Refuser les loyautés stupides 2 mars
Recevoir la haine en héritage c’est naître en prison. C’est naître derrière des geôles dont les murs ont été érigés par ses parents et les parents de ses parents. Souvent celui qui naît est totalement ignorant des causes initiales de la haine. Il sait juste qu’il a en face un ennemi, puisqu’on le lui a dit. La haine est de ces émotions destructrices qui ne fait pas appel à la raison mais à l’irrationnel, à la déraisons, aux passions destructrices.
L’héritage de la haine a fait couler du sang et de l’encre au cours des générations.
Nous nous disons aisément que nous sommes plus forts, plus futés que les abrutis qui se sont laissé piéger par de grossières ficèles de haines transgénérationnelles. Et pourtant…
On ne mesure pas que souvent, l’on est soi même courroie de transmission du soupçon sur l’autre. Nous affirmons légèrement que tel groupe de personne est par nature et par structure radin, sournois, méchant, dangereux et faisons le lit de ceux qui manipuleront pour leurs profits ces détestations, enfantant au pire des génocides au coeur de guerre civiles. le soupçon est jeté sur le Dioula, le Bété, le Douala, le Bassa, le Béti, le Bamiléké, le juif, l’arabe, l’africain, le caucasien, l’asiate etc.
Le soupçon, collaborateur parfait pour affermir ou attiser la haine. Que transmettons nous à nos enfants concernant ceux qui sont différents de nous ? Que leur transmettons-nous concernant ceux qui nous ont meurtri ? Leur apprenons nous à se construire pour eux mêmes ou bien contre l’autre, par la haine de l’autre ? Parfois nous sommes ceux qui distillons en la génération d’après ce poison insidieux qu’est la haine, la détestation, le mépris et le rejet de l’autre.
Plutôt que de traiter les problèmes à l’intérieur de soi ou d’une société l’on décide que les problèmes naissent du fait que l’autre existe.Forcément, il vient un moment au cours duquel l’on se dit que la solution au problème passe par l’éradication de l’autre.
Nous ne sommes pas responsables des choix éthiques et des valeurs de nos pères, mais nous avons le droit, la liberté et la responsabilité de refuser des legs que nous estimons pernicieux. Si la loyauté à ses pères est la haine de l’autre, c’est une loyauté stupide !
C’est à nous de ne pas être stupides quant à nos loyautés et de scier les barreaux de nos prisons héritées . Nous avons le droit de dire non à nos pères quand ils sont dans l’erreur. Nous nous devons à nous même, pour éviter de vivre avec du poison à l’intérieur de nous , de nous défaire des héritages infectés : racisme, xénophobie, antisémitisme, tribalisme, sectarisme, et tous les « ismes » que nous devrions régurgiter. Si nous refusons de le faire, soyons humbles quand nous crions à tue-tête que nous sommes libres.
Personne ne naît sur un terrain vierge, mais il appartient chacun de questionner ses valeurs et de se défaire de celles qui nous poussent à stigmatiser l’autre et à le haïr. Ces valeurs qui font décroître en nous l’humain et l’ensevelissent sous de croissantes bestialités.
Nous sommes dans un temps dans lequel, des personnalités politiques cyniques et irresponsables manipulent les peuples pour leur inoculer la haine de l’autre comme valeur structurante de l’être français, italien, allemand, ivoirien, ou autre. En échec quant à leur capacité à redonner un socle d’espérance et de vision commun à leurs sociétés, ils proposent la haine de l’autre comme élément fédérateur. En France après un débat ignoble sur l’identité nationale, voici venu l’ennemi commun, celui qui menace une identité nationale que le débat n’a pas su définir : l’islam. Mais bien sur ! Si la loyauté à son pays est la haine de l’autre, c’est une loyauté stupide.
Nous avons le pouvoir de briser nos chaines et de scier les barreaux des prisons que l’on veut nous imposer par héritage ou en faisant appel à notre « loyauté ».
Il nous appartient de choisir avec discernement ce que nous acceptons comme valeurs structurantes pour notre vie. Il nous appartient aussi de briser le cycle de l’héritage de la haine et de choisir de transmettre à nos enfants de l’amour, le respect de l’autre, de sa différence, de ses richesses. Oui il nous appartient de transmettre cette lumière là à la place des ténèbres de la haine.
Il nous appartient de veiller à ce que nos enfants ne naissent pas en prison.
Amalia 9 mars
Merci pour tous ces nouveaux articles. Je me garderai bien d’intervenir sur l’article précédent (Lybie, Tunisie) car je ne suis pas assez compétente, ni assez documentée sur ces sujets.
Merci pour cette article qui est une invitation à l’amour.
René Girad ne nous apprend pas autre chose dans ses livres. Pour lui « Tendre l’autre joue » ( de la religion chrétienne mais qui est un principe qui existe dans beaucoup d’autres religions dites en d’autres mots) met fin à la spirale de haine du coup rendu pour coup un donné.
En effet dans les temps anciens, seul le meurtre d’un bouc émissaire pouvait mettre fin aux spirales de haine dans un groupe ou une société ( vendettas qui n’avaient pas de fins pour laver l’honneur des familles, des clans).
Le fait de « tendre l’autre joue », de répondre à la haine par de l’amour, permet d’endiguer les spirales de haine sans assassiner de bouc émissaires.
Malheureusement c’est difficile de « tendre l’autre joue » et nos politiques savent à merveille utiliser la technique du bouc émissaire (personne ou groupe de personne) en faisant régresser les populations à des stades très anciens, primitifs – au sens péjoratif du terme.