Combattre pour la dignité de l’humain : le combat permanent de Nelson Rolihaha Mandela 12 octobre
Je fais remonter un hommage à un homme que j’admire profondément, un homme dont la vie m’inspire, un homme en majuscule qui a su apprivoiser les tentations de la vengeance et de la haine pour embrasser la paix et la réconciliation. J’ai envie en cette période d’anniversaire du blog de mettre en lumière une vie que la haine de l’autre avait mise à l’ombre 27 années durant, un homme qui de sa prison projettait des rayons de lumière et d’espoir sur ceux qui espéraient en la restauration de la justice. Son peuple l’appelle affectueusement Madiba. Je l’appelle Madiba…
» Unanimement cité comme la personnalité la plus admirée au monde , l’ex-leader de la lutte anti-apartheid s’implique aujourd’hui dans la lutte contre le sida. «
J’ai lu cette phrase dans un article d’un journal gratuit de la semaine dernière. Et j’ai en envie de parler de Lui, cet homme qui m’impressionne.
Pour ceux qui me connaissent où qui fréquentent cet espace depuis quelques temps savent que j’ai pour Nelson Mandela une admiration sans bornes et un profond respect. Il fait partie de ces hommes (j’utilise le mot homme dans son acception générique) qui m’inspirent et me donnent envie de me dépasser et d’espérer encore en une humanité plus belle. Que dire de cet homme qui a pris à bras le corps de combat pour la dignité de l’homme en Afrique du Sud. Il n’y a pas si longtemps, en Afrique du Sud, le fait d’être de race noire interdisait l’accès à la citoyenneté dans son expression la plus simple. Des hommes comme Steve Bantu Biko, Nelson Mandela et bien d’autre qui ont laissé pour certains leurs vies et pour d’autres leur liberté se sont battus et ont refusé de plier face à un régime intolérable. Nelson Mandela a offert à ce combat 27 années de sa vie qui ont fait de lui en son temps le plus vieux prisonnier du monde. Je me souviens du temps ou Johnny Clegg et Savuka nous offraient un » Asimbonanga « qui nous remuait et nous rappelait la longue absence de Nelson Rolihaha Mandela.
Je me souviens qu’alors, je ne pensais pas le voir vivant, même si j’espérais vivre la fin de l’Apartheid. J’ai déjà raconté dans un autre billet mon émotion quand le 11 février 1990, le héros, le symbole de la résistance de tout un continent, celui qui en refusant de plier ou de négocier a sapé le fondations d’un régime abject. Qui se souvient qu’en ce temps pas si lointain des résistants à ce régime se » suicidaient » de multiples balles dans le dos ? Ainsi est mort Steven Biko. Cet homme dont les résultats de l’autopsie sont une insulte à l’intelligence. Le régime confiant sur de la pérennité de ses fondations se moquait de livrer des résultats d’autopsie grossiers. Je me souviens qu’à l’époque quand on était camerounais la République Sud Africaine était l’un des deux pays dans lesquels on n’avait pas le droit de se rendre. Je me souviens que la prise de conscience de l’existence de ce régime m’est venue à la lecture du contenu de mon premier passeport. L’Apartheid avait fait de la république sud africaine une tâche honteuse, une souillure sur le continent africain et sur les consciences du monde.
Johnny Clegg ! Je le revois virevoltant sur les plateaux de télévision. On l’appelait à l’époque le Zoulou blanc. Il demeure à mes yeux un visage qui montrait que la partition de l’Afrique du Sud cachait des femmes et des hommes blancs qui résistaient de l’intérieur à la négation de la citoyenneté voire de l’humanité à ceux qui étaient de race différente. Il y a eu des hommes comme Donald Woods ami de Steve Biko. Il y a eu bien des blancs qui ont dû s’exiler loin de l’Afrique du Sud parce qu’ils n’acceptaient pas de profiter des privilèges réservés aux blancs que leur offraient le régime tandis que des déclassés de fait perdaient la vie, l’espoir et des membres de leurs familles dans les ghettos de Soweto et d’ailleurs.
Johnny Clegg était pour moi et pour d’autres sûrement l’antidote au manichéisme racial dans lequel il est facile de tomber en réponse à l’abjection d’un régime raciste. Merci à ces hommes et femmes qui ont offert ces visages de la résistance blanche à l’Apartheid nous permettant de ne pas rejeter les hommes en retour.
Faisons un voyage dans un passé pas si lointain pour nous remémorer ce qu’était l’Apartheid.
Qu’était en fait ce régime ?
L’apartheid (mot afrikaans ou néerlandais emprunté du français, signifiant » le fait de tenir à part » ) est une politique de ségrégation raciale mise en place à partir de 1948 en Afrique du Sud par le Parti national afrikaner, et abolie le 30 juin 1991. La doctrine de l’apartheid s’articule autour de la division politique, économique et géographique du territoire sud-africain et de la population sud-africaine répartis en quatre groupes ethniques distincts (Blancs, métis, Bantou, Indiens) et la primauté de la communauté blanche.
Par extension, le terme peut également désigner toute politique de ségrégation.
La politique d’apartheid est l’aboutissement du nationalisme afrikaner débuté dès la fin du XVIIème siècle, magnifié par le Grand Trek et la guerre des Boers. Il s’agit pour les Afrikaners d’asseoir définitivement le contrôle de leur communauté sur l’ensemble de l’Afrique du Sud.
Minorité raciale, les Afrikaners sont cependant la communauté blanche la plus importante du pays. La politique d’apartheid a été pensée d’abord via le seul prisme des intérêts de leur communauté avant d’y englober les seules autres communautés blanches du pays.
Les principales lois d’apartheid
- Loi sur l’interdiction des mariages mixtes (1949)
- Loi d’immoralité (1950) pénalisant les relations sexuelles entre blanc et non blanc.
- Loi de classification de la population (1950), distinguant les individus selon leur race.
- Loi d’habitation séparée (le fameux Group Areas Act du 27 avril 1950), répartissant racialement les zones urbaines d’habitation.
- Loi sur les laissez-passer (‘Pass Laws Act’) de 1952 faisant obligation aux Noirs ayant plus de 16 ans d’avoir sur eux un laissez-passer en l’occurrence un document ressemblant à un passeport qui stipulait s’ils avaient une autorisation du gouvernement pour être dans certains quartiers.
- Loi sur les commodités publiques distinctes (1953), ségrégant les toilettes, fontaines et tous les aménagements publics.
- Retrait du droit de grève aux travailleurs noirs, interdiction de la résistance passive (1953).
- Loi de relocalisation des indigènes (Native resettlement Act de 1954) : permet de déplacer les populations noires vivant en zones déclarées blanches.
- Loi sur le travail et les mines (1956), formalisant la discrimination raciale dans le monde du travail.
- Loi sur la promotion de gouvernements noirs autonomes (1958), créant les bantoustans sous administration des non blancs.
- Loi de citoyenneté des noirs des homelands (1971), retirant la citoyenneté sud-africaine aux noirs issus de communautés ethniques relevant de bantoustans déjà créés.
- Décret sur l’Afrikaans (1974), obligeant toutes les écoles, même noires, à dispenser en afrikaans tous les enseignements de maths, de sciences sociales, d’Histoire et de géographie du niveau secondaire.
- Loi sur l’interdiction aux Noirs l’accès à la formation professionnelle (date)
(La définition de l’Apartheid et les principales lois générées par ce régime sont tirés de http://fr.wikipedia.org/wiki/Apartheid site à visiter pour plus d’informations)
Est-il besoin de redire que ce régime était immonde ? En revisitant ces lois je suis consternée et en même temps je me dis que même un régime démocratiquement élu peut engendrer des choses innommables. En regardant quelques unes de ces lois intolérantes et intolérables je ne peux que m’incliner respectueusement devant ceux qui ont renversé ce régime par la résistance intérieure et extérieure. Merci à la grande Miriam Mabeka qui a porté dignement et douloureusement par un exil forcé la résistance à l’indigne apartheid. Merci aux visages connus et inconnus de la résistance. Merci à ceux qui n’ont cessé de permettre à la voix des opprimés d traverser les barbelés derrière lesquels étaient retenues les espérances d’enfants noirs des ghettos de Soweto. Merci à Desmond Tutu et aux autres et merci à mon héros, Nelson Mandela dont le sourire malicieux et les yeux rieurs me rappellent que la vie triomphe de la mort, la liberté de la prison, l’espoir des désespérances. Madiba, héros contemporain, visage de la dignité de la grandeur et de l’humilité, visage d’un combattant des temps modernes.
Mandela, en sortant de 27 ans de captivité fait un discours qui est la répétition de son dernier discours lors du procès de Rivonia » J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. J’ai rêvé d’une société libre et démocratique, où tous le monde vivrait en harmonie avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel je veux vivre et que je veux réaliser. Mais s’il le faut, c’est aussi un idéal pour lequel je suis prêt à mourir « .
Mandela reprend ses derniers mots d’homme libre pour se les réapproprier en homme de nouveau libre. Les vingt-sept années n’ont pas flétri l’idéal qui l’a conduit à renoncer à la liberté. La reprise de ce discours, cette réappropriation de ses propres mots après avoir subi les pires privations et des traitements odieux du régime de Pretoria n’est pas anecdotique. Dans une population sud africaine noire assoiffée légitimement de vengeance Monsieur Mandela rappelle que la lutte qui l’a conduit en prison est contre la domination blanche et aussi contre la domination noire. 27 ans de vie volée plus tard, Nelson Mandela , celui dont la porte de prison portait le numéro 46664 est prêt à donner sa vie pour qu’aucune race ne domine sur l’autre. Bravo à lui !
Nelson Mandela, en accord avec ses principes et dans un respect scrupuleux de sa parole n’a été président que le temps d’un mandat et il est retourné à la vie civile laissant dans son sillage un respect qui ne passe pas. Aujourd’hui, âgé de 89 ans, le combattant pour la dignité de l’homme n’a pas désarmé. Il a pris à bras le corps un autre combat. Combat contre un mal qui a infecté environ 22% de la population de son pays par le HIV. Dans un monde et plus particulièrement sur un continent sur lequel le tabou du sida est encore très prégnant, il a brisé la loi du silence en 2002 en confiant que trois membres de sa famille étaient séropositifs. Il y a deux ans, ce mal terrible a emporté l’aîné de ses fils. Ecoutez les mots du combattant qui prend le pas sur le père éprouvé et déclare le lendemain de la mort de son fils » il faut rendre ce virus public et ne pas le cacher, parce que la seule façon de le considérer comme une maladie normale, comme la tuberculose ou le cancer est d’en parler et de dire que quelqu’un est mort à cause du sida. Et les gens arrêteront e le voir comme quelque chose d’extraordinaire « . Mandela sublime sa douleur pour embrasser celles de toutes les autres familles marquées par la maladie. Il publicise sa douleur intime pour briser le joug de la honte et participer à rendre au malade, à ‘humain la dignité que lui nie la maladie et le regard que l’on porte sur celle-ci. Respect !
Aujourd’hui le combat pour la dignité de l’homme que porte Nelson Mandela est celui de la dignité des malades du sida et de leur accès aux soins. Il a épousé ce combat avec une telle conviction qu’au travers de la fondation qui porte son nom, il récolte des fonds de par le monde pour mener à bien ce combat. La conviction de l’homme, l’importance de ce combat, la place qu’il lui donne est telle que Nelson Mandela a donné à sa campagne de sensibilisation sur le sida le numéro de sa cellule de prison, le n° 46664. En revisitant sa vie et ses combats, même de manière sommaire je me dis que mon cœur ne s’est pas trompé en tombant en admiration devant cet homme. Mes respects à cet homme dont le sourire plein de vie est à lui seul un message d’espoir pour ceux qui sont encore retenus ça et là dans des chaînes de servitude physique et/ou mentale.
Nelson Mandela un héros de notre siècle…
14 02 2007
Aurore 12 octobre
quel bel hommage , je partage profondément ton avis et respecte profondément ce grand homme, que dieu veille nous le garde …
millak 12 octobre
bonjour Malaika
“ il faut rendre ce virus public et ne pas le cacher, parce que la seule façon de le considérer comme une maladie normale, comme la tuberculose ou le cancer est d’en parler et de dire que quelqu’un est mort à cause du sida. Et les gens arrêteront e le voir comme quelque chose d’extraordinaire ”.
c’est un fait, mais en Afrqiue le problème est bien plus grave, c’est le developpement des laboratoires dans les hopitaux qui endiguerai la maladie à long terme bien entendu étant donnée l’ampleur des dégats déjà engagée.
la réalité étant les brevets sur le vivant et la domination des labos occidentaux, on a retrouvé le phénomène identique en amérique du sud, ou les gens ne peuvent accéder a la tri thérapie trop chère, alors des petits labos fabriquent les génériques afin de pallier au problème.
il y a une injustice incompréhensible il faut lutter pour la dignité… c’est vertain…
non je n’ai pas quitté mon yahoo, question d’ahbitude, je verrrais bien en fonction des billets que je souhaiterai mettre en ligne, sur que unblog offre des moyens plus larges dans la mise en forme,
Otis passe là ffffff… lol
Milla
binicaise 12 octobre
Merci pour cet hommage à Mr Mandela.
L’apartheid cela me rappelle ce qui peut être une anecdote, nous étions dans un super marché et des fruits genre pèches en plein hiver étaient en vente provenance Afrique du sud, mon fils était très jeune » sa reflexion : je n’achèterai jamais à ce pays tant qu’il y aura l’apartheid » il avait compris notre pouvoir de consommateur, il n’a pas changé…..
Excuse moi pour ce petit détail personnel bises Jacqueline.
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Thalie 12 octobre
bonjour Malaika,
tout d’abord merci d’etre passée me voir a ton tour j’ai apprécié chacun de tes commentaires.
je t’avouerais que pour ma part le nom de Nelson Mandela m’inspire la sagesse c’est un personnage noble de coeur qui n’a jamais baissé les bras pour ses causes et par ailleurs à juste titre, puisque justes par elles mêmes.je suis atterée de voir toutes ces lois que constituait l’’Apartheid…se comporter de la sorte avec l’espèce humaine est intolérable et barbaresque….
je ne puis qu’adhérer à cet hommage que tu rends aujourd’hui,en toute intégrité puisque mon coeur raisonne comme le tien….
Je te souhaite un bon vendredi
bisous doux
Thalie
Titophe 12 octobre
Il y a quelques années, j’ai lu l’auto-biographie de Nelson Mandela. On ne sort pas indemne de ce livre. Tu as raison, il est certainement une des plus grandes figures du XXeme siècle avec Ghandi.
7, c’est le nombre de concerts de Johnny Clegg auxquels j’ai eu la chance d’assister. Quel bonhomme! Je me souviens de lui courant, voire volant, sur les ruines du théatre antique de Vienne autours des spectateurs ravis. L’ambiance était d’une humanité dont le souvenir m’humidifie encore les yeux.
Bel hommage. Voici un homme, que dis-je, une figure, qui dément avec la plus grande fermeté l’image de « l’homme africain atteint d’immobilisme » que voudraient nous injecter notre « protecteur ».
Amicalement,
Titophe
Titophe 12 octobre
Petit supplément: http://colonisation.blogspot.com/2006/01/21-de-la-dignit-et-de-lindignation.html
natty 12 octobre
non ma soeur ton cœur ne s’est pas trompé en tombant en admiration devant cet homme…symbole de courage, de sagesse, de générosité de justice et de liberté. Je l’aime et l’admire plus que tout ! et je suis heureuse de partager cela avec toi. MErci Malaika et Merci Madiba !!! (alors quand est ce qu’on va le voir hein ?)
maatmamuse 12 octobre
J’aime beaucoup cet homme aussi et comme tout ceux qui m’ont précédé je te remercie pour cet hommage.
et je salut d’autant plus son combat contre ce fleau parceque je pense que ce dernier n’est pas une malédiction de Dieu mais bien une malédiction de l’homme envers son prochain, juger par vous même.
http://maatmamuse.unblog.fr/2007/04/01/et-si-le-sida-metait-conte/
tchitchi 13 septembre
Je vois que nous partageons la même passion pour Nelson Mandela…Il venait juste de sortir de Prison quand j’avais six ans…Je l’ai aperçu à la télé et j’en suis tombée raide dingue…
A une époque, je collectionnais ses photos, interviews et les chansons qui lui rendent hommage…
Merci de lui consacrer autant de mots…
Tchitchi
natty 27 septembre
ET je repassais par là aussi …En fait je fais un peu d’archéologie ce soir, à rechercher de vieux tresors enfouis . CE post c’est un pur délice. Encore merci Ma malaika !
Dis donc la Malaika la Tchitchi elle partage décidément bcp de chose avec nous (Il ne manquerait plus qu’elle soit folle de notre ben loool)
organza 3 février
tres bel article! bonne continuation.