le chemin… 26 janvier
Si le chemin jusqu’à soi
passe aussi par les autres
ils ne sont pas le chemin
et ne sauraient nous définir.
Ils sauraient encore moins
être la destination de l’être soi.
Si le chemin jusqu’à soi
passe aussi par les autres
ils ne sont pas le chemin
et ne sauraient nous définir.
Ils sauraient encore moins
être la destination de l’être soi.
Dimanche 11 janvier 2009, le ciel est triste et il fait froid. Sur les trottoirs parisiens une pellicule de glace aussi fine que sournoise a fait chuter plus d’un parisien. J’ai pour le verglas d’irrépressibles détestations. Je dois avouer qu’il y a des territoires géographiques de mon anatomie qui se souviennent de quelques atterrissages à l’inélégance avérée et à l’indiscutable comique. Est-il besoin de vous dire que de vous dire qu’un dimanche soir, il me fallait une excellente raison pour me sortir de mon nid douillet et risquer de revivre les cascades qui défilaient sur l’écran noir de ma mémoire.
Dimanche soir, j’avais rendez-vous avec une musique, un artiste, un univers que j’aime. Rendez vous avec une personne qui est à mes yeux plus qu’un chanteur, mais un artiste qui sous nos yeux construit une œuvre. Un artiste qui depuis 25 ans par ses mots, son univers, ses explorations sonores et son exceptionnel phrasé étonne, envoute, déconcerte, ravit. Douleur n’est pas de ceux qui laissent indifférent en cela aussi il est artiste. Il n’a jamais cédé à la tentation de la facilité et pour cela aussi il a mon respect. C’est un artiste qui depuis 18 ans invite mes sens et mon âme à des danses, des ballades, et à d’exceptionnels périples quand soudain se lève en lui le griot. La mélomane en moi avait rendez-vous avec Alexandre Douala alias Douleur. Douleur que je n’avais jamais vu sur scène. J’anticipais, au vu de la richesse du répertoire de cet artiste une soirée qui devrait inviter en moi ces réchauffements uniques que m’offre la musique que j’aime. Douleur est de ces artistes dont la richesse sémantique, poétique et musicale me touchent, m’émeuvent et m’éblouissent. La voix de cet homme a le pouvoir de convoquer en moi la mémoire de mon peuple telle qu’apprivoisée par mon histoire. Par des expressions propres à la langue qui est mienne, par les proverbes et autres maximes qu’il livre comme autant de passerelles pour la transmission de la mémoire. Sa voix éveille en moi des sentiments d’appartenances parce qu’une note, un cri , une onomatopée réveille des sentiments d’appartenance comme si la note devenait ma maison le temps d’un instant.
J’ai connu l’existence de Douleur en 1983 ou 1984. Je l’ai rencontré en 1990 dans un temps durant lequel les aspérités de la vie m’avaient enfermée dans une écoute autistique de sa musique. Musique comme paravent et comme objet transitionnel d’émotions paroxystiques. La rencontre avec Douleur s’est faite au moyen de l’album Beneground, un chef d’œuvre de mon point de vue. Cette découverte de Beneground m’a invitée à explorer l’univers artistique de cet homme. Je n’ai pas été déçue du voyage.
Voici qu’après des années de silence, Douleur se produit à Paris, dans ma ville. Que peut me faire le verglas ? Comment pourrais-je être indifférente à un homme qui n’hésite pas à clamer à celle qui est son amour les fragilités qui émergent en lui dès qu’elle s’éloigne. Un homme qui n’hésite pas à dire qu’il pleure. A l’écoute d’Elissa, l’on peut entendre Douleur dans une de ses prosodies dont il a le secret, laisse apparaître au cœur d’une mélopée le visage d’un homme qui n’a pas honte de s’avouer capable de pleurer. Je fonds ! C’est une obligation de me mettre en mode coeur de fille. Pleurer sans pleurnicher toute la nuance est dans le subtil équilibre que Douleur, trapéziste de l’émotion juste trouve. Il est comme ça Douleur posant sa voix ses mots, ses cris, ses narrations comme sur un fil émotionnel ténu qui chez un autre serait ridicule ou affecté. Mais chez Douleur rien n’est ridicule ou emprunté tout sonne vrai parce que c’est sa vérité d’artiste, sa vérité d’homme médiatisée par sa sensibilité artistique. Sa musique est comme un de ces voyages oniriques qui nous font voir s’ouvrir une porte après l’autre vers un ailleurs qui nous invite, nous aspire, nous inspire. Bien des années après, je me surprend à voir s’entrebâiller au travers d’une note de musique quelque porte ou fenêtre que je n’avais pas encore franchie. Que de subtilités sémantique, que d’allégories dans la musique de ce chanteur !
Le Showcase parisien.
Il est dix neuf heures environ et sur la scène du centre Barbara Fleury dans le 18ème arrondissement de Paris, Abdelaziz MOUNDE N.(producteur et maître d’œuvre de l’organisation de la célébration des 25 années de carrière de Douleur) pose le cadre du Showcase le mettent en perspective par rapport à la suite. Derrière lui l’orchestre de Douleur baptisé « WES WE CAN » en écho à un impossible devenu possible au pays de l’oncle Sam.
Ce « wes we can » est aussi une affirmation du désir du chanteur de faire évoluer sa musique vers un univers plus acoustique. Un Yes we can qui affirme le glissement de l’usage du play back vers l’expression sans filet de son art vocal. La soirée nous démontrera que « Yes they can ». L’orchestre est composé de :
- Etienne MBOM : Guitare basse
- Denis TCHANGOUM : Batterie
- KAYOU : Saxophone, trompette, flûte
- Joelle ESSO : Choeur
- KOUL : Percussions
- Alain TCHINDA : guitare acoustique
A la fin de l’intervention de A. Mounde, sans bruit avec la discrétion qui est sienne, l’artiste arrive sur scène. Sa discrétion est antithétique de l’enthousiasme suscité chez ceux qui comme moi sont venu quérir quelque enchantement, quelque éblouissement, quelque voyage enchanté de l’âme avec Douleur pour commandant de bord.
L’homme est artiste jusqu’au bout du look. Un look d’une négligence étudiée. Des dreadlocks à l’imprimé de la chemise en passant par la veste et le chapeau. Les lunettes de soleil au cœur de la nuit posent le décor Douleur le mystère n’aura pas été changé par 25 ans de carrière. Le chanteur nous salue et entre dans le vif du sujet, dans ce qui est son domaine de prédilection, sa mission. La voix est là, forte, assurée, maîtrisée. Il nous entraîne dans un voyage dans lequel il revisite de manière acoustique des chansons de son répertoire devenue des classiques, des compagnes pour plusieurs, des amies que nous sommes venues retrouver pour partager un moment. Sa réappropriation des morceaux en dévoilent d’autres aspects qui semblent séduire l’auditoire. Est-ce dû à la capacité d’envoûtement de la voix de Douleur ? J’en fais le pari.
Le chanteur n’a pas de mal à faire participer la salle qui en redemande. Souvent pris dans des intériorités qui lui sont propres le chanteur semble être dans un de ces entre deux, comme entre ciel et terre, entre ici et ailleurs, comme s’il était un passeur d’ailleurs. La musique de Douleur a une dimension qui frôle le mystique. L’homme est dans l’économie gestuelle même si quelquefois il a soudain des attitudes quasi christiques nourrissant la dimension mystique du personnage et de son œuvre. Les mains levées, les bras en croix qui invitent bien des symboliques. Il s’adresse au public sans une inutile logorrhée. Economie de mots, intensité vocale et émotionnelle. Parfois quand le tempo de la musique s’accélère il entame une danse dont il arrête le mouvement. Les danses de Douleur sont à peine esquissées comme des promesses non tenues, comme un vol arrêté tandis que sa voix semble aussi puissante que ces flots que l’on ne peut endiguer. Le tour de chant se termine vite, trop vite à mon goût mais comme certains le savent j’ai pris une option encore à la naissance. La tour de chant continuera pour ceux qui rejoindront le chanteur le 31 janvier à l’espace Cardin. J’ai entendu mon petit doigt me chuchoter que j’y serais.
Si je devais faire un reproche à l’artiste (un reproche mais quel toupet ! Mais pour qui me prends-je ? ! ? hihi) c’est d’avoir réorchestré toutes les chansons au point que je suis restée sur ma faim parce que mes amies les chansons avaient trop changé. Oh elles étaient superbes mais si différentes de mes souvenirs. J’ai aimé leur nouvel habillage mais un « konkele » en version originale juste pour faire danser mes souvenirs eût été une magnifique cerise sur l’éblouissant gâteau cuisiné par Douleur. J’aimerais bien qu’il y ait un mix des anciennes chansons et de la nouvelle orientation de Douleur pour qu’il nous prenne de là où nous sommes pour nous emmener vers cette évolution musicale qui est la sienne. En fait égoïstement en plus de Douleur artiste magnifique que j’ai vu, écouté et apprécié ce dimanche 11 janvier, j’aurais aimé retrouvé mon Douleur, celui qui depuis 18 ans m’appartient un peu, faisant partie de mon cheminement musical et humain.
A la fin du concert nous avons eu droit à un cocktail fort sympathique et j’y ai fait des rencontres des plus intéressantes mais chut ! Douleur a quitté la scène et dans les coulisses Alexandre Douala se révèle un homme agréable et accessible. Vous me connaissez l’humilité et l’aménité chez un artiste de talent et voilà qu’il attrappe ma fidélité. S’il s’épate lui même à outrance je passe mon tour. Douleur a augmenté mon crédit fidélité à son égard par ses savoir être. J’ai passé une belle soirée et si j’en crois les réactions du public et les impressions entendues ça et là je ne suis pas la seule. Merci l’artiste !
Et pour la petite histoire la seule chute que j’ai faite cette nuit là a été celle dans la bras de Morphée. Voir Douleur sur scène et vaincre le verglas mais quelle soirée. pourquoi sens-je monter en moi des vélléités de me prendre pour une Superwoman ? Mégalomanie ? Oh la la 2009 s’annonce sous de bien troublants auspices. C’est grave docteur ?!? (hihi).
Merci de m’avoir lue et bonne semaine à tous !
Chers amiblogs, lecteurs fidèles ou occasionnels de cet espace, me voici de retour après plus d’un mois de pause. C’est un plaisir de vous retrouver même si mon aterrissage intérieur s’amorce à peine . Rien ne vaut un bain au coeur de la terre natale. Il y a des odeurs, des sons, des sensations qui n’appartiennent qu’aux lieux de ses racines et qui participent à des reconnections à soi. Cameroun o mulema forever.
Je profite de la saison pour vous souhaiter une année 2009 belle à tous égards. je vous souhaite des bonheurs magnifiques, des rêves immenses et des réveils enchantés. Que l’année 2009 demeure dans vos coeurs et dans vos mémoire une année exceptionnelle. vous souhaiter une bonne santé c’est bien le moins que je vous souhaite. Du bonheur, des réalisations, des rires, des fous rires, des larmes de bonheur, des rencontres ouvrant à des lendemains souriants, bref je vous souhaite le meilleur.
Merci pour votre fidélité et merci de participer si joliment par vos mots, vos émotions, vos intentions à faire vivre ce blog qui sommes toutes est le nôtre.
A très vite
Malaïka