Cent ans de plus par Francis Cabrel

« Cent ans dans la peau de l’esclave, Et juste après cent ans de plus. Chercher des miettes sous les tables, avant que les blancs ne marchent dessus. Dormir sur des paquets de planches, chanter seulement le dimanche. Tu vois la femme noire, dans le rôle de la bonne, avec tout à coté tout tordu son bonhomme. Après ça faut pas que tu t’étonnes… »

 

Ainsi débute une chanson de Francis de Cabrel.

Dès la première écoute de cette chanson il y a quelques années, une rencontre. Si ma mémoire ne me trahit pas elle était dans l’album « Hors saison ». La chanson avait ouvert des boulevards de réflexion et d’émotion. Elle effleure une histoire qui rencontre mes profondeurs. Telle est la force de mon rapport à la musique. Elle initie parfois un dialogue avec mon environnement. Parfois une phrase, un mot, une séquence et les hélices sous mon crane affirment leur autonomie. La chanson de Cabrel est parsemée de quelques séquences qui mettent une focale sur la négation de l’humanité qui a frappé ceux que l’on avait emmenés en esclavage, sur ce « Peuple interdit du reste des hommes ».

Cabrel et moi ne regardons pas cette blessure, cette offense, ce crime, cette injure à l’humanité depuis le même lieu. Mais nous nous rencontrons dans le respect pour la mémoire. Musicien et chanteur, il insiste sur la sublimation de la douleur qui a donné naissance à de magnifiques talents et à d’inoubliables musiques.

Mais il y a eu un tel tribut payé à la douleur… Bien des biographies de saltimbanques perdus dans la drogue en témoignent. Ils nous ont offert du bonheur en musique mais ils erraient dans les paradis artificiels pour se soustraire à une vie bien moins belle que leur musique.

Pendant longtemps les afro descendants ont été perçus comme de superbes saltimbanques, des amuseurs (sportifs ou autres) participant à offrir le pain et le cirque. Donner de la musique, faire danser, mais surtout ne pas être conscients. Confort pour les puissants.

La conscience libère son absence retient dans la servitude. Certains ont intérêt à les enfermer dans ce fantasme folklorique. Cependant, les rôles que les descendants d’esclaves peuvent tenir ne peuvent plus être prescrits par des « maîtres » arrogants et paternalistes. Ils écrivent leur histoire et tracent leur route dans la littérature, en politique, dans les différentes sphères de la société civile, n’en déplaise à ceux qui pensent que l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire.

J’aime à dire aux enfants qui touchent ma vie et dont la vie me touche qu’ils portent en eux le potentiel pour rendre possible l’impossible. J’exècre l’idée que l’on s’autorise à empêcher les enfants de se rêver grands, de se rêver aigles, sous le prétexte que l’on n’aurait pas soi même su, voulu ou pu être autre chose que des poussins, connaissant l’existence des hauteurs et ne les ayant jamais rencontrées.

Ne laissons pas nos échecs et notre manque d’ambition barrer la route de nos enfants et les empêcher d’aller à la rencontre d’eux-mêmes.

Cent ans après, se souvenir mais pour construire l’avenir. Quatre-cent ans après déployer ses ailes et voler très haut à la rencontre de soi.


 

Cent ans de plus par Francis Cabrel dans Au secours je deambule... 13842_170902731469_682081469_3363366_6397471_n

 

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Cent ans dans la peau de l’esclave
Et juste après cent ans de plus
Chercher des miettes sous les tables
Avant que les blancs ne marchent dessus
Dormir sur des paquets de planches
Chanter seulement le dimanche
Tu vois la femme noire
Dans le role de la bonne
Avec tout à coté
Tout tordu son bonhomme
Après ça faut pas que tu t’étonnes

C’est Eux qui ont fait
Eux qui ont fait
Son House et Charlie Patton
Howlin’ Wolf et Blind Lemon

Bien rouge le sang de l’Afrique
Sur la jolie fleur du coton
La toute nouvelle Amérique
La belle démocratie « Welcome »
Bateaux déportant les villages
Au bout de l’immense voyage
Gravé dans la mémoire
Pour des années-lumière
Chaque larme d’ivoire
Chaque collier de fer
Après ca faut pas que tu t’étonnes

C’est Eux qui ont fait
Eux qui ont fait
Son House et Charlie Patton
Howlin’ Wolf et Blind Lemon

Toujours plaire aux marchands de fantômes
Elle qu’on achète et lui que l’on donne
Naître avec la peine maximum
Toujours vivant dans ce que nous sommes
Peuple interdit du reste des hommes
Cherchant le bleu de l’ancien royaume
Eux qui ont fait faut pas que ca t’étonne

Son House et Charlie Patton
Blind Blake et Willie Dixon
Ma Rainey et Robert Johnson
Howlin’ Wolf et Blind Lemon…
Son House et Charlie Patton

 

 

13842_170926896469_682081469_3363464_6625584_n dans Ma musique à moi



« Tell It Like It Is » : Aaron Neville chante l’exaspération est l’espoir au coeur du doute amoureux

J’aime beaucoup ce chant d’Aaron Neville. Je l’ai découvert il y a deux ou trois éternités. Quoi ? Comment ? Kezako ? « Deux ou trois Plusieurs éternités ? Ça y est elle a basculé du côté obscur de la force » devez-vous vous dire. Mais non ! Ceci n’est juste une figure de style pour mettre de l’emphase à la manière de dire que le temps a passé depuis ces quelques notes de musique et la voix angélique de monsieur Neville ont passé les frontières de mes sens. Même le carbone 14 ne saurait dater ma rencontre avec cette chanson. Ma seule certitude est de ne l’avoir pas écoutée avant qu’elle ne soit chantée (lol).

 

Bref ce qui m’a marquée c’est et ça ne surprendra pas ceux qui l’on approchée, c’est la voix d’Aaron Neville. Mais quelle voix ! Quand je l’écoute je me surprend à penser que le son de sa voix doit interroger les anges. Je les imagine chuchotant entre eux « serait-il des nôtres » ? Vous constatez sans peine que la musique me fait voyager dans des lieux à la frontière du sensé et du fantaisiste.

 

J’aime cette chanson pas uniquement par sadisme. Mais aussi parce que les paroles nous invitent dans un lieu qui pour plusieurs personnes de la gente féminine, semble être un lieu tiré de la science fiction : les coulisses émotionnelles d’un homme. Non que nous pensions que ces coulisses soient inexistantes, mais plutôt que certains en ont fait une chambre secrète dont l’inviolabilité rendrait envieux Barbe Bleue soi même ! Vouiiiiiiiiiiiiiii !!!! Ca en surprendra plus d’une mais c’est que ça a des émotions un homme. (Je me baisse le temps de laisser passer les scud). Hihi

 

Ouf j’ai survécu à la frappe chirurgicale du jour. Continuons…

 

La fragilité et le doute inhérents à certaines phases de la relation amoureuse sont bien rendus ici. Ah ces moments qui nous transforment en funambules de l’émotion ! L’on se retrouve enfermés dans un inconfortable « peut être » qui semble s’éterniser. Même si la certitude dans ce domaine est un leurre, l’entretien du doute par l’autre se révèle agonique.
Alors, entre doute et frustration l’homme se rebiffe et la première phrase de la chanson est surprenante de violence rentrée. Il entre dans un moment « tell it like it is ». C’est l’heure de la mise au point.

 

L’homme explose : « Si tu veux t’amuser avec quelque chose trouve toi un jouet, chérie mon temps est trop précieux et je ne suis pas un petit garçon ! »

 

Le cadre est posé. Il en a assez des atermoiements de sa belle. On doute peut être mais on ne va pas geindre. Non mais !!!! L’homme invite fermement la femme à prendre ses responsabilités et à se décider quant à la suite de leur relation.

 

Entre nous, si tous les hommes furieux avaient du miel dans la voix comme Aaron Neville ! Mais bon la terre n’est pas un fantasme même des princes ont quelquefois des voix de crapauds (hihi).

 

 » Si tu es sérieuse, ne joue pas avec mon cœur, cela me met hors de moi. En revanche si tu veux que je t’aime, alors chérie tu sais que je le ferai »

 

Le cadre est posé pour la belle, c’est l’heure des choix, plus d’atermoiements. Le doute dans ce domaine là c’est comme des punaises sur un lit, ce n’est pas seulement inconfortable, surtout pour ceux qui aiment prendre la vie à bras le corps. Les hommes viennent décidément de Mars. Du côté de Vénus les choses n’auraient pas forcément été aussi directes de peur de rompre le fil ténu d’une relation et dans l’espoir que le temps la rende plus solide. Mars et Vénus complémentaires et antagoniques aller sur la planète de l’autre pour l’entendre de l’intérieur.

 

Pour l’une ce n’est peut être qu’une coquetterie, une manière de se rassurer et d’entretenir l’intérêt de l’autre en ne basculant pas trop tôt du côté des certitudes de l’autre pour inviter l’habitude. Tandis que pour l’autre c’est vécu comme un jeu cruel. Combien la communication est difficile quand l’on ne se réfère pas aux mêmes codes ! C’est l’histoire de deux mondes qui passent leur temps à trouver des points de rencontre.

 

La chanson n’est pas longue, elle n’est pas faite d’une profusion de paroles mais nous rappelle que nous rencontrons un jour où l’autre ce moment « Tell It Like It Is « , ce tournant qui fait que ça passe ou ça casse, ce moment qui nous rend fébriles et nous révèle fragile. Ce virage que nous négocions selon nos sensibilités. A la croisée des chemins, « Tell it like it is »

 

Peut être que la raison pour laquelle la chanson me touche est qu’elle me rappelle que cette fragilité n’est pas sexuée, mais qu’elle est intrinsèque à ceux qui osent se laisser aller à aimer.Bien souvent les hommes masquent leur doute. Quand un homme tombe le masque il laisse apparaître de la beauté dans ce qu’il pourrait croire faiblesse. Mais ceci n’est qu’un point de vue qui ne prétend pas à l’universalité.

If you want something to play with
Go and find yourself a toy
Baby, my time is too expensive
And I’m not a little boy

 

If you are serious
Don’t play with my heart, it makes me furious
But if want me to love you
Then, baby, I will, girl, you know I will

 

Tell it like it is
Don’t be ashamed to let your conscience be your guide
But I-I-I-I-I know deep down inside of me
I believe you love me, forget your foolish pride

 

Life is too short to have sorrow
You may be here today and gone tomorrow
You might as well get what you want
So go on and live, baby, go on and live

 

Tell it like it is
I’m nothin’ to play with, go and find yourself a toy
But I-I-I-I-I
Tell it like it is
My time is too expensive
And I’m not your little boy

 

[Fade]
Mm mm, tell it like it is

 

Quand Aaron NEVILLE pose sa voix sur cette chanson, ceux avec qui il chante se muent en quasi spectateur admiratifs.

Une telle voix ce n’est pas possible ! A partir de la 3ème minute le voyage stratosphérique s’ouvre.

Magnifique commandant de bord de ce voyage. « I believe I can fly…« 

 

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Whitney Houston : I look to you

So do I …
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