée, impressionnée.

Est-ce parce qu’il nous a présenté sa maman dans le public que son « Mbemb’a mama » (les larmes de ma mère) me touche particulièrement malgré l’humour avec lequel il présente la chanson ? Voir cette petite dame le visage radieux qui sourit au public en le saluant est émouvant. Le rapport à la figure maternelle trouve en chacun diverses résonances ce soir là à Vincennes la chanson et le visage illuminé de cette maman rencontrent les miennes. Écouter la chanson et l’entendre coule de source.

Quand il entame « Shiva Mantra » composé ô surprise en Inde (^_^), le bassiste amorce un étrange mouvement de la main droite comme si elles étaient habitées par la figure de Shiva. Le mouvement de ses mains appelle une attente de virtuosité qui sera largement tenue et soutenue par des musiciens inspirés, notamment le trompettiste et le percussionniste grâce auxquels l’ailleurs s’installe au milieu de nous. L’Inde est là avec ses représentations forgées entre autres par Bollywood.

La densité de l’intro de « O sen sen » me fait regretter d’être dans le carré VIP juste derrière l’ambassadeur du Cameroun et son épouse. Le syndrome de la contorsion contrariée me reprend. Il est des musiques qui appellent naturellement des réponses corporelles inappropriées au milieu des VIP. Ils restent assis les bougres. Obligée de faire comme eux. Au premier rang un enfant de sept ans peut-être n’est pas tenu par de telles contraintes. Il danse avec frénésie et sans le savoir me venge.
Richard Bona profitera de cette chanson pour inviter des choristes exceptionnels : nous !
Les hommes et les femmes rivaliseront de virtuosité pour affirmer leur présence et épater le musicien. L’homme sur scène dévoilera un humour étrange comme il demandera aux femmes de plus de quarante ans de chanter. Mais quelle idée ! Puis suivront les femmes de plus de cinquante, etc. Heureusement que j’ai vingt ans pour la durée des temps. Pfttt !!! Si vous aviez vu l’air malicieux du monsieur ! Mais quel coquin. Le public hilare était conquis. Si vous croisez monsieur Bona, dites lui qu’au-delà de vingt ans, une femme n’a plus d’âge voyons.

Sur « Jombwe », l’homme livrera un solo de bass de toute beauté et tout en subtilité. Ce moment l’inclinera à clore les yeux comme pour un dialogue avec la musique dans lequel il s’isolerait. Un beau moment. Puis vient le moment au cours duquel il défie de sa bass chacun des musiciens ces derniers ne se laissant pas intimider. Chaque musicien a l’occasion de dévoiler sa virtuosité.

Comment raconter le moment magnifique au cours duquel à l’aide d’une espèce de pédalier qui enregistre sa voix il se fait homme orchestre ? La voix de cet homme est un instrument dont il joue en virtuose.

A la fin du concert il conditionne sa prestation par le fait que tout le monde danse. Mais comment a-t-il su que ce n’était plus possible de rester assise ? Quand je dis que nous étions en phase, dans un dialogue, CQFD (hihi). Est-il besoin de vous dire que les bras, les jambes, la tête, le corps entier ne se sont pas fait prier pour se trémousser ? Autour de moi les VIP devaient être dans le même état d’urgence. Un moment superbe. Trop court forcément.

A la fin du concert, après une fausse sortie, il entame « Eyala », un bijou mélodique et harmonique. La voix du chanteur s’ouvre, s’amplifie, s’élargit, c’est un moment magnifique. Les notes semblent s’attarder dans sa voix comme pour retenir l’instant, ralentir le temps, maintenir encore un peu la magie d’une après midi ensoleillée parée par une musique merveilleuse.

 

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Richard Bona et ses musiciens nous ont offert un joli moment de complicité, de beauté, de musique, de détente, de vie. Un de ces moments au cours desquels le temps, pris dans l’écrin précieux qu’est la musique, semble suspendre son vol. Quand des musiciens vous offrent cela leur mission est accomplie. J’espère qu’en retour nous le public leur aurons offert un beau moment accomplissant en retour notre mission.

Richard Bona m’a touchée parce qu’il aura été avec son public, en phase avec lui, heureux de ce que l’auditoire lui offrait le recevant avec délectation mais sans arrogance. Il a tenu les promesses annoncées par son magnifique sourire.
Ce soir là à Vincennes j’ai sans surprise rencontré le virtuose attendu mais, j’ai de surcroît l’impression que l’homme annoncé par la fenêtre de son sourire s’est laissé dévoiler, rencontrer, au moins en partie. Cet homme c’est un peu de Richard Bona dans sa vérité. L’homme que j’ai vu sur scène avait l’élégance, l’ouverture, la malice et la simplicité promises dans son sourire. C’est le Richard Bona que j’attendais. Merci monsieur d’être venu. 

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Nya Mulema par Charly Nelle

Cette chanson est tirée de l’album le plus récent de Charly Nelle : Sacramento.

C’est un magnifique opus qui recèle de bien belles choses. Les arrangements de Conti Bilong sont soignés et inventifs.

« Nya mulema » est la déclaration d’amour d’un homme à une femme. Il dit ces petites choses ordinaires qui se revêtent d’exceptionnel sur les traits, dans l’allure ou dans la façon d’être de la personne aimée. Déclaration d’amour sur rythmes afro zouk tirée d’un album absolument magnifique.

http://www.dailymotion.com/video/xd3u0c

« Wa nde na bele no na équilibre … »Cool



Le Cameroun chante Zangalewa.

Un tube mémorable de mon pays.

Shakira en a fait une reprise pour la coupe du monde. Juste pour rappeler que l’original et les droits d’auteurs sont du côté de ma terre. Une autre bataille juridique en perspective ? A suivre…

Si comme à leur habitude les « puissants » de l’industrie musicale s’étaient servis sans demander j’espère que l’ardoise sera sévère.

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Samson : chaud gars

Dans ma mémoire le Cameroun chante comme ça aussi

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Grâce Decca chante Ndolo

J’aime beaucoup

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Patrick BEBEY en concert le 10 Mars au Zèbre de Belleville

patrickbebey1.jpgJe ne sais pas pour vous mais j’aime que les musiciens me surprennent, me transportent, me fassent sortir des sentiers battus de la musique sans surprise qui inonde les ondes. J’aime que le temps d’un concert voire de l’écoute d’un CD, je sois ailleurs, que l’artiste par son univers, son talent, sa sensibilité et sa créativité se saisisse du lasso d’une note ou d’un accord pour capturer mon attention. Patrick Bebey est de ceux là.

Il y a plus bientôt deux ans, je l’ai vu dans une petite salle de concert à Paris et il m’a, il nous a offert, par sa musique, un magnifique voyage.

Ce musicien multi instrumentiste est un explorateur de sons qui vous ballade d’une forêt tropicale d’Afrique à l’Amérique du Sud sans rupture. L’artiste qui a commencé sa carrière professionnelle en 1986, en tant que musicien a été au contact de musiques africaines d’horizon divers, il a par ailleurs œuvré dans des formations de jazz en tant que pianiste, et a accompagné des chanteurs de l’hexagone. L’homme a visiblement absorbé des influences musicales et sonores sur plusieurs continents. C’est ainsi que son univers musical est à la fois surprenant et cohérent.

Son talent de musicien n’est plus à prouver son parcours musical parle de lui-même. Heureusement parce que l’homme n’est pas disert. Comme les artistes, son langage est son art et le lieu de rencontre avec lui. Des figures importantes de la musique telles que Miriam Makeba, Francis Bebey, Papa Wemba, CharlElie Couture, Geoffrey Oryema, Ray Lema, Wasis Diop et  bien d’autres ont fait appel à son talent de pianiste et de réalisateur pour un album ou un autre.

Le talent de Patrick Bebey aura mûri au en travaillant pour et avec d’autres. Belle école pour laisser parler son propre univers le temps venu.

Ce 10 Mars à 20h30, Patrick Bebey présentera son album « Oa na Mba ».

Le titre de l’album est en soi un jeu de mot qui apparaît à qui est attentif. Il ressemble à l’artiste tout en finesse, en pudeur et en nuances. Oa na mba en langue Duala veut dire d’une part « toi et moi » et d’autre part « tu dis que c’est (à) moi ».
Dans cet album voulu comme un hommage à Francis Bebey son père disparu il y a la double dimension du duo par delà les mondes entre le père et le fils unis par la passion de la musique et des explorations sonores. Il y a aussi le passage de témoin « tu dis que c’est à moi, que c’est mon tour ». Il prend son tour avec grâce et maestria ! Dans l’album il y a une chanson, une mélopée superbe qui de cette absence majeure.

L’Album est superbe. Patrick est un défricheur de son absolument extraordinaire et le voir sur scène est un bonheur. Simplicité, humour,  convivialité, et décontraction accompagnent la beauté de sa musique.

Patrick nous offrira aussi des titres de son prochain album. J’ai hâte de les découvrir !

Les franciliens ont la possibilité de rencontrer cet univers musical à Paris :

LE 10 MARS au ZEBRE DE BELLEVILLE

à 20H30

 Metro : Belleville ou Couronnes

Prix des places : 13€ ou 15€ (selon que l’on ait réservé ou pas).

Réservations : reservation.sinaperformance@gmail.com

(En précisant votre nom et le nombre de billets que vous souhaitez réserver. Le paiement se fera en caisse le jour du concert et chaque billet vous coûtera 13€)

Pour ceux qui n’auront pas réservé le prix de la place sera de 15€

Patrick Bebey sera accompagné sur scène de :

Luiz Augusto Cavani :   batterie
Moussa Sissokho :         percussions
Marc Bertaux :              basse


Merci de faire passer l’information



Kaissa : to nje

Au coeur de l’album de Kaissa que j’aime beaucoup il y a cette chanson qui est ma préférée, celle qui me touche le plus, et qui me rencontre.

Dans nos métissages de position et de construction, il y a une constante la quête de racines, de refuges, de lieux de mémoires qui nous rappellent qui nous sommes.

Des endroits dans lesquels le retour par la mémoire aide à aller de l’avant.

Je trouve qu’elle le rend bien, qu’elle ME le rend bien.Clin doeil

C’est une chanson qui habite mes altérités et que ma distance à ma terre investit.

J’aime qu’une chanson offre un « je » suffisamment ample pour inviter mes propres « je ».

« Où que j’aille je cherche mon chez moi, le pays qui m’a vu naître »

Kaissa chante ce pays intérieur que portent les migrants, pays magnifié par la nostalgie, mais refuge dans les secousses de l’ailleurs.

 

N’oublie pas dit-elle, n’oublie pas fils de ma terre, la terre qui t’a donné la vie. 

 Elle chante la nostalgie de sa terre promettant d’y revenir un jour. Mélopée d’espérance du migrant.

Quête perpétuelle de celui qui est ailleurs, qui est d’ailleurs, qui est changé dans l’ailleurs tandis que sa terre change. 

 

Il reste la terre intérieure, refuge matriciel.

 

« To weni na mala no na ma wasa mboa » Où que j’aille je cherche mon « chez moi »

 

Le chant débute par une image qui me rencontre, le son de la pluie sur le toit familial que j’emporte partout et toujours.

Chant de la pluie, mélodie matrice.

Ecoutez la guitare en introduction. Elle est matrice comme les musiques qui habitent les enfances vécues du côté de Douala en ce temps là.

 

La musique seconde peau de ma mémoire.

 

Elle vous enveloppe comme le sein d’une mère.

 

Merci Kaissa de m’offrir toutes ces choses en une chanson.

 

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Hommage à Charlotte Mbango : on l’appelait la diva de la musique camerounaise

charlottembango4.jpgHier matin, le mardi 2 juin à 9h45 s’éteignait en région parisienne une figure importante de la musique camerounaise et africaine. Après Tom Yom’s, Hoigen Ekwalla et Ndoumbe Djengue bassiste et chanteur, voici que Charlotte Mbango vient rejoindre le cortège trop nombreux à notre goût de ceux qui après nous avoir fait danser mettent un noeud dans notre gorge. Elle avait 49 ans et la vie devant elle. Et la nouvelle nous tombe dessus sans préparation : Charlotte Mbango est morte !


La nouvelle de sa mort laisse stupéfaites de nombreuses personnes. Elle porte en elle comme une impression d’obscénité, celle qui nous envahit quand la mort happe une personne de manière prématurée. Une impression d’inachevé vient se marier à notre mémoire d’elle. Impression renforcée par la nouvelle qu’elle préparait un nouvel album quand la maladie…

Le public, son public n’a rien vu venir. Charlotte Mbango morte ?!?
Comment cela serait-il possible alors que nous n’avons même pas par rumeur associé son nom à quelque maladie ?

 

La stupeur qui gagne la ville de Douala à cette triste nouvelle a des échos dans la diaspora Camerounaise dont la mémoire se trémousse sur « Konkai Makossa »

 

Des chansons comme « dikom lam la moto », « duala serenade », « malea » et bien d’autres remontent dans nos mémoires et amplifient la stupéfaction.

Charlotte Mbango
donnait l’image d’une femme énergique et enthousiaste, l’image même de la vie. La nouvelle de sa mort est d’autant plus obscène qu’elle est antithétique avec le sourire, la joie de vivre et le punch que dégageaient la chanteuse.

 

Charlotte Mbango a commencé sa carrière musicale très tôt d’abord en amateur dans le cadre de l’église. Elle disait avoir commencé à chanter dans les églises à 9 ans. Les églises, de nombreux chanteurs sur plusieurs continents en sont la preuve, peuvent être des lieux favorables d’acquisition de technique vocale. La soprano continuera ses classes dans des groupes gospel et en chantant dans les concerts scolaires. Elle fondera une chorale scolaire baptisée « Gospel and Negro Spirituals band »

 

En 1979 elle rejoint la France pour poursuivre ses études. Ses études seront couronnées de succès et Charlotte Mbango obtiendra une maîtrise de Marketing. Mais la musique est son univers, son espace d’expression, alors Charlotte chante.
Son cousin Joe Mboule sera une aide précieuse pour lui mettre le pied à l’étrier : “ Charlotte a commencé avec moi. Elle a ensuite volé de ses propres ailes, de succès en succès. Elle est devenue une voix incontournable de la chanson africaine. Elle a chanté avec les plus grands ”

 

Rapidement, avec des chanteuses comme Sissy Dipoko elle fera partie d’une sorte de « dream team » des chanteuses de makossa. Elle accompagnera de nombreux chanteurs parmi lesquels Manu Dibango, Angélique Kidjo, Toto Guillaume, Ben Decca, Dina Bell, Paul Simon et bien d’autres artistes séduits par son timbre unique et sa technique vocale.

 

En 1987, sous l’impulsion d’Aladji Touré, bassiste et producteur, paraît son premier album fait de reprises qui connaît un franc succès avec notamment « Dikom lam la moto ». Ce premier album la pose et l’impose comme une voix qui comptera dans la musique camerounaise en général et dans le makossa en particulier.

 

En 1991 paraît son inoubliable « konkai makossa » écrit par Guy Lobe. C’est la consécration et un disque d’or remis par Paco Rabanne lui-même vient affirmer le fait que le public ne s’est pas contenté de l’écouter à la radio, il a voulu se procurer en nombre son opus. Charlotte Mbango est désormais dans ce que certains qualifieront d’équipe nationale du makossa.

En 1996 elle sort l’album « Massoma » pour remercier ceux qui se sont tenus à ses côtés dans une période de grandes difficultés dans sa sphère intime et privée.

En 1998 elle revient à ses premières amours avec un album gospel qui raconte ses amours pérennes par des chants qui disent sa foi, sa piété. « De la musique » disait-elle  » pour nourrir nos âmes, le chant par excellence… »

Ses proches disent qu’il y a deux mois encore, elle travaillait à un album de musiques. Elle n’aura pas eu le temps d’aller au bout de son projet. La maladie, puis la mort auront arrêté son vol. Elle ne chantera pas de nouvelles chansons. Elle ne chantera plus que dans nos mémoires et sur les CD et vidéos du passé. Funeste mardi de juin ! Elle n’avait que 49 ans.

 

Charlotte Mbango a succombé à un cancer du foie. Pour nous cette maladie été bien cruelle puisqu’elle lui aura pris la vie.

 

Une chose est sûre la voix de celle qu’on appelait « la diva du Makossa » s’est tue le le mardi 2 janvier 2009 à 09h45mn au CHU du Kremlin Bicêtre.
Il nous reste sa musique, ses vidéo clips qui nous rappeleront son sourire et sa joie de vivre.

Mais dans les coulisses Charlotte Mbango laisse une fille de 21 ans Chris Audrey Mpacko et un petit-fils.
Nous nous associons à l’émotion et à la douleur de ses proches, à celle de sa fille unique et à celle de tous ceux qui, dans l’intimité, perdent une maman, une soeur, une épouse, une fille, une amie, et une grand-mère.

Nos empathies s’élargissent vers ceux pour qui la journée du 2 juin aura à jamais modifié les contours de la vie. Quarante neuf ans et puis s’en va. Dur !

Cette mort brutale d’une autre voix du makossa ramène en mémoire celles de Tom

Yoms et Hoïgen Ekwalla. Encore une soustraction essentielle du paysage musical

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R.I.P Charlotte MBANGO.
http://www.dailymotion.com/video/x3fc7x



Blick Bassy : Maria

Jeune et talentueux artiste originaire du Cameroun dont j’ai déjà parlé sur le blog, Blick Bassy dont nous étions nombreux à attendre l’album  et je ne suis pas la seule à penser qu’il est réussi.  Je vous conseille son album Léman (Miroir). J’aime la manière dont ce chanteur fait résonner le bassa sa langue maternelle. Bien que cette langue ne soit pas la mienne et que je ne comprenne pas ce qu’il dit il y a une grâce, un talent qui font que tout naturellement j’y entre et la visite sans le moindre sentumen d’étrangeté.

Maria est l’une des premières chansons que j’ai découverte. Je ne m’en lasse pas. 

 

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Showcase du chanteur Douleur à Paris : impressions subjectives.

ShowcaseDouleur11fev09016.jpg picture by maddyspace

Dimanche  11 janvier 2009, le ciel est triste et il fait froid. Sur les trottoirs parisiens une pellicule de glace aussi fine que sournoise a fait chuter plus d’un parisien. J’ai pour le verglas d’irrépressibles détestations. Je dois avouer qu’il y a des territoires géographiques de mon anatomie qui se souviennent de quelques atterrissages à l’inélégance avérée et à l’indiscutable comique. Est-il besoin de vous dire que de vous dire qu’un dimanche soir, il me fallait une excellente raison pour me sortir de mon nid douillet et risquer de revivre les cascades qui défilaient sur l’écran noir de ma mémoire.

Dimanche soir, j’avais rendez-vous avec une musique, un artiste, un univers que j’aime. Rendez vous avec une personne qui est à mes yeux plus qu’un chanteur, mais un artiste qui sous nos yeux construit une œuvre. Un artiste qui depuis 25 ans par ses mots, son univers, ses explorations sonores et son exceptionnel phrasé étonne, envoute, déconcerte, ravit. Douleur n’est pas de ceux qui laissent indifférent en cela aussi il est artiste. Il n’a jamais cédé à la tentation de la facilité et pour cela aussi il a mon respect. C’est un artiste qui depuis 18 ans invite mes sens et mon âme à des danses, des ballades, et à d’exceptionnels périples quand soudain se lève en lui le griot. La mélomane en moi avait rendez-vous avec Alexandre Douala alias Douleur. Douleur que je n’avais jamais vu sur scène. J’anticipais, au vu de la richesse du répertoire de cet artiste une soirée qui devrait inviter en moi ces réchauffements uniques que m’offre la musique que j’aime. Douleur est de ces artistes dont la richesse sémantique, poétique et musicale me touchent, m’émeuvent et m’éblouissent. La voix de cet homme a le pouvoir de convoquer en moi la mémoire de mon peuple telle qu’apprivoisée par mon histoire. Par des expressions propres à la langue qui est mienne, par les proverbes et autres maximes qu’il livre comme autant de passerelles pour la transmission de la mémoire. Sa voix éveille en moi des sentiments d’appartenances parce qu’une note, un cri , une onomatopée réveille des sentiments d’appartenance comme si la note devenait ma maison le temps d’un instant.
J’ai connu l’existence de Douleur en 1983 ou 1984. Je l’ai rencontré en 1990 dans un temps durant lequel les aspérités de la vie m’avaient enfermée dans une écoute autistique de sa musique. Musique comme paravent et comme objet transitionnel d’émotions paroxystiques. La rencontre avec Douleur s’est faite au moyen de l’album Beneground, un chef d’œuvre de mon point de vue. Cette découverte de Beneground m’a invitée à explorer l’univers artistique de cet homme. Je n’ai pas été déçue du voyage.
Voici qu’après des années de silence, Douleur se produit à Paris, dans ma ville. Que peut me faire le verglas ? Comment pourrais-je être indifférente à un homme qui n’hésite pas à clamer à celle qui est son amour les fragilités qui émergent en lui dès qu’elle s’éloigne. Un homme qui n’hésite pas à dire qu’il pleure. A l’écoute d’Elissa, l’on peut entendre Douleur dans une de ses prosodies dont il a le secret, laisse apparaître au cœur d’une mélopée le visage d’un homme qui n’a pas honte de s’avouer capable de pleurer. Je fonds ! C’est une obligation de me mettre en mode coeur de fille. Clin doeilPleurer sans pleurnicher toute la nuance est dans le subtil équilibre que Douleur, trapéziste de l’émotion juste trouve. Il est comme ça Douleur posant sa voix ses mots, ses cris,  ses narrations comme sur un fil émotionnel ténu qui chez un autre serait ridicule ou affecté. Mais chez Douleur rien n’est ridicule ou emprunté tout sonne vrai parce que c’est sa vérité d’artiste, sa vérité d’homme médiatisée par sa sensibilité artistique. Sa musique est comme un de ces voyages oniriques qui nous font voir s’ouvrir une porte après l’autre vers un ailleurs qui nous invite, nous aspire, nous inspire. Bien des années après, je me surprend à voir s’entrebâiller au travers d’une note de musique quelque porte ou fenêtre que je n’avais pas encore franchie. Que de subtilités sémantique, que d’allégories dans la musique de ce chanteur !

Le Showcase parisien.
Il est dix neuf heures environ et sur la scène du centre Barbara Fleury dans le 18ème arrondissement de Paris, Abdelaziz MOUNDE N.(producteur et maître d’œuvre de l’organisation de la célébration des 25 années de carrière de Douleur) pose le cadre du Showcase le mettent en perspective par rapport à la suite. Derrière lui l’orchestre de Douleur baptisé « WES WE CAN » en écho à un impossible devenu possible au pays de l’oncle Sam.

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Ce « wes we can » est aussi une affirmation du désir du chanteur de faire évoluer sa musique vers un univers plus acoustique. Un Yes we can qui affirme le glissement de l’usage du play back vers l’expression sans filet de son art vocal. La soirée nous démontrera que « Yes they can ». L’orchestre est composé de :
- Etienne MBOM : Guitare basse
- Denis TCHANGOUM : Batterie
- KAYOU : Saxophone, trompette, flûte
- Joelle ESSO : Choeur
- KOUL : Percussions
- Alain TCHINDA : guitare acoustique
A la fin de l’intervention de A. Mounde, sans bruit avec la discrétion qui est sienne, l’artiste arrive sur scène. Sa discrétion est antithétique de l’enthousiasme suscité chez ceux qui comme moi sont venu quérir quelque enchantement, quelque éblouissement, quelque voyage enchanté de l’âme avec Douleur pour commandant de bord.
L’homme est artiste jusqu’au bout du look. Un look d’une négligence étudiée. Des dreadlocks à l’imprimé de la chemise en passant par la veste et le chapeau. Les lunettes de soleil au cœur de la nuit posent le décor Douleur le mystère n’aura pas été changé par 25 ans de carrière. Le chanteur nous salue et entre dans le vif du sujet, dans ce qui est son domaine de prédilection, sa mission. La voix est là, forte, assurée, maîtrisée. Il nous entraîne dans un voyage dans lequel il revisite de manière acoustique des chansons de son répertoire devenue des classiques, des compagnes pour plusieurs, des amies que nous sommes venues retrouver pour partager un moment. Sa réappropriation des morceaux en dévoilent d’autres aspects qui semblent séduire l’auditoire. Est-ce dû à la capacité d’envoûtement de la voix de Douleur ? J’en fais le pari.

ShowcaseDouleur11fev09017.jpg image by maddyspace

Le chanteur n’a pas de mal à faire participer la salle qui en redemande. Souvent pris dans des intériorités qui lui sont propres le chanteur semble être dans un de ces entre deux, comme entre ciel et terre, entre ici et ailleurs, comme s’il était un passeur d’ailleurs. La musique de Douleur a une dimension qui frôle le mystique.  L’homme est dans l’économie gestuelle même si quelquefois il a  soudain des attitudes quasi christiques nourrissant la dimension mystique du personnage et de son œuvre. Les mains levées, les bras en croix qui invitent bien des symboliques. Il s’adresse au public sans une inutile logorrhée. Economie de mots, intensité vocale et émotionnelle. Parfois quand le tempo de la musique s’accélère il entame une danse dont il arrête le mouvement. Les danses de Douleur sont à peine esquissées comme des promesses non tenues, comme un vol arrêté tandis que sa voix semble aussi puissante que ces flots que l’on ne peut endiguer. Le tour de chant se termine vite, trop vite à mon goût mais comme certains le savent j’ai pris une option encore à la naissance. La tour de chant continuera pour ceux qui rejoindront le chanteur le 31 janvier à l’espace Cardin. J’ai entendu mon petit doigt me chuchoter que j’y serais.
Si je devais faire un reproche à l’artiste (un reproche mais quel toupet ! Mais pour qui me prends-je ? ! ? hihi)  c’est d’avoir réorchestré toutes les chansons au point que je suis restée sur ma faim parce que mes amies les chansons avaient trop changé. Oh elles étaient superbes mais si différentes de mes souvenirs. J’ai aimé leur nouvel habillage mais un « konkele » en version originale juste pour faire danser mes souvenirs eût été une magnifique cerise sur l’éblouissant gâteau cuisiné par Douleur. J’aimerais bien qu’il y ait un mix des anciennes chansons et de la nouvelle orientation de Douleur pour qu’il nous prenne de là où nous sommes pour nous emmener vers cette évolution musicale qui est la sienne. En fait égoïstement en plus de Douleur artiste magnifique que j’ai vu, écouté et apprécié ce dimanche 11 janvier, j’aurais aimé retrouvé mon Douleur, celui qui depuis 18 ans m’appartient un peu, faisant partie de mon cheminement musical et humain.

 

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A la fin du concert nous avons eu droit à un cocktail fort sympathique et j’y ai fait des rencontres des plus intéressantes mais chut ! Douleur a quitté la scène et dans les coulisses Alexandre Douala se révèle un homme agréable et accessible. Vous me connaissez l’humilité et l’aménité chez un artiste de talent et voilà qu’il attrappe ma fidélité. S’il s’épate lui même à outrance je passe mon tour.Clin doeil Douleur a augmenté mon crédit fidélité à son égard par ses savoir être. J’ai passé une belle soirée et si j’en crois les réactions du public et les impressions entendues ça et là je ne suis pas la seule. Merci l’artiste !

Et pour la petite histoire la seule chute que j’ai faite cette nuit là a été celle dans la bras de Morphée. Voir Douleur sur scène et vaincre le verglas mais quelle soirée. pourquoi sens-je monter en moi des vélléités de me prendre pour une Superwoman ? Mégalomanie ? Oh la la 2009 s’annonce sous de bien troublants auspices. C’est grave docteur ?!? (hihi).

Merci de m’avoir lue et bonne semaine à tous !



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