
« La solitude est bonne aux grands esprits et mauvaise aux petits.
La solitude trouble les cerveaux qu’elle n’illumine pas « Victor HUGO
« La solitude conserve neuf » Paul LEAUTAUD 
Il y a quelques mois, un soir j’ai eu le privilège de discuter avec une amie très chère qui était alors au delà des océans. Ca faisait un moment que nous nous rations régulièrement sur Internet comme un fait exprès. Grhhhhhhhhhhhhh ! (au fait ceci n’est pas un borborygme mais juste l’expression onomatopée d’une contrariété, d’un dépit. Ne soyez pas désobligeants je vous prie.
)
Il y a des gens comme ça que vous rencontrez et qui bizarrement quand ils sont dans vos vies semblent avoir toujours été là. Elle est de ces amis qui vous sont une évidence. A mon avis ce sont des amis que Dieu lui même vous donne. Vouiiiiiiiiiiiii ! je le dis comme je le pense ! Pas la peine de crier à l’obscurantisme et à la fable de « bonne femme ». Il est possible de croire en Dieu sans être pour autant victime d’une atrophie du bulbe céphalorachidien .

Bref, coupant court aux méandres de ma digressite aiguë, revenons à nos moutons : ce soir là, nous avons parlé de choses et d’autres, de ces choses que l’on ne partage qu’avec ses vrais amis (souffrez que je ne vous en donne pas le détail bande de curieux !
). Je lui parlais de remises en questions fondamentales et « fondationnelles » par lesquelles je passais et qui me questionnaient quant à leur pertinence.
Elle m’a dit que cette remise en question était salutaire et nécessaire. Bon à la différence de vous elle sait ce que je remets en question et elle ne vous le dira pas, c’est quelqu’un de confiance et en plus vous ne la connaissez pas (na na na na nèreuhhhhh). En revenant plus tard par la pensée sur le cours de notre conversation j’ai été conduite à une réflexion sur la solitude.
La solitude que l’on choisit pour prendre du recul, pour réfléchir, pour repenser ses relations et ses attitudes, repenser son rapport à la vie, aux gens et aux choses.
Il est difficile de penser, de réfléchir dans le bruit et la fureur, dans le déchaînement des éléments intérieurs et extérieurs à soi. J’ai essayé et mes décisions ont rarement été pertinentes, loin s’en faut !
Quand on a bâti sa vie, quand on s’est construit un environnement, quand on a un univers à peu près sécurisé et rassurant et que, pour une raison ou pour une autre la machine se grippe, et que les fondations de ce qui faisait la vie sont ébranlées, il est utile de se poser et de réfléchir. J’ai vécu cette situation et le plus dur a été de réaliser que pour avancer, pour survivre et pour revivre il fallait laisser derrière moi des gens des lieux des choses que j’avais aimés parce qu’ils étaient liées et/ou m’auraient reliée à ce que je voulais, devais abandonner pour continuer. C’est dur parce que les quitter c’est blessant pour soi et aussi pour ceux que l’on laisse. C’est un déchirement par qu’on a l’impression de se quitter soi même dans une certaine mesure.
Il est dur d’être celle ou celui qui blesse n’est-ce pas ? Il est parfois courageux aussi douloureux que cela soit, d’accepter de l’être pour mieux se (re) construire. Préserver les autres au détriment de soi ? Pas question ! J’ai déjà donné, j’ai failli y rester alors non merci. Comment trouver l’équilibre qui permettrait de sauver sa peau sans blesser les autres ? J’ai essayé au risque d’entrer à « Schizo land » et je fais le choix désormais de ne pas y rester. Le morcellement, la négation de soi j’ai donné je n’en veux plus. Que reste t-il ? Il reste la solitude, la solitude nécessaire pour avancer pour continuer à vivre, pour se trouver ou pour se retrouver.
Il y a des bruits qui rassurent même quand ils encadrent des situations insupportables mais pourtant confortables parce que plus rassurantes que l’inconnu de la solitude. Que de choses on supporte parfois par crainte d’affronter, d’oser le saut dans l’inconnu. Et puis il y a un silence qui fait peur.
Le silence assourdissant du rapport à soi sans médiation, sans intermédiaire, silence né de la rencontre avec soi, sans faux semblants. Le silence de la confrontation avec son humanité. Le silence effrayant fait de découvertes sur soi surprenantes, parfois désarmantes voire effrayantes.
Se rencontrer enfin loin du bruit qui distrait de soi et travailler dans la solitude aux tris nécessaires face aux choix essentiels. Parfois quand on se met à l’écart comme ça, quand on choisit de se retrouver pour mieux repartir certaines des personnes que nous côtoyions avant à défaut de comprendre notre besoin de solitude en font des lectures erronées. Quand ils sont aimables ils nous traitent de personnes « originales ».
Quitter un lieu de sécurité, aller à la rencontre de soi pour mieux embrasser sa destinée n’est pas confortable mais les déserts sont des lieux extraordinaires de rencontres avec soi, de lutte avec nous mêmes pour voir naître le vrai soi. Le désert est un lieu de dépouillement de l’accessoire pour embrasser l’essentiel.
Bien des héros mythiques ou réels ont du quitter les sentiers battus du confort pour être confrontés à eux même dans la solitude avant de rencontrer leur destinée héroïque, ceux qui les entourent pensent qu’ils ont au moins « pété une durite ». Pour aller à la rencontre de l’autre et le sauver comme Supeman fendant les airs dans un ridicule slip rouge sur collant bleu, il est salutaire de passer par cette rencontre avec soi dans le désert, dans la solitude.
Il y a tant d’histoire dans lesquels les héros ont des pans de leur vie durant laquelle on ne sait rien de ce qu’ils faisaient. Ils étaient retirés à l’abri des regards. J’aime à penser que pendant ce temps ils se construisaient dans le secret.
Se mettre à l’écart des siens pour embrasser sa destinée…
Elle a eu raison mon amie de me dire que le recul que je prenais était salutaire car il ouvrait à une réflexion nécessaire. Cette réflexion m’éclaire sans aucun doute sur les modes relationnels et les lieux de relations que je ne veux plus.
Savoir ce qu’on ne veut pas est un début dans le cheminement de cette rencontre avec soi et de la connaissance de ce qu’on veut. Laisser derrière soi des gens et des lieux qu’on a aimés est douloureux, mais si ça permet de se trouver ou de se retrouver alors cette tristesse se changera en joie. Il y a un temps pour tout, que l’Eternel soit béni ! Et avec Lui je ne suis jamais toute seule même dans la solitude. Embrasser la solitude en renonçant à des lieux et à des êtres pourtant importants pour moi à cette époque a été une des meilleures décisions que j’ai jamais prise. Chaque jour vécu depuis ce temps, avec ses hauts et ses bas, a depuis ce temps montré la richesse, la paix, la plénitude et le bonheur qui jaillissent de cette rencontre utile et essentielle.
Embrasser la solitude pour se trouver tout un programme mais qu’est ce que ça vaut la peine.