Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes

Les promesses tenues du sourire de Richard Bona : Impressions subjectives sur le concert du 25 juillet à Vincennes dans Caramba la basse ! 37803_416250001469_682081469_5226105_2534288_n

Dimanche 25 juillet, Richard Bona s’est produit au parc floral de Vincennes, lieu où semble-t-il il revient tous les ans ou presque, en été. Ceci explique peut-être l’impression de décontraction et d’aisance qu’il dégagera tout au long de sa prestation.

Il est plus de 16h30 quand Richard Bona arrive sur la grande scène du parc floral. Le public qui l’attend est fébrile. Autour de moi des personnes de tous âges et phénotypes sont dans une attente à la fois fiévreuse et souriante. La musique de Richard Bona a suffisamment d’amplitude pour toucher des personnes de toute origine culturelle ou sociale.
Ses albums sont des promesses et justifient que la foule soit nombreuse pour communier au son de sa bass et à la beauté de sa voix.

Mais pour moi il y a une autre promesse que j’espère qu’il tiendra. Je l’ai vu en concert au New Morning et si son talent y a été incontestable, sa bass majestueuse et sa voix quelquefois angélique, Richard Bona n’avait pas tenu les promesses de son sourire.

Quoi les promesses d’un sourire ? Je vous entends d’ici vous interroger sur la lucidité de celle qui écrit cette chronique. Repliez vous suspicions je suis aussi normale que n’importe quel humain vivant dans la folie de notre siècle (hihi !).
Avez-vous déjà regardé le sourire de cet homme ? Il est chaleureux, enfantin , communicatif, malicieux, bref il est magnifique. Il semble vous parler d’un homme chaleureux. Sur scène son sourire semble vous dire qu’il est avec vous et que vous êtes en phase, cheminant ensemble au gré des notes de musique. Imaginez les attentes générées par les promesses d’un sourire ! Oui j’ai un rapport totalement subjectif à la musique et je l’envisage comme un tout dans lequel le musicien ne saurait être antithétique de sa musique dans mon esprit. L’auteur de Souleymane me rencontrerait-il ?

Si le concert au New Morning avait été acoustiquement formidable, il m’y avait manqué la communion, la complicité, le dialogue, de fait ce qui pour moi est essentiel. J’avais lu des promesses dans son sourire et j’attendais de lui davantage que de la virtuosité. Quand on l’écoute cette dernière est une évidence.
Il est possible que ce soir là ait été un soir au cours duquel il n’était pas totalement avec nous. Sa maestria était là, sa bass résonnait avec majesté, sa voix offrait ces surprenantes envolée qui sont sa signature, mais lui je n’avais pas eu l’impression de l’avoir rencontré. J’ai quitté le concert avec un sentiment d’inachevé. Il manquait le moment magique au cours duquel soudain, l’on est ensemble, comme si les âmes se rencontraient sur une note, un rythme, un accord.

Quand j’assiste à un concert, j’aime l’idée d’y aller pour un échange, un dialogue avec l’artiste qui se produit. J’aime l’idée que la fragilité du direct enfantera des moments qui feront que les individualités sur scène et dans l’auditoire se fondront dans un nous qui rendra chaque note de musique plus vivante, plus enveloppante et le concert plus jouissif. Quand le jeu de scène m’apparaît comme un monologue, il n’ajoute pas grand-chose au plaisir procuré par l’écoute d’un CD.

Cette après-midi de juillet, Richard Bona sera en phase avec son public, mieux encore il nous donnera l’impression à chacun de nous peut-être d’être dans un dialogue personnel avec lui. Cela ne s’explique pas, ça appartient à la grâce de la musique, de l’art. Quand un artiste réussit cela c’est beau, c’est inoubliable, ça s’inscrit en nous.

Revenons à Richard Bona à Vincennes. Il succède à Sandra Nkake que malheureusement je n’aurais pu qu’entendre sur la fin sans la voir. Immense est ma frustration. Pour l’avoir déjà vue sur scène, je sais avoir manqué quelque chose. Sandra Nkake, a une voix exceptionnelle ajoute une présence scénique impressionnante. Elle occupe l’espace par sa voix, par sa gestuelle, par son humour. Elle est brillante, pertinente et pleine d’esprit. Ne pouvoir l’entendre que de loin frise la torture. A l’avenir je saurais que pour assister à un concert à 15heures en ce lieu, il faut y être au plus tard à 14h, … la veille !

Sur la scène, ses musiciens le précèdent. C’est un groupe cosmopolite à l’image de la musique de Bona qui absorbe des influences de divers continents. Richard Bona les présentera plus tard avec humour en nous invitant dans leur car aux heures de la coupe du monde football. Moment hilarant s’il en fut.
Le batteur vient de Cuba. Cet homme a quelquefois durant le concert donné l’impression d’avoir de multiples bras alors qu’il se déchainait sur scène. Le pianiste vient de Hollande (origine Surinam), le percussionniste du Brésil, le trompettiste des USA et le guitariste de Guadeloupe.
Alors qu’ils s’installent, la fièvre monte dans le public. Carré VIP ou pas, la musique est reine et nous sommes de volontaires sujets le temps d’une après-midi.

 

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Le bassiste arrive sur scène vêtu d’un confortable ensemble blanc et des baskets aux couleurs du Cameroun, comme pour rappeler que l’on emporte toujours ce pays en soi où que l’on aille. Dès son entrée en scène, il est chez lui. Souriant, confiant il entame le premier morceau. Il n y a pas de phase qui sert à apprivoiser le public. Celui qui est là, est déjà conquis. Je suis préparée à profiter de l’instant quand bien même l’échange que j’espère n’aurait pas totalement lieu.
Je n’ai pas la prétention de raconter le concert de manière exhaustive mais juste des moments qui m’ont touchée, marquée, impressionnée.

Est-ce parce qu’il nous a présenté sa maman dans le public que son « Mbemb’a mama » (les larmes de ma mère) me touche particulièrement malgré l’humour avec lequel il présente la chanson ? Voir cette petite dame le visage radieux qui sourit au public en le saluant est émouvant. Le rapport à la figure maternelle trouve en chacun diverses résonances ce soir là à Vincennes la chanson et le visage illuminé de cette maman rencontrent les miennes. Écouter la chanson et l’entendre coule de source.

Quand il entame « Shiva Mantra » composé ô surprise en Inde (^_^), le bassiste amorce un étrange mouvement de la main droite comme si elles étaient habitées par la figure de Shiva. Le mouvement de ses mains appelle une attente de virtuosité qui sera largement tenue et soutenue par des musiciens inspirés, notamment le trompettiste et le percussionniste grâce auxquels l’ailleurs s’installe au milieu de nous. L’Inde est là avec ses représentations forgées entre autres par Bollywood.

La densité de l’intro de « O sen sen » me fait regretter d’être dans le carré VIP juste derrière l’ambassadeur du Cameroun et son épouse. Le syndrome de la contorsion contrariée me reprend. Il est des musiques qui appellent naturellement des réponses corporelles inappropriées au milieu des VIP. Ils restent assis les bougres. Obligée de faire comme eux. Au premier rang un enfant de sept ans peut-être n’est pas tenu par de telles contraintes. Il danse avec frénésie et sans le savoir me venge.
Richard Bona profitera de cette chanson pour inviter des choristes exceptionnels : nous !
Les hommes et les femmes rivaliseront de virtuosité pour affirmer leur présence et épater le musicien. L’homme sur scène dévoilera un humour étrange comme il demandera aux femmes de plus de quarante ans de chanter. Mais quelle idée ! Puis suivront les femmes de plus de cinquante, etc. Heureusement que j’ai vingt ans pour la durée des temps. Pfttt !!! Si vous aviez vu l’air malicieux du monsieur ! Mais quel coquin. Le public hilare était conquis. Si vous croisez monsieur Bona, dites lui qu’au-delà de vingt ans, une femme n’a plus d’âge voyons.

Sur « Jombwe », l’homme livrera un solo de bass de toute beauté et tout en subtilité. Ce moment l’inclinera à clore les yeux comme pour un dialogue avec la musique dans lequel il s’isolerait. Un beau moment. Puis vient le moment au cours duquel il défie de sa bass chacun des musiciens ces derniers ne se laissant pas intimider. Chaque musicien a l’occasion de dévoiler sa virtuosité.

Comment raconter le moment magnifique au cours duquel à l’aide d’une espèce de pédalier qui enregistre sa voix il se fait homme orchestre ? La voix de cet homme est un instrument dont il joue en virtuose.

A la fin du concert il conditionne sa prestation par le fait que tout le monde danse. Mais comment a-t-il su que ce n’était plus possible de rester assise ? Quand je dis que nous étions en phase, dans un dialogue, CQFD (hihi). Est-il besoin de vous dire que les bras, les jambes, la tête, le corps entier ne se sont pas fait prier pour se trémousser ? Autour de moi les VIP devaient être dans le même état d’urgence. Un moment superbe. Trop court forcément.

A la fin du concert, après une fausse sortie, il entame « Eyala », un bijou mélodique et harmonique. La voix du chanteur s’ouvre, s’amplifie, s’élargit, c’est un moment magnifique. Les notes semblent s’attarder dans sa voix comme pour retenir l’instant, ralentir le temps, maintenir encore un peu la magie d’une après midi ensoleillée parée par une musique merveilleuse.

 

38658_416250896469_682081469_5226110_5372066_n dans L'Afrique en musique

Richard Bona et ses musiciens nous ont offert un joli moment de complicité, de beauté, de musique, de détente, de vie. Un de ces moments au cours desquels le temps, pris dans l’écrin précieux qu’est la musique, semble suspendre son vol. Quand des musiciens vous offrent cela leur mission est accomplie. J’espère qu’en retour nous le public leur aurons offert un beau moment accomplissant en retour notre mission.

Richard Bona m’a touchée parce qu’il aura été avec son public, en phase avec lui, heureux de ce que l’auditoire lui offrait le recevant avec délectation mais sans arrogance. Il a tenu les promesses annoncées par son magnifique sourire.
Ce soir là à Vincennes j’ai sans surprise rencontré le virtuose attendu mais, j’ai de surcroît l’impression que l’homme annoncé par la fenêtre de son sourire s’est laissé dévoiler, rencontrer, au moins en partie. Cet homme c’est un peu de Richard Bona dans sa vérité. L’homme que j’ai vu sur scène avait l’élégance, l’ouverture, la malice et la simplicité promises dans son sourire. C’est le Richard Bona que j’attendais. Merci monsieur d’être venu. 

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INOUBLIABLE SOIREE A L’OLYMPIA AVEC SMV (Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten)

concertsmvetc0051.jpgIl est à peu près vingt-trois heures et debout en communion avec une salle extatique nous n’avons pas assez de mains pour offrir à ceux à qui nous devons ce moment merveilleux des acclamations à la hauteur de l’offrande de leur talent, de leurs grâces, de leur génie. On se voudrait Shiva pour que la multiplicité de nos membres puisse leur faire en offrande un de ces bruits qui marquerait leurs cœurs et leurs mémoires. Comme une envie de multiplications des mains en réponse à ces mains qui nous ont offert des performances telles que l’on demeurait interdit à l’idée que chacun des bassistes n’avait que deux mains et cinq doigts à chacune. J’ai vérifié rassurez-vous. 

Sur la scène leurs visages souriants, les gestes de gratitude vis-à-vis d’un public qui aura été en phase avec eux dès leur entrée sur scène, voire avant, sont des cerises sur les gâteaux de nos enchantements. Nous avons été en communion avec eux, et eux avec nous, nous étions « comme un ». A côté de ceux que nous sommes venus voir un batteur et un pianiste  qui nous ont émerveillés par leur talent, existant dans le sillage de ces maîtres, de ces rois de la Bass. Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten, bassistes incroyables dont le trio a le temps d’une soirée, redessiné mon rapport à la Bass, à la musique, et aux concerts. Il y aura résolument un avant et un après 3 juillet 2009. 

Ces trois bassistes sont individuellement des virtuoses de leur instrument chacun réinventant sons et rythmes pour le bonheur de leurs aficionados. Chacun d’eux, quand il prend en main une guitare Bass, semble la révéler, nous révéler qu’il y a en cet instrument que nous croyions connaître d’infinies ressources que seul un maître, un véritable alchimiste du son parfait peut aller chercher. Chacun me déplacerait sans hésiter pour le voir et l’entendre en concert persuadée que je suis qu’il m’offrirait des moments incroyables. Imaginez les trois, sur la même scène, au même moment existant et coexistant sans être prédateurs les uns des autres chacun semblant heureux de voir briller l’autre, de se laisser éblouir par le génie de l’autre qui éclate le temps de solo démentiel. Faut-il qu’ils soient chacun suffisamment assuré de son talent pour laisser le « je » se fondre dans un « nous » qui au final semble rendre chacun plus grand ? SMV est un tout, est un groupe, c’est la fusion et la synergie de trois talents pour le bonheur de leur public et visiblement pour le leur aussi. J’en redemande !

Ah ce  trois juillet 2009 ne me quittera pas de si tôt.

Il est à peu près vingt heures quand j’arrive à l’Olympia. Un bon quart d’heure après le moment prévu. Je n’aime pas faire attendre une personne avec qui j’ai rendez-vous. Comme souvent quand je me dirige vers la matérialisation des mes anticipations musicales extatiques, il y a une légère contrariété, un petit rien qui vient gripper la parfaite machine. Une fois de plus, une fois encore, c’est un léger couac dans la machine RATP qui met du stress dans mon parcours vers l’Olympia. Qu’à cela ne tienne l’état d’urgence augmente la réceptivité je me prépare mentalement pour être dans le concert avant d’être dans la salle. La contrariété ne me volera pas un moment que j’attends, et dont je rêve. C’est mon rendez-vous.

En entrant dans la salle, la première partie est commencée. Il s’agit d’un duo claviers percussion de grande qualité pose une ambiance résolument jazzy et affirme à qui entre que la qualité sera le minimum requis pour la soirée. Les musiciens que nous attendons peuvent oser la qualité absolue en première partie. Ils n’ont rien à craindre. Ils vont nous montrer après l’entracte que si la Bass a des rois ils s’appellent Stanley, Marcus et Victor ! J’ai eu le plaisir de voir le percussionniste Edmundo Correiro sur scène il y a quelques temps avec Patrick Bebey et une fois encore il est magnifique et jovial. La maîtrise qu’il a de sa partie et l’enthousiasme qu’il manifeste en jouant sont un bonheur qui se communique sans effort. Je regrette de n’avoir pas saisi le nom de celui avec qui il a formé le temps d’un beau prélude à la magie attendue, un duo  des plus harmonieux.

Après vingt minutes d’entracte c’est l’heure. Notre heure. Ils arrivent enfin et ils sont magnifiques comme sait l’être le talent. Dès les premiers accords, je sais, nous savons que nous sommes dans un lieu de rencontre privilégiée.  Les sons qui nous arrivent de la scène nous affirment d’emblée que le rendez-vous ne sera pas manqué. Nous pouvons nous poser sur les notes et nous laisser porter la musique.

Je suis à la fois émue et enthousiaste. Emue  parce que se rencontrent dans ce moment sublime des rêves que je n’ai pas envisagé de faire quand dans les années 80, encore au Cameroun, j’ai découvert la Bass de Stanley d’abord, puis celle de Marcus. Et bizarrement les années 2000 qui m’ont conduite vers la grâce de Victor ne m’ont pas poussée à m’imaginer dans une salle de concert avec lui sur scène.

 

Et ils sont là tous les trois, la basse impériale, ils sont à nous, ils sont à moi et nous sommes à eux le temps d’une parenthèse enchantée, le temps d’un concert.

 

Enthousiaste parce que je sais que les rêves que je n’ai pas osé faire et la réalité viennent de se rencontrer pour un moment mémorable. Si j’ai aimé la Bass, en dehors des premiers pas au son et à la magie unique de la Bass Camerounaise, c’est par Stanley Clarke, Marcus Miller, et Louis Johnson notamment que cet instrument s’est imposé à moi comme un langage auquel répondent mes intériorités et mes sens. C’était avant que mes amours musicales s’élargissent vers le saxophone, le piano, puis la guitare.

 

Ils sont là rois parmi les rois de la Basse et je suis dans la salle. C’est un rêve éveillé.

 

Stanley, Marcus & Victor nous invitent pour partager une étape de leur « Thunder Tour ». Sur scène ils sont accompagnés de Derico Watson à la batterie et de Federico Gonzalez Pena aux claviers. Le concert montrera que le titre donné à leur tournée n’est pas usurpé. De mon point de vue on est au-delà du tonnerre. Ces hommes invitent dans leurs instruments tous les phénomènes naturels existant de la foudre au tonnerre en passant par la légèreté de la brise. L’on passe d’une émotion, d’une sensation à l’autre sans rupture et pas un moment dans le concert n’est de trop. Tout est à sa place, les musiques s’enchaînent dans une éblouissante cohérence sonore, les solos de l’un ou de l’autre ne rompent pas la magie du trio. Ils sont avec nous et ils sont ensemble. Ca se voit.

Mon compte–rendu de la soirée est fait d’impressions subjectives forcément, de ces moments dont je peux parler, de ceux qui m’ont éblouie, enchantée, émue, et enthousiasmée.

victorwooten.jpgJe me souviens du premier solo, c’est celui de Victor Wooten qui arrive très vite dans le programme du concert et qui nous aura laissés à bout de souffle. Ce solo est introduit par Stanley Clarke.  Victor Wooten commence tout en douceur avec la bonhomie trompeuse qui lui est caractéristique et, de ruptures en accélérations il nous embarque dans la folie de son jeu. Ses mains semblent posséder une vie en propre. Sa musique m’inviterait à fermer les yeux tant elle est envoutante et en même temps je n’en reviens pas qu’il soit seul à jouer. Je garde les yeux ouverts pour m’assurer que mes oreilles ne me trompent pas. Il est seul avec sa Bass dompteur intelligent qui alterne douceur et force. C’est incroyable ! Je n’ai pas les mots d’un spécialiste pour dire ce qu’il faisait mais mon cœur, mes sens, et mon âme sont au diapason passant d’un éblouissement à l’autre. Le solo de Wooten appellera dans la salle de nombreux applaudissements lors de ces moments durant lesquels, à bout de souffle nous pensions le solo terminé. Mais le virtuose repartait de plus belle, faisant monter d’un cran l’expression de sa maestria. A la fin du solo sans nous concerter, nous étions debout, comme évidence. Comme s’il eut été impossible de lui dire merci en restant assis. Quelle soirée !

 

marcusmiller.jpgQuand vient le solo de Marcus Miller il est présenté par Victor Wooten qui l’appelle the « crazy bass player » (le bassiste fou) si mes souvenirs sont exacts. L’homme commence à jouer et tout de suite, nous reconnaissons les accords de « Shake your Body down to the ground» la salle répond, se joignant à un hommage à l’absent qui n’a pas besoin de mots.  Marcus, seul avec sa Bass, sans esbroufe, nous en impose. J’ai l’impression de redécouvrir un morceau que je connais depuis 1979 !  Pendant que Marcus Miller nous enflamme dans ce premier hommage à Michael Jackson ses comparses se préparent à accompagner la suite de son solo.  Stanley Clarke  jouera d’un instrument que je crois être contrebasse et que Marcus Miller appellera plus tard Bass acoustique. Victor Wooten reprend sa Bass et Marcus Miller reprend un saxophone (il en a joué un peu lors du morceau initial).  Miller égrène quelques notes et nous reconnaissons « Human nature ». Frissons. L’hommage à Michael Jackson rencontre la virtuosité des trois musiciens. C’est magnifique. Le son, les lumières, l’ambiance, la dégaine des musiciens, j’ai l’impression de faire un voyage dans le temps. Le trio SMV semble soudain être le lit d’un fleuve vivant dont les affluents racontent l’histoire du jazz. C’est beau. C’est émouvant. Marcus Miller est non seulement un bassiste inénarrable, mais c’est un musicien total. J’ai du mal à croire qu’il a appris cet instrument en autodidacte. Je suis conquise. Après avoir reposé le saxophone, Marcus reprend sa Bass pour un moment comme lui seul en offre. Il termine son solo tout au bord de la scène comme pour se donner encore plus. Nous répondons à la performance du soliste. Nous sommes debout enthousiastes, et émerveillés. Il faut dire que le musicien nous conquiert par le fait qu’il nous parle en français tout au long du concert et c’est lui qui interagit le plus avec nous, forcément nous ne sommes pas séparés par la barrière de la langue.

 

stanleyclarke.jpgQuand vient le solo de monsieur Stanley Clarke, il est présenté par Marcus Miller. L’homme est assis, comme un contrebassiste. Ce qu’il nous prépare est un déchainement de sons que bien des bassistes aguerris ne sauraient produire debout. Son bras droit est pris d’une surprenante frénésie osant des gestes d’une amplitude ahurissante. Nous sommes interdits devant les prodiges qu’il fait avec son instrument. Il nous invite dans une ballade appelée « Milano » porte d’entrée de l’expression de son génie. A quel moment quitte t-il Milan pour engager un voyage extra terrestre ? Nous sommes au-delà du réel. Quand vers la fin de sa prestation en solo, le musicien est debout et semble défier son instrument pour qu’il réponde de manière parfaite à ses sollicitations, l’aphonie me guette. Il est des bienséances qui en réponse à de tels éblouissements seraient malséantes. Je découvre Stanley Clarke sur scène et il me prend l’envie de revisiter son répertoire, de rencontrer d’autres moments durant lesquels il explore les sons et les rythmes révélant les subtilités d’un instrument que je découvre. Quelle soirée !  Comme pour ses deux comparses il nous entraine dans des montagnes russes émotionnelles et à chaque atterrissage nous sommes encore chamboulés que ça repart. Après un tel voyage on ne saurait revenir pareil !

Marcus Miller et Victor Wooten qui à l’écart regardent le maître, se laissent aller à des applaudissements en réponse à la démonstration maîtrisée qui nous est faite.

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Je me souviens aussi de moment durant lesquels l’un des musiciens semble défier l’autre avec pour résultat un crescendo d’expression de leur génie. Lors d’un duel entre Marcus et Victor leurs instruments semblent prononcer des mots. Ils se regardent, se répondent, se défient, s’épatent, se sourient. C’est magique.

 

Il me revient aussi ce moment durant lequel, de debout qu’ils étaient, ils ont fini presque accroupis dans une sorte de chorégraphie tandis que leurs Bass s’embrasaient et nous enfiévraient. Mais quelle soirée !

 

 J’ai aussi aimé cette soirée pour la fraternité et le respect qui semblent unir les trois hommes. Le final est évidemment une apothéose. Les musiciens s’en vont sous nos ovations. J’ai mal aux mains à force d’applaudir, mal à la voix à force de crier. Que n’ai-je d’autres mains pour applaudir plus fort ?  Les applaudissements, cris et sifflements enthousiastes ne décroissent pas, comme dans un désir de les faire revenir encore un peu, sinon pour que notre réponse à leur don les accompagne longtemps.

Au bout de quelques minutes, les maîtres reviennent pour un morceau nous disent-ils. Le bonheur avec ce trio c’est qu’un morceau chez eux c’est un moment extensible. Marcus prend sa basse et c’est lui qui introduit le final. Nous reconnaissons « Beat it » de Michael Jackson. Les cris dans la salle prennent des accents hystériques. Les rois de la Bass laissent passer le roi de la pop. La classe ! Ils nous rappellent par leur hommage l’impact de ce dernier sur la musique contemporaine. Ce nouveau final est « post apothéotique ». Nous sommes dans une dimension inexplorée entre folie et extase, dans un endroit indescriptible, dans un endroit qui semble nous dire que la musique est en soi un langage. Ben Harper définit la musique comme « le dernier vrai langage de l’âme ». A l’écoute de musiciens de cette classe, on est porté à le croire. Ils sont de ceux que l’on ne se lasserait pas d’entendre parler.

 

J’ai eu le privilège de voir Stanley Clarke, Marcus Miller, Victor Wooten à l’Olympia. Les superlatifs se bousculent dans mon esprit pour essayer de traduire ce moment. Ils révèlent leur pauvreté sémantique tant le moment aura été inénarrable. Il y aura définitivement un avant et un après 3 juillet 2009 dans mon histoire avec la Bass, avec les concerts, avec la musique. Je ne peux dire à ces messieurs que « RESPECTS » & « MERCI ».

© Malaïka

 



J’ai vu s’ouvrir un de ces entre-deux magique qui suspendent le temps et élargissent l’espace : impressions subjectives sur le show case d’Etienne Mbappe au Comedy Club (deuxième partie)

 

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L’art est vivant, il est vie, il est invitation. Celui qui vient à son contact et qui le désire peut y entrer. Il peut se laisser toucher, si l’expression artistique qui s’offre à lui trouve en lui quelque écho. Cet entre deux dans lequel nous invitent les véritables artistes est un lieu unique, un lieu qui défie les lois naturelles. Quand on est face à un artiste qui a quelque chose à dire, qui n’est pas dans une égotique mise en scène des surinflations du soi, alors on a l’impression que le temps et l’espace se font complices pour laisser affleurer un entre deux, un entre ciel et terre, lieu dans lequel les lois naturelles cèdent la place à la grâce de l’instant. Le temps semble suspendre son vol, l’on oublie que l’on porte une montre à son poignet. Happé, pris en otage par un artiste au talent éblouissant, il ne nous vient pas l’idée de regarder notre montre. On est ailleurs, oui on est dans l’un de ces entre deux auquel seuls les vrais artistes nous ouvrent l’accès.

Ce jeudi 23 octobre, j’ai eu l’immense privilège d’assister à un showcase au Comedy Club situé Boulevard Bonne nouvelle. Un concert d’Etienne Mbappe. Oui vous m’avez bien entendue. «  Encore lui ! ! ! mais elle nous saoule «  diront les âmes chagrines. «  Allez dire. C’est même quoi ? !  » répondrais-je si je me laissais aller à la cession de mes émotions à l’autorité de mes gènes de Deïdo (Ebele o boso en passant). Cependant mes éruptions volcaniques quasi génétiques sont domptées la plupart du temps par les couches de maîtrise de soi culturellement intégrées. Je me contente de me saisir d’un truisme pour vous rappeler que «   quand on aime on ne compte pas ». Par ailleurs, la tiédeur connais pas camarades ! Hi hi.

C’est en toute subobjectivité que je vous affirme que voir ce monsieur en concert est d’autant plus impressionnant qu’il semble en progression constante d’un concert à l’autre. Etienne Mbappe, retenez ce nom et si dans le couloir de quelque FNAC ou autre distributeur de musique vous croisiez son CD saisissez-le et laissez vous happer dans un entre deux d’où l’on ne saurait sortir indemne pour peu que l’on prenne le temps d’écouter et d’entendre. D’entendre battre le cœur de l’artiste au rythme de sa basse impériale, d’ouïr son âme s’entrebâiller au fil des sujets qu’il égrène en chanson. Si en revanche vous êtes en quête d’un dispensateur de musique ou de sons encadrant quelque vide sémantique, vous vous êtes trompés de lieu, la sortie c’est la deuxième porte à gauche (rires). Ici il y a du sens, de la consistance, et du son. En revanche si vous voulez entendre quelqu’un qui laisse passer son âme par la voix et par sa musique alors prenez un siège, vous êtes chez vous dans la musique d’Etienne Mbappe, laissez vous porter et inéluctablement la rencontre se fera. Foi de moi ! Etienne Mbappe est un artiste du genre «  caramba puissance manyaka  ».

Comme les meilleurs des vins, l’homme se pique du droit de se bonifier à chaque prestation. Entre juillet à la Villette et le showcase de jeudi dernier il a fait d’incroyables progrès dans sa manière de chanter, de poser sa voix. J’avoue en être impressionnée. Sa voix est incroyablement plus assurée. Il semble avoir travaillé suffisamment la technique pour s’en affranchir. Accéder à cette liberté qui fait que le chant résonne d’autant plus vrai. La voix d’Etienne peut ainsi passer de la mélopée à l’affirmation, monter descendre en toute assurance. C’est ainsi que les expressions de son âme d’artiste conscient du monde qui l’entoure jaillissent et arrivent jusqu’à nous avec force. Aye (yen etom) et mukambilan en sont une belle expression. C’est par le premier qu’il a débuté le concert. Sur yen etom la voix et la basse sont en osmose, disant la même chose parce qu’elles résonnent l’une et l’autre avec autorité. C’est un chant intéressant parce qu’il fait l’état des lieux des dettes que nous avons reçues en héritage du fait des gestions allant de la corruption, de la gabegie et autres prévarications. «  cette dette quand bien même nous voudrions la payer que ne nous le pourrions pas  ». Le «  aye  » est une onomatopée qui en un son dit le désespoir, l’impuissance, la solitude et la douleur des héritiers de la dette qui peuplent les pays qui sont aux racines de nos existence. C’est une onomatopée qui dit la douleur consternée face au sentiment d’impuissance. Etienne parle des «  laissés pour compte que nous sommes et qui entendons parler de l’immense dette qui fait ployer nos épaules  ». Endettés par naissance au cœur des ripailles de ceux qui ont pillé nos richesses. Un intérêt de cette chanson est qu’elle est sur rythme aux sonorités funky dans lesquels la basse peut s’exprimer sans entraves et en même temps l’africanité d’Etienne Mbappe le place dans la filiation des griots qui par leur chant portent les douleurs d’un peuple, d’une terre, d’un héritage. Ce double ancrage, ce métissage sont une des forces de cet artiste. Entre juillet et octobre la différence dans la façon de chanter est impressionnante. Pendant ce temps, sous la table mes pieds déclarent leur indépendance en réponse à ce qui se joue sur scène. Comment ne pas anticiper avec délices les autres rendez-vous sur scène et ce troisième album que j’attends déjà ? Comme vous le savez si vous m’avez déjà lue, j’ai pris entre autres l’option «  encore  » à la naissance. Je suis dans le cas d’espèce et en conscience ngolo wake (jamais rassasiée). Et vous savez quoi ? Je l’assume sans états d’âme. Quand il entame Miso ma munami ( les yeux de mon fils) un chant qui parle de la nécessité de la transmission de l’héritage culturel à sa descendance, un chant qui nous fait voir naître par anticipation des milliers d’étoiles dans les yeux de nos enfants. Vous comprenez pourquoi cette musique me touche au cœur ?

Dans la salle, une grande partie de l’auditoire avait du prendre une douche glacée avant de venir. Bon courage le groupe pour réchauffer cette banquise. La basse du boss va mettre tout le monde d’accord. En un chant ou deux il va mettre tout le monde d’accord par l’autorité avec laquelle son instrument résonne. Même ceux qui ont bu de l’eau glacée ne peuvent nier éblouis que sur scène il y a de la basse. Et le sang se réchauffe peu à peu dans l’auditoire. J’ai dans la mémoire un moment de solo incroyable. O le solo en comme en état de transe alors qu’il rend visiblement hommage à un grand absent. C’est un moment fort, comme si l’homme par le biais de sa basse dont le son et le rythme montent crescendo comme si par son instrument il voulait transpercer la frontière qui sépare les morts des vivants et laisser passer son message à l’absent. Les paroles sont émouvantes même si le rythme peut en masquer l’intensité. Le chanteur était seul en scène. Le groupe s’était éclipsé pour le laisser dans un double face à face. Face à face avec le public, sans filet et face à face avec celui à qui il rendait hommage par delà les frontières de la mort. Face à face avec cette frontière pour la vaincre et laisser le message de son cœur arriver jusqu’à cet autre. Moment chair de poule pour moi. Moment qui synthétise des émotions disparates liées à l’absence et au désir de garder vivant un moyen d’être avec cet autre qui est dans un inaccessible ailleurs. Un moment intense face auquel mes mots trouvent leur seuil d’incompétence. Je m’incline simplement et dis merci à celui qui nous a permis d’assister à ce moment. C’est un moment inénarrable, il est à vivre, et à voir.

(suivre)



J’ai vu s’ouvrir un de ces entre-deux magiques qui suspendent le temps et élargissent l’espace : impressions subjectives sur le show case d’Etienne Mbappe au Comedy Club (première partie)

«  Si seulement nous savions par où venait la lumière, il serait facile d’en pénétrer les faisceaux. La musique pour moi a toujours été, et demeurera le plus sûr endroit pour me réfugier, et plus encore lorsqu’elle est habillée de mots conteurs d’histoire. Et vous ?  »

Etienne MBAPPE

thG_8057.jpg picture by maddyspaceConnaissez vous le syndrome persistant de démangeaison de la voûte plantaire ? Et avez vous déjà expérimenté celui de la contorsion contrariée ? Ces deux syndromes gagnaient du terrain à certaines tables du Comedy Club jeudi dernier. Ne les ayant absolument pas anticipés, je n’avais pas pris le soin de m’en prémunir par quelque vaccin. Ce syndrome ne se manifeste que quand la musique est bonne, quand le groupe assure, et quand la disposition des lieux ne vous permet pas de vous laisser aller à la danse en toute liberté, en réponse à la musique.

Quand une attaque de démangeaisons de la voûte plantaire se fait jour, la réponse la plus minime est de battre les pieds en cadence. Si l’on ne réprime pas les effets de ce syndrome et s’ils s’additionnent à ceux de la contorsion contrariée, des tables et chaises pourraient se retrouver en grand danger et des vols planés de meubles pourraient venir mettre en danger l’auditoire. Un seule solution, quand on est déterminé à garder quelque façade civilisée au milieu de ses congénères : réprimer instincts organiques et différer les contorsions et autres «  bal à terre  » vers son home sweet home ou vers des lieux de concerts plus propices à nos déchaînements contrariés. Entendez vous le soupir qui monte du tréfonds contrarié de la narratrice ? Souffrez que je glisse un message personnel à monsieur Etienne M. et à son groupe : «  bissez !  », oui monsieur, mais de grâce dans des lieux où l’on peut répondre à votre musique par la danse.

Je n’aurai pas l’outrecuidance de suggérer quelque lieu de concert à monsieur M. et à son staff mais juste leur demander de penser un instant à ceux dont la musique d’Etienne Mbappe cadence les cœurs et les mémoires sensorielle et émotionnelle. Les émotions rassasiées au cœur de sens affamés ça laisse comme le goût d’inachevé. Inachèvement dans la réponse que l’on aurait aimé donner à une musique qui nous est un cadeau magnifique. Il est connu cependant que le Ngolo wake est par définition jamais rassasié.

Vous êtes vous déjà arrêté devant une œuvre d’art et vous êtes senti comme aspiré à l’intérieur de cette œuvre comme si un autre monde s’ouvrait devant vous ? Avez-vous déjà eu au contact de l’œuvre d’un artiste l’impression que le monde tel que vous le connaissez révélait soudain des nuances et autres aspérités qui vous auraient échappé ? Le regard de l’artiste sur le monde en redessine les contours accentuant un point ou un autre pour nous en révéler la force, la beauté, la grâce, voire la violence ou la nocivité. Un artiste vous prend par l’âme et vous emmène dans des promenades sur des boulevards de beauté, des chemins de grâce, des allées de magnificence, des sommets de révolte ou des vallées de douleur. Son regard est le vôtre, ses sens sont vôtres. Oui les artistes nous entraînent dans un univers de beauté, comme si soudain grâce à l’œil, grâce à l’oreille, grâce au regard d’un artiste, vos yeux se dessillaient pour voir l’invisible, entendre l’inaudible, voir et entendre le monde autrement ? Parfois, une photo, un tableau, un mélodie, un son, et voici qu’un entre deux s’ouvre. L’on se retrouve, comme dans un monde parallèle, pas fondamentalement différent mais avec qui laisse affleurer des modifications sommaires, à peine perceptibles mais qui participent de la dilatation de l’âme. En matière de peinture, je suis aussi inculte qu’un désert pierreux face à une semence. Je ne peux rien expliquer, je ressens, je reçois ou pas. Il est des tableaux que l’on regarde et que l’on ne quitte pas en étant le même. Les visions d’horreur mises en scène par Picasso dans Guernica marquent durablement la mémoire et l’on n’en sort à priori pas indemne. Ce tableau nous défait des fantasmes de guerres héroïques et de chevaliers valeureux qui ont habité les épopées historiques qui nous ont été racontées. Le tableau laisse apparaître toute la monstruosité de la guerre comme si les hommes étaient habités par des créatures monstrueuses.

L’artiste est celui qui a la capacité de vous prendre par le regard ou par l’ouïe et accéder par le biais des sens à votre âme. Il vous touche, vous émeut, éveille votre conscience, bref il vous touche. Pour moi Etienne Mbappe est un artiste. Un artiste engagé qui livre ses impressions sur le monde qui l’entoure sans se faire pour autant donneur de leçons, ce qui est une belle respiration après certaines dérives artisco-politiques depuis le temps de l’émission 7/7 de Anne Sinclair que les moins de vingt ans ne doivent pas connaître. Mais je m’égare.

Parce qu’il ne prétend pas me donner un «  prêt à penser socio politique  » je peux entendre et saisir les cris de l’artiste qui rencontrent les miens et qui au fond sont simplement les miens.

Vous êtes-vous déjà laissé entraîner avec un artiste pour guide, dans un autre monde, dans un entre deux dans la contemplation duquel vous vous retrouvez plongés au point d’être comme abstrait du monde qui vous entoure ? Ce jeudi 23 octobre au Comedy Club à Paris, j’ai vécu des moments de cette envergure, j’ai croisé ces interstices dans le temps et dans l’espace qui vous mettent dans un état entre légèreté et profondeur. Légèreté née de la jouissance de l’instant et profondeur de ce sens qui habille la musique d’Etienne Mbappe. Ce qui en soi ne m’est pas une surprise puisque le chanteur et bassiste est aussi un artiste.

(à suivre)



Etienne Mbappe avec Steps Ahead : un solo de bass façon « caramba! »

Caramba il y a de la basse par ici !

Quand je dis qu’ « un gars est doué » !

Une réaction : O boso ( en avant ) !

Soit dit en passant La formation Steps ahead est à découvrir à Bobigny le 31 octobre à 20 h pour les franciliens. Comme je suis sympa je vous ai fait un copié collé sur le site de canal 93. Merci qui ? (hi hi).

Mike Mainieri & Steps Ahead (Jazz Fusion / USA)

1ère partie : Jean-My Truong Quartet (Jazz / France)

15 € / 12 €

Mike Mainieri & Steps Ahead
Déjà presque trente ans d’âge pour ces maîtres de la planète. Steps est un groupe mythique né en 1979 d’une jam session dans un club new-yorkais, à l’initiative du vibraphoniste Mike Mainieri, et composé, à l’origine de Michael Brecker, Don Grolnick, Eddie Gomez et Steve Gadd.
Vibraphoniste de jazz, Mike Mainieri a également beaucoup de talent en tant que producteur, arrangeur et compositeur. Issu d’une famille de musiciens et d’interprètes, sa formation a commencé tôt. A 14 ans il faisait déjà parti d’un trio. Il parcourt le monde auprès des plus grands avant de fonder Steps, l’un des groupes les plus passionnants et les plus demandés du jazz fusion des années 80, qui sera rebaptisé Steps Ahead lorsque la musique de Mainieri s’électrifiera. Le groupe a accueilli des pointures comme Steve Smith, Peter Erskine ou Omar Hakim, qui ont succédé à Gadd sur le siège de batteur. Le vibraphoniste nous revient aujourd’hui avec une formation régénérée : Rodney Holmes (batterie), Etienne Mbappe (basse), Till Brönner (trompette), Donny McCaslin (sax), Bryan Baker, (guitare). Un concert événement !

En écoute sur : www.myspace.com/canal93

Revenons au solo de bass avec Etienne Mbappe aux commandes.

Bonne écoute et à bientôt.

Amitiés

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Etienne Mbappe : your house

Et revoilà Etienne Mbappe ! Oui je sais sa musique devient une arlésienne par chez moi. Comme dirait Serge Lama je suis malaaaaaaaaaaaaaaaade !!!  Mais de vous à moi n’y a t-il pas pire comme maladie ? Okay on reparlera de cure de désintoxication plus tard.Langue

Je vous propose de découvrir ce musicien au travers de cette vidéo et d’une chanson qui j’aime beaucoup. Bon les images et le son sont de qualité sont approximative et ne rendent pas justice à l’artiste mais vous connaissez les addictions, elles se contentent quelquefois du moins bon plutôt que de l’absence. Oui oui promis on reparle de la cure de désintox plus tard (rires).  Alors comme dans les temps de disette, quelques grains de riz se muent en plat des plus savoureux. Miam miam !

En ce moment « Your House » fait partie des chants que je réécoute sur l’album « Su la Take ». J’aime beaucoup le métissage des sons, le reggae qui vient rendre visite à la musique d’Etienne Mbappe et qui s’installe comme à la maison. J’aime le métissage des langues anglais et duala. Si je dis que c’est un artiste que j’apprécie qui me croira ? Cool 

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Impressions subjectives sur Scènes d’Eté à la Villette (deuxième partie) : Etienne Mbappe un artiste embrasé

PhotosconcertEtienneMbappeetSimo-58.jpg picture by maddyspaceIl est plus de dix neuf heure trente. C’est l’heure du boss. C’est l’heure d’Etienne. Mes pendules internes se mettent à l’heure de l’artiste à l’interconnexion de Misiya et de Su la take. Je sais avec une certitude inébranlable que le moment qui se prépare sera mémorable. Il ne peut en être autrement. La gestation de l’instant aura été faite de patience et d’extase différée. Ce que j’anticipe se révélera en deçà de la réalité. Pourtant mes anticipations nourries à ses deux albums et à son concert avaient mis la barre très haut. Je ne veux rien rater depuis son entrée jusqu’à la fin du concert que j’espère la plus tardive. On est Ngolo wake (boulimique) ou on ne l’est pas. Assise sur l’herbe au milieu de mes amis qui se trouvent être de la famille de l’artiste nous sommes chauffés à bloc. Le rendez-vous manqué de juin me rend l’instant d’autant plus essentiel que Paris ne semble pas être dans les prochaines dates d’Etienne Mbappe. Devant nous arrive la famille du vitrier et les fils de  » Claire « . Ils nous voilent l’arrivée d’Etienne. La basse majestueuse nous dit qu’il est là. La famille du vitrier suite à une remarque s’écarte et laisse apparaître celui que nous attendions. L’homme porte des jeans et une chemise blanche imprimée. Ses mains comme à son habitude sont gantées et sur son visage sont déposées des lunettes fumées. PhotosconcertEtienneMbappeetSimo-66.jpg image by maddyspaceIl est accompagné d’un guitariste, d’un batteur, d’un percussionniste, d’un violoniste et de Cate Petit chanteuse et choriste. Il est là comme une évidence. C’est le boss et il le montrera par sa maîtrise scénique et musicale. Mais laissez moi faire un détour avant de revenir à la suite du concert…

 

 

L’affaire « Bonendale » ou une revisitation du syndrome de Stockholm

Avez-vous déjà écouté  » boomerang «  ? C’est un morceau de musique à tomber par terre tellement c’est abouti. C’est une chanson incroyable de beauté, de finesse, qui laisse transparaître le génie de Marcus Miller alors que sa voix qui se mêle à celle de Rafael Saadiq (ex Tony, Toni & Tone) portées par une superbe mélodie. Bijou musical, bijou vocal, bijou harmonique, c’est de l’or en barre ce morceau. Un caviar du meilleur choix, comme la saveur unique d’un ndole aux crevettes préparé par les mains aimantes d’une mère. C’est un alliage de saveurs, de senteurs, de sensations, d’impressions, un monde sensoriel qui s’ouvre le temps d’une bouchée ou de l’écoute d’un morceau. C’est court, c’est intense, c’est bon. Il n’y a pas si longtemps, je me laissais transporter dans de magnifiques hauteurs musicales par ce morceau. La case  » encore  » bien activée dans mon cerveau, je ne sais quasiment pas écouter ce morceau une seule fois puis, passer au suivant.. Avez-vous déjà été saisi par une musique qui, dès les premières notes capte vos sens et attention et vous retient jusqu’à la dernière note ? Boomerang est de ces morceaux de musique qui vous emporte dans un voyage incroyable. Tout y passe looping, dépressurisation, la totale, puis un atterrissage en douceur maîtrisé par le commandant de bord, sir Marcus lui même ! Vous voyez je me fais mes trip en musique et la descente ici est sans danger. No other drug for me ! C’est l’effet  » boomerang  » les amis. Vous ne connaissez pas ? Je vous encourage à vous procurer l’album magnifique qui lui sert d’écrin : « The essential Marcus Miller : Power «  Et la basse de Marcus au secours !  » Un grand n’est pas un petit ! «  comme on dirait par chez moi. Serais-je bass addicted ? Disons que l’affaire m’a attrapée du côté du lycée Joss il y a une demi-éternité et depuis… voilà quoi ! Bref la bass addiction est une piste à creuser. Tiens tiens, le lien avec Etienne Mbappe est trouvé. Quelle maîtrise n’est-ce pas ? Je m’épate moi même.

PhotosconcertEtienneMbappeetSimo-6.jpg picture by maddyspace

Bref pour revenir à nos moutons, depuis dimanche, jour de la mémorable prestation d’Etienne Mbappe à la Villette, je suis incapable d’écouter  » boomerang « .  » What ? Quoi ? Comment ? Qué ? Na nje ? Quel rapport avec la choucroute ? «  Me direz-vous fort à propos. Figurez vous dans l’ordre des morceaux de musique dans mon lecteur MP3, il y a  » Bonendale « ,  » Boomerang «  et un savoureux  » bring it on home to me «  de George Benson et Al Jarreau. Et je suis bloquée sur Bonendale. Lambo la manyaka (c’est incroyable !) Ai-je besoin d’aller plus loin ? Pas besoin de vous expliquer ce qui m’arrive. Depuis dimanche je suis retenue prisonnière à Bonendale, dans un village de sons, de rythmes, de voix, voire d’onomatopées que je visite écoute après écoute et qui ne cessent de me surprendre encore et encore. Prise d’otage à Bonendale. Mais que fait la police ? Record d’écoute journalier de la chanson. A cette allure je la connaîtrais bientôt mieux que son auteurCool.

L’otage qui sympathise avec son ravisseur et épouse sa cause musicale. Otage volontaire, syndrome de Stockholm à Bonendale. Allo la police ?

Que voulez-vous ? L’album Su la take n’a pas de date de péremption ! Je sens le piège qui se profile à l’horizon. Le chanteur va encore nous faire le coup de cinq ans entre deux albums. Wèèèèèèèèèèèèèèèèèèèhhhhhhhhhh !Triste

Okay je ne suis pas normale si l’on en croit mes délires mais j’assume ! Je suis unique. Unique et modeste de surcroît Clin doeilRire. Bref, malgré la présence de ces bijoux de musicalité à deux encablures de Bonendale sur mon MP3, je n’ai pas réussi à traverser la frontière du village musical. Prise en otage dans la chanson, par les rythmes, par les épousailles subtiles de la basse et des percussions. Retenue captive par les ruptures et par de surprenantes onomatopées faites à contre temps. Vous avez entendu le « oooooooooohhhhhhhhh » et le contretemps du « aahhhhhhhhh » de Bonendale ? Je meurs sur place ! Caramba mais dis donc (prononcer didong) il a même appris ça où é eeeeeeee ? Comme on dirait par chez moi. Bato ba ye eeeeeeeee, venez nombreux ! Bonendale c’est une de ces chansons qui donne la pêche, qui vous arrache des terres de mélancolie pour laisser entrer la pêche. C’est mieux que le Prozac les gars. Cette chanson devrait être remboursée par la sécurité sociale. Bon j’en conviens je m’égare…

Tout ça pour dire que si la Villette était pour moi une évidence, j’y avais joint une évidence additive selon laquelle je danserais sur mon morceau vitamine. Forcément. C’était sans compter avec la programmation de l’artiste. Pfttt ! Ca m’apprendra ! Frustrée je suis ! ! ! ! Alors je me console en explorant MP3 à l’appui, la chanson qui m’a manqué. Tant de méchanceté a mun’a Bonendale ! ! ! ! Rire

En toute « subobjectivité », du bonheur en majuscule sur la pelouse de La Villette.

Oui mais comment tenir rigueur à un musicien et chanteur qui nous a offert deux heures d’un bonheur en majuscule ? Pas un seul déchet pendant le concert. Pas un moment de trop. Pas une approximation. Tout était en place, comme une évidence. Et je suis objective quand je le dis même si mes enthousiasmes pour le moins paroxystiques peuvent à la longue appeler la suspicion des âmes chagrines et faire douter de mon objectivité. Mettons nous d’accord sur un entre deux et fondons le concept de subobjectivité misant sur le fait que la vérité doit se trouver quelque part dans cet entre deux. La subobjectivité, hum j’aime cette notion car elle ouvre un droit intéressant à des fantaisies narrative qui me convient. Je conviens aisément aussi du fait que je ne me suis pas rendue au concert pour faire une écoute analytique et chirurgicale du moment. Je suis venue bien résolue à me laisser happer par un univers qui me touche et dont les échos résonnent en moi. Je suis venue déterminée à vivre un de ces instants qui suspendent le temps et vous déposent sur des rives euphoriques. PhotosconcertEtienneMbappeetSimo-63.jpg image by maddyspaceMission accomplie par monsieur Mbappe et ses musiciens. Ca a marché. Et pas que pour moi. J’ai en effet vu autour de moi des visages éblouis, j’ai entendu des cris et des acclamations qui matérialisaient le fait que le fil invisible et fragile qui unit un artiste à son public était en place. Nous pouvions ensemble construire le concert. Vous ne me croyez pas ? Demandez à l’artiste qui nous a remerciés, nous le public d’avoir participé à faire du concert une réussite. Qu’est-ce que vous croyez à la Villette le public était trié sur le volet. Nous ne sommes pas n’importe qui Clin doeilRire.

(à suivre)



Victor Wooten : U an’t hold no groove

S’il le dit …

Plus sérieusement quel virtuose de la bass n’est-ce pas ? Mais que fait la police ?

Amateurs de Bass et les autres savourez !

Rire
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Stanley Clarke, Marcus Miller and Victor Wooten : virtuoses, vous avez dit virtuoses ?

Quand des virtuoses se rencontrent et laissent leurs instruments écrire leur légende. Caramba la basse !!!

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Etienne Mbappe : un bassiste de grande classe

Nous sommes originaires de la même région. Vous croyez que c’est la seule raison de mon admiration ? Que nenni… Encore que je suis fière de son talent.Sourire

Je l’ai vu en concert il ya près de deux ans, caramba la basse !!!

Reahersals at the Hocco

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 Un solo de Bass ( à écouter absolument !!!)

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